Hors d’ici tout à l’heure

Amis lecteurs de La Ligne Claire, ça y est la coupe est pleine, non seulement les écoliers de France ne reconnaissent plus ce vers mais ignorent même l’identité de son auteur. Il est temps de rendre la France aux Français. Allons-y donc.

Les derniers seront les premiers. Depuis plus d’un demi siècle des gens venus d’horizons lointains ne cessent de débarquer sur nos plages et menacent d’égorger nos fils et nos compagnes. Dès lors, sitôt que la dernière grève de la SNCM aura pris fin, hop, qu’on les embarque et qu’on les renvoie outre Méditerranée.

Et à propos de la Méditerranée, il faudra songer aux Italiens, Gambetta, Zola, Ventura (Lino comme Ray) ; quant aux Espagnols, beaucoup sont issus de Républicains qui ont fui la guerre civile – sous la 3e République au moins, on les mettait dans des camps de réfugiés, chacun à sa place, comme dans Downton Abbey. Les Portugais enfin ne sont pas méditerranéens stricto sensu mais vous voyez ce que je veux dire, et puis on pourra à nouveau occuper les loges (de concierge, pas d’opéra).

Avec la place ainsi libérée, on sera à même d’accueillir les Québécois car il est clair que les Iroquois eux aussi les mettront à la porte au motif tout aussi clair qu’ils sont tous les descendants de migrants économiques. (La Ligne Claire se demande cependant s’il ne faudra pas rafraîchir l’usage qu’ils font de la langue de Molière, l’auteur du vers en exergue).

Charles III, roi de Francie occidentale (car nous sommes en Occident, faut-il le dire) vers l’an 900 coulait des jours à vrai dire pas si heureux que cela lorsqu’il vit surgir sur la Seine, qui elle aussi coulait, des drakkars conduits par de redoutables envahisseurs, les Normands, ces pillards gorgés de morue. Bien nommé le Simple, il s’empressa de mettre un terme à leur rapine en leur offrant la plus belle de ses provinces, bel exemple réussi de chantage de la part des Vikings qui n’étaient certes pas des réfugiés politiques.

Mettons enfin un terme à cette escroquerie millénaire qui, de surcroît, sent le camembert.
Les Francs, ah les Francs, Clodion le Chevelu, Chlodéric et puis Clovis, n’oublions pas Clovis, se sont installés en Belgique et Picardie actuelles au cours du Ve siècle, et, Dieu soit loué, ont donné leur nom à la future France – on frémit à l’idée que ce rôle eût été dévolu aux Quades ou aux Gépides. Mais, stupéfaction, car les Francs sont en réalité des Germains (qui fuyaient d’autres Germains), ces gens à qui nous faisons la guerre tous les vingt-cinq ans. Wikipédia nous apprend que, en 1714, l’historien Nicolas Fréret avait été le premier à avancer l’hypothèse selon laquelle les Francs étaient effectivement des Germains. Aussi les magistrats de Sa Majesté l’ont-il embastillé pour six mois afin qu’il puisse tester son hypothèse à loisir et se repentir de l’outrage qu’il avait infligé à Louis XIV, qui avait passé son règne à combattre les Habsbourg, sans se soucier le moins du monde de l’origine de son nom, car Louis est un dérivé de Clovis.

Heureusement qu’il nous reste la Bourgogne, ses grand crûs, ces châteaux, la doulce France. Mais la Bourgogne, me direz-vous, n’est-elle pas le territoire des Burgondes, établis par ici vers 450? Oui, les Burgondes, ce peuple qui, d’après Pline l’Ancien, habitait au départ un territoire délimité par l’Oder, la Vistule, la Wartha et la Notec, un pays qui sent la tourbe et le chou-rave, loin de la Bourgogne en tous cas.

Et quid des Wisigoths, eux qui occupent indûment l’Aquitaine depuis l’an 418 ? Invités en qualité de peuple fédéré, ils ne sont toujours pas repartis même si nombre d’entre eux ont eu le bon goût depuis de poursuivre plus avant vers l’Espagne. They have overstayed their welcome comme disent nos amis Anglais, qui eux aussi sont priés de rester at home à moins bien entendu qu’ils ne se portent acquéreur d’une résidence secondaire en Wisigothie.

Et puis les Grecs, déjà eux, qui s’établissent à Massalia sans crier gare vers 600 avant Jésus-Christ, bousculant les pauvres Ségobriges, ce peuple ligure qui n’en demandait pas tant.

Voilà, maintenant qu’on a fait table rase, qu’on peut à nouveau respirer chez soi, grignoter un bout d’andouillette, sortir dans l’arrière-cour sans qu’un voisin vous épie de son œil importun, que tous ces perturbateurs sont partis, qui reste-t-il ?

Les Gaulois, des peuplades celtes, mais nul ne sait d‘où ils sont venus.

Dominique de la Barre

Dominique de la Barre est un Belge de l'étranger naturalisé suisse, amateur d'histoire et du patrimoine culturel européen, attaché aux questions liées à la transmission.

5 réponses à “Hors d’ici tout à l’heure

  1. Cher Monsieur de la Barre,

    C’est une joie de vous lire, vous avez un savoureux talent d’historien et de conteur que nous vous serions reconnaissants de partager encore.

    Meilleurs messages.
    V. Raveglia

  2. Tout cela est fort bien vu et bien dit et avec tant d’humour! Merci. En réalisant l’arbre généalogique de la famille nous avons découvert que nous descendions de tribus barbares installées sur les bords du Rhin puis sur les bords du Léman pour aboutir en Savoie, cela pour une branche l’autre nous a conduit à Berlin et Grenade en Andalousie branche israélo arabe qui traversera la Méditerranée pour guerroyer dans la légion étrangère pour une Algérie disparue. La branche savoyarde à prospéré dans le bâtiment et les travaux publics (3 générations d’ingénieurs des ponts) les deux branches se sont jointes en Afrique du Nord pour revenir et se disséminer dans l’hexagone…………………..Ah ces Gaulois!

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