En quelques heures, la honte avait définitivement changé de camp

Je vais participer à la grève du 14 juin car je veux remercier les femmes qui ont osé parler, qui ont osé revendiquer les droits que j’ai aujourd’hui. Il est important d’avoir le plus d’égalité possible, qu’il n’y ait plus de discrimination en fonction du sexe, de la couleur de peau, de la religion, de la nationalité. Je veux encourager les femmes qui n’ont pas l’occasion ou la liberté de parler de continuer à se battre.

Le féminisme est un humanisme.

 

Léonie, 13 ans, Genève, Vieille-ville.

 

J’en ai marre qu’on nous considère comme des objets sexuels, qu’on nous juge par rapport à notre physique et qu’on oublie notre intelligence et nos émotions.

À l’Université, après un examen oral très bien noté, un camarade qui a fait moins bien m’a dit :

« Comment t’as fait ? t’es passée sous la table ? »

Je n’avais pas les armes, sur le moment, pour répondre à ça.

Je vais faire grève pour que les filles et les femmes puissent se défendre contre les attaques perpétuelles qu’elles soient physiques ou verbales.

 

Roxane, 25 ans, Genève

 

Lorsque MeToo est sorti, que j’ai vu la déferlante de statuts reprenant ce hashtag sur le mur de mes copines, sur le mien, sur le mur d’inconnues, j’ai posté un message proposant aux femmes pour qui ce serait trop dur de raconter publiquement l’histoire rattachée à ce MeToo de me contacter en message privé. C’était en début de soirée. J’ai passé une nuit blanche à discuter avec des femmes abusées, touchées, violées, battues, sous l’emprise d’un homme, un patron, un collègue, un conjoint, un fils, des femmes insultées en permanence dans la rue, traquées, des femmes qui ne sortent plus, des femmes qui souffrent de dépression car elles ne peuvent plus faire face à la violence machiste de cette société.

J’ai su, au petit matin, que la société avait changé cette nuit là. Dans l’intimité de ces témoignages, un processus s’était enclenché, le combat collectif et massif avait commencé.

En quelques heures, la honte avait définitivement changé de camps.

Le 14 juin sera une journée de lutte collective et organisée, mais la vraie lutte se passe au quotidien et pour chaque femme subissant la domination masculine, nous serons des milliers avec elle.

 

Paule Mangeat, 41 ans, Pâquis

Le Collectif genevois de la Grève féministe / Grève des femmes

Le Collectif genevois de la Grève féministe / Grève des femmes s'est constitué il y a un an en préparation de la Grève nationale du 14 juin 2019. Il regroupe des femmes* de tous âges et de tous horizons: migrantes et suisses, employées et mères au foyer, vieilles dames indignées et retraitées, collégiennes et étudiantes, politiques et apolitiques, féministes.