Le bâtard d’Hitler

Fils d’un aristocrate austro-hongrois, diplomate de la Double-Monarchie, et d’une concubine japonaise, époux d’une actrice juive divorcée et de surcroît son aînée de douze ans, le comte Richard Coudenhove-Kalergi (1894-1972) incarne tout ce que Hitler déteste, un caractère cosmopolite, une naissance hors mariage et, bien entendu, le mariage avec une juive. Car Coudenhove ne s’arrête pas en si bon chemin, il suit des études de philosophie à l’Université de Vienne et rejoint le rang des intellectuels que Hitler déteste, pire encore il rejoint une loge maçonnique, là où sévissent ceux que Hitler tient responsable pour les malheurs du monde.

Fondateur en 1924 du mouvement Pan-Europa, Coudenhove incarne le duel toujours actuel cent ans plus tard entre intellectuels et populistes, ceux qui tiennent d’une société cosmopolite et ceux qui se réclament d’un ancrage territorial, déterminé par la terre et le sang, Boden und Blut.

Lorsqu’il fonde la fédération Pan-Europa, Coudenhove la conçoit au sein d’une fédération mondiale qui repose en outre sur la fédération Pan-America, l’Empire britannique, l’URSS et une fédération Chine-Japon aux contours vagues.

Au lendemain de la Première Guerre Mondiale, non seulement considère-t-il qu’à l’exception du Royaume-Uni, aucun État européen ne fait le poids seul sur la scène mondiale mais surtout il se révèle un Européen convaincu dans la mesure où il estime que tous les Européens ont en partage une culture commune. Alors qu’il n’exercera jamais de mandat politique, il sera à l’origine d’un grand nombre de propositions audacieuses qui ne verront le jour que 30, 40 ou 50 ans plus tard : un hymne européen, l’Hymne à la Joie, un drapeau européen, une monnaie commune, une union douanière et économique et une gouvernance européenne. On reconnaîtra sans peine la réalisation de ses ambitions dans les institutions européennes actuelles.

Homme du monde, aristocrate de l’esprit, il combine une approche élitiste à un sens aigu du lobbying et saura tout au long de sa vie s’attirer sinon les faveurs du moins la compagnie des grands de ce monde, le chancelier autrichien Seipel et Aristide Briand avant-guerre, Winston Churchill et Charles de Gaulle à la Libération. En 1950 il sera le premier lauréat du tout nouveau Prix Charlemagne décerné par la ville d’Aix-la-Chapelle.

Inlassable missionnaire de l’idée d’une union européenne, Richard Coudenhove-Kalergi est à juste titre estimé comme son père spirituel, aussi est-il juste qu’on consacre une biographie à un homme disparu il y a un demi-siècle déjà et dont le rôle crucial mérite d’être redécouvert. Il est d’autant plus déplorable qu’on ne compte plus les erreurs d’impression, les fautes de syntaxes, les omissions et les coquilles de tout de genre qui émaillent ce texte. Certaines ne sont pas pardonnables ; ainsi le Reichspräsident en 1933 s’appelle Hindenburg et non Hinderberg tandis qu’en décembre 1941, à la suite de l’attaque japonaise sur Pearl Harbour c’est l’Allemagne qui déclare la guerre aux États-Unis et non l’inverse. On est au regret de constater que l’éditeur n’a pas effectué correctement son travail.

 

Martyn Bond, Hitler’s Cosmopolitan Bastard: Count Richard Coudenhove-Kalergi and his vision of Europe, McGill-Queen’s University Press, 2021,464 pages

Dominique de la Barre

Dominique de la Barre est un Belge de l'étranger naturalisé suisse, amateur d'histoire et du patrimoine culturel européen, attaché aux questions liées à la transmission.

21 réponses à “Le bâtard d’Hitler

  1. À force de lire des fautes de frappe, on y succombe soi-même: Le Reichspräsident s’appelait Paul von Hindenburg et non Hinderburg… Pas grave! Coudenhove est aussi un peu le père de l’Euro, car c’est lui qui en premier formula la thèse d’une monnaie unique.

  2. L’ennui, c’est que vous aussi commettez une coquille (3e ligne ante finem) en critiquant celle de l’autre auteur: Hinderburg pour Hindenburg, il fallait le faire…
    D’ailleurs l’Union Européenne est devenue le IVe Reich, et en plus complètement vassalisé par les USA; il n’y a donc vraiment pas de quoi faire la fête.

    1. “l’Union Européenne est devenue le IVe Reich”, affirmer une telle énormité est une véritable insulte à toutes les réelles tragiques victimes du IIIe Reich (Allemands compris). Selon la formule généralement attribuée à Talleyrand, qui lui était un vrai connaisseur de l’Histoire: “Tout ce qui est excessif est insignifiant”!

    2. Je dois avouer ne pas partager du tout votre point de vue. Au contraire, l’Union Européenne, née CEE, s’inscrit dans la tradition de l’Europe impériale, qui puise ses sources dans l’Empire Romain et se déploie ensuite à travers l’empire carolingien puis à travers le Saint-Empire. Avec sa disparition, l’Europe connaîtra trois tentatives d’hégémonie impériale, éphémères et violentes, l’empire napoléonien, l’empire bismarckien et le Troisième Reich justement. Douze ans à peine après son effondrement, il apparaît de façon claire aux Etats signataires qu’il faut tenter autre chose, en opposition justement au IIIe Reich. Aussi, le Traité de Rome est signé à Rome et non ailleurs et il est signé le 25 mars, jour de l’Annonciation, prémisse d’un monde meilleur qui doit naître neuf mois plus tard à Noël. Du reste les six pays fondateurs, dont l’Allemagne alors de l’Ouest, recouvraient un territoire qui peu ou prou correspondait à celui de l’empire de Charlemagne. Loin d’incarner un supposé IVe Reich, l’Union Européenne en constitue au contraire l’antidote.

      1. Les premières discussions d’une Europe unie ont eu lieu dès 1920 entre l’Allemagne et la France.

        Les deux grands empires soit les Habsbourg et Romanov ont disparu à la fin de la Première Guerre Mondiale.

    3. Et du l’archiduc Otto de Habsbourg-Lorraine, archiduc d’Autriche, prince royal de Hongrie et de Bohême (1912-2011), en avez-vous entendu parler? Chef de la maison de Habsbourg-Lorraine (branche aînée de la maison de Lorraine) et prétendant aux trônes d’Autriche et de Hongrie sous le nom d’Othon Ier, descendant et héritier des ducs de Lorraine et de Bar, il était président du Comité international pour le français langue européenne, du Mouvement pan-européen (1973–2004).

      En 1961, il renonce officiellement à ses prétentions au trône d’Autriche au profit de la construction d’une Europe forte, unie et chrétienne, mais il n’est autorisé à revenir dans son pays natal qu’en 1966 sous le nom de “Dr Habsbourg Lorraine” (S. Baier, E. Demmerle, “Otto de Habsbourg – De l’Empire à l’Europe”). Partisan de l’unité européenne, il est député au Parlement européen de 1979 à 1999, représentant du Land allemand de Bavière au sein de la formation conservatrice CSU.

      Doyen d’âge, il préside par deux fois la séance inaugurale du Parlement européen. Il fonde, avec un groupe de députés européens favorables à l’apprentissage de la langue française, le GEDULF, qui fait la promotion du français comme langue de référence de l’Europe ; il conteste à l’anglais cette place, au nom de la spécificité et de l’indépendance européenne par rapport aux États-Unis (A. Fosty, “La langue française dans les institutions communautaires de l’Europe”).

      “Complètement vassalisé aux USA”, pensez-vous vraiment?

      L’archiduc von Habsburg a a été l’un des premiers critiques du président russe Poutine. Dans une interview au journal “Süddeutsche Zeitung”en 2002 et dans deux discours en 2003 et 2005, il a mis en garde contre Poutine comme une “menace internationale”, qu’il était “cruel et oppressif” et un “technocrate glacial” (Süddeutsche Zeitung, Interview avec Otto von Habsburg:”Putin ist ein eiskalter Technokrat”, 5 novembre 2005).

      Mais peut-être avez-vous sur le petit Führer du Kremlin et ses acolytes du groupe Wagner d’autres vues? Si IVe Reich il y a, n’est-ce pas plutôt de ce coté-là qu’il faut regarder?

      1. Pardonnez- moi, Maître, mais qu’est-ce donc qu’un Reich vassalisé à un autre Reich (ce que les États-Unis sont à vos yeux, je présume)?

  3. Monsieur De La Barre,
    Le comte Richard Coudenhove-Kalergi est certainement un personnage fort intéressant. Comme lui, dans ma jeunesse je rêvais d’une Europe unie et avais même pris la carte de citoyen européen. Suisse, j’imaginais une Europe fédérale dont la souveraineté des états, comme celle de nos cantons, allait être respectée. Doux rêve, domaine de l’utopie !

    Vous dites «On reconnaîtra sans peine la réalisation de ses ambitions dans les institutions européennes actuelles». Vraiment ?

    1. Vous dites “On reconnaîtra sans peine la réalisation de ses ambitions dans les institutions européennes actuelles”. Vraiment ?”

      S’il est un citoyen suisse dont on reconnaît sans peine la réalisation de ses ambitions dans les institutions européennes actuelles, n’est-ce pas Denis de Rougemont, père de l’écologie suisse, fondateur du Centre Européen de la Culture et à l’origine du CERN?

      Co-fondateur de la Ligue du Gothard avec Theophil Spoerri, en 1940 (article “Ligue du Gothard” de Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/Ligue_du_Gothard), son projet d’Europe des régions ne trouve-t-il pas aujourd’hui son écho dans celui de l’Union Européenne?

      Doux rêve, domaine de l’utopie, vraiment?

  4. Bonjour Mr de La Barre, l’UE ne m’apparait aujourd’hui que comme un syndicat de lobbyistes très affairés, et ce fascisme “économique” s”apparente de très près à celui du 3ème Reich à mon sens; pensez donc aux juteuses affaires de Pfizer dont le big-boss a été décoré par la présidente de la Commission Européenne elle-même, avec paillettes et robe longue à Washington, il y a quelques mois! Le mari de la dame est quant à lui appointé par Pfizer. Les fondateurs de l’Europe se retournent vraisemblablement et inlassablement dans leur tombe, les pauvres .

    1. Veuillez citer vos sources en ce qui concerne M. Heiko von der Leyen. En effet, selon Wikipedia ou LinkedIn, il est depuis 2020 Medical Director auprès d’une société qui s’appelle Orgenesis.

      1. Bonjour Mr de la Barre, l’Europe que vous souhaitez est notre rêve à tous; et j’ai bien aimé votre texte; malheureusement pour nous tous, nous mettons à la tête de nos pays des gens non démocrates et seulement préoccupés de leur propre enrichissement; pensez à mon président de la république ou à la présidente de la commission européenne, Mme Ursula von der Leyen; le premier a vendu aux Américains un des fleurons de l’industrie française, Alsthom alors qu’il bossait chez Rothschild; ce serait l’origine de sa fortune. Quant à Mme von der Leyen, elle a des origines pas vraiment paysannes ! cf un récent article de France Soir la nommant la boucanière. Je crois bien que c’est sur France Soir que j’ai appris la soirée robe à paillettes à Washington au cours de laquelle elle a décoré le big-boss de Pfizer, ou lui a remis le prix de meilleur big-boss. Ces gens vendent l’Europe aux Américains et empochent le fruit de la transaction; en temps de guerre cela se nomme trahison et à la clef, le peloton d’exécution ! Vous imaginez qu’on ait donné un second mandat à Hitler ? certes non; mais en France si !

  5. “il estime que tous les Européens ont en partage une culture commune”, ce que certains malheureusement ne semblent toujours pas avoir compris. Dans un monde de grandes puissances défendant agressivement leur “pré carré” (on le voit bien ces temps!), aucun pays européen pris individuellement, y.c. le Royaume-“UnI”, ne fait plus le poids sur la scène mondiale effectivement. Soit nous comprenons, comme nos ancêtres l’ont fait à leur échelle, mais celle-ci a changé de dimension à notre époque, que “l’union fait la force”, ou notre continent sera condamné à n’être que le vassal obéissant d’une ou l’autre des autres grandes puissances. L’UE n’est peut-être pas parfaite (il a fallu combien de temps à la Confédération helvétique pour se doter d’institutions “+/- parfaites”?!), mais elle a le mérite d’exister, jeter le bébé avec l’eau du bain n’est certainement pas la meilleure manière de ne pas retomber dans les errements du passé qui ont coûté si cher à notre continent. Il est plus constructif de chercher à améliorer ce qui existe, et la Suisse, avec son expérience d’état. fédéral intégrant des cultures, langues et religions diverses, aurait un rôle à jouer si elle voulait bien sortir de sa position de simple spectateur extérieur systématiquement et uniquement critique.

  6. Il n’a pas échappé à la perspicacité de M. Nicolas de Buman qu’une faute de frappe s’était glissée dans le texte. Par ailleurs, sa connaissance de l’histoire est encyclopédique.
    Je me permets quelques réflexions très personnelles qui pourraient paraître futiles dans ces temps de grands malheurs en Ukraine.
    Tout d’abord, mon père a été en coéducation chez la famille v. Hindenburg, il a donc grandi dans l’Allemagne hitlérienne. Son père et ses oncles étaient tous officiers dans les différents corps de la Wehrmacht. Arte a diffusé, il y a quelques jours, le film “Diplomatie”, dans lequel Niels Arestrup incarne magistralement le General Dietrich von Choltitz, qui était le meilleur ami de mon grand-père; avant-guerre, ils chassaient ensemble en Silésie, sur les terres privées de la famille v. Choltitz. Quant à mon père, il avait quinze ans à la fin de la guerre et il était responsable de la survie de 200 enfants orphelins de Berlin. Il m’a longuement parlé de cette période ainsi que de nombreux autres témoins directs. Je rassure donc l’avocat Santschi que l’Union Européenne n’est pas du tout la continuation du III Reich; j’y ai vécu dans plusieurs pays membres et j’y vis toujours.

  7. Pour ma part j’ai de la peine à comprendre cette vue idéalisée de l’Union Européenne comme héritière du Saint-Empire. Je n’y crois pas du tout, pour moi c’est du wishful thinking. L’Union Européenne a toujours été l’habillage trompeur d’un protectorat américain. On devrait l’appeler Eurotan car l’UE n’est rien d’autre que la face politique de l’OTAN, cette alliance guerrière très dangereuse. Quand Macron et les autres imposteurs parlent de défense européenne, ils mentent. Car dans le traité de Lisbonne il est gravé dans marbre que la défense européenne ne saurait exister que dans le cadre de l’OTAN. M. de la Barre, qui est à la fois belge et originaire de la Mitteleuropa, a évidemment une perception bien différente de la mienne. Il a sans doute un certain attachement sentimental envers les Habsbourgs, ce qui n’est pas mon cas. L’archiduc Otton était un homme dont la vie forçait le respect, mais une des raisons principales pour lesquelles je me méfie plutôt de lui, est précisément qu’il a tenu à inscrire son action dans le prolongement de celle de ce bizarre comte de Coudenhove-Kalergi. Je ne voudrais pas médire de Coudenhove- Kalergi, car si on n’a pas connu personnellement quelqu’un on risque d’être injuste en en disant du mal. Je n’ai pas eu le courage de lire en entier son livre “Praktischer Idealismus” mais de ce que j’en ai lu, c’est la doctrine pure des Illuminés de Bavière. Drôle de type vraiment, qui devait avoir un complexe d’avoir subi les quolibets de ses camarades d’école à cause de son type métisse et qui en a déduit une théorie plus que bizarre sur la nécessité du métissage universel et des théories encore plus bizarres sur la nouvelle élite qu’il s’agirait de former, à partir justement d’une sorte de métissage entre …. et …. Non, décidément le personnage de Coudenhove-Kalergi me paraît très louche. Et s’il est l’un des inspirateurs de l’UE cela nous explique pourquoi cette organisation est en réalité une anti-Europe, nihiliste et acharnée à éradiquer la véritable civilisation européenne.

  8. Se non è vero è ben trovato.

    Les officiers de la Wehrmacht qui ont planifié l’attentat manqué contre Hitler en juillet 1944 étaient tous membres de la Thule Gesellchaft (ex-Germanorden), proche des Illuminati bavarois. Pour la plupart de haute lignée prussienne, ils méprisaient Hitler, qui se méfiait d’eux – non sans raison comme il en a fait l’expérience le jour de l’attentat, qui n’était pas le premier à l’avoir visé.

    Après avoir fait exécuter les comploteurs, il a dissous la Société de Thulé, le parti nazi ne tolérant pas les sociétés secrètes car étant lui-même à l’origine une société secrète.
    En effet, le Germanorden est une société secrète créée au début du XXe siècle en Allemagne, dans la filiation de la Société de Thulé, soutenant que les ancêtres des Germains ne pouvaient être que des Nordiques, une race pure ayant dû, au moment des grandes glaciations, émigrer vers des régions plus tempérées, notamment l’Allemagne.

    En août 1918, la cellule munichoise de cette société secrète devient la Thule Gesellschaft, origine, le 15 janvier 1919 du Parti ouvrier allemand qui deviendra le Parti national-socialiste des travailleurs allemands, c’est-à-dire le parti nazi (Jean Markale, “L’énigme du Saint Graal”, Editions du Rocher, 2005).

    Bref, ne voilà-il pas matière à alimenter les fantasmes des complotistes de tous bords pour encore longtemps?

      1. Merci pour ce rappel, cher Monsieur de la Barre. J’avais lu et n’ai pas manqué de relire votre très intéressant article sur Stauffenberg.

        Cordialement,

        L. R.

      2. Au sujet du colonel comte Claus Schenk von Stauffenberg, il n’était pas issu du milieu glauque de la société Thulé. Il était plus proche d’un mouvement romantique plutôt littéraire où l’on trouvait des écrivains comme Stefan George. On attribue parfois l’origine de ce courant, dit de la Révolution Conservatrice, à une conférence fameuse de Hugo von Hofmannstahl sur ce thème. Beaucoup de gens adhéraient à ce courant d’idées qui était dominant sous la république de Weimar. Certains sont devenus nazis et d’autres opposants au nazisme comme Stauffenberg. Il y avait même des Juifs comme Ernst Kantorowicz, qui était très nationaliste et avait écrit une lettre de félicitations à Hitler quand ce dernier est devenu chancelier du Reich.

        Aujourd’hui, toute l’élite allemande couvre d’honneurs la mémoire de Stauffenberg, quoique sa tentative de coup d’Etat était peu sérieuse et n’a rien apporté de bon, parce que les élites allemands veulent se faire pardonner le nazisme. Mais en fait, si on s’intéressait de plus près aux idées profondes de Stauffenberg, on s’apercevrait que selon les critères de l’intelligentsia dominante actuelle, c’était ce que l’on pourrait qualifier un homme d’extrême droite, monarchiste, réactionnaire, et qui n’aimait pas spécialement les Juifs.

    1. @L. Renardi

      Ne soyez pas trop schématique. Je connais aussi le sujet du faux baron Sebottendorf etc. Il est certain que l’on peut trouver une filiation entre la société Thule, dont le symbole était la croix gammée, et la loge maçonnique des Frères initiés d’Asie, Asiatische Brüder, Asiatic Brethren, qui était une émanation de l’illuminisme. Je vous recommande à cet égard l’ouvrage du rabbin Marvin C. Antelmann sur le sujet, dans lequel il démontre par des filiations rabbinques issues de Jacob Frank, des liens entre des milieux communistes et nazis. Je vous recommande aussi les ouvrages de Gershom Sholem sur le frankisme.

      Ceci étant dit, il serait très naïf de faire de Coudenhove-Kalergi un opposant aux régimes autoritaires de l’entre deux-guerres. C’est tout le contraire qui est vrai. Hitler ne l’aimait pas mais il existait beaucoup de passerelles entre le milieu Paneuropa et les dictatures de l’Europe dans les années trente, y compris en Allemagne.

      J’en veux pour preuve un livre que j’ai sous les yeux. Il s’agit de “En souvenir de Jean-Marie Musy”, où l’on peut voir une photo datée de 1935 prise dans le parlement de Vienne en pleine période austro-fasciste, où l’ex conseiller-fédéral Jean-Marie Musy préside l’assemblée de l’Union Paneuropéenne. A sa droite le chancelier Schuschnigg, à sa gauche le président de la Paneuropa Coudenhove-Kalergi. Donc, qu’on ne vienne pas nous présenter Coudenhove-Kalergi comme un grand démocrate anti fasciste. C’était un partisan d’une dictature européenne, la seule différence avec Hitler c’était que Coudenhove prônait le métissage racial et avait une conception aristocratique cosmopolite.

      Disons que Coudenhove-Kalergi a évolué avant la guerre dans un milieu où l’on pouvait rencontrer aussi bien Aristide Briand que Pierre Laval, Jean-Marie Musy et Schuschnigg, puis pendant la guerre il s’est rapproché des Anglo-Saxons, de Jean Monnet, de Churchill, Robert Schumann, Paul-Henri Spaak et cie. Mais il est resté toujours fidèle à une conception illuministe du pouvoir supranational autoritaire et dictatorial. Celle qui s’exerce aujourd’hui à Bruxelles. Celles que promeuvent aussi les membres de la société des Skulls and Bones, America’s secret establishment, comme disait Antony C. Sutton, issus d’une même tradition que les Illuminés de Bavière, comme Coudenhove-Kalergi.

      1. Rétablissons quelques faits. Richard Coudenhove-Kalergi est le fils d’un diplomate austro-hongrois et d’une geisha japonaise. Les Coudenhove, originaires des Flandre, sont au service des Habsbourg depuis cinq siècles lorsque naît Richard; quant à sa grand-mère Marie Kalergi, elle est d’origine polonaise. A deux reprises dans sa vie, en 1938 puis en 1940, il a dû fuir la Gestapo. Hitler cite Richard Coudenhove-Kalergi dans Mein Kampf, où il le désigne comme un Allerweltsbastard, le bâtard cosmopolite qui donne son titre au livre de Martyn Bond. Après la prise de pouvoir par les nazis en Allemagne, les livres de Coudenhove-Kalergi sont publiquement brûlés en public.

        Quant à l’éphémère mouvement des Illuminés de Bavière, il s’est éteint à la fin du XVIIIe siècle.

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