Apologie de la foi catholique

Évêque depuis juin dernier de Winona-Rochester au Minnesota, Robert Barron est connu comme le fondateur de l’institut Word on Fire (https://www.wordonfire.org/), qui promeut l’apostolat en ligne. C’est à son inspiration et impulsion qu’on doit la publication de The New Apologetics, un petit recueil d’une quarantaine d’essais traitant de la théologie et de la philosophie, de la psychologie et de la sociologie, des sciences et des arts. Par apologie il y a lieu d’entendre la défense raisonnée de la foi (ici catholique), à la fois une nécessité et un devoir selon ce qui est écrit au chapitre III, verset 15 de la 1ère épître de Saint Pierre. Son but est d’affirmer la vérité de la Révélation, l’harmonie entre foi et raison et une saine compréhension de la liberté humaine.

La Nouvelle Apologie s’inscrit résolument dans le contexte de la nouvelle évangélisation proclamée par Jean-Paul II et entend s’adresser au monde actuel postchrétien, parfois anti-chrétien, athée et surtout relativiste. Elle se veut le reflet de l’attention que l’Église catholique accorde aux sciences et affirme résolument la cohabitation en l’homme de la foi et de la raison, deux modes de la connaissance humaine. Puisant à la source d’une longue et solide tradition intellectuelle qui remonte aux Pères de l’Église, elle connaît et reconnaît ses ennemis, Sartre, Nietzsche ou Marx et la société athée qu’ils ont engendrée.

La Nouvelle Apologie fait de la beauté, la splendeur de la vérité selon le titre de l’encyclique de Jean-Paul II, le fer de lance de son approche car seule la beauté, pas toujours présente dans la culture catholique actuelle il est vrai, est à même de désarmer les objections que lui adresse le relativisme contemporain.

The New Apologetics fait référence à des références culturelles, et en particulier littéraires, tirées du monde anglo-saxon qui ne seront pas toutes familières à un lecteur de langue française ; néanmoins, ses enseignements sont applicables à d’autres cultures pour la raison-même que la foi chrétienne s’inscrit dans la réalité très concrète de l’incarnation.

Ce petit livre a vocation à constituer un manifeste de la foi catholique afin d’être tout à tous (1 Cor IX, 22). Plus qu’un manuel d’argumentation, il a vocation à être entendu dans et par le monde d’aujourd’hui, en ligne et hors ligne, par les jeunes en particulier et par tous ceux qui en Occident se sont éloignés de l’Église.

 

 

 

The New Apologetics, Word on Fire, 288 pages, 2022

 

Dominique de la Barre

Dominique de la Barre est un Belge de l'étranger naturalisé suisse, amateur d'histoire et du patrimoine culturel européen, attaché aux questions liées à la transmission.

37 réponses à “Apologie de la foi catholique

  1. Je crois qu’en français il faut aussi utiliser le terme d’ “apologétique” pour la défense de la foi. Cela dit, pensez-vous vraiment que ce petit livre trouvera un autre public que celui des croyants déjà convaincus ? Les mondes relativiste, agnostique et athée n’en auront hélas cure.

  2. Monsieur de la Barre,
    Votre billet sur l’Apologie de la foi catholique appelle heureusement à une réflexion autre que les tristes sujets traités par nombre de blogueurs.

    Croire ou savoir, le matériel ou le spirituel, des oppositions qui ont fait l’objet de disputes sans cesse renouvelées.

    L’apôtre Pierre a en effet dit: «Honorez dans vos cœurs la sainteté du Seigneur, le Christ. Soyez prêts à tout moment à présenter une défense devant quiconque vous demande de rendre raison de l’espérance qui est en vous;».

    L’éternel problème des preuves de l’existence de Dieu. D’aucuns comme Teilhard de Chardin, Jésuite, grand penseur catholique à cheval sur le XIXème et le XXème siècles, chercheur, paléontologue, théologien et philosophe, ont voulu démontrer que la science et la foi ne se contredisaient en rien. Bien que sa théorie soit vraie, sa rationalité est une erreur car, si la science est humaine et matérielle, la Connaissance, soit la Révélation, est divine et spirituelle. Il est faux de les placer sur un pied d’égalité. La science ou, plus exactement, les sciences relèvent du domaine matériel vu par l’œil et le cerveau alors que la Connaissance est du domaine spirituel vu par l’œil du cœur. Il n’y a pas égalité entre ces deux réalités mais subordination de l’une à l’autre.

    Toute autre est l’approche d’Albert Einstein pour qui les mathématiques et la physique avaient une valeur spirituelle qui, plus tard, a permis à Max Planck d’élaborer sa théorie du Big Bang, soit de l’origine spirituelle, donc non matérielle, de la matière.

      1. En effet, Georges Lemaître est le premier penseur à avoir parlé du Big Bang mais ce n’est qu’avec Max Planck et Albert Einstein, d’ailleurs pas entièrement d’accord entre eux (Planck ayant finalement rejoint et défendu Einstein), que les interprétations scientifiques et spirituelles, pour ne pas dire métaphysiques, ont finalement pu être développées.

      2. Bien qu’énoncée par Max Planck et adoptée par d’éminents scientifiques, je vous avoue que la théorie du Big Bang énoncée par le chanoine Lemaître me rebute, comme bien d’autres, parce qu’elle implique la notion d’un commencement et donc d’une création, ce qui est anthropocentrique (et religieux).
        Pourquoi l’Univers, la matière n’auraient-ils pas toujours existé au fil d’un succession infinie de big bang et de big crunches ? Je suis partisan du principe de parcimonie du moine Guillaume d’Ockam (entre deux hypothèses, la plus simple est souvent la meilleure)….

        1. Quant à moi, la théorie de la gravité proposée par Newton me rebute; l’autre jour je suis tombé de ma chaise et je me suis fait mal au derrière. Georges Lemaître n’est pas un ecclésiastique qui cherche à prouver l’existence de Dieu mais un scientifique de premier plan, qui s’avère être un chanoine, qui développe une théorie explicative de la formation de l’univers, qui est largement acceptée de nos jours. Elle n’implique aucune intervention divine et vous trouverez sans peine sur internet des défenseurs athées du Big Bang et même de l’avant Big Bang.

          1. Est-ce la Terre qui vous a attiré à elle lorsque vous êtes tombé de votre chaise sur votre séant, comme la pomme tombée de l’arbre sur la tête de Newton, ou l’inverse? Dans l’un ou l’autre cas, n’avons-nous pas là une confirmation, voulue ou non, des lois newtoniennes de la gravité?

          2. @Michel Thys : Vous dites que la « Déclaration des Droits Humains de l’ONU de 1948 (DUDH) » réaffirme contrairement aux religions, le développement d’une conscience morale autonome, le respect de la dignité humaine et celui des valeurs humanistes.
            En réalité, c’est exactement la même chose qu’affirme le christianisme. Ceci, était explicite dans le premier « brouillon » de cette Déclaration sous l’influence de ses rédacteurs principaux qu’étaient : Mme Eleanor Roosevelt (USA), Première Présidente de la Commission des droits de l’homme de l’ONU, une protestante pratiquante ; M. René Cassin (France), Membre de la Commission des droits de l’homme de l’ONU et disciple de la Loi mosaïque ; John Peters Humphrey (Canada), Directeur de la Division des droits de l’homme des Nations Unies. Universitaire bilingue (FR, GB) et activiste des droits humains. C’est lui qui rédigea le draft de la DUDH ; Dr. Charles Malik (Liban), Rapporteur de la Commission des droits de l’homme de l’ONU et Docteur en théologie orthodoxe ; Dr. Peng-chun Chang (Chine), Vice-président de la Commission des droits de l’homme de l’ONU et Docteur en philosophie. C’était un adepte de la doctrine confucéenne. Il demanda et obtint des autres rédacteurs – au nom de l’universalisme – la suppression de toutes allusions à la nature et à Dieu dans la « Déclaration des Droits Humains de l’ONU de 1948 (DUDH) ».
            Néanmoins, je suis persuadé que si vous lisez la DUDH en « esprit », vous finirez par admettre en toute objectivité, qu’elle a été fortement influencée par les « Dix Commandements de Dieu » !

          3. Bonjour Monsieur de la Barre,
            En effet, Georges Lemaître, chanoine mais scientifique éminent, ne cherchait pas à prouver l’existence de « Dieu ». Pourtant, il fait partie, du moins à mes yeux, des scientifiques croyants, même actuels, aussi éminents soient-ils, qui n’ont pas pu, ou voulu, s’abstraire de l’influence (inconsciente ?) de leur croyance religieuse. Je me l’explique par leur méconnaissance (peut-être volontaire ?) des influences inconscientes et indélébiles subies dès l’enfance par leur cerveau émotionnel puis rationnel, en l’absence d’alternatives non confessionnelles. Il leur est sans doute difficile aussi, au-delà d’un certain âge, de remettre en question leurs convictions fondamentales, sous peine de se déstabiliser ou de se décrédibiliser. (J’ai pu devenir athée à 21 ans? Au-delà … ?).

            Je vous cite quatre exemples : le médecin anesthésiste français Jean-Jacques CHARBONIER qui a notamment écrit : « Les 7 bonnes raisons de croire en l’Au-delà », et « La vie après la mort » et le Canadien Mario BEAUREGARD qui a notamment écrit : « Du cerveau à Dieu : plaidoyer d’un neuroscientifique pour l’existence de l’âme » ! et en 2018 « Un saut quantique de la conscience pour se libérer enfin de l’idéologie matérialiste » ( ! ).

            Tous les deux sont devenus croyants (et le sont restés) depuis qu’ils ont attribué à une intervention divine la guérison d’une maladie rare à 8 ans pour l’un, et la survie lors d’un accident à 9 ans pour l’autre : ils présupposent donc l’existence de Dieu par “pétition de principe”. Or un scientifique digne de ce nom ne cherche pas à convaincre : il propose seulement des hypothèses à partir de l’observation de faits réels et cherche d’abord à invalider ses hypothèses, plutôt qu’à les confirmer.

            Même le neurobiologiste Jean-Didier VINCENT, l’un des pères de la neuro-endocrinologie, écrit : « Quant à la foi, on ne peut lui tourner le dos. Plus on vieillit, plus les structures édifiées à l’adolescence s’effritent. Réapparaissent alors des bases que je ne peux effacer ». Il ajoute : « Je suis passé d’un rationalisme protestant, auquel je dois mon esprit de discussion, à la tentation d’un catholicisme mystique. Comme beaucoup de renégats et beaucoup d’athées, je le dis sans honte après tout, j’oscille toujours entre la superstition et la prière ».
            Enfin, le Prix Nobel de médecine 1974, feu Christian de DUVE. Dans « Sept vies en une » (2013, page 307), il se dit « conscient de l’importance des traces que les influences épigénétiques que j’ai subies dans les tout premiers temps de ma vie ont laissées dans mon cerveau » (…) L’endoctrinement religieux auquel j’ai été exposé dans mon enfance semble avoir gravé dans mon cerveau des traits presque indélébiles, que mon rejet intellectuel ultérieur de mes convictions n’a pas réussi à effacer ».

            Certes, il y a des défenseurs athées du Big BANG, apparemment confirmé par de solides arguments, mais tant de théories complexes et divergentes qui dépassent parfois l’entendement ne me semblent pas exclure définitivement l’hypothèse d’une infinité d’univers successifs régis par E=M.c² … Mais ce que j’en dis …

        2. Pensez-vous que la relativité d’Einstein soit, à première vue, « plus simple » que la gravitation de Newton ? Pour un physicien de notre temps, certainement. L’équation d’Einstein, si concise et simple d’apparence, a un pouvoir de prédictibilité énorme. Au sens de Popper elle reste réfutable (« falsifiable »), mais a passé plus de tests de vérifications que la loi de Newton. En tout cas, elle est définitivement « meilleure » dans les cas des vitesses élevées et des gravités fortes. De plus, elle unifie le temps et l’espace en un continuum arbitrairement découpé dans la vision classique.
          D’autre part, si l’Univers devait avoir toujours existé et devait aussi continuer à exister pour toujours (on doit alors parler précisément de perpétuité et non pas d’éternité qui est une absence de durée), il devrait aussi être infini en volume, en masse, en nombre de particules, etc. Autrement dit, le continuum espace-temps devrait être infini. Or on sait seulement, et sûrement, qu’il est illimité (sans borne, sans bord), comme l’est la surface d’une sphère (ici un simple espace bidimensionnel illimité, mais fini que l’on peut encore facilement se représenter). Rien n’est donc moins sûr que l’Univers soit infini. Certes on peut penser l’infini (« in mente »), comme le font les mathématiciens, mais celui-ci peut-il exister dans la réalité (« in re ») ? L’infini en acte, réalisé concrètement, entraînerait une grande suite de paradoxes. Ockham pencherait donc pour la finitude, solution la plus simple à la question sousjacente : pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?
          Entre le choix du fini et de l’infini, il y a place pour l’indéfini, soit un nombre (de particules, de kg ou de m3…) immensément grand, inestimable, irreprésentable ; mais même l’indéfiniment grand, toujours « fini », reste encore et toujours infiniment loin de l’infini. Que voilà un vaste sujet !

          1. Une expression qui ne cesse d’intriguer encore aujourd’hui, n’est-ce pas la définition que Platon donne du temps? “Le temps est l’image mobile de l’immobile éternité”, dit-il dans le “Timée” (37d-38a). Il explique dans ce passage que le passé et le futur sont de l’ordre du changement et de la contingence, “…des espèces engendrées du Temps, et lorsque nous les appliquons hors de propos à la substance éternelle, c’est que nous en ignorons la nature. Car nous disons de cette substance qu’elle était, qu’elle est et qu’elle sera. Or, en vérité, l’expression ‘est’ ne s’applique qu’à la substance éternelle. Au contraire, ‘était’ et ‘sera’ sont des termes qu’il convient de réserver à ce qui naît et progresse dans le Temps. Car ce ne sont que des changements.” (Ibid.)

            Seul le temps présent peut représenter cette “immobile éternité”:

            “Mais ce qui est toujours immuable et inchangé, cela ne devient ni plus vieux, ni plus jeune, avec le temps, et jamais cela ne fut, ni ne devient actuellement, ni ne sera dans le futur. Bien au contraire, une telle réalité ne comporte aucun des accidents que le devenir implique pour les termes qui se meuvent dans l’ordre sensible, mais ces accidents sont des variétés du Temps, lequel imite l’éternité et se déroule en cercle suivant le Nombre.” (Id.).

            Si passé et futur sont de l’ordre de la contingence et si seul le présent est à l’image de l'”immobile éternité”, selon Platon, alors l’éternité ne serait-elle qu’une question de grammaire?

          2. Monsieur de Reyff,
            Je ne peux abonder dans votre sens. Ce qui est, notre Univers matériel doit nécessairement être né, avoir commencé, et donc avoir une fin. En effet, l’indéfini peut repousser la fin indéfiniment mais non l’exclure. La matière est finie, seul le spirituel est éternel.

    1. En simplifiant – à outrance -, je dirais que l’on pense avec son néocortex et que l’on croit avec son cerveau émotionnel (limbique), les deux étant en constante connexion mais en équilibre instable … (cf mon interprétation de la conversion de Paul Claudel proposée à Monsieur GIOT).

  3. La vérité de la Révélation ! n’est qu’un mythe comme tous les mythes fondateurs des religions qui ne se reconnaissent pas et même se font la guerre … comme les catholiques l’ont fait contre le reste du monde …
    La nouvelle apologie ne vaut pas mieux que l’ancienne, puisqu’elle se construit sur des bases identiques !
    Il faudrait commencer par faire table rase des anciens mythes pour prétendre renouveler la foi …

    1. Bonjour Hubert GIOT,
      Puis-je vous proposer ma modeste interprétation “psycho-neuro-physiologique” de la « Révélation » et des conversions religieuses ? Lorsqu’on bascule de l’incroyance vers la croyance, ou d’une forme de croyance à une autre, il se produit en un instant une augmentation de l’activité du noyau caudé notamment et un bouleversement d’hormones et de neurotransmetteurs, un peu comme, mutatis mutandis, dans le cas du coup de foudre amoureux …
      Je m’explique par exemple, la conversion de Paul CLAUDEL en entendant le Magnificat de BACH à N-D de Paris le 25 décembre1886. Malgré sa brillante intelligence, il ignorait forcément à cette époque que l’environnement sensoriel avait affecté ses cinq sens, via le gigantisme, le décorum et les dorures de la cathédrale, le son écrasant des grandes orgues, les chants des choristes, l’odeur d’encens, la génuflexion. (Les religions ont d’ailleurs toujours exploité les cinq sens des fidèles, à commencer par l’olfaction : l’odeur d’encens parvient en effet directement au thalamus qui actionne l’amygdale, avant d’atteindre ensuite le cortex sensoriel).

      Tout cela a dû provoquer en lui un bouleversement psychophysiologique d’hormones et de neurotransmetteurs, au niveau notamment de la production de la phényléthylamine, de l’ocytocine, de la sérotonine et de la dopamine, au point de faire disjoncter son cerveau rationnel au profit de son cerveau émotionnel : « En un instant, mon coeur fut touché, et je crus », écrit-il.
      Ce n’est d’ailleurs pas surprenant puisque les sensibilités poétique, musicale, religieuse, ont des « localisations » voisines, ce qui facilite les interactions.

      1. Le christianisme et la religion de l’incarnation. Dieu n’y fait pas l’économie de l’homme, y compris de sa neurologie; du reste des récits de songes sont présents tout au long de la Bible. Cependant, en fin de compte la foi exige l’assentiment de la raison.

        1. Normal que la Bible comporte des « récits de songes » puisque l’animal humain que nous sommes, « le singe nu » de Desmond, s’est redressé, ce qui modifié la position de son larynx et permis, au fil de centaines de milliers d’années d’évolution, de transformer les cris en langage articulé puis en croyances et en pensées.
          La foi, pour être bénéfique, exige en effet « l’assentiment de la raison », ce que je me permets d’interpréter comme la manifestation de l’effet placebo, d’autant plus efficace lorsqu’on l’ignore ou l’occulte.

  4. “Par apologie il y a lieu d’entendre la défense raisonnée de la foi…”

    Saint Anselme de Cantorbery disait-il autre chose en formulant son “Fides quaerens intellectum”? Comme l’auteur de “New Apologetics” renvoie à des penseurs anglo-saxons, il n’est pas interdit de supposer qu’il se considère lui-même dans une certaine mesure tributaire du “Doctor Magnificus” à l’origine de ce que Kant appelle l’argument ontologique. Mais quoi de si “new” à cet égard?

    Et qu’entend-on par relativisme, mouvement qui traverse les siècles depuis que Protagoras, grand maître du genre et agnostique avoué, a dit: “L’homme est la mesure de toute chose”? N’est-ce pas avec ces mots, qu’il attribue au célèbre sophiste, que Platon le réfute dans le Théétète (152a-183b) et formule ainsi la première philosophie relativiste? (Tobie Nathan, “Relativisme”, sur Encyclopædia Universalis).

    Le gnostique Carpocrate et ses adeptes soutiennent que Bouddha, Moïse, Mani et Jésus avaient la même valeur sur le plan humain (Madeleine Scopello, Églises et identités culturelles in “Les premiers temps de l’Église”, collectif, Folio Histoire, 2004, p. 565).

    Philosophie parmi d’autres depuis l’Antiquité, n’en existe-t-il pas plusieurs variantes aujourd’hui – épistémologiques, cognitives (une des variantes de la précédente), éthiques (Spinoza, Kant, Nietsche), culturelles?

    Si, parmi les opposants revendiqués au relativisme, le pape Benoît XVI a dénoncé dans un discours prononcé le 18 avril 2005, la veille de son élection “une dictature du relativisme qui ne reconnaît rien comme définitif et qui donne comme mesure ultime uniquement son propre ego et ses désirs” (homélie du cardinal Joseph Ratzinger du 18 avril 2005 – https://www.vatican.va/gpII/documents/homily-pro-eligendo-pontifice_20050418_fr.html), qu’entend-il par relativisme? Les mathématiques n’excluent pas l’indémontrable (théorèmes d’incomplétude de Gödel).

    Comme le suggère Christophe de Reyff, la “nouvelle apologétique” de Robert Barron semble vouée à prêcher aux convertis. Son “Word on fire” n’a-t-il d’ailleurs pas quelque chose qui rappelle les bûchers de l’Inquisition plutôt que la philosophie des Lumières?

  5. Un tout autre point de vue …
    Il est reconnu en psychosociologie (même religieuse : cf. Antoine VERGOTE et Vassilis SAROGLOU de l’UCL) que c’est le besoin de certitudes et surtout celui d’un père protecteur, substitutif et anthropomorphe qui est fondamentalement à l’origine de la croyance en un dieu. Quant à la fréquente persistance de la foi, forcément neuronale, ne pourrait-elle pas s’expliquer par le fait que l’éducation religieuse précoce que reçoivent encore les enfants de familles croyantes, surtout musulmanes, laisse des traces indélébiles et inconscientes dans les amygdales de leur jeune cerveau émotionnel, puis rationnel, indépendamment de leur intelligence et de leur intellect ultérieur ?

    Cela affectera alors, le plus souvent, heureusement de moins en moins de nos jours sous nos latitudes, le libre arbitre de ces croyants et les empêchera donc généralement de pouvoir choisir, en connaissance de cause et aussi librement que possible, de croire OU de ne pas croire … A contrario, un enfant de parents athées ne devient presque jamais croyant, sauf influences ultérieures unilatérales. Par honnêteté intellectuelle et morale, il est vrai qu’il devrait découvrir également le « fait religieux », sans prosélytisme s’entend. Hélas, toutes les religions, sous le prétexte de propager la paix, l’amour d’autrui, le « salut éternel » et la quête de sens à donner à l’existence, exploitent depuis toujours le besoin de certitudes et de dépendance. Pour y parvenir, elles imposent, autant qu’encore possible actuellement, une soumission partielle ou totale, à un dieu, à un prophète (qui n’a certainement jamais dit tout ce qu’on lui a fait dire !) et à un texte « sacré », pourtant manipulé au cours des siècles …
    Dans cette optique psycho-neuro-physiologique, certes simpliste et réductrice car elle semble se passer de toute réflexion philosophique, « Dieu » n’a plus évidemment qu’une existence subjective, imaginaire et donc illusoire …
    Mais il n’est pas question, pour l’ancien croyant protestant que je suis, devenu athée, (et donc ouvert à une spiritualité laïque) de vouloir « convaincre » des croyants, d’autant moins s’ils sont heureux de l’être et surtout parce que leur dieu existe bel et bien dans leur tête, parce qu’une religion l’y a mis précocement, le plus souvent « de bonne foi », mais « à l’insu de leur plein gré ». Ma seule intention est seulement de tenter de faire découvrir sans prosélytisme à certains croyants d’autres aspects du phénomène religieux et de susciter des échanges de points de vue enrichissants.

    À propos de l’islam : autant je respecte les musulmans (sauf les terroristes), autant je condamne l’islam, parce qu’il me semble-potentiellement islamiste lorsqu’il est pris à la lettre, et parce que, du moins à mes yeux, son but ultime est d’imposer la charia au monde entier afin de rétablir le califat, fût-ce dans plusieurs générations, voire plus tôt encore du fait non seulement de la conception actuelle que se font les politiciens électoralistes de la « tolérance » et de la « « neutralité » dans les pays « démocratiques », mais aussi de la démographie musulmane croissante dans les pays démocratiques.

    Au risque de paraître intolérant, voire xénophobe ou raciste, j’ose souhaiter que les musulmans de chez nous acceptent de s’intégrer à notre société, de ne pas privilégier la charia à nos lois, règlements et usages, et de renoncer à obtenir de plus en plus de droits, même s’ils leur sont offerts, du moins lorsqu’ils sont en contraction avec le respect des valeurs humanistes, bénéfiques à tous, partout et donc universalisables.
    Puisse l’avenir connaître l’avènement d’un nouveau paradigme éducatif, aussi généralisé que possible qui, contrairement aux religions, antagonistes depuis toujours, développerait enfin les libertés de conscience et de pensée (actuellement plus symboliques qu’effectives), l’autonomie de la conscience plutôt que la soumission, l’acceptation de la différence de l’autre et surtout le respect des valeurs de l’humanisme laïque !
    Michel Thys, à Ittre en Belgique. [email protected]

  6. Personnellement en tant que croyant, je suis persuadé que nous ne pouvons pas convertir les gens à la Foi chrétienne, via l’apologie, les dogmes, la dispute théologique ou l’argumentation philosophique.

    A mon avis, la seule façon de convertir le monde au christianisme est d’appliquer le commandement nouveau de Jésus le Christ : « Aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres, que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples. » (Jean 13 : 34-35).

    Il me paraît évident, que c’est en essayant de suivre l’exemple de Jésus le Christ en marchant dans ses pas, qu’alors l’Esprit-Saint peut – en notre compagnie – déployer toute son énergie à la conversion du monde. C’est ainsi que les chrétiens peuvent accomplir leur grande mission terrestre : propager le message du salut jusqu’aux extrémités de la terre !

    C’est un vaste programme, mais on peut le réaliser tous ensemble, si nous avons l’humilité de croire que Dieu est Amour !

    1. Les religions étant antagonistes depuis toujours, et donc à l’origine de l’intolérance et de constantes violences, je crains qu’il ne soit pas du tout suffisant d’ “appliquer le commandement : “Aimez-vous les uns les autres”. Pour y parvenir, ne faudrait-il pas plutôt développer, dès la prime enfance, par l’éducation familiale puis scolaire, le respect de l’autre, l’ouverture à sa différence, ainsi que celui des valeurs humanistes proposées par la laïcité philosophique (à la belge) ?

  7. Michel Thys: Les religions sont-ils à l’origine de l’intolérance et de la violence? Vraiment? Êtes-vous sérieux? Nous vivons dans une société éminemment et majoritairement laïque et je vois constamment du sectarisme et de la violence… chez les athées aussi. Historiquement, les nazis étaient tolérants ? Et les bolcheviks étaient pacifiques ?

    1. À mes yeux, l’Histoire confirme abondamment la piètre aptitude de toutes les religions et des idéologies politiques à développer une conscience morale autonome, le respect de la dignité humaine et celui des valeurs humanistes, réaffirmées par la « Déclaration Universelle des Droits Humains » de 1948.
      Je constate en effet la remarquable aptitude de toutes les religions et des idéologies à promouvoir dès l’enfance, la soumission à un dieu, à un prophète, à un texte « sacré » ou à un dictateur …
      Toutes les dictatures du monde témoignent d’une absence totale de respect de la vie humaine du fait, selon moi, de leur fondement religieux. Le léninisme, le stalinisme et le nazisme, bien qu’ils ne soient que partiellement comparables, en témoignent.
      Je pense même que leur mépris de la dignité humaine n’est pas dû à leur idéologie politique soi-disant « athée » (puisque l’athéisme est seulement une option philosophique rationnelle librement consentie), mais qu’il résulte de la croyance religieuse initiale des « dominants » que furent Lénine, Staline, Hitler et de celle des « dominés », d’autant plus facilement endoctrinés que leur soumission religieuse précoce et entretenue, a constitué un terreau favorable à leur soumission idéologique et politique.

  8. Je n’ai pas encore lu « The New Apologetics », mais, et cela pour répondre « in globo » aux sept interventions plutôt musclées de Michel Thys sur ce blog, je crois fermement que la quintessence du message du Christ se trouve dans Mathieu, chap. 25 dès le verset 35. Tout y est. Je suis certain que M. Thys confirmera que l’humanisme athée reconnaissant ces valeurs imprescriptibles de la dignité humaine, y souscrit à 100%. Eh bien, cessons dès lors de batailler ! Car le Juge reconnaîtra les siens puisque par leur humanité ils auront été « marqués au front » du sceau des serviteurs.

  9. @ M. Wohlwend
    Vous m’aurez mal lu, je crois. Car j’exclus justement l’infini et de l’espace et du temps qui, nous le savons depuis Einstein, sont liés dans un continuum, certes illimité, mais indéfiniment grand sans être infini.
    L’indéfini dont je parle veut seulement dire que les étendue et durée dans ce continuum ne sont pas dénombrables, et cependant toujours très loin d’être infinies. Me suis-je maintenant mieux exprimé ?

    1. @ M. De Reyff
      Vous dites très justement ‘Entre le choix du fini et de l’infini, il y a place pour l’indéfini’.
      En même temps, vous faites un distingo entre ‘infini’ et ‘éternel’. Pour moi, ces deux termes sont, si non synomymes, du moins équivalents: ce qui est, n’a jamais commencé et ne finira jamais. Si l’on prend la suite des nombres comme exemple, partant de un elle croît indéfiniment, comme celle qui décroît, non pas selon la fiction mathématique des chiffres négatifs, mais en divisant un par deux et ainsi de suite indéfiniment. Max Planck a expliqué que ces suites indéfinies se heurtent nécessairement à ce qui est appelé aujourd’hui le ‘mur de Planck’, soit le passage du règne de la quantité au règne de la qualité, du matériel au spirituel, du fini à l’infini.

      1. @Michel Thys : En toute franchise, j’ai l’impression que vous êtes un philosophe qui prétend tout régler. Il me semble alors vain d’essayer de dialoguer avec vous.
        Toutefois, j’aimerai conclure en vous disant qu’à mon simple avis, Jésus le Christ utilisait la Parabole, parce que dans la société agraire et méditerranéenne d’il y a deux mille ans, c’était un procédé populaire pour faire passer un message au moyen d’une comparaison.
        C’était la façon pour le Christ de raconter une histoire qui se passe sur terre dans notre monde visible, et qui fait donc appel à la raison – ne vous déplaise – mais avec un sens céleste du monde invisible, qui s’adresse au cœur, le siège des sentiments !

        1. Votre critique est tout à fait fondée, Monsieur D’ADESKY : je reconnais que mon interprétation « rationaliste » et inhabituelle du phénomène religieux paraît simpliste, réductrice, et qu’elle donne l’impression que j’aurais tout compris ! Ce serait prétentieux eu égard aux innombrables et légitimes interprétations spiritualistes, philosophiques et théologiques qui résultent de la complexité du fonctionnement cérébral humain. Je propose seulement de les « compléter », en toute modestie, d’autant plus que je ne suis ni médecin, ni donc neurophysiologiste (ils s’en abstiennent, prudence scientifique oblige …)
          Je comprends que vous ne souhaitiez pas poursuivre un dialogue qui tiendrait compte d’un paradigme psycho-neurophysiologique, inhabituel pour un croyant actuel, ce point de vue ne risquant pourtant pas de remettre sa foi en question, mais seulement de l’inciter à prendre conscience de ses fondements.

      2. Je dois un peu me répéter, excusez-moi ! Eternité s’oppose à perpétuité : absence de temps s’oppose à durée infinie. Il n’y a pas de temps, pas de durée dans l’éternité alors que la perpétuité dure longtemps, infiniment longtemps.
        C’est pourquoi si l’infini n’existe pas en acte dans ce monde (mais seulement dans notre esprit), il n’y a pas d’étendue ni de durée infinies. Elles peuvent pourtant être indéfiniment grandes. L’indéfini reste fini, bien entendu, et si grand soit-il, bien qu’il ne soit pas dénombrable, il reste minuscule par rapport à l’infini.
        Vous savez qu’en Relativité, le temps se dilate avec la vitesse. Ainsi pour les photons qui se propagent à la vitesse de la lumière, le temps ne s’écoule plus et pour toutes les autres particules matérielles, massiques (pourvues d’une masse) qui se propagent nécessairement à une vitesse plus petite que celle de la lumière, le temps se dilate pour elles d’autant plus que leur vitesse se rapproche de celle de la lumière. Un temps qui ne s’écoule plus n’est pas équivalent à l’éternité. Un photon ne « vit » pas dans l’éternité bien que son temps ne s’écoule plus. Pour nous qui le voyons, il peut durer un certain temps jusqu’à son absorption et sa disparition.

  10. Ad François d’Adesky,
    Oui, apparemment on pourrait penser que la DUDH, rédigée a priori par des croyants (merci de me le rappeler), s’inspire de la morale chrétienne (Aimez-vous les uns les autres, etc), mais cette morale n’a pas empêché 20 siècles d’intolérances et de guerres religieuses parce qu’elle se fonde, fût- à des degrés divers, sur la soumission à un dieu qui est subjectif, à un prophète qui n’a jamais dit tout ce qu’on lui a fait dire, et à un texte sacré manipulé au cours des siècles … La morale laïque, au contraire, développe l’autonomie de la conscience et de la pensée, la responsabilité individuelle, l’ouverture à la différence de l’autre, etc.
    En outre, la DUDH s’inspire aussi de la « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen » de 1789 (qui affirme les droits et libertés dont doit disposer tout être humain dès sa naissance) et de la Révolution américaine, promues toutes deux par de nombreux francs-maçons « a-dogmatiques ». Je ne m’étonne donc pas que l’’art. 18 de la DUDH témoigne d’un parfait esprit d’ouverture et de tolérance : « Toute personne a droit à la liberté de conscience et de religion ; ce doit implique la liberté de changer de religion ou de conviction … ».
    Mais ce droit est théorique et inappliqué puisque la croyance religieuse a été transmise (heureusement de moins en moins sous nos latitudes intellectualisées) par les parents croyants puis par l’école confessionnelle et que toutes les religions ont bien évidemment occulté volontairement la découverte, dès l’adolescence, des options philosophiques non confessionnelles …

  11. Très pertinente question, Monsieur de la Barre !
    J’ai eu la chance de pouvoir m’abstraire, mais non sans peine je vous le « confesse », des influences religieuses subies dans mon enfance. D’abord parce qu’elles étaient peu prégnantes, étant protestantes : ayant le droit d’interpréter la Bible, je me croyais « du bon côté de la barrière dogmatique » … Ensuite parce que mes parents, l’un catholique, l’autre protestante, étaient non pratiquants et n’ont fait baptiser leurs huit enfants que par tradition familiale (quatre protestants et quatre catholiques, « selon les hasards de la guerre » (j’ai 84 ans). Ce n’est qu’à 21 ans, au moment où j’allais faire baptiser mon fils, que mon beau-père, franc-maçon a-dogmatique, tout en me donnant le choix, m’a déconseillé de le faire baptiser, “même si tu ne comprends pas pourquoi” et il m’a fait découvrir la libre pensée, la morale laïque, le rationalisme, la franc-maçonnerie a-dogmatique, etc. J’ai été rapidement convaincu intellectuellement de l’inexistence objective de Dieu, mais il m’a quand même fallu deux ans pour oser dire, comme feu le journaliste scientifique de la RTBF Paul DANBLON : « Dieu, si tu existes, j’ai un œuf à peler avec toi, qui permets la mort d’enfants ! » Depuis plus de 60 ans, bien que n’étant pas médecin, je m’intéresse donc à l’origine psycho-neuro-physiologique, éducative et culturelle de la foi, ainsi qu’à sa fréquente persistance neuronale. Mais il va de soi que je n’émets que de modestes hypothèses explicatives évidemment simplistes et réductionnistes au regard de l’infinie complexité du cerveau humain … ! Néanmoins confirmées par la pédiatre française Catherine GUEGUEN lors d’une conférence :
    – Le cerveau de l’enfant est fragile, immature, malléable, vulnérable, une éponge !
    – Les expériences affectives que va vivre l’enfant vont modifier le développement de son cerveau, son comportement, l’expression de ses émotions et sa santé psychique.
    – Le développement du cerveau de l’enfant se fait surtout les 5 premières années, sous la dépendance de processus génétiques et environnementaux.
    – L’enfant est extrêmement influencé par les adultes autour de lui, il apprend via les neurones miroirs, par imitation.
    – L’amygdale cérébrale (centre de la peur) est parfaitement mâture dès la naissance. Elle déclenche la sécrétion des molécules de stress et stocke des souvenirs inconscients chez le petit qui continuent à agir chez l’adulte ».
    Sans pour autant oser, prudence scientifique oblige, évoquer les influences religieuses … , sujet hélas tabou …).

      1. @Michel Thys : A mon avis, nous ne parlons pas de la même chose. Suivant l’enseignement de Jésus le Christ, le Dieu des chrétiens est un Dieu d’amour, de paix, de miséricorde et d’espérance. Par-dessus tout, le Dieu des chrétiens nous laisse libre de l’aimer ou de le rejeter. Il ne veut donc pas notre soumission, comme vous le pensez. Les guerres et l’intolérance, qui ont eu lieu, ou ont toujours cours dans le monde chrétien, sont des dérives flagrantes par rapport au message évangélique.
        Vous allez me rétorquer que Jésus le Christ n’a rien écrit. Je vous réponds que son enseignement est prouvé, car il provient de quatre sources différentes (les 4 évangélistes) sans concertation entre elles. Dans les tribunaux d’aujourd’hui la relation d’un fait dramatique par quatre témoins différents sans concertation entre eux, vaut Vérité !
        Vous allez peut-être être surpris, quand je dis que les Lumières ont rendu un grand service au christianisme en remettant à l’honneur l’Esprit Critique, qui est le moteur de l’intelligence ! De même, je pense que le « libre examen » est sans doute un des plus beaux héritages laïques de la Réforme. Effectivement, il était opportun et utile de protester contre l’obscurantisme émanant de la confiscation de la lecture et de l’interprétation des saintes Écritures par le clergé et la hiérarchie de l’Église romaine.
        Toutefois, selon l’enseignement de Jésus le Christ, le Dieu des chrétiens s’adressant à tous les hommes et à toutes les femmes, la logique veut que chacun de nous est capable, à son niveau, avec les lumières particulières de son intelligence, de comprendre les Evangiles, surtout que leur enseignement a été fait sous forme de Paraboles faciles à apprendre et à décoder ensuite à son aise. Et si les capacités du croyant sont trop limitées, il y a cette promesse que le Saint-Esprit peut lui venir en aide (Jean 16.13. ). L’Esprit Critique est en réalité une quête de vérité, c’est une salutaire école d’humilité et d’ouverture !
        Moralité : l’Esprit Critique faisait partie de l’essence même du message évangélique, donc bien avant l’arrivée des Lumières.

        1. Ad François D’Adesky,
          Jésus Christ n’a rien écrit mais son existence historique paraît probable, bien que rien n’ait été écrit non plus par ses disciples (encore vivants près de cent ans après sa mort ?) dans le sens que vous décrivez.
          Croire que « le Dieu des Chrétiens nous laisse libres de l‘aimer ou de le rejeter » procède à mes yeux de l’anthropocentrisme et donc d’une récupération a posteriori.
          Si l’être humain avait été rendu libre de croire OU de ne pas croire, il n’y aurait pas au moins 95 % de croyants et de déistes sur la planète, leur esprit critique ayant été obscurci précocement de préférence par les religions. En effet, « chacun de nous » est-il vraiment « capable, à son niveau, avec les lumières particulières de son intelligence, de comprendre, « que les Evangiles s’adressent en fait davantage à sa sensibilité plutôt qu’à sa raison » ? « L’Esprit critique » ne me semble vraiment pas avoir « fait partie de l’essence du message évangélique bien avant l’arrivée des Lumières ».

      2. Merci pour votre ironie Monsieur de la Barre!
        Elle est ici bienvenue car est la seule réponse adéquate je le crains.
        Vous auriez pu recommander la lecture du “Drame de l’Humanisme Athée” du cardinal de Lubac, mais cela n’aurait sans doute pas eu le même impact.
        Très cordialement
        .

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