La Reine Elisabeth II

Le jubilé de platine d’Elisabeth II

Célébré le mois dernier, la Ligne Claire juge que ce Jubilé représente un grand succès pas seulement pour la souveraine mais pour l’institution monarchique elle-même.

Ces quatre jours de célébration ont en effet fourni l’occasion de mettre scène la majesté propre à l’institution, le décorum qui l’entoure mais surtout la famille royale elle-même qui l’incarne, une famille à la fois sui generis et semblable aux autres en définitive, avec ses joies et ses peines, les naissances, divorces et les deuils et son lot de querelles.

Le clou cependant réside dans l’apparition au balcon du palais de Buckingham de la reine et de ses trois successeurs, quatre générations qui sont appelées selon leur âge à grandir, se marier, vieillir et mourir, illustrations de la monarchie, à la fois immuable et changeante. C’est la raison pour laquelle, de l’avis de La Ligne Claire, l’institution monarchique constitue la forme idéale de représentation de la nation, qui elle aussi change sans cesse tout en restant elle-même.

Le contraste avec Elisabeth Ière est saisissant, alors qu’elle ne s’est jamais mariée de sorte qu’il n’y a pas à son époque un héritier unique dont la légitimité est incontestée. La scène du balcon il y a quelques semaines avait donc pour objectif de montrer au public que la reine et ses descendants ont rempli leur rôle premier qui est celui d’engendrer non pas un héritier, mais trois. Plus qu’un succès, c’est un triomphe.

Downton Abbey

Downton Abbey – tout un cinéma

Il va de soi que La Ligne Claire a regardé Downton Abbey, paru au cinéma quatre ans après la fin de la série télévisée qui avait valu cette question rhétorique au Premier Ministre britannique de l’époque, David Cameron : « What shall we do now that Downton Abbey has come to an end ? »

Sans doute cette question n’était-elle pas tombée dans l’oreille d’un sourd puisque Julian Fellowes, le scénariste de la série, s’est décidé à capitaliser sur son succès. Un peu comme dans un album de bande dessinée, on y retrouve les personnages qu’on s’attend à y retrouver.

Le roi et la reine d’Angleterre se rendent en visite à Downton Abbey; voilà toute l’histoire. Selon le modèle adopté pour le feuilleton, elle fournit l’occasion de déployer une série de petites intrigues, ou plutôt de sous-intrigues puisqu’il n’y a pas de véritable intrigue: la comtesse douairière pourra-t-elle s’entendre avec la dame de compagnie de la reine ? Barrow, le valet de pied sera-t-il à la hauteur de son nouveau rôle en qualité de majordome ? Et où sont passées ces pièces d’argenterie qui soudain disparaissent ?

Au tournant du siècle, Fellowes s’était distingué en qualité de scénariste de Gosford Park, réalisé par Robert Altman, un film à énigme à la façon des Agatha Christie et dont le succès devait l’amener à créer la série télévisée. Mais chacune de ces manigances qui émaillent Downton Abbey ne forme guère que le sujet de saynètes dont la somme ne constitue pas la trame d’un film. Les personnages quant à eux sont conçus de manière trop étroite que pour permettre aux acteurs, même de talent comme Maggie Smith et Hugh Bonneville, de s’épanouir pleinement dans leur rôle. En définitive, Downton Abbey au cinéma n’est que Downton Abbey 2 sous un autre format.

Toutefois un film médiocre et même un peu ridicule ne signifie pas un film désagréable. Les accents, les réparties, les contrastes entre Upstairs et Downstairs, les costumes et les décors bien entendu, tout cela confère au film le charme qu’on attend de lui. A la fin de ce feel good film, trois ou quatre couples se nouent tandis que la comtesse douairière tire sa révérence. M. Fellowes serait bien avisé d’en faire de même.

Et puis, de retour chez elle, La Ligne Claire a déniché le Livre d’Or où sont recueillis les signatures des hôtes qui autrefois descendaient à la demeure familiale et où, à deux reprises au fil de ces années-là, on reconnaît l’autographe des membres de la famille royale qui avaient honoré de leur présence le château du comte et de la comtesse, sans que ces derniers n’en fassent tout un cinéma.


Albert et Elisabeth de Belgique

 

Albert et Elisabeth de Belgique, 1909