Pape François

De la difficulté d’être un catholique conservateur

Résumé

Depuis l’élection du Pape François, les catholiques conservateurs se trouvent dans une situation délicate. Leur propre conception de l’Eglise exige d’eux une fidélité à un pape dont ils ne partagent pas les orientations.

Une Eglise, plusieurs chapelles

« Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division. Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées : trois contre deux et deux contre trois ; ils se diviseront : le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère. »

Ces versets tirés du chapitre 12 de l’évangile selon saint Luc expriment sans doute assez bien un caractère permanent de l’Eglise catholique. Alors que chez les protestants, chacun est libre, en cas de désaccord avec son voisin, de tirer sa révérence et de s’en aller fonder une nouvelle communauté à sa guise, chez les catholiques on est condamné sinon à s’entendre du moins à cohabiter. Il ne peut y avoir une église catholique bis.

Conclave

Cependant depuis l’élection de Bergoglio au siège de Pierre en 2013, ces divisions ont acquis un nouveau relief. Sans doute les cardinaux électeurs, tous nommés par Jean-Paul II et Benoît XVI, qui en 2013 lui apportent leur suffrage, n’ont-ils pas bien lu la notice marquée sur l’emballage : « Attention, jésuite latino des années septante, à manipuler avec précaution». A l’aune de l’église d’Amérique latine de ces années-là marquée par la théologie de la libération voire l’appui à la lutte armée, la lettre écrite par le supérieur des jésuites argentins à l’occasion de la nomination de Bergoglio à l’épiscopat en 1992 le jugeant inapte à cette fonction, pouvait même passer pour un gage d’orthodoxie. Après tout, cet homme mène une vie austère, on ne lui connaît pas de casseroles, il s’est dressé face à la Présidente Fernandez de Kirchner au sujet du mariage pour tous et enfin, il est le patron d’un gros archidiocèse alors que ni Jean-Paul II, infirme au soir de sa vie, ni Benoît XVI, ce bouquiniste intello, n’ont été à même de mettre au pas la clique qui malmène la Curie. Ecce homo, se disent donc les cardinaux électeurs.

Vatican II

En 1979, lorsque Wojtyla est élu quinze ans après le Concile Vatican II, l’Eglise sort de la décennie la plus troublée de son histoire : les prêtres jettent leur froc aux orties par milliers, les nonnes se dévoilent, les premiers épousent les secondes tandis que d’innombrables expérimentations, souvent indues, voient le jour dans le domaine liturgique. Jean-Paul II et son successeur Benoît XVI s’attachent alors à relire les Actes du Concile à la lumière de la Tradition : puisque l’Eglise est catholique, à savoir universelle dans l’espace et dans le temps, il ne peut y avoir qu’une seule Eglise et il ne peut y être question de fondation ni même de refondation d’une église nouvelle en rupture avec la précédente. De plus, ils ont à cœur de s’en tenir aux documents conciliaires et d’exclure ce qu’un esprit du concile auto-proclamé fait dire au Concile et qu’il n’a pas dit en réalité.  Sur base de cette interprétation officielle du Concile, la cause paraît entendue – Roma locuta – jusqu’à ce qu’elle soit remise en cause par le seul homme à même de le faire, le pape François.

Vatican II revisited

Le mot d’ordre de François est de porter l’Eglise aux périphéries, périphéries du monde certes, mais aussi de la foi et de la morale. Pour traiter de cette dernière question et en particulier de l’accès  (ou non) des divorcés remariés (civilement) à la communion, mais aussi du regard de l’Eglise envers les homosexuels, il convoque dès octobre 2013 un synode des familles au cours duquel vont s’affronter conservateurs et progressistes.[1] Or c’est sur ce point-là que la ligne de front va se fixer. Dans le monde occidental tout le monde sait que depuis cinquante ans dans chaque paroisse il se trouve des divorcés remariés qui s’avancent vers la communion, soit à l’insu du curé soit avec sa bénédiction tacite. Certes, disent les conservateurs mais on ne peut élever une pratique abusive au rang du magistère de l’Eglise : les paroles de Jésus à ce propos sont claires (Matthieu, chapitre XIX). Au pape qui reproche aux conservateurs leur pharisianisme, ces derniers rétorquent que ce sont les Pharisiens qui cherchaient des tours de passe-passe pour s’accommoder de la Loi tandis que Jésus lui en rappelait toute la rigueur. De plus, si Jésus a pardonné à la femme adultère (Jean, chapitre VIII), non seulement il ne l’a pas confortée dans son état mais lui a enjoint de ne plus pécher. Puis, citant saint Paul (1 Co XI, 20-32) ils rappellent que quiconque mangera le pain de manière indigne mangera sa propre condamnation. Or les divorcés remariés vivent une sorte de scandale public.

Face à cette impasse et fidèle à sa propre exhortation de « flanquer la pagaille », François rédigera l’exhortation apostolique Amoris Laetitia où la question, loin d’être tranchée, est renvoyée en une note en bas de page. Cela vaudra aux détracteurs du pape non seulement de lui reprocher de s’exprimer de manière ambiguë mais de le faire de manière délibérée. Ce qui semble clair, c’est que François pense que la seule manière de régler ce débat c’est de rebattre les cartes d’où puisse émerger une nouvelle donne autour de laquelle puisse se forger un consensus qui fait défaut actuellement. Et effectivement, c’est ce qui se produit. Par exemple, l’Eglise allemande, riche et libérale, s’engage en faveur de l’accès à la communion des divorcés-remariés mais aussi du conjoint protestant dans un couple mixte sur le plan confessionnel tandis que l’Eglise polonaise, conservatrice, s’en tient à la position traditionnelle de l’Eglise telle que rappelée par le Magistère. Vérité en deçà de l’Oder, erreur au-delà.

Face à cette situation de fait, le parti conservateur s’alarme et rappelle que la Vérité ne peut se contredire et donc qu’elle ne peut être partagée. Ils désignent volontiers la Communion Anglicane, où le mot Communion ne sert plus désormais que de cache-sexe destiné à masquer la profonde désunion qui prévaut en son sein en matière de mœurs et d’ordination féminine. Ils craignent aussi que cette sorte de mise en mouvement lancée par le pape ne connaisse pas de limite propre ; à cet égard les conservateurs pointent volontiers du doigt les évolutions observées dans la société civile, de la dépénalisation de l’avortement à sa revendication comme un droit, de la pilule à la PMA ou encore du PACS au mariage pour tous. Ils ajoutent enfin que les églises protestantes qui ne font qu’emboîter le pas de façon servile à la société civile finissent par n’avoir plus rien à dire et à faire fuir leurs membres vers les églises évangéliques, très strictes sur les questions de moeurs.

Mais surtout ils estiment qu’il revient au pape de s’exprimer clairement en matière de doctrine et de mœurs et que ce pape-ci en quelque sorte sous-traite ces jugements à ses fidèles. On assiste alors tant à l’émergence d’une sorte de morale de situation (Certes monsieur Dumont a-t-il tué sa femme mais cette dernière était une mégère acariâtre) qu’à une confusion en matière doctrinale (« le pape m’a dit que l’enfer n’existe pas », écrit Eugenio Scalfari de la Repubblica, sans que le Saint-Siège n’apporte de démenti).

Que faire?

Les catholiques conservateurs se retrouvent désormais dans une position à la fois inédite et délicate dans la mesure où elle implique une critique du pape François et de l’exercice de son ministère. Car l’Eglise catholique repose sur la notion que le pape est le custode de la foi et de la doctrine plutôt que celui qui les remet (apparemment) en cause. Quelles sont alors leurs options ?

L’option nucléaire consiste à ne plus reconnaître l’autorité du pape et du concile Vatican II ; c’est le choix effectué par Monseigneur Lefebvre (bien qu’il s’en défende). Ceci dit, depuis l’élection de Bergoglio, on n’a pas assisté à un schisme formel.

La deuxième possibilité est de demander au pape de bien vouloir préciser ses propos et ses écrits. C’est le choix effectué par quatre cardinaux qui en 2016 demandent des clarifications (appelées Dubia) au pape au sujet d’Amoris Laetitia. Sans doute François a-t-il fait sienne la maxime du Cardinal de Retz selon laquelle on ne sort de l’ambiguïté qu’à ses propres dépens, car les Dubia sont restées sans réponse à ce jour.

La troisième option consiste à faire trébucher le pape sur une affaire ou une autre, par exemple l’affaire McCarrick, du nom de ce cardinal américain déchu pour faits de pédophilie. Le pape était-il aux courants de ces faits sordides et, si oui, les a-t-il tus ? Oui, écrit Monseigneur Carlo Maria Viganò, ancien nonce à Washington, non sans appeler François à la démission.

Enfin, il y a tous ceux qui se retirent dans un exil intérieur, se taisent et refusent de prendre part à ce débat. C’est dans ce camp qu’on retrouvera la grande majorité des évêques à l’exception de l’une ou l’autre personnalité comme Monseigneur Athanasius Schneider, évêque auxiliaire d’Astana au Kazakhstan, une de ces périphéries si chères au Pape François.

Quo Vadis ?

Pour l’instant, alors que le Pape François nomme des cardinaux qui partagent sa sensibilité, les catholiques conservateurs sont coincés car, répétons-le, il n’existe pas d’Eglise-bis où ils puissent trouver refuge.

Pourtant, La Ligne Claire estime qu’il existe une contradiction au cœur de la voie progressiste empruntée par le Pape François et plus encore par ses partisans. D’une part ils avancent que le pape ne fait qu’apporter des accommodements d’ordre pastoral mais d’autre part ils répètent à l’envi que Bergoglio est un pape révolutionnaire. Le pape lui-même semble parfois perdre la main sur cette Eglise qu’il veut en perpétuel mouvement. Tout récemment, il s’est vu contraint d’adresser une mise en garde à l’Eglise allemande, tentée par une voie synodale, un Sonderweg, qu’il a lui-même encouragée de ses vœux.

Les conservateurs, qu’on retrouve au sein de nombreux courants, ne sont ni des nostalgiques ni des opposants de principe à des réformes dans l’Eglise. Tous croient cependant que le christianisme est une religion révélée à laquelle on adhère par la foi ; certes cette révélation doit sans cesse faire l’objet d’un approfondissement, mais son contenu quant à lui est intangible car d’origine divine et ne saurait faire l’objet d’un supposé progrès.

Ils observent tant le monde protestant que l’aile progressiste catholique et en tirent la conclusion que le soi-disant progrès proposé ne consiste pas à aller de A à B mais qu’il est présenté comme inéluctable, irréversible, et une fin en soi, maintenant et toujours. Oui, mais alors, l’Eternel, le Dieu d’Abraham d’Isaac et de Jacob, ce Dieu qui était avant toute chose, ce Dieu-là à qui désormais on ordonne de changer tout le temps, est-il encore Dieu ? Non, disent les conservateurs, le progressisme comme fin en soi est en fin de compte une idolâtrie. Dans un bel exemple de reductio ad absurdum, on trouvait il y a quelques années un pasteur de l’église luthérienne au Danemark qui déclarait ne plus croire en Dieu mais qui n’y voyait pas malice et entendait poursuivre son ministère tout comme avant, mais sans Dieu.

Toujours est-il que pour le quart d’heure, les conservateurs sont condamnés à porter leur croix et à affirmer leur fidélité à un pape qui se définit lui-même comme un pò furbo, qui ne les aime guère et dont ils ne partagent pas la sensibilité et dont ils reprouvent les orientations. Quia extra Ecclesiam nulla salus.[2]

 

 

[1] En Amérique on qualifiera plutôt les progressistes de liberals tandis qu’en Europe ils se nomment eux-mêmes réformistes ; néanmoins La Ligne Claire retiendra l’appelation progressistes. Quant aux conservateurs, il y a lieu de les distinguer des traditionalistes, attachés à la messe en latin, et qu’on retrouvera aussi bien au sein de l’Eglise qu’en dehors (lefèbvristes).

[2] La Ligne Claire invite ses lecteurs intéressés par cette analyse du pontificat actuel de consulter les publications de Ross Douhat, journaliste au New York Times.

 

Dominique de la Barre

Dominique de la Barre est un Belge de l'étranger naturalisé suisse, amateur d'histoire et du patrimoine culturel européen, attaché aux questions liées à la transmission.

16 réponses à “De la difficulté d’être un catholique conservateur

  1. Le cheminement d’homo sapiens pour comprendre son environnement sur cette planète Terre prisonnière de sa galaxie et évoluant selon les lois physiques dans un univers en expansion depuis environ 4 Ma d’années, est difficile, ce que je comprends. Homo sapiens a imaginé et créé des dieux pour tenter d’expliquer l’incompréhensible, puis l’idée d’un Dieu unique s’est progressivement imposée au Levant et depuis partagée par trois systèmes religieux monothéistes principaux, mais différents, autour d’un Livre réunissant des révélations que des exégètes, des archéologues et des paléo-anthropologues tentent de mieux comprendre.
    Votre analyse du système religieux catholique décrit bien ces luttes typiquement humaines pour la recherche du pouvoir autour de La Vérité (révélée !), entre conservateurs et progressistes, comme entre les partisans de n’importe quel parti politique et plus particulièrement en période électorale.
    L’attitude critique du philosophe me semble préférable à celle du croyant et celle du scientifique me semble in fine de loin la plus convaincante avec sa remise en question humble et permanente, sa quête de comprendre. Car finalement, notre petit monde semble plus obéir aux lois de la physique, de la chimie et de la biologie que des croyances. Ces dernières sont toutefois encore utiles à l’être Humain, mais le malmènent souvent (oppressions politiques, guerres, pollutions diverses, etc.) pour diverses raisons motivées pour l’essentiel par la recherche du pouvoir.
    Notre planète suit les lois immuables de l’univers et ses habitants celles des pouvoirs éphémères. Un point de vue.

    1. II n’es pas question d’opposer la science à la foi car la science est sensée expliquer le comment et la foi le pourquoi…
      Présenter la science comme la solution ultime à tous les problèmes de l’humanite relève de l’idolatrie et comme l’a affirmé Pascal : science sans conscience n’est que ruine de l’homme !!

      En outre lorsque l’on vit des sacrements régulièrement, confession , eucharistie et que l’on s’efforce de prendre le message du Christ au sérieux, l’on peut sentir sa présence amoureuse bienveillante et joyeuse en nous de manière tangible et très forte…….La vie des saints serait inexplicable sans la grâce de Dieu….Ceci étant dit il respecte notre liberté…….

      1. Il ne faut pas confondre foi , conscience et religion : autant les deux premiers concepts font partie de notre intime personnalité et chacun a la liberté de croire dans la limite de la constitution , autant le dernier renvoie à des principes communs dictés par une hiérarchie qui en fait n’a plus aucune légitimité aujourd’hui et chacun peut choisir de suivre ou non ses dogmes.
        Que les chrétiens conservateurs ne partagent plus les choix de Rome me fait autant d’effet que de savoir avec qui les stars passent leur nuit !
        La “Vérité” ou la religion révélée par “Dieu” ne recouvre aucune universalité contrairement aux sciences et par conséquent ne peut être invoquée pour des choix de société.
        L’éthique, qui a remplacé les valeurs des religions qui sont basées sur des dogmes eux mêmes construits sur des mythes incompatibles avec les connaissances constamment actualisées , permet une reflexion d’ordre moral sur la portée de nos actions communes en parallèle avec la conscience concernant nos actes personnels .

  2. Il y a un dérapage dans votre raisonnement, dont l‘écriture brillante me ravit: personne ne demande à Dieu de “changer tout le temps“, quelle idée ! Il s‘agit bien plutôt de tout le temps mettre en question la compréhension qu‘on a de Lui, l‘interprétation qu‘on fait des textes qui parlent de Lui.
    Car cette compréhension, ces textes sont imprégnés de leur époque, et ne pas le reconnaître conduit à un paradoxe bien différent de celui quer vous évoquez dans vos lignes (claires !): on se trouve en situation de devoir trier, dans des textes soi-disant intangibles, entre ce qui est encore adéquat et ce qui ne l‘est plus – sous peine de devoir tuer homosexuels et adultères … et de devoir en outre renoncer à la cochonnaille !

    1. @JACQUES DE HALLER

      Avec tout le respect dû à l’éminente personnalité médicale et politique de gauche que vous êtes, personnalité ayant des attaches affectives notoires dans une Eglise chrétienne (certes pas la même Eglise que celle à laquelle se réfère la Ligne Claire) et tout en saluant votre manière de vous exprimer sur internet, contrairement à moi, en signant bravement de votre vrai nom (un beau nom d’ailleurs, illustré par un grand érudit bernois du siècle des Lumières) je dois avouer que votre façon de voir le christianisme ne pourra jamais être acceptée par un catholique. Certainement pas par un tradi comme moi, qui doit faire un effort pour ne pas devenir sédévacantiste, ni par un catholique simplement conservateur comme Mr de la Barre, mais même pas non plus par un catholique progressiste moderne et Bergoglien. Parce que tout de même le catholicisme, aussi évanescent soit-il aujourd’hui, ou zombie comme dirait Emmanuel Todd, ne se conçoit pas sans dogmes, c’est à dire sans vérités fixes qui ne peuvent en aucun cas évoluer. Il ne s’agit pas de tuer les homosexuels ni les adultères, ni de brûler les savants comme Calvin le fît de Michel Servet, ni de se priver de cochonailles évidemment, mais les dogmes, tels qu’ils ont été définis solennellement, infailliblement et pour toujours, sont intangibles. Ceci n’empêche pas de remettre en question l’interprétation de beaucoup de choses et l’Eglise catholique ne s’en prive pas. Mais sur certains invariants anthropologiques qui sont en somme liés aux dogmes, l’Eglise ne variera jamais, même pas l’Eglise modernistissime bergoglienne. Le patron, qui est derrière elle et qui garde son droit de veto: Notre Seigneur Jésus Christ, ne le permettra jamais. On sent donc très bien qu’elle ne le peut pas. François non plus ne le peut pas. Cette Eglise a beau s’arquebouter sur l’esprit évolutif et sophistique du concile, elle ne peut pas suivre le mouvement. Ainsi l’Eglise catholique n’ordonnera jamais de prêtresses, dûsse-t-elle pour cela risquer le martyr aux mains des féministes. Elle n’approuvera jamais non plus des choses comme le “mariage” des homosexuels ou la GPA. Elle sera donc nécessairement toujours en conflit avec le monde moderne, auquel elle ne pourra jamais s'”ouvrir” vraiment. Elle restera donc toujours un signe de contradiction, comme l’a annoncé le Christ, et les tentatives humanistes adogmatiques à la Hubert Giot de tourner le dos à cet aspect là du christianisme, pourront mordre dans des consciences parpaillottes comme la vôtre, face à l’Eglise catholique elles se heurteront toujours à une barrière infranchissable.

    2. @JACQUES DE HALLER

      Et d’ailleurs le nom que vous portez n’est pas illustre seulement à cause d’Albert l’érudit fameux, il l’est aussi pour son petit fils Charles-Louis, devenu catholique au grand scandale de sa famille et entré dans l’Histoire des idées pour avoir inventé le terme ”Restauration”, qui connaîtra un succès immense. Charles-Louis de Haller est d’ailleurs le véritable inventeur de la science politique, mais bien sûr comme il était un fieffé rétrograde, contre-révolutionnaire, ultramontain et légitimiste absolu, (Joseph de Maistre à côté était un enfant), on ne veut pas lui reconnaître cette qualité ni cette antériorité et on s’efforcera toujours de le passer sous silence, attribuant l’invention de la science politique à des auteurs plus récents. Pourtant c’était bien lui le premier, mais cette vérité est inacceptable pour un monde qui ne peut concevoir la notion de science politique que subordonnée aux principes révolutionnaires.

      Oui Charles-Louis de Haller était un grand homme et un jour on se souviendra à nouveau de lui.

      Je recommande vivement à la ”Ligne Claire” de se renseigner sur cet auteur génial et méconnu.

  3. Vous avez tort de dire que Mgr Lefebvre n’a pas reconnu et que se successeurs ne reconnaissent pas l’autorité du pape. Si vous allez à Ecône, vous verrez à l’entrée le portrait du pape François. Mgr Lefebvre sera bientôt considéré comme un docteur de l’Eglise. Il est absolument évident qu’il avait raison et que le salut de l’Eglise viendra grâce à lui et à ce qu’il a entrepris. Car il est le seul qui a vu juste et énoncé le constat factuel que le Concile n’était rien d’autre que la prise de pouvoir, au sein du vieil appareil romain, de forces hostiles infiltrées. Quelles forces? Disons pour simplifier les forces humanistes, vaguement déistes, dont se réclame notre ami Delaplanète. Ces forces sont radicalement opposées au message du Christ, qui a dit: “mon royaume n’est pas de de monde”. Elles veulent aménager au contraire un monde purement humain, une eschatologie républicaine fondée dans le péché et visant au progrès terrestre. Alors que l’Eglise avait été fondée par le Christ pour juger le monde, et le vaincre au moment de la parousie. Elle l’avait déjà vaincu sub specie aeternitatis, mais en attendant elle devait traverser les temps en s’efforçant de mener le plus de gens possibles à la sainteté. L’Eglise, la vraie, telle qu’elle a été fondée par Dieu, est donc radicalement opposée au projet d’ouverture au monde de Vatican II qui est à proprement parler une apostasie. Les traditionalistes s’indignent que les pseudo théologiens qui tentent d’habiller intellectuellement cette apostasie ne professent plus que leur Eglise est l’Eglise du Christ, mais disent que l’Eglise du Christ subsiste au sein du machin visible dont ils tiennent les commandes : “subsistit in”. À mon avis ces tradis ont tort de d’indigner car l’expression “subsistit in” est parfaitement exacte: il y a une organisation visible qui se dit l’Eglise, et ne l’est pas. Ce n’est qu’une construction humaniste de progrès, sans valeur, ayant un but terrestre. Ca, c’est l’Eglise visible des modernistes. Mais en même temps, hommage du vice à la vertu, la formule subsistit in dit vrai, car il est vrai que l’Eglise du Christ, qui est en lutte avec le monde, subsiste bel et bien à l’intérieur du machin. Elle est composée de ceux qui, à l’intérieur, contestent l’usurpation maçonnique qui tient les leviers techniques de la machine. Dans ce contexte, les sédévacantistes ont-ils raison? eux qui disent que le siège de Pierre est vacant. Selon eux l’Eglise du Christ ne subsiste même pas dans ce bidule, qui est tout simplement un contre Eglise. Ils ont tort car nous devons croire selon l’Evangile que les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre l’Eglise. On ne peut pas affirmer que les papes qui ont régné depuis la prise de pouvoir maçonnique (Vatican II), ont été sciemment et délibérément les instruments de cette apostasie et de ce reniement. En effet, ils n’ont pas formulé de définitions solennelles hérétiques. Ils ont simplement été flous, car ils ont cru devoir louvoyer dans une situation de fait dans laquelle, sans oser se formuler précisément le diagnostic (qui aurait du être le constat technique de la mainmise de l’adversaire sur la machinerie, et donc la lutte héroïque contre ces loups dans la bergerie) ils ont cru devoir s’adapter aux circonstances. Et ils n’ont pas su, ni pu faire ce constat, car ils avaient été eux-mêmes désarmés intellectuellement parce que tous les esprits formés avaient systématiquement été écartés des hauts postes de l’Eglise depuis des générations par un travail de sape, moderniste, silloniste, etc., mené par des gens qui savaient ce qu’ils faisaient. Le gouvernement de l’Eglise, qui avait été très lucide pendant tant de siècles, s’est trouvé paralysé face à un adversaire (les loges) qui avait réussi à contrôler intégralement les gouvernements civils de tous les Etats du monde, ou presque, et qui avait neutralise les défenses internes de l’institution ecclésiastique elle-même, avant d’en prendre le contrôle pur et simple lors de Vatican II. Donc on a eu des papes qui étaient vraiment papes, n’en déplaise aux sédévacantistes, car ils n’avaient pas l’intention de se mettre du service du prince de monde (Satan), mais qui ont cru devoir louvoyer dans un monde dominé par les ennemis du Christ et de son Eglise. Et cela a donné les ambigüités, apparentes trahisons et accommodements de Paul VI, Jean-Paul II, Benoît XVI, François, qui ont cru devoir, soit embrasser les nouveautés en sous-estimant le danger (Paul VI), soit leur résister sur certains ponts (Jean-Paul II, Benoît XVI), puis les embrasser à nouveau (François). D’où la confusion des bons catholiques plutôt conservateurs comme l’auteur de ce blog. Les sédévacantistes ont tort car ils désertent le champ de bataille interne à l’Eglise, et ainsi laissent le champ libre aux loups dans la bergerie. François est ambigu. Étant “un po furbo”, il louvoye habilement, ayant su désarmer la méfiance des puissances anti-chrétiennes de ce monde, qui l’ont mis sur le siège de Pierre et contrôlent aussi de larges pans du gouvernement de l’Eglise elle-même. Mais le constat de plus en plus évident, de plus en plus dramatique, de l’échec total des orientations humanistes de Vatican II et l’effondrement épouvantable de l’Eglise, partout, conjugué avec le fait que Dieu n’a pas cessé d’être la tête de son Eglise, et donc l’aidera quand il décidera que le moment est venu, fera que nécessairement à un moment où à un autre la réaction salvatrice aura lieu. Et elle ne pourra se faire qu’en faisant le constat juste quant aux causes de ce désastre: celui précisément qu’avait fait Mgr Lefebvre. En attendant on constate la chute vertigineuse des vocations, sauf précisément dans les milieux conservateurs et traditionalistes. Ce n’est pas pour rien. En effet il est bien évident qu’aucun jeune homme ne peut accepter les sacrifices que comporte une vocation sacerdotale dans le monde actuel, s’il est lui-même imbu de l’esprit de ce monde-là. Le modernisme d’esprit Vatican II disparaît par extinction biologique, ce milieu d’iconoclastes n’ayant suscité aucune vocation. Et quand au pape François “un po furbo” il est très apprécié des milieux de la FSSPX, auxquels il concède discrètement toutes sortes de facilités. Sera-t-il dans sa fourberie un peu simplette, un pape de transition qui frayera les voies au retour de la Tradition? Nous sommes dans la main de Dieu. En tous les cas le redressement de l’Eglise n’est pas imaginable sans la dite Tradition.

  4. Merci Dominique pour ce texte de belle facture qui suscite un débat riche et qui ne me laisse pas indifférent d’où cette petite intervention que je m’autorise pour la première fois depuis que je lis la plume de la Ligne Claire.

    Au delà des dogmes, des chapelles, des postures, des avis catégoriques et définitifs, l’Esprit Saint est sans doute là pour nous aider à discerner l’amour vrai (en vérité). La « Vérité » quelle vérité? Si ce n’est celle de l’amour du prochain. Toute « guerre » de position (pour ne pas dire de tranchée) me semble antinomique avec cette recherche de « l’amour en vérité ». Alors, c’est quoi ces querelles entre « tradi » « conservateurs » « progressistes »? Quelle place pour le cœur à cœur et le dialogue personnalisé dont Le Christ a témoigné avec les plus pauvres (de cœur) et les plus perdus (au sens de la morale)?

    L’univers est en perpétuelle expansion, et nos connaissances scientifiques et cartésiennes (certes étonnantes au point d’ébranler notre recherche de sens et nos capacités à aimer et respecter un Dieu créateur) sont sans cesse remises en cause. En l’espace de 100 ans, Einstein fut tour à tour un idiot, un iconoclaste, un génie et maintenant un « has been »!

    Comme clé de lecture et d’hygiene de vie et de discernement, Je me demande si nous ne devrions pas être un peu plus humble devant nos certitudes scientifiques et nos dogmes religieux et revenir au commandement unique pointé par le Christ?

  5. “Le Mythe de la Consommation Sans Fin a remplacé la croyance dans la vie éternelle”.

    – Ivan Ilich, “Une Société sans école”.

    Un théologien protestant: “Si Dieu existait, ça se saurait.”

    Dans sa récente réponse au commentaire d’un lecteur, Jacques Neirynck rappelait sur son blog que le mot “Dieu” a été inventé par l’homme. Et si, au début était le verbe, il a bien fallu une main humaine pour le transcrire. Quant aux dogmes, sont-ils autre chose que des mots, sujets à interprétation?

    1. Tiens! Jacques Neirynck a dit ça? Je croyais qu’il appartenait à un parti qui s’intitule encore “démocrate “chrétien””.

  6. Napoléon: « Monsieur de Laplace, je ne trouve pas dans votre système mention de Dieu. »

    Laplace: « Sire, je n’ai pas eu besoin de cette hypothèse […] Cette hypothèse, sire, explique en effet
    tout, mais ne permet de prédire rien. En tant que savant, je me dois de vous fournir des travaux
    permettant des prédictions »

    (Cité par Ian Stewart et Jack Cohen dans “La Science du Disque-Monde”, 1999)

  7. Quand je lis toutes ces phrases pétries de certitudes absolues, et aussi quelques étincelles (de celles qui passent par l’ouverture !), j’ai envie de citer Albert de Haller dans une lettre à Voltaire: “Wir irren allesamt, nur jeder irret anders”.
    J’aime ce respect, il est profondément humain …et il est aussi le reflet de la liberté qui nous est donnée par Dieu, liberté dont il n’est ainsi pas interdit de faire usage dans notre appréhension de la création.

    1. Est-ce que les idées de votre parent Charles-Louis ne méritent pas, elles aussi, ce genre de respect?

      1. Il vous a peut-être échappé, et je le précise donc ici, que j’ai parlé d’attitude – mais que je n’ai pas abordé pas le terrain des idées, car ces discussions soi-disant enflammées me lassent; il me vient l’image de „braises froides“, au sujet de leurs protagonistes !
        Par contre, ce que j‘aime dans cette petite citation d‘Albert de Haller, c‘est le respect dans l‘attitude – l‘ouverture, la modestie, la capacité à réfléchir et à évoluer, à mûrir.

        1. Cher Monsieur,

          Votre image des “braises froides” est fort jolie. Votre éminent confrère Rabelais, qui ne l’aurait sans doute pas dédaignée, ne parlait-il pas, lui, de “spéculations torcheculatives”?

          Au sujet de votre citation de la correspondance d’A. de Haller avec Voltaire, « Wir irren allesamt, nur jeder irret anders », une rapide recherche avec “Google” permet de trouver plusieurs renvois à Georg Christoph Lichtenberg (1742-1799) dans ses propos sur l’erreur (« Aufsätze aus dem Göttinger Taschenbuch 5 ») et au « Rätselkanon » à deux voix (Canon a 2 `Wir irren allesamt, nur jeder irret anders` WoO 198) de Beethoven parmi les usagers de cette célèbre expression. En revanche, je n’ai trouvé que cet unique référence à Albrecht von Haller, « The Nature and Genius of the German Language » par D. Boileau, Londres, 1820 (page 116) :

          « Haller has :

          « Wir irren allesamt, nur jeder irret anders ».

          Admirateur depuis toujours de l’oeuvre d’A. de Haller, j’ignorais l’extrait de sa correspondance avec Voltaire (son meilleur ennemi), que vous citez. Serait-il possible d’en connaître la référence exacte?

          Amicalement vôtre,

          A. R.

  8. Ai donné à mon détecteur et correcteur d’erreurs automatique multilingue, pour vérification, l’expression “Dieu existe”. Sa réponse: “Mot inconnu: Dieu”.

    “Sicher sind wir alle im Unrecht. Das Wichtigste ist, mit Autorität zu irren”, a-t-il ajouté.

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