Bouger pour méditer

Jusqu’à aujourd’hui, mes billets ont essentiellement parlé de sport, d’effort, d’entraînement et de compétitions. Comme vous le savez, je suis une triathlète. Qui dit triathlon, dit natation, vélo et course à pied. En plus de la diversité des sports, le temps passé à s’entraîner est long. Le triathlon demande de l’endurance et pour l’entraîner et l’améliorer les séances d’entraînements ressemblent le plus souvent à des demi-journées de sport plutôt qu’à une ou deux heures de sport par ci, par là.

Dimanche, lors de mes deux heures trente minutes et 70 km de vélo (qui ont ensuite été suivies par 30 min de course à pied en fractionné), j’ai eu le temps de réfléchir. Autant je ne suis pas très douée pour méditer dans la vie quotidienne, je veux dire, quand je me sens pas très bien. Je peine à fermer les yeux, à me concentrer sur moi-même et sur mes pensées, mais dès le moment où je commence à m’entraîner, dès que mon pouls s’accélère sous l’effet de l’effort, sans que je le veuille mon esprit entre en état méditatif.

“Au fil des kilomètres qui défilent sous mes roues, j’ai compris qu’en plus de constamment espérer un meilleur futur, un lendemain plus excitant, nous nous comportions de façon stratégique.” Coraline Chapatte, crédit photo : Berk Mercanci

L’impatience.

Le temps se réchauffe gentiment. Le printemps est finalement en train de s’installer. L’hiver a été long. Froid. Il a plu. Neigé. Nous attendions tous le soleil. Des journées plus chaudes. Nous attendions peut-être aussi des nouvelles. Des réponses. Attendre n’est pas facile. Pour moi, l’attente est un peu terrifiante. Je n’aime pas attendre. J’ai l’impression de perdre mon temps quand j’attends. C’est peut-être pour cela que j’ai tendance à être en retard.

Depuis quelques années, nous avons accès à tout de façon immédiate. Grâce à nos téléphones, aux médias sociaux, à internet. Nous avons oublié ce qu’est l’attente. Être impatient est devenu une norme. Nous préférons envoyer un message sur whatsapp plutôt qu’un mail car la réponse sera plus rapide. Nous avons oublié la patience et surtout sa valeur. La petite chose, le petit extra qu’elle donne à ce que nous attendons. Oui, lorsque nous allons recevoir ou finalement vivre ce dont nous avons tant espéré et attendu, nous allons alors mieux l’apprécier. Le sentir plus intensément. L’aimer plus fort.

La stratégie.

Ne rien précipiter. Ralentir. S’arrêter peut-être même. Ce sont les mots-clés. Ré-apprenons à apprécier les moments creux. A se laisser porter par le courant de la vie. Au fil des kilomètres qui défilent sous mes roues, j’ai compris qu’en plus de constamment espérer un meilleur futur, un lendemain plus excitant, nous nous comportions de façon stratégique. Nos actions sont de moins en moins spontanées et s’ancrent dans ce que nous croyons être une logique ou une rationalité juste.

Le vent s’écrasait sur mon visage. Il a commencé à pleuvoir tout à coup. Les éléments s’étaient mis à pleurer pour moi. Je n’étais pas particulièrement triste ni mélancolique. Mais, je me sentais bizarre. Presque vide. Comme si je flottais à quelque centimètres du bitume. J’ai alors compris que j’étais en train de mettre le doigt sur quelque chose d’important. J’ai continué de pédaler. Et tout à coup, j’ai compris. Laisser faire les choses. Faire confiance à la vie. Écouter sa voix intérieure. Des choses que j’essaie de faire depuis des mois. Et je ne suis pas la seule. La plupart des gens avec qui j’interagis parlent d’énergies, de destin, de pensée positive et d’être sur la même longueur d’ondes. Mais en même temps, nous n’avons jamais autant qu’aujourd’hui agi de façon stratégique. Dans notre interaction avec les autres.

Les règles du jeu.

Mais qu’est-ce qui nous pousse donc à tenir des comptes concernant nos paroles et nos actions ? Venons-en au faits. Pourquoi est-ce si difficile en 2017 d’exprimer ce que nous ressentons ? De dire avec des mots ce que notre cœur essaie d’exprimer. Pourquoi tenons-nous deux discours différents ? « Oui, je me laisse porter par le courant de la vie et je crois au destin » et en même temps, « non, ce n’est pas moi qui vais lui envoyer un message en premier car c’est à lui/elle de me contacter en premier » Voilà la manière dont nous nous comportons et exprimons notre intérêt pour l’autre. Nous fixons des règles, nos propres règles, les appliquons et puis jouons.

Je sais. Un sourire est en train de naître sur vos lèvres. Mais il en est ainsi. Je n’ai pas l’intention de d’apporter ici des solutions toutes faites ni mêmes des réponses. Ou même encore de faire sentir qui que ce soit coupable. J’ai simplement envie de nous faire réaliser que nous devrions arrêter de jouer avec nos propres sentiments et par extension avec ceux des autres.

“Écoutez votre voix intérieure. Respirez profondément et arrêtez de jouer un jeu dont les règles sont écrites nulle part. Il est temps de commencer à vivre. Et de méditer.” Coraline Chapatte, crédit photo : Semih Berk

Stop.

Vivre c’est partager. Être dans le moment présent. Envoyer de bonnes ondes. Faire des surprises. Des fois, c’est aussi prendre des risques. Mais ce n’est pas calculer le nombre de jours après lesquels vous pouvez rappeler quelqu’un avec qui vous pourriez peut-être tomber amoureux, mais en fait vous n’en êtes pas vraiment sûrs parce que la copine de votre copine vous a dit qu’il ou elle aurait dû vous envoyer un message dans l’heure qui a suivi le deuxième café que vous avez pris ensemble après avoir annulé trois fois de façon délibérée une précédente rencontre… Vous comprenez où je veux en venir ? Stop. Stop. Fermez les yeux. Écoutez votre voix intérieure. Respirez profondément et arrêtez de jouer un jeu dont les règles sont écrites nulle part. Il est temps de commencer à vivre. Et de méditer. Que ce soit de façon « traditionnelle » ou comme moi sans vraiment vous en rendre compte lors de vos entraînements.

La petite voix.

J’ai posé mon vélo, changé mes chaussures et me suis élancée pour mes 30 minutes de course fractionnée. Une fois terminé, j’ai synchronisé ma montre, jeté un coup d’œil aux données d’entraînement, mais pour une fois ni ma vitesse, ni mon rythme cardiaque n’avaient vraiment d’importance. Car rien ne peut mesurer la joie de parvenir à laisser sa petite voix s’exprimer et surtout d’oser l’écouter.

Coraline Chapatte

Bloggeuse, spécialiste des médias sociaux, chroniqueuse pour plusieurs sites internet turcs et étrangers, coach sportive, conférencière et motivatrice.

6 réponses à “Bouger pour méditer

  1. Ce n’est certain que d’utiliser le sport comme une forme de meditation est le cap du bien-être! Comme vous dites, la chose importante et peut-être en conflit avec la manière avec laquelle là plus pars des gens fait du sport, est de ralentir et d’écouter la petite voix à la place de la réprimer pour augmenter leur performance.

    1. Le sport peut être un vecteur pour atteindre différents états selon la période de sa vie, son humeur du moment ou encore son âge. Cela peut être une performance à haut niveau, plus de sérénité ou encore simplement un moyen de rencontrer des gens. Et l’un n’est pas incompatible avec l’autre.

  2. Donc vous êtes célibataire, et vous avez finalement passé un message à ce jeune homme de vos connaissances ou pas ? ;)))
    J’ai remarqué qu’il fallait se laisser traverser par la beauté du monde aussi, le lâcher prise de comprendre que nous sommes de la poussière d’étoiles. Disons que le sport clarifie les idées. Nietzsche marchait beaucoup dans les grisons, c’est pour cela qu’il resumait souvent sa pensée avec des aphorismes.

    1. Merci pour votre commentaire Christian, bien sûr que j’applique ce que j’ai écrit dans ce billet. Je ne me pose pas de questions, si j’ai envie d’appeler quelqu’un, je décroche le téléphone et j’appelle. Oui, vous avez raison, le sport parvient à entrer dans un état intéressant de méditation. Bonne continuation.

  3. Je vous envoie mes meilleures ondes mademoiselle et vous souhaite un chemin de vie rempli de douces surprises!

    1. Merci beaucoup Chiara! A vous aussi un joli parcours parsemé d’étoiles et de paillettes!

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