« Pourquoi briser des plafonds de verre si une majorité des femmes continue à en ramasser les débris ? »

Je suis enchantée de faire la grève. Il y en a grand, grand besoin. Je saisis tous les moments où je peux m’exprimer à ce sujet. Je suis frustrée de ne pas avoir pu participer à la précédente grève, car je venais de commencer un travail. J’étais partagée et je suis restée bosser. Je suis contente de me faire voir physiquement. Je rêve qu’il y ait beaucoup, beaucoup de personnes. Une masse. Je suis contente d’animer des ateliers dans mon travail le matin du 14. Je suis contente de mettre des flyers à mon bureau et de parler avec tout le monde, et surtout aux garçons. Et j’attends beaucoup de dialogue avec les garçons. Ce n’est pas une revanche, mais un moment pour échanger et entendre un maximum de paroles. Je me rends compte que le carcan que je peux subir, les hommes en subissent un autre et ne le savent pas encore. Je suis fière que mes filles participent à cette grève.

S., 52 ans

 

Pour moi, une des revendications du manifeste reste centrale : la solidarité internationale. Ce principe s’est révélé à moi quand je suis partie en Amérique du Sud. J’y étais le 8 mars dernier et ce qui m’a marqué, c’est qu’il y avait des femmes dans la rue et d’autres qui les observaient et les critiquaient ouvertement, ignorantes de leurs revendications. C’était presque comme si elles avaient honte de leurs consœurs. Cela m’a choqué, car, alors qu’elles sont plus opprimées que nous ici, elles n’ont pas l’air d’en être conscientes. Je trouve aussi que la solidarité internationale doit être importante. On a trop souvent tendance à être des femmes Suisses, avant d’être des femmes. Ce que je vois en Suisse, c’est qu’on a tendance à se battre sur des points, comme l’égalité salariale, mais j’ai lu une phrase dans un livre, Féminismes à 99% qui dit : « pourquoi briser des plafonds de verre si une majorité des femmes continue à en ramasser les débris ? » Je trouvais que cette citation s’appliquait bien au contexte Suisse. Si on parvient à avoir cette égalité salariale, cela ne veut pas dire que le combat s’arrête. Si le combat aboutit chez nous, ce n’est pas pour autant que ce sera le cas pour toutes les femmes dans le monde. Et c’est à elles que je donnerai ma voix le 14 juin.

Apolline, 19 ans

 

J’ai envie qu’il y ait de l’égalité entre les hommes et les femmes. Parce qu’on est pareils. Il ne faut pas s’attarder sur le sexe des gens. On peut faire les mêmes choses. Et je trouve qu’il y a certaines choses qu’on fait subir aux femmes qui ne sont pas humaines, qui ne devraient pas exister. J’ai vu un film où une dame racontait qu’elle s’était faite exciser et ça m’a choquée. Et je trouve aussi que dans la société il y a un corps stéréotypé pour les femmes et que les hommes on les embête beaucoup moins.

Elia, 14 ans

Le Collectif genevois de la Grève féministe / Grève des femmes

Le Collectif genevois de la Grève féministe / Grève des femmes s'est constitué il y a un an en préparation de la Grève nationale du 14 juin 2019. Il regroupe des femmes* de tous âges et de tous horizons: migrantes et suisses, employées et mères au foyer, vieilles dames indignées et retraitées, collégiennes et étudiantes, politiques et apolitiques, féministes.