« Devenir chercheur scientifique » pour les néophytes

Ces deux dernières années, j’ai effectué mes premiers pas dans le milieu de la recherche scientifique. J’en suis aujourd’hui très heureuse, et cet aspect de mon travail m’apporte un épanouissement insoupçonné à mes débuts… En effet, mes premiers pas ont été quelque peu hésitants si ce n’est chaotiques…

Tout d’abord, en commençant un Collège Européen en médecine sportive vétérinaire (si vous ne savez pas ce que cela est, je vous réfère à mon précédent article traitant du sujet des spécialités en médecine vétérinaire): je savais que je ferais face à une spécialisation clinique qui passe également par un travail de recherche de niveau académique. Autant j’étais très enthousiaste sur le premier aspect, autant j’étais très réticente sur le second. La raison en était simple: je ne connaissais rien à cette discipline spécifique qu’est la recherche scientifique, et je n’avais aucune idée de comment m’y prendre pour réussir à produire un travail de qualité. Je ne savais pas si j’en possédais ni les talents, ni les ressources pour y parvenir…

Un an plus tard, je peux conclure que j’ai certainement acquis les deux à mon insu lorsque je reçu mon premier prix de recherche international remis par la VAHL (Veterinary academy for higher knowledge). Cela n’a pas été un processus facile, mais avec engagement et passion, il m’a été possible d’y parvenir. Et sincèrement, si on me l’avait dit une année auparavant je n’en n’aurais pas cru un mot.

Je vous partage dans cet article 6 conseils personnels pour débuter en recherche.

1. Prenez confiance en vous

J’entends déjà les huées depuis le fond de la salle « ce n’est pas si facile »: alors en soi, oui et non… En réalité, j’ai compris que si je ne me faisais pas confiance, personne ne le ferait à ma place. Spécialement si l’on considère que les personnes plus gradées n’avaient pas plus la moindre idée que moi de ce que je devais faire… Pas très rassurant lorsque l’on débute! Mon meilleur allié a été de prendre mon courage à deux mains, de suivre mon intuition et de me jeter à l’eau pour construire mon projet de recherche par moi-même sans attendre que l’on ne me tienne la main (car soyons honnêtes, cette main ne se serait probablement jamais tendue).

2. Vous avez les ressources

Premièrement, si l’on vous confie un projet de recherche, c’est que vous avez les compétences pour. En effet, vous êtes probablement arrivé à un niveau académique qui vous a permis d’engranger suffisamment de compétences et d’expérience via d’autres aspects de votre profession pour gérer un tel projet et le mener à bien afin de le convertir en publication scientifique. Donc si vous ne pensez pas avoir les ressources, détrompez-vous: elles sont quelque part en vous, il vous suffit de chercher suffisamment, et au bon endroit…

3. Vous et votre sujet… le début d’une grande histoire!

Je rentre dans la partie un peu délicate du sujet justement, car on n’a malheureusement pas toujours le choix de son sujet… Avoir un sujet, c’est un peu comme être marié: on s’engage pour plusieurs années, pour le meilleur comme pour le pire, ensemble dans les bons comme dans les mauvais jours, mais quoi qu’il arrive il faut se porter mutuellement pour évoluer dans la même direction. Donc si vous avez le luxe de pouvoir choisir, choisissez judicieusement. Dans le cas contraire, trouvez toutes les qualités possible à votre nouveau partenaire de travail car il va vous accompagner une grande partie de votre temps.

4. Ayez une vision

Que votre sujet vous plaise ou non, vous devez faire avec, alors faites au mieux. Et pour vous aider à apprécier le chemin à parcourir ensemble essayez de vous tracer une route pour vous guider. Donner un sens à votre projet, ayez une vision pour ce sujet : ce sera le fil conducteur qui vous guidera tout au long du process et qui vous maintiendra sur la voie dans les moments difficiles.

5. Soyez logiques

Quoi qu’il arrive, quoi que l’on vous dise: soyez logiques! En référence au point 2, si vous en êtes arrivé à ce stade dans votre carrière, c’est que vous avez démontré vos capacités à construire un raisonnement logique. Articulez votre projet avec un raisonnement bien construit et enracinez vous sur des bases solides (à savoir de la littérature scientifique de bonne qualité).

6. Soyez flexibles

Un imprévu se présente, le projet ne se passe pas comme prévu? Ne planifiez pas votre scénario catastrophe, rassurez-vous, votre PhD n’est pas Titanic. Respirez un bon coup, et envisagez que faire de cette nouvelle donnée: peut-elle s’intégrer à votre projet et vous faire progresser dans une direction que vous n’aviez pas soupçonnée? ou bien remet-elle en question toute votre hypothèse de départ, et vous oblige à revoir vos fondamentaux? Dans les deux cas, cela est positif, et vous poussera à extraire le meilleur de votre sujet, même si vous ne le visualisez pas sur l’instant. Il vous suffit de tracer un détour sur votre route, et l’aventure continue!

J’espère que ces conseils fondamentaux pour débuter en recherche vous seront utiles. Ce sont ceux que j’aurais souhaité entendre lorsque j’ai débuté afin de démarrer dans ce domaine de façon un peu plus sereine.

Diane Grosjean

Résidente du Collège Européen de médecine sportive vétérinaire et rééducation fonctionnelle (ECVSMR), Diane Grosjean est la première vétérinaire en Europe à entamer un cursus de spécialisation académique dans ce domaine. Elle vous partage cette expérience unique à travers son blog abordant ostéopathie, physiothérapie, médecine vétérinaire, enseignement et actualité scientifique.