Macron et la Nuit du 4-Août

Les amateurs d’histoire se souviendront que dans la nuit du 4 août 1789, l’Assemblée constituante vota à l’unanimité la suppression des privilèges féodaux. L’unanimité signifie que les députés de la noblesse ont apporté leur suffrage à ce vote historique, alors même qu’ils étaient les détenteurs et les bénéficiaires de ces privilèges qu’on abrogeait.

Aujourd’hui à certains égards, la France présente des similitudes à l’Ancien Régime. On y trouve des groupes de personnes qui jouissent de ce qu’on appelle pudiquement des droits acquis mais qui en réalité sont des rentes qui profitent aux membres de ce groupe, à l’exclusion du reste de la société, des privilèges en somme.

On peut songer à divers degrés aux fonctionnaires, aux enseignants, aux bénéficiaires de régime de retraites spéciales, aux détenteurs d’un CDD. Quant au Tiers-Etat de nos jours, il est constitué de ceux qui passent d’un CDD à l’autre, des chômeurs en fin de doit, des indépendants sans retraite, des jeunes à qui l’accès au marché du crédit et du logement est barré.

Emmanuel Macron n’est le seul ni le premier à poser un diagnostic lucide sur l’état du marché du travail en France mais il est peut-être le seul à pouvoir susciter un espoir qui invite la « noblesse » d’aujourd’hui à renoncer à ses privilèges en vue d’un plus grand bien commun.

Le 4 août 1789, la noblesse s’est montrée noble. Aujourd’hui, il revient à ceux qui sont les détenteurs modernes de privilèges dans notre société de l’être tout autant.

Dominique de la Barre

Dominique de la Barre est un Belge de l'étranger naturalisé suisse, amateur d'histoire et du patrimoine culturel européen, attaché aux questions liées à la transmission.

3 réponses à “Macron et la Nuit du 4-Août

  1. votre remarque sur la nuit du 4 Août est tout à fait pertinente.Mais il y fort à parier que les actuels détenteurs des privilèges ne céderont que sous la pression des “sans-culottes”, puisque aussi bien il n’ont même plus conscience qu’ils sont des privilégiés étant assdujétis à ” l’horrible impôt sur la fortune” comme dirait Marie-Chantal …

  2. Les privilèges féodaux viennent naturellement à l’esprit lorsqu’on parle de l’abrogation du 4 août. On omet cependant de mentionner les privilèges des corporations, privilèges bourgeois, lesquels tenaient à l’écart du développement économique tout le petit peuple. Petit peuple bien plus pénalisé par ces privilèges là que par ceux du clergé et de la noblesse qui les concernaient peu ! Et rappeler cela aux nantis du monde du travail en France, cela ne se fait pas…

  3. Il ne faut pas oublier de dire que si les nobles et les bourgeois ont soutenu l’abolition de leurs privilèges la nuit du 4 août, c’est par suite des jacqueries qui les menaçaient directement. La situation n’est pas du tout la même aujourd’hui….

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