Cathédrale de Lausanne

Lausanne, carrefour des nations

Sur le parvis de la cathédrale de Lausanne est dessiné un X imaginaire, comme celui qui figure sur les parchemins qui désignent l’emplacement du trésor dans les films de pirates, un X secret à découvrir, un X sur la carte de l’Europe, à l’endroit précis où se croisent le chemin de Compostelle et la Via Francigena, un X à creuser au couteau suisse pour découvrir ce que Montaigne appelait « Plus est en toi ». Le premier de ces chemins prend sa source aux marches du Saint-Empire tandis que la Via Francigena relie d’un trait Canterbury à Rome. Tant le Camino que la Via ont reçu du Conseil de l’Europe l’accolade d’Itinéraire culturel européen.

Lausanne, carrefour des pèlerins, qui l’eût dit? Là sur le parvis on est confronté au choix, pourvu que l’on en soit informé, de se rendre au chevet de saint Jacques ou à celui de saint Pierre. Dans les faits seul un coquillage indique la direction à suivre, le long des rives du Léman vers Genève et par-delà vers Compostelle. Dans l’autre sens, pas de clés de saint Pierre qui pointent vers Rome, pas de panneau portant la mention VF, pas de petit moine avec capuche et bourdon car en Suisse la Francigena demeure peu connue et pour cette raison pas signalée en tant que telle si bien qu’elle ne forme qu’un tronçon du chemin de grande randonnée numéro 5.

Voie des Francs qui se rendaient en Italie, la Via traverse le territoire actuel de Suisse de Vallorbe au col du Grand Saint Bernard, mais il n’y a guère qu’à l’abbaye de Saint Maurice en Valais qu’on prend conscience de parcourir un itinéraire de première importance au Haut Moyen Age ; là, juste devant l’église abbatiale, une grande carte de la Via dessinée sur le mur du petit bâtiment qui sert de billetterie, rappelle que l’abbaye s’insère au sein de l’univers culturel que parcourt la Via, un univers où la cathédrale gothique de Lausanne se glisse comme un grain sur un chapelet entre celles de Canterbury, de Laon, de Reims et de Sienne, sentinelles d’une époque où l’Europe s’appelait la Chrétienté, voulant par là désigner justement un espace autant culturel que géographique.

(A suivre)

http://www.viefrancigene.org/fr/

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Dominique de la Barre

Dominique de la Barre est un Belge de l'étranger naturalisé suisse, amateur d'histoire et du patrimoine culturel européen, attaché aux questions liées à la transmission.

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