Vous l’avez lu dans mon article précédent, débuter en recherche revient à se jeter dans le lac. On ne voit pas où l’on met les pied, on ne sait pas où l’on va, mais on y va. Pour ma part, j’avais besoin de baliser un peu le terrain, histoire de me rassurer un peu. Je suis de ceux qui n’apprécient pas nager sans porter leurs brassards histoire de se rassurer un peu et éviter le naufrage.
Pour débuter, il m’a fallu fouiller toutes les ressources à ma disposition: personnelles, scientifiques, informatiques et intellectuelles.
J’ai tout d’abord cherché de l’aide auprès des plus expérimentés afin de comprendre comment bien effectuer une recherche: quelles sont les clés et outils nécessaires à l’accomplissement de cette tâche?
La seule réponse qui m’a été donnée par une doctorantes en place était: « Pense à noter les références des informations que tu trouves intéressantes, ça te sera utile quand tu souhaiteras les utiliser plus tard ». Et ceci est le seul conseil que j’ai pu tirer de la part d’une équipe de 10 chercheurs. En résumé, j’ai débuté en 2019 avec le conseil suivant « Lis, prends des notes et écris ».
Heureusement, nous sommes en 2021, et en réalité, nous avons bien plus à notre disposition, et c’est ce que j’ai découvert au cours de ces 2 dernières années en creusant la question par moi-même.
Voici la liste de mes 3 meilleures applications pour s’informer et tout savoir en permanence, partout, correctement et rapidement (rien que ça…).
- Researcher: Tout savoir sur tout (et en plus c’est joli)
Cette application est définitivement la numéro 1 dans mon coeur. Je vous explique pourquoi: le design est agréable et la prise en main intuitive. Bref, on a envie de l’utiliser.
Sachant que la moitié de mon travail consiste à lire des articles scientifiques: posséder un outil qui donne envie d’être utilisé est un avantage non négligeable!
En résumé, Researcher c’est l’Instagram des chercheurs. Vous vous abonnez à des journaux et vous avez un feed avec toutes les actualités (à savoir les derniers articles parus dans ces journaux). Vous pouvez choisir l’aspect selon si vous souhaitez voir uniquement les titres ou également les abstracts avec des graphismes ou non.
De plus, vous pouvez créer un feed spécifique qui correspond à des mots-clés (critères de recherche) qui vont vous fournir tous les derniers articles parus possédant ces caractéristiques qui vous intéressent spécifiquement. Vous pouvez également sauvegarder les articles qui vous intéressent à l’aide des bookmarks, que vous pouvez ensuite organiser par sujet dans l’application afin de conserver la référence sans nécessairement avoir à télécharger l’article.
La meilleure partie? Lorsqu’un article vous intéresse, il vous suffit de cliquer sur une icône pour que le téléchargement se fasse immédiatement sur votre ordinateur. (Ceux qui ont expérimenté l’ouverture de 4 pages internet afin de pouvoir télécharger un pdf comprennent l’ingéniosité de cette fonction merveilleuse).
Bref, c’est design, c’est joli, c’est pratique et je suis au courant de tout avant tout le monde. Et dans le milieu universitaire, c’est toujours bon d’avoir une longueur d’avance, et cette app vous la donne sur un plateau d’argent.
- Prime: PubMed journals & tools (Unbound medicine): La précision de pubmed en poche
Concrètement, cette application fournit les mêmes fonctionnalités que la première. Pourquoi occupe t-elle donc la seconde place? Tout simplement car son design est moins agréable (oui cela compte).
Pourquoi je l’utilise tout de même si Researcher est plus sympa? Tout simplement car celle-ci est liée à pubmed, et j’y trouve certains journaux que je ne trouve pas sur Researcher, car moins connus…et j’avoue que je préfère la gestion de l’abonnement aux journaux sur Prime car j’ai à chaque parution la liste des articles de chaque issue. Et je suis certaine de n’en manquer aucun. Ce qui constitue un point critique pour les journaux que je dois surveiller pour préparer l’examen du collège européen. Donc si vous avez également besoin de filtrer vos publications préférées à l’article près: cette application est la meilleure pour vous.
- Research Gate: L’instagram des chercheurs
Je l’ai placée en 3e position, et pour être honnête je ne m’en sert que très peu, et à regret je dois l’avouer. Le feed se présente une nouvelle fois avec un design très semblable à Instagram, ce qui le rend joli et agréable à utiliser. L’intérêt de Research Gate à mon sens est que l’on peut s’abonner à un chercheur dont on souhaite suivre le travail. C’est cette différence qui la rend complémentaire des deux premières. En effet, lorsque vous lisez beaucoup de publications dans un domaine particulier, vous connaissez les noms des auteurs en vogue dans le domaine, ceux qui publient des sujets intéressant, ou tout simplement des amis à vous. Bref, vous êtes au courant de ce que les auteurs font et publient, et vous êtes certains de ne rien louper de leurs derniers travaux.
En conclusion, si vous souhaitez devenir la meilleure commère scientifique que vous n’auriez jamais espéré incarner et booster votre productivité: téléchargez ces 3 must-have depuis votre app-store. Elles sont disponibles sur smartphone et tablette. Avec votre compte pour chacune d’entre elle, vous pouvez vous connecter partout avec un accès internet, y compris depuis votre ordinateur. Bref, ces apps vous suivent partout dans votre quotidien, et en plus elles sont gratuites!
“J’ai tout d’abord cherché de l’aide auprès des plus expérimentés afin de comprendre comment bien effectuer une recherche: quelles sont les clés et outils nécessaires à l’accomplissement de cette tâche? ”
Journaliste de formation, de retour aux études sur le tard, j’attendais de l’université qu’elle m’apprenne à réfléchir – non pas à quoi (l’école s’en est chargée), mais comment, ce qu’elle promet à tous de faire. Après avoir publié des centaines d’articles qui allaient des chiens écrasés aux interviews de célébrités mondiales et même au reportage de guerre pendant près de dix ans et roulé ma bosse avec bonheur à travers le monde, de retour sur les bancs de l’université où je passais parfois aux yeux de mes profs qui, eux, n’étaient jamais sortis de l’école, sinon pour un retardataire notoire du moins pour un parfait vieillard, je me sentais en particulier tout timide face à l’exercice de la dissertation. En effet, comme la presse, ça presse, je n’avais encore jamais été confronté à à la redoutable épreuve de devoir cogiter pendant huit heures sur un thème aussi trivial que, mettons, “la subsomption des concepts mathématiques à priori dans l’unité subjective transcendantale d’aperception” chez Kant (j’avais choisi la philo comme l’une de mes disciplines de licence), genre qui relève de ce que les Américains appellent “gobbledeegook” et dont se régalent tant d’académiques, pourtant incapables d’écrire le moindre article de fait-divers pour le canard du coin, comme j’ai pu souvent le constater.
Car même le plus banal des faits-divers, ce qu’on appelait en France, au lendemain de la révolution de 1789, le “fait-Paris” dont Balzac, qui a été journaliste, disait qu’il contient en soi tout le roman, a ses règles: celles que pratiquent depuis toujours tous les journalistes du monde, à savoir la fameuse grille des six questions – Qui? Quoi? Où? Quand? Comment et surtout, pourquoi? – grille que les journalistes n’ont pas inventée mais qui remonte à Aristote, père fondateur des mass medias (si l’on en croit Roland Barthes), et à ses “Seconds Analytiques” – grille pourtant à la base de toute connaissance (ce n’est pas la doctorante en médecine que vous êtes qui me contredira sur ce point, je pense). Pour savoir comment m’en sortir, j’ai demandé conseil à un assistant au visage boutonneux et au teint blêmi par la compilation assidue des fiches en bibliothèque, qui m’a répondu: “tu divises par trois, tu divises encore par trois et puis tu analyses.” Bref, pour réussir à l’université, il suffit de savoir compter jusqu’à trois.
Oui, ils sont précieux, les conseils des “plus expérimentés”, vraiment.
Quand un professeur spécialisé en communication demandait dans son séminaire. “Qu’est-ce qu’une information?”, personne n’ayant de réponse à proposer j’ai alors offert celle-ci, qui me revenait de mon stage de journaliste:
“Quand un chien mord son maître, ce n’est pas une information,. Mais quand un maître mord son chien, ça, c’en est une.”
Devenu à force d’entêtement, que je juge aujourd’hui tout à fait absurde, bien à l’image de l’enseignement et de la recherche institutionnalisés, et l’équivalent de trois masters après, chercheur en informatique et en traitement automatique du langage, à l’âge de cinquante ans (j’ai toujours été en retard à l’école), je ne sais plus raisonner qu’en termes binaires, soit avec zéro et un, et ne suis plus certain de savoir encore compter jusqu’à trois. On n’arrête pas le progrès, paraît-il.
Enfin, pour avoir fait mes premières années d’université aux Etats-Unis dans les années soixante – c’est là qu’il fallait être, à cette époque -, de retour au bercail je passais pour un parfait demeuré, abâtardi par la sous-culture yankee, aux yeux de mes chers compatriotes. Or, aujourd’hui, je constate que l’université d’après la réforme de Bologne, avec ses bachelors, ses masters, ses PhD’s et son système de crédits – preuve qu’il n’y a plus de différence entre elle est la banque -, ne jure plus que par le modèle américain, pourtant depuis longtemps en faillite. On n’attend plus que l’adoption du “cap and gown” pour la cérémonie de remise des diplômes, ce qui leur donnerait d’ailleurs un peu d’allure, enfin. Ainsi – ce n’est ni une critique, ni un jugement de ma part, mais un constat, je relève les anglicismes suivants dans votre article (je ne compte qu’une fois les noms des applications de recherche que vous citez):
“Researcher” (le logiciel), design (4 fois), feed (3 fois), abstracts, bookmarks, “Prime: PubMed journals & tools (Unbound medicine)”, pubmed (2 fois), “Research Gate”, booster, must-have, app-store, smarphone, apps…
Pardonnez-moi ce relevé d’un ancien correcteur d’imprimerie, aussi traducteur et auteur à ses heures. Toutefois, je me demande si, avec l’avènement de l’université sauce bolognaise, les universitaires sont encore capables d’écrire en français et de raisonner autrement qu’en cliquant sur Google ou Instagram. Pour le reste, aujourd’hui chercheur indépendant, je partage tout à fait avec vous la certitude que nous ne sommes plus livré(e)s qu’à nous-mêmes dans cette jungle qu’est devenu le monde de la recherche.
Bon vent et bonne route donc, chère consoeur. Et gare aux embruns…