The Crown, saison 4

La couronne découverte

En début d’année, à l’occasion de la diffusion de la série 3 de The Crown, La Ligne Claire exprimait sa préoccupation face à la capacité d’une entreprise capitalisée à 144 milliards de dollars à forger l’opinion que le monde entier se fait de la famille royale britannique. En cette fin d’année, La Ligne Claire doit avouer devoir réviser son jugement puisque Netflix est désormais capitalisée à 244 milliards de dollars.

Entretemps, les abonnés de Netflix qui auront regardé The Two Popes se seront familiarisés avec les mécanismes que déploie la chaine en ligne : une histoire inspirée par des événements réels où se mêlent faits avérés et scènes de fiction, que l’insertion d’actualités d’époque vient brouiller davantage encore, sans que le spectateur ne sache s’il a affaire ou non à un documentaire.

La saison 4, qui se déroule dans les années 80 du siècle dernier, introduit deux personnages qui exerceront une influence profonde sur le Royaume-Uni : Margaret Thatcher, qui réformera le pays de fond en comble, et Lady Di, bientôt Princesse Diana, qui conquerra si bien le cœur de la nation que cette conquête fera d’elle une icône planétaire. Pour souligner encore ce mélange des genres, la série campe les personnages en une caricature de la réalité : Madame Thatcher est aussi coincée qu’intransigeante, les Royals un groupe d’incultes qui enfilent des gins and tonics tandis que la pauvre Diana est une fleur bleue victime des machinations de la Firme; pour couronner le tout et s’assurer que le spectateur ne confonde pas les bons et les méchants, le prince Andrew, âgé de 22 ans à l’occasion de la guerre des Malouines, est dépeint sous le jour qu’on lui connaît aujourd’hui, 40 ans plus tard.

Cela dit, avec la saison 4, Peter Morgan signe une réalisation de qualité, relevée par des décors somptueux, la beauté du tournage mais avant tout porté par l’interprétation des personnages féminins : Olivia Colman dans le rôle de la reine, Gillian Anderson dans celui de Margaret Thatcher, Emma Corrin en qualité de la Princesse Diana sans oublier Erin Doherty qui interprète de manière décidée le personnage de la Princesse Anne. En outre Morgan aborde des thèmes nouveaux, les préoccupations de la Reine et de Margaret Thatcher pour leurs enfants respectifs, les personnes qui souffrent d’un handicap mental et la détresse sociale que provoque la révolution thatchérienne, et que révèle Michael Fagan, l’intrus qui s’introduit dans la chambre de la Reine.

Certes, les Royals demeurent des personnalités publiques, et à ce titre un sujet qu’il est légitime d’aborder dans le cadre d’une œuvre artistique. Il demeure néanmoins regrettable qu’il faille faire appel à des experts de la famille royale, Hugo Vickers par exemple, pour discerner le vrai du faux dans cette affaire, d’autant qu’il s’agit d’histoire récente et que la plupart des protagonistes sont toujours en vie. Tous ceux qui ne se donneront pas cette peine demeureront convaincus que les visiteurs à Balmoral, résidence écossaise de la Reine, sont soumis à une test, auquel Margaret Thatcher a échoué mais que Lady Di a réussi avec distinction. C’est plus que regrettable, c’est dangereux.

Couronne royale

Familles royales – mode d’emploi, épisode 3: Harry et Meghan

La publication ces jours-ci de Finding Freedom, une biographie consacrée à Harry et Meghan a tiré La Ligne Claire de son confinement estival et l’a amenée à examiner la stratégie du jeune couple qui s’inspire, à son avis, de celle développée avec succès par David et Victoria Beckam.

Mais auparavant un peu d’histoire économique s’impose. Qui se souvient encore des Spice Girls, un groupe pop de cinq filles, préfabriqué comme un produit de consommation, destiné à occuper le segment de marché des adolescentes ? Alimenté par un marketing sans précédent (jeux, verres, vidéos etc à l’effigie des chanteuses), il connaîtra dans les années nonante du siècle dernier une réussite commerciale éclatante mais éphémère, sauf pour l’une des cinq filles, Victoria Adams qui en 1999 épousera David Beckham, un footballeur de talent. Victoria Beckam, surnommée Posh [1] du temps des Spice Girls, développera avec succès une approche alors inédite des affaires, que la presse anglaise décrira comme « famous for being famous », sans que la question d’un véritable talent ne soit jamais véritablement abordée.

C’est, de l’avis de La Ligne Claire, la stratégie qu’entendaient poursuivre Harry et Meghan. Difficile à mettre en œuvre en raison d’une exigence de rapidité, il s’agit d’atteindre un point (appelé point d’inflexion par les économistes), au-delà duquel la notoriété s’auto-alimente : puisque vous êtes célèbre, tout le monde parle de vous, ce qui vous rend plus célèbre encore. En cas d’échec, la rude sanction de l’anonymat s’abat comme la lame de la guillotine.

Deux éléments sont venus perturber la mise en œuvre (ou l’exécution, pour ceux qui sont friands du jargon des affaires) de la stratégie élaborée par les Sussex. Tout d’abord Harry et Meghan ont mal jugé de la fermeté de la Reine, qui d’un coup de sceptre a réduit à rien le branding Royal Sussex qu’il s’étaient attribué. Ensuite le confinement a, ma foi, confiné tout le monde, y compris les journalistes qui écrivent au sujet des Beckam et des Sussex.

Que faire, alors pour se faire voir ? Pourquoi pas un livre ? Certes un livre, mais Finding Freedom est tout autant un règlement de comptes qu’un outil marketing de repositionnement. C’est pourquoi le jeune couple a pris soin d’en confier la rédaction à deux journalistes et de faire semblant de n’y être pour rien alors que les auteurs avouent par écrit s’être entretenus avec leurs sujets. Dès lors que les piques envers la famille royale se font trop vives, Harry et Meghan font mine de se retrancher derrière le point de vue des auteurs. Personne n’est dupe car en réalité on a affaire à ce que les Anglais appellent une « authorised biography », dont le but ici est de paraître à nouveau.

Le titre Finding Freedom fait référence à l’ambition du duc et de la duchesse non seulement de couper les ponts avec la famille royale mais de s’assurer une indépendance financière. On n’en est pas encore là puisqu’ils n’ont pu procéder à l’achat d’une villa de luxe à Los Angeles pour 11 millions de £ qu’avec le généreux concours du Prince de Galles. Quant à leur vie privée et celle du bébé Archie, dont Meghan dit faire grand cas, elle s’est empressée de la déballer au grand jour avec les caisses de son récent déménagement à l’occasion d’une interview en ligne.

Les Sussex ont choisi de s’établir dans une banlieue branchée de Los Angeles plutôt que, mettons, à Marcinelle, où leur tranquillité – La Ligne Claire en est convaincue – aurait pourtant été à coup sûr assurée. Il n’est pas impossible que Meghan, qui, à une carrière réussie d’actrice a conjugué l’exploit de devenir duchesse, décroche un contrat de plusieurs millions voire plusieurs dizaines de millions de $ à Hollywood, qui viendrait rétablir leur stratégie sur la ligne que le duc et la duchesse s’étaient fixés il y a six mois. D’ici là, il ne reste guère d’autre issue que de faire de la figuration en espérant qu’un producteur les remarque ou que La Ligne Claire vienne à leur rescousse.

 

 

[1] Expression anglaise qui signifie à peu près BCBG en français. Abréviation dit-on de “Port over, starboard home”, qui indiquait le côté du bateau où il convenait de réserver sa cabine lors du voyage des Indes : bâbord (port) à l’aller, tribord (starboard) au retour en vue de profiter au mieux de la vue des côtes. Il va de soi que la Ligne Claire ne considère pas du tout que Posh soit posh.

Couronne royale

De la monarchie – essai

La Ligne Claire sollicite l’indulgence de ses lecteurs en raison de la longueur inhabituelle de ce blog. Cet essai sur la monarchie entend souligner les mérites de cette institution tout en répondant aux arguments de ses détracteurs.

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Le départ en exil du roi Juan Carlos a amené certains, le parti Unidas Podemos par exemple, à réclamer non seulement la poursuite du cours de la justice à l’encontre du citoyen Juan-Carlos de Borbón y Borbón mais l’abolition de la monarchie même. Il est toujours malaisé de distinguer les critiques envers la personne de l’ex-souverain de celles envers l’institution du fait même que la personne n’est le souverain qu’en vertu de l’institution. En revanche, il est plus aisé de passer en revue les arguments avancés par les détracteurs de l’institution, et qu’on peut regrouper en trois catégories :

– le caractère héréditaire, supposé contraire aux principes démocratiques,

– le souverain est à l’abri d’une sanction électorale, de sorte qu’il ouvre la porte à de possibles abus de pouvoir,

– le coût réputé élevé de l’institution monarchique.

 

Dynastie et hérédité

La Ligne Claire avance la théorie selon laquelle l’institution monarchique n’est que l’application à l’organisation de l’État d’un phénomène universel et de tous temps, la dynastie. Ainsi, en dépit d’une république en guise de cache-sexe, la Corée des Kim et la Syrie des Assad, de même qu’en son temps le Cuba des frères Castro, fonctionnent en réalité sur le mode dynastique. Plus encore, des pays qui dans un passé pas trop lointain se sont affranchis de la Couronne britannique se sont empressés de reproduire en leur sein ces mêmes mécanismes : en Inde la dynastie Nehru-Gandhi a longtemps dominé la vie politique, sans rien céder à la famille Bhutto au Pakistan voisin, tandis qu’aux États-Unis, dès leur constitution, des dynasties politiques voient le jour, les Adams d’abord suivis des Roosevelt et des Bush à notre époque. Bien plus, nombre d’usurpateurs, au rang desquels Bonaparte figure en première place, s’empressent, une fois le pouvoir assuré, d’établir une dynastie nouvelle. Dans d’autres domaines de l’activité humaine se sont fait jour des dynasties d’artistes (Breughel, Bach), d’industriels (Ford, Rockefeller, Peugeot), de banquiers (Rothschild, Pictet) et de scientifiques (Bernoulli), manifestations d’un phénomène de tous lieux et de tous temps, et qui n’est pas propre à l’institution monarchique.

 

Monarchie héréditaire et monarchie élective

A côté de la monarchie héréditaire cohabite la monarchie élective. L’Europe en a connu plusieurs parmi lesquelles on peut citer le Saint-Siège, qui subsiste, la République de Venise, qui était en réalité une oligarchie et le Royaume de Pologne, où l’élection du souverain en a fait le jouet de ses puissants voisins, la Russie et la Prusse et a conduit à la disparition de l’État vers la fin du XVIIIe siècle. Quant à elle, si la dignité impériale était en principe élective en Occident, dans la pratique elle était devenue héréditaire dans la maison de Habsbourg à partir de 1452, qui par le fait même en a assuré la pérennité.

Pourquoi donc le système de la monarchie élective n’a-t-il pas fait ses preuves, à savoir un État stable, voire puissant ? On pourrait penser pourtant que le système n’offre que des avantages : à chaque élection, le corps électoral, quel qu’il soit, élit le candidat le plus apte ; celui-ci, élu à vie, n’a pas à se soucier de sa propre réélection et peut donc se vouer tout entier à la promotion du bien commun. Or, c’est précisément le contraire qu’on observe, à savoir que la monarchie élective devient aussitôt l’enjeu de factions, de partis, dirions-nous de nos jours, si bien que le souverain se comporte de fait comme un chef de bande, envers qui il devient redevable.

En vue de mettre fin à la pratique héritée des Francs de partager l’héritage d’un chef parmi tous ses fils, qui s’était avérée une source de division perpétuelle et surtout d’instabilité politique, les Capétiens adoptent à partir du Xe siècle le modèle de la monarchie héréditaire, auquel ils ajoutent une règle certes arbitraire mais simple et efficace, la primogéniture masculine. Quarante rois se succéderont en application de cette règle au fil de huit cents ans. Ce faisant, les Capétiens assurent non seulement leur propre survie mais celle de l’Etat, par-delà les menaces graves, la guerre de Cent Ans par exemple. Un système qui à chaque génération fait l’impasse sur les compétences de son successeur, a donné des saints et des fols, des longs et des gros, ma foi à l’image de l’humanité tout entière, tout en assurant une gestion efficace de l’Etat. On ne saurait donc trop insister sur ce constat qui surprendra certains: l’institution monarchique, combinée au principe héréditaire, constitue un facteur essentiel de la stabilité, de la pérennité et même de la grandeur de l’Etat.

Pour durer, tout système politique doit être perçu comme légitime et assurer une certaine efficacité. Illégitime, il sera renversé et inefficace, il le sera aussi. De ce point de vue la monarchie héréditaire se révèle redoutablement efficace : pour assurer sa succession, il suffit que le roi couche avec la reine, c’est-à-dire avec son épouse légitime, car le fruit de cette union, le futur chef de l’Etat, ne saurait être illégitime. Une nuit d’amour et voilà assurée la continuité de l’État, on ne saurait faire mieux.

 

Monarchie absolue et tyrannie

Si de nos jours on ne formule pas l’objection de l’absolutisme à l’encontre de l’institution monarchique, il ne paraît pas inutile dans le cadre de cet article de rappeler ce qu’il y a lieu d’entendre par monarchie absolue, dont la manifestation la plus éclatante demeure bien entendu Louis XIV. Pouvoir absolu signifie pouvoir parfait, c’est-à-dire complet ou encore achevé, mais ne signifie en aucun cas que le roi règne sans entrave ou de façon arbitraire. Le roi est lié tout d’abord par les lois fondamentales du royaume, sorte de constitution non-écrite, qui gouvernent notamment les règles en matière successorale. « Je suis dans l’heureuse impossibilité de n’y pouvoir rien changer » dira plus tard Louis XV à ce propos, indiquant tout-à-fait clairement qu’être bénéficiaire de la loi successorale ne signifie pas en être le maître ; même l’abdication n’est pas laissée au seul bon plaisir du roi : ainsi en 1936, c’est en vertu d’une loi votée par le Parlement que le roi Edouard VIII est autorisé à abdiquer. En outre, le roi est lié par le droit coutumier si bien que dans la réalité des faits il est confronté à un maquis de règles, de lois et d’ordonnances qui sont invoquées par des pouvoirs locaux, parlements de province par exemple, précisément pour contrer son autorité ; enfin le roi est lié par les traités qu’il conclut lui-même avec les puissances étrangères. Les limites à l’exercice du pouvoir royal sont donc à la fois réelles, nombreuses et efficaces. Retenons donc que le monarque absolu n’est en aucun cas un tyran, pas même un souverain qui règne de manière arbitraire, mais au contraire une personne que sa charge oblige.

 

Absence de sanctions

Dans ce contexte, l’impossibilité de sanctionner le souverain s’explique et se justifie donc très clairement. Autant le tyran se met à l’abri des sanctions par le fait même de son pouvoir tyrannique, c’est-à-dire l’oppression de ses opposants, autant l’absence de sanction du roi légitime doit être entendue comme un mécanisme qui assure la stabilité de l’institution et son inviolabilité. En effet, la possibilité de sanctionner le roi, que ce soit de manière formelle ou non, ouvre bien entendu la porte à une élection plus ou moins déguisée de son successeur.

Ce sont donc les textes de loi qui gouvernent le pouvoir royal qui font office de sanction. Au Royaume-Uni, où le souverain ne jouit plus d’un pouvoir effectif, la notion même de sanction perd de son sens. En Belgique, la Constitution en son article 106 stipule expressément qu’aucun acte du Roi n’est valable en l’absence du contreseing d’un ministre qui par le fait même de ce contreseing se rend responsable de cet acte. Si donc c’est le ministre qui est responsable et non pas le Roi, la question de la sanction de la personne du Roi est vide de sens.

 

Coûts

Il n’entre pas dans le cadre de cet article d’effectuer un audit des coûts liés à la monarchie en Espagne ou ailleurs. On se bornera donc à formuler à ce propos quelques remarques de portée générale.

Tout d’abord, la question des coûts est une question accessoire en ce sens qu’elle ne touche pas en tant que telle à l’essence de l’institution monarchique. C’est d’autant plus vrai qu’il revient au Parlement de fixer le montant de la liste civile.

Si la monarchie est susceptible de s’entourer d’un certain faste, plus ou moins coûteux, très variable selon les pays et les époques, elle n’en a aucunement le monopole : qu’on songe aux défilés du 14-Juillet, aux cérémonies d’investiture du Président des Etats-Unis ou encore aux parades grandioses qui se déroulent en Chine ou en Corée du Nord. De plus, certains coûts fixes liés à certaines monarchies sont amortis depuis des siècles tandis que les frais d’exploitation variables sont à mettre en rapport avec les avantages très réels qui découlent de la pérennité de l’institution, une qualité particulièrement appréciée à l’étranger. Même la République française n’hésite pas à tirer parti de Versailles ou de Chambord, où les visiteurs affluent par milliers. Enfin, notons que certaines fonctions présidentielles, à nouveau celle des Etats-Unis par exemple, peuvent s’avérer très coûteuses.

 

Conclusion et Épilogue

La monarchie se révèle l’application de phénomène dynastique, une réalité observable de l’activité humaine, à l’organisation de l’État tant et si bien que, même lorsque l’État revêt la forme extérieure de la république, l’attachement et le prestige de la dynastie persistent, que ce soit en Bavière, en Afrique auprès des chefs coutumiers ou des maharadjahs en Inde.

De l’avis de La Ligne Claire, Juan Carlos a sans aucun doute attenté au prestige de l’institution qu’il a incarnée pendant près de 40 ans. Que ceux qui songent à la museler gardent à l’esprit le sort de Stanislas Poniatowski. Élu roi de Pologne en 1764, l’ancien amant de Catherine la Grande deviendra vite le jouet des Russes. Il présidera au dépècement de son royaume et mourra en exil. Avec lui disparaissait non seulement la royauté mais pour 130 ans l’État polonais.

Juan Carlos: la chute et l’exil

Les lecteurs de La Ligne Claire auront pu lire dans la presse les déboires liés au don de 100 millions de dollars qu’aurait reçu le roi émérite de la part du roi d’Arabie et qui auraient été crédités sur un compte ouvert au nom d’une fondation panaméenne auprès d’un établissement bancaire de renom à Genève. Des enquêtes pénales sont en cours en Suisse et en Espagne.

Ce qui semble particulier à La Ligne Claire c’est que cette affaire ne concerne pas seulement le citoyen Juan Carlos de Borbón y Borbón mais l’institution monarchique elle-même. Que pendant le même temps en France, l’ancien président Nicolas Sarkozy soit mis en examen, ne jette pas le discrédit sur l’institution de la présidence de la République en tant que telle et n’amène personne à réclamer la restauration de la royauté.

En Espagne, il en va autrement. D’une part, et en dépit des mérites du même Juan Carlos, en particulier lors de la tentative avortée de coup d’état de la part du colonel Tejero en 1981, la monarchie espagnole repose sur des bases toujours fragiles. Exemple unique de restauration monarchique à l’époque contemporaine, elle succède aussi à deux proclamations de la république en 1873 et en 1931.

Mais il va aussi et sans doute surtout de la nature même de l’institution qui fait du monarque le fils ou la fille de son prédécesseur. Alors que son beau-frère gît en prison, le roi Philippe VI, à la nouvelle qu’il était un bénéficiaire à son insu de cette fondation, a renoncé par avance à son héritage et a coupé la liste civile du roi émérite, 194 mille euros par an. Jusqu’à hier, il était possible qu’il dût achever de tuer symboliquement le père à qui seul il doit sa fonction et l’expulser du palais de la Zarzuela. Face au risque de ce meurtre rituel, le roi Juan Carlos a choisi de prendre les devants en annonçant lundi 3 août qu’il quitterait l’Espagne

Certes, tant qu’il était roi jusqu’en 2014 Juan Carlos était couvert par l’immunité de sa fonction ; de plus, il est possible que certains des faits incriminés se révèlent prescrits. Mais l’immunité a vocation à protéger la fonction royale, pas à lui octroyer une impunité à commettre des délits. Juan Carlos était né en exil à Rome ; il emprunte aujourd’hui le même chemin que son père et son grand-père, le prix à payer pour sauver l’institution monarchique qu’il a incarnée.

Quel que soit l’arrangement constitutionnel, l’institution monarchique naît d’un contrat entre une famille et le peuple. Sire, Madame, sachez-le car cette règle ne souffre aucune exception, en cas de conflit c’est toujours le peuple qui gagne. L’exercice de la fonction royale exige désormais l’exemplarité avant, pendant et, depuis que les rois abdiquent, après la prise de cette fonction.

Couronne royale

Familles royales – mode d’emploi # 2

La Ligne Claire se réjouit que les recommandations qu’elle avait préconisées il y a quelques mois aient rapidement été mises en œuvre par la famille royale d’Angleterre, quand bien même de manière quelque peu précipitée. Les lecteurs de La Ligne Claire auront appris par voie de presse ces jours-ci que le Duc et la Duchesse de Sussex entendaient quitter la Firme, le surnom attribué à la famille royale. Leur communiqué de presse semble avoir pris de court tant la Reine, CEO en titre mais en réalité présidente du conseil, que le Prince Charles, successeur CEO désigné, mais en réalité CEO en exercice.

Le Duc et la Duchesse semblent non seulement vouloir procéder à un Management Buy Out et créer leur propre filiale stand-alone, détachée de la maison-mère, mais d’en établir le siège social dans le Nouveau Monde, à bonne distance de l’Ancien.

Le business plan, qui demeure vague, repose sur l’ambition, à moins qu’il ne s’agisse de la seule espérance, que la marque Sussex acquière une valeur de marché supérieure à celle de Windsor, il est vrai quelque peu défraîchie.

Pourtant les augures ne sont guère favorables, tels qu’ils ressortent de l’étude des case studies. Tant les tentatives de la Duchesse d’York (plus connue sous la marque Fergie) que de la Comtesse de Wessex (dont la marque n’a jamais gagné de traction) de procéder à un business mix de royalty et de commerce se sont soldées par de coûteux échecs.

A cet égard, le nouveau corporate logo dévoilé par le Duc et la Duchesse, Sussex Royal, demeure empreint du même caractère ambigu : Sussex certes mais Royal quand même. Déjà le Duc et la Duchesse ont enregistré leur nouvelle marque qui pourra désormais apparaître sur des calendriers, des livres et même des chapeaux, ce qui ne manque pas de réjouir La Ligne Claire qui jamais ne sort le chef découvert.

Cependant le risque de confusion demeure si bien qu’il est donc possible, et sans doute souhaitable, que le Duc et la Duchesse soient amenés à couper tout lien d’actionnariat avec la maison-mère et à rebrander leur entreprise en vue de souligner cette indépendance nouvelle, de la même manière que GE Money Bank est devenue Cembra lors de son IPO (entrée en bourse). A défaut, les mécanismes de transfer pricing entre la CEO et la nouvelle entité risquent de s’avérer délicats à mettre en œuvre et de soulever des questions de gouvernance d’entreprise dès lors que subsides financés par de l’argent public entrent en ligne de compte.

Il reste à voir donc si la marque Sussex obtiendra le succès escompté, une fois le spin-off mené à bien. Si les talents du Duc demeurent à découvrir, ceux de la Duchesse, actrice professionnelle, lui permettront, désormais libre de tout engagement envers la Firme, de jouer son propre rôle dans un futur épisode de The Crown.

 

The Crown, saison 4

The Crown, saison 3

Quoiqu’avec un peu de retard, il va de soi que La Ligne Claire a regardé The Crown. Plus encore que lors des deux saisons précédentes, elle a été éblouie par la qualité du tournage, la véracité que confèrent des décors somptueux, les réparties des dialogues et enfin le jeu des acteurs qui excellent, en particulier Tobias Menzies et Charles Dance dans les rôles respectifs du Duc d’Edimbourg et de Lord Mountbatten.

Cette nouvelle saison 3 adopte un ton plus intime que les précédentes ; l’accueil de la Princesse Alice, mère du Duc d’Edimbourg, contrainte de fuir les colonels en Grèce et de se réfugier au Palais de Buckingham, ou encore les évocations des premières amours des jeunes Prince Charles et Princesse Anne relèvent en définitive de la sphère familiale. On est loin des questions d’Etat, la succession à la couronne, le ministère de Winston Churchill ou la crise de Suez par exemple, objet d’un précédent épisode, et qui marque le déclin du Royaume-Uni par-delà les mers.

Œuvre de fiction basée sur des faits et des personnages réels, The Crown aborde ici des événements qui relèvent de la vie privée des protagonistes et demeurent inconnus tant du public que des réalisateurs. La qualité de la production, à laquelle se mêlent ici et là des extraits des actualités de l’époque, contribue à donner au spectateur l’impression que ce que montre The Crown s’est véritablement déroulé. Or il n’en est rien ; par exemple, la reine n’a pas rendu visite à Winston Churchill sur son lit de mort et la Princesse Margaret, sœur de la reine, n’a joué aucun rôle dans l’octroi d’un crédit de la part des Etats-Unis en faveur du Royaume-Uni.

Wikipedia définit les fake news comme des informations fallacieuses fausses, incomplètes, déformées ou mensongères qui visent à manipuler ou tromper un auditoire. Bien entendu The Crown ne prétend pas livrer de l’information et il n’est donc pas question de news ici. Néanmoins, le soin accordé à la production de la série est tel qu’il lui confère un caractère de vraisemblance qui n’est pas toujours avéré et dans lequel se glisse un fake artistique. Un avertissement, du style « fiction inspirée par des faits réels » aurait été le bienvenu si bien qu’à défaut il revient au spectateur de rechercher lui-même les informations sur internet qui permettent de distinguer les événements réels de la licence artistique. Confrontée à ce mélange des genres, La Ligne Claire doit avouer éprouver un sentiment de malaise dès lors qu’une entreprise américaine capitalisée à 144 milliards de dollars réussit à forger la perception que le monde entier se fait de la famille royale d’Angleterre.

Couronne royale

Familles royales – mode d’emploi

Majesté,

 

Vous aurez appris avec effroi ces jours derniers l’annonce du retrait par le Prince Andrew de ses activités publiques. En vue d’éviter qu’un désastre si funeste n’afflige Votre auguste Maison, La Ligne Claire, consultante spécialisée en la matière, en tire les enseignements suivants, qu’elle soumet humblement à Votre appréciation.

Vox Populi

Quel que soit l’arrangement constitutionnel, la monarchie repose en définitive sur une relation consentie entre le Souverain et le peuple. Dès lors que ce consentement vient à manquer, le peuple l’emporte. Édouard VIII et le Duc d’York aujourd’hui en fournissent l’exemple. C’est sans doute regrettable mais, que voulez Vous, Votre royaume est de ce monde. Toutefois, La Ligne Claire s’engage à recommander au populus de ne faire qu’un usage modéré de la guillotine.

Cette rupture de consentement est illustrée par l’affaire Epstein. En raison d’une grave erreur de jugement, le Prince Andrew s’est vu contraint de présenter sa démission à la Reine, qui l’a acceptée. En d’autres termes, la Reine l’a viré.

Rendez à César

Les membres de Votre famille exercent des fonctions de représentation financées par l’argent public. Aussi ces dotations doivent-elles faire l’objet d’un contrôle public. L’exemple du Prince Laurent de Belgique, dont la dotation a fait l’objet d’une réduction en 2018 en raison de voyages entrepris contre l’avis du Ministre des Affaires Étrangères, résonne encore dans toutes les têtes couronnées.

Gestion d’entreprise

Votre cousin m’enseigne que la famille royale d’Angleterre se surnomme elle-même The Firm. En ces temps de lean management, il est judicieux de limiter le nombre de personnes habilitées à représenter la Couronne à pas plus de trois ou quatre personnes adultes et de les tenir responsables de leurs actes ; c’est là le rôle de Votre gouvernement.

Ressources humaines

Comme toute entreprise, Votre Firme sera appelée à gérer ses ressources humaines de façon dynamique. Vos frères cadets auront vocation à y faire carrière une vingtaine d’années jusqu’à ce que Vos enfants atteignent l’âge de la maturité et leur succèdent ; comme ces cadets devront se recaser en dehors de la Firme, il faudra veiller à ce qu’ils soient aptes à entamer une deuxième vie professionnelle le moment venu.

Vos parents plus éloignés ne seront pas en principe appelés à exercer des fonctions au sein de la Firme et devront concourir par eux-mêmes dans la vie, comme tout le monde. Un exemple intéressant est fourni par Votre cousin le Prince S. de L. ; autrefois employé dans le secteur privé, 49e dans l’ordre de succession de la Principauté, il est actuellement ambassadeur de son pays auprès du Saint-Siège, non pas en raison de son rang mais de ses compétences.

Code de déontologie

Si le public accueillera avec bienveillance une personnalité originale – après tout nous vivons à l’heure de la diversité et de l’inclusion – il ne tolérera plus en ces temps d’austérité de subventionner des playboys ou des escapades aux Caraïbes, moins encore des comportements susceptibles d’entraîner des poursuites civiles ou pénales.  De nos jours les réseaux sociaux se chargeront de révéler toute incartade si bien que les temps d’un petit flirt incognito dans une boîte de nuit sont désormais révolus.

Et puis surtout, il s’agit d’adopter au plus vite un code de déontologie qui régisse en particulier les cadeaux reçus ou offerts. Afficher au poignet une montre à cinquante mille euros offerte par un dictateur d’un pays exotique fait non seulement nouveau riche (horresco referens) mais amène légitimement le public par l’entremise de vos amis de la presse people à se demander si cette largesse a été octroyée en échange d’une contrepartie tenue secrète.

La femme de César

Vous vous souviendriez de Pompeia, la femme de Jules César, répudiée par ce dernier au seul motif qu’un soupçon d’infidélité planait sur elle. Peu importe qu’elle soit coupable ou non, la femme de César se doit d’être irréprochable faute de quoi elle sera condamnée à prouver son innocence. Il en va de même pour les membres de Votre Maison. Votre couronne est à ce prix.

 

Fort de son attachement à l’institution monarchique, La Ligne Claire tient ses tarifs à Votre disposition sur demande et demeure de Votre Majesté le dévoué serviteur.

Couronne royale

Familles royales – éternels seconds

Le décès de Jeffrey Epstein ces jours derniers a fait resurgir les liens qu’il entretenait avec le prince Andrew, deuxième fils de la reine d’Angleterre, et, plus largement du rôle qu’il lui est dévolu.

A sa naissance, et tout au long de sa jeunesse, le prince était second dans l’ordre de succession au trône, juste derrière son frère aîné Charles. Mais la naissance du prince William en 1982, un an après le mariage du Prince Charles et de Diana Spencer, le fait reculer d’un cran ; aujourd’hui le prince Andrew se retrouve à la huitième place.

Si la logique du système monarchique justifie l’existence de plusieurs enfants royaux, the heir and the spare selon le dicton anglais, elle pose aussi la question de l’affectation des membres de la famille royale qui voient leur rang reculer. Andrew n’a après tout que vingt-deux à la naissance de William alors que ses perspectives de régner un jour deviennent bien minces. Il continuera à exercer des fonctions au sein de la famille royale mais il semble à La Ligne Claire qu’il a été discrètement placé à l’arrière-plan dès lors que les princes William et Henry étaient devenus adultes.

C’est ingrat. Toute sa vie on lui demande de monter la garde comme Giovanni Drogo dans le Désert des Tartares puis, puisque ni le prince Charles ni sa descendance ne sont décédés, de se retirer sans faire de bruit. La Ligne Claire ne sait pas si le prince Andrew aurait souhaité faire autre chose dans la vie mais ce qui est clair, c’est qu’il n’en a pas eu l’occasion et qu’il n’y a pas été préparé. Pour les familles régnantes, se pose ainsi la gestion de ce qu’on pourrait appeler la transition professionnelle de ses membres qui naissent en ordre utile mais qui le perdent au fil des ans. Ainsi en Belgique, les enfants de la princesse Astrid (elle-même cinquième dans l’ordre de succession au trône) ne seront pas appelés à jouer un rôle public et travaillent ou travailleront dans la société civile.

Demeurent alors les cas un peu tristes des cadets, le prince Andrew, le prince Laurent de Belgique ou encore le prince Jean de Luxembourg, qui ne sont utiles que jusqu’à leur date limite de vente. Certains s’en contentent, d’autres endossent le rôle du bouffon à la cour, d’autres encore entretiennent des relations peu judicieuses.

La figure du Roi

« Qu’ils mangent de la brioche ». Cette anecdote, attribuée sans doute faussement à Marie-Antoinette, est censée illustrer la distance qui sépare l’aristocratie (les élites d’alors) du peuple, ceux qui goûtent de la brioche de ceux qui se nourrissent de pain. De nos jours, à la brioche et au pain, on peut substituer l’essence et le diesel, remplacer les bonnets phrygiens par des gilets jaunes et donc poser à nouveau la question de l’attitude qu’il convient au roi d’adopter.

La Ligne Claire est d’avis qu’en tout premier lieu, la royauté oblige mais aussi que cette obligation exige une certaine distance. A cet égard François Hollande s’est égaré lorsqu’il déclarait vouloir être un président normal, ce qui allait l’exposer à un ridicule qui plus jamais n’allait le quitter. Résolu à ne pas commettre la même erreur, Emmanuel Macron s’est attaché à conférer à nouveau de la dignité à la fonction présidentielle mais à la façon d’un bourgeois qui fait irruption dans les salons de la noblesse, résolu à prendre de la hauteur mais rapidement perçu comme hautain.

De cette juste tension entre la proximité et la distance naît la figure du bon roi, celui qui se soucie de son peuple et porte son fardeau. Citons à ce propos sainte Elisabeth de Hongrie qui, devenue veuve, s’est consacrée à nourrir les pauvres et, plus près de nous, le roi Baudouin qui un jour s’était dépouillé de son manteau pour en revêtir une victime d’une inondation. Charles de Gaulle, monarque républicain, savait lui aussi allier la modestie de son train de vie personnel à la grandeur de sa fonction.

A cette exigence de proximité avec le peuple s’ajoute celle de la justice. Louis IX et Henri IV incarnent cette exigence pour avoir l’un rendu la justice et l’autre rétabli la paix confessionnelle qui, il y a quatre siècles, tenait lieu d’ordre public.

Enfin, le roi doit dire le vrai. Le 13 mai 1940, trois jours après le déclenchement de l’attaque allemande, fraîchement nommé premier ministre, Winston Churchill prononce à la Chambre des Communes l’un des plus célèbres de ses discours où il ne promettait que « du sang, du labeur, des larmes et de la sueur ». Parce que la vérité rend libre, Churchill sut persuader le pays tout entier non seulement de tenir bon mais de livrer bataille à l’heure la plus critique de son histoire.

Souci de la vérité, charité et humilité, recherche de l’élégance alliée au rejet du luxe, témoignage d’une certaine grandeur et enfin incarnation d’une forme de spiritualité, voilà ce qui fait la figure du Roi, dont La Ligne Claire n’est pas loin de penser qu’il faille un vrai roi pour l’exercer.

La Reine Elisabeth II

Elisabeth II, 91 ans aujourd’hui – long may she reign

La reine Elisabeth fête aujourd’hui son 91e anniversaire alors qu’elle est déjà le monarque dont le règne en Angleterre aura été le plus long. Comment en est-on arrivé là, serait-on tenté de demander? Evidemment, il s’agit d’abord de vivre jusqu’à un âge avancé mais il y a aussi la conception que la reine Elisabeth a de sa propre fonction.

Aux Pays-Bas, trois souveraines de suite, Wilhelmine, Juliana et Béatrice ont achevé leur règne par une abdication, qui s’inscrit désormais dans la tradition de l’institution monarchique dans ce pays. Plus récemment le roi des Belges Albert II et le roi d’Espagne Juan-Carlos ont eux aussi abdiqué. Du reste, lors de l’allocution prononcée à la télévision au cours de laquelle il annonçait sa décision d’abdiquer, Albert II citait le fait qu’il avait atteint un âge, quatre-vingts ans, qu’aucun roi des Belges n’avait atteint avant lui. Tous ces souverains ont en commun d’être des souverains constitutionnels dont les pouvoirs sont donc ceux que prévoit la Constitution de leur pays respectif. Le premier roi des Belges, Léopold Ier, ne manquait pas du reste de se plaindre en privé d’être à la tête d’une république couronnée.

Une monarchie sacrée

Avec la reine d’Angleterre, il en va autrement. Elisabeth n’a pas prêté serment sur une constitution, elle a été couronnée et sacrée par l’archevêque de Cantorbéry au cours d’une cérémonie qui tire ses origines du sacre des rois de France. Celui-ci à son tour trouvait son inspiration dans la Bible et notamment dans le passage du Premier Livre de Samuel où le prophète consacre David roi par l’onction de l’huile, un rite repris lors des sacres de Reims et dont on trouve encore des échos au sein de l’Eglise catholique. C’est donc en vertu de cette onction qu’Elisabeth est reine, ainsi qu’il est frappé sur les pièces émises par la Monnaie royale, E II DG REG FD, Elisabeth II Dei Gratia Regina Fidei Defensor, reine par la grâce de Dieu, Défenseur de la Foi.

C’est pourquoi La Ligne Claire est prête à prendre le pari que la conception sacrée qu’Elisabeth a de sa charge lui interdit d’abdiquer et que le jour où ses forces lui viendront à manquer, elle nommera son fils Charles Régent, jusqu’au jour où Dieu lui fera la grâce de la rappeler à lui.