Patriarcat tu as bien failli me tuer…

Patriarcat tu as bien failli me tuer…

Première dans une lignée de femmes à m’émanciper. On me disait que je n’étais pas faite pour les études, que je devais être gentille mais pas trop jolie car je risquais d’attirer le danger.
À 18 ans j’ai décidé alors d’être mère ainsi sûrement j’allais trouver ma place de «femme ».

Le père de mon fils est devenu violent. J’ai décidé de quitter d’urgence avec mon fils le domicile conjugal le jour où ça aurait pu être le dernier. J’étais certaine que la police et la justice de mon pays allaient me défendre, m’aider et punir l’auteur. Eh bien non… double peine pour moi! La plainte a été classée sans recours possible malgré un constat médical des cartes de protection. La police m’avait prévenue, s’il n’y a pas de couteau, de sang ni de témoin, l’affaire est classée même en cas de tentative de meurtre. De plus, j’ai été condamnée à payer les 8 mois de loyer du père de mon fils qui a vécu dans notre logement alors que j’étais dans un foyer d’accueil avec notre fils d’un an, que j’étais sans travail et que j’avais 20 ans.

Aujourd’hui j’ai 38 ans je me suis battue seule pour arriver là ou je suis.

Je fais grève pour dire STOP à tant d’inégalités!!

Pour ma fille et toutes les jeunes filles…

Une femme de Genève pour toutes les femmes du monde…

Anna

A mon père et à mon voisin en cette journée du 14 juin

A mon père et à mon voisin, en cette journée du 14 juin,

Aux hommes bourrés de préjugés Dites’ allez-vous enfin changer ??

 

Dès aujourd’hui n’oubliez pas : Faire les repas, c’est pas un choix !

Moi ce que j’aime, c’est bien manger Faire la lessive – rien à cirer !

 

C’qui m’épanouit dans la vie, C’est mes amis, c’est ma famille

C’est respirer, c’est savourer, Mille et un instants partagés

 

Changer les couches et nettoyer C’est vot’ boulot autant que l’mien

Boire l’apéro en faisant rien Pareil que vous, ça m’fait rêver !

 

C’est pas des couilles qui donnent le droit D’être mieux payé et d’être le roi

Balai, chaussettes et compagnie Vous enquiquinent ? Ben moi aussi !

 

Chiffres et calculs, fichiers Excels Ca m’botte bien plus que la vaisselle

Se l’ver la nuit pour les enfants Tentez pour voir comment on s’sent !!

 

Comme vous j’ai b’soin pour être bien, D’respect d’amour et d’amitié

Moi j’dis merci à mon mari
Qui sembl’ bien tout avoir compris.

 

Les autres inspectez vos pensées Vieux rêves, fantasmes et clichés

A mort !! Aujourd’hui ça suffit ! Je veux être vue telle que je suis.

 

N.T.

 

« De quelle couleur sont tes sous-vêtements ? »

Je travaille dans les soins, dans une clinique privée, je suis souvent confrontée à des réflexions machistes, de la part des hommes mais également des femmes. J’assure régulièrement les gardes de nuit, mes collègues hommes me proposent de dormir avec eux et agrémentent leur proposition de phrases telles que :

« Dommage que tu aies mis un pantalon ce soir »

« De quelle couleur sont tes sous-vêtements ? »

J’ai longtemps pris ça pour de l’humour, mais un jour j’en ai parlé à mon compagnon qui m’a dit « ça ne se fait pas » « ça ne se dit pas ». J’ai été soulagée qu’il trouve que ces comportements n’étaient pas acceptables, pour moi mais également pour toutes les femmes.

Plus tard, ma cheffe me convoque pour savoir ce que je pense d’un collègue qui couche avec une autre employée. Je lui explique que ses réflexions me mettent souvent mal à l’aise.

Elle me répond :

« Il faut que tu t’y habitues, dans les soins ça va t’arriver souvent. »

« Si tu commences à prêter attention à ça, t’as pas fini… »

Voie sans issues donc. Mon chéri a fini par aller parler avec mon collègue pour que ça cesse.

En devenant féministe, je me suis aperçue que mon mec était féministe depuis plus longtemps que moi.

 

Rosa, 27 ans, Conches

 

Je suis une femme, je m’aime et je me respecte! Je manifeste le 14 juin pour panser tout ce qui insidieusement nous blesse, nous opprime et nous conditionne. Je manifeste pour honorer toutes les femmes qui osent tenter l’impossible!

Que les ricanements, les banalisations, les commentaires sexistes disparaissent à jamais de notre culture. Que soit respecté le mystère des différentes expériences identitaires de genre. Pour la reconnaissance, la bienveillance, la tendresse et l’amour!

 

Marie-Claire

Enfin une famille ! 

J’ai adopté mon fils en Haïti, adoption monoparentale, autorité parentale totale depuis 2005. J’ai ensuite rencontré un homme, mon fils de 5 ans a très naturellement commencé à l’appeler « papa ». J’ai épousé cet homme, à la grande satisfaction de tout le monde, car un homme rentrait enfin dans cette histoire de monoparentalité : « Enfin une famille ! ».

Après deux ans de mariage, nous avons divorcé. Mon ex-conjoint n’avait donc pas adopté officiellement mon fils mais revendiquait néanmoins sa paternité, comme si je n’avais pas la parentalité totale, mais une moitié de parentalité.

Cet homme reste un père affectif et social pour mon fils, mais mon autorité parentale demeure entière.

 

Christine Fayet, 50 ans, Chêne-Bougeries

 

Je vais participer à la grève du 14 juin car je veux remercier les femmes qui ont osé parler, qui ont osé revendiquer les droits que j’ai aujourd’hui. Il est important d’avoir le plus d’égalité possible, qu’il n’y ait plus de discrimination en fonction du sexe, de la couleur de peau, de la religion, de la nationalité. Je veux encourager les femmes qui n’ont pas l’occasion ou la liberté de parler de continuer à se battre.

Le féminisme est un humanisme.

 

Léonie, 13 ans, Genève, Vieille-Ville

L’erreur de l’organisation occidentale est l’adoption constante de modèles sociaux ” masculins”

Est-ce qu’on a besoin, au cœur du XXIème siècle d’une journée pour défendre les droits des femmes ? La réponse est ” Oui”.

En 2019, un esprit participatif est indispensable pour “crier de vive voix” que les discriminations du genre sont inacceptables. Depuis une dizaine d’années, les conditions de vie des femmes sont devenues encore plus précaires, à cause de la paupérisation croissante.
Selon les statistiques, les femmes arrivent plus rapidement à obtenir des titres universitaires ou de haute formation professionnelle, mais leurs carrières sont souvent interrompues pour différentes raisons.

Récemment, un dessinateur péruvien a bien interprété le concept de “carrière” et les différences entre les hommes et les femmes. La vignette montre une piste où les représentants des deux différents genres sont en train de faire un parcours du combattant. Devant les femmes, on voit des obstacles comme : la machine à laver, le linge, la planche à repasser; en revanche, le parcours des hommes est le même, mais sans aucun objet devant.

À mon avis, il existe une erreur qui se trouve à la base de l’entière organisation occidentale, il s’agit de l’adoption constante de modèles sociaux ” masculins”. Par exemple : tout le monde a accepté que les horaires habituels du travail soient de 9h00 à 13h00 et de 14h00 à 17h00 sans considérer ni les travaux domestiques, ni les nécessités liées aux enfants. En outre, les salaires et les métiers ne sont pas du tout uniformément distribués.

Je pense que comme les stéréotypes sont encore trop présents dans la société, la vraie révolution c’est de quitter le modèle du patriarcat.

 

E.P.

Il est important que mettre au monde un enfant soit un choix

En 1992, à l’âge de 17 ans j’ai avorté au CHUV à Lausanne. Je sais, aujourd’hui que je suis maman, encore mieux qu’à l’époque, que c’était le meilleur des choix pour ce foetus, le père et moi. C’est bien plus tard que j’ai réalisé que la dépénalisation de l’avortement en Suisse n’a été accordée qu’en 2002!!!!! Je n’ai jamais oublié le regard empathique de l’infirmière quand je lui ai dit que ce n’était pas possible au moment où elle m’annonçait, avec un sourire incertain, que j’était enceinte. Je ne sais pas comment ces professionnels de la santé se sont arrangés de cette entrave à la loi, probablement en écrivant un rapport stipulant que, pour des raisons médicales, l’avortement était favorable, mais je leur en serai toute ma vie incommensurablement reconnaissante!

Je m’imagine donc aujourd’hui dans une situation inverse, où le corps médical n’aurait pas été sensible à mon désarroi face à cette nouvelle. Et ça me fait complètement flipper! Qu’est-ce que j’aurais fait porté à cet enfant, de ressentiment et d’immaturité, de ne pas pouvoir vivre mon cheminement vers l’âge adulte, tout ce qui fait qu’aujourd’hui j’arrive à apporter à mon enfant, stabilité affective, morale, intellectuelle; facultés que j’ai développées en m’impliquant dans le désir fort d’une profession qui me passionne, des relations affectives et amicales, tout ce qui me situe par rapport au monde. J’aurais fait autrement, c’est certain, mais cela n’aurait pas été mon choix. Et je sais à quel point, pour assumer ce bouleversement identitaire qu’est la parentalité, il est immensément important que mettre au monde un enfant soit un choix, un investissement voulu. Pour ne pas faire payer à cet enfant ce non-choix. Les enfants ne demandent pas à venir au monde, contrairement à ce que l’injonction morale à la procréation semble vouloir nous imposer. Je ne sais pas ce qu’il y a dans la tête des Pro life. Mais ce qui est sûr c’est qu’ils nient profondément le fait que la parentalité n’est pas une évidence qui nous comblerait naturellement dans nos questionnements existentiels. Cette expérience comble certainement beaucoup de vide, mais en ajoute également d’autres. Et il faut être solide pour l’assumer.

Merci aux alliés! Restons toujours vigilantes ! Comme le disait notre chère Simone de Beauvoir: “N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant.”

 

Celine Bolomey, comédienne

En quelques heures, la honte avait définitivement changé de camp

Je vais participer à la grève du 14 juin car je veux remercier les femmes qui ont osé parler, qui ont osé revendiquer les droits que j’ai aujourd’hui. Il est important d’avoir le plus d’égalité possible, qu’il n’y ait plus de discrimination en fonction du sexe, de la couleur de peau, de la religion, de la nationalité. Je veux encourager les femmes qui n’ont pas l’occasion ou la liberté de parler de continuer à se battre.

Le féminisme est un humanisme.

 

Léonie, 13 ans, Genève, Vieille-ville.

 

J’en ai marre qu’on nous considère comme des objets sexuels, qu’on nous juge par rapport à notre physique et qu’on oublie notre intelligence et nos émotions.

À l’Université, après un examen oral très bien noté, un camarade qui a fait moins bien m’a dit :

« Comment t’as fait ? t’es passée sous la table ? »

Je n’avais pas les armes, sur le moment, pour répondre à ça.

Je vais faire grève pour que les filles et les femmes puissent se défendre contre les attaques perpétuelles qu’elles soient physiques ou verbales.

 

Roxane, 25 ans, Genève

 

Lorsque MeToo est sorti, que j’ai vu la déferlante de statuts reprenant ce hashtag sur le mur de mes copines, sur le mien, sur le mur d’inconnues, j’ai posté un message proposant aux femmes pour qui ce serait trop dur de raconter publiquement l’histoire rattachée à ce MeToo de me contacter en message privé. C’était en début de soirée. J’ai passé une nuit blanche à discuter avec des femmes abusées, touchées, violées, battues, sous l’emprise d’un homme, un patron, un collègue, un conjoint, un fils, des femmes insultées en permanence dans la rue, traquées, des femmes qui ne sortent plus, des femmes qui souffrent de dépression car elles ne peuvent plus faire face à la violence machiste de cette société.

J’ai su, au petit matin, que la société avait changé cette nuit là. Dans l’intimité de ces témoignages, un processus s’était enclenché, le combat collectif et massif avait commencé.

En quelques heures, la honte avait définitivement changé de camps.

Le 14 juin sera une journée de lutte collective et organisée, mais la vraie lutte se passe au quotidien et pour chaque femme subissant la domination masculine, nous serons des milliers avec elle.

 

Paule Mangeat, 41 ans, Pâquis

Continuons à nous battre, main dans la main avec des hommes féministes

Ma vision des inégalités, femme née en 1969 dans une famille « traditionnelle »

 

Enfant, je n’ai pas conscience du problème. Elevée avec deux grands frères, je joue avec eux, fais du vélo, du foot, il me semble qu’on est pareil. Je peux faire des travaux manuels et de la couture en primaire, même si cela implique de ne pas faire de vêtements (c’est bien connu, les hommes sont nuls en couture….), ça m’est totalement égal puisque je préfère travailler le bois et la terre.

Plus tard je découvre des dates : droit de vote en Suisse, à Genève, de travailler sans consentement marital, d’ouvrir un compte en banque… et que ces formidables travaux manuels mixtes n’existent que depuis l’année de ma volée.

A l’arrivée de l’adolescence, je prends conscience des inégalités : je suis seule à faire la vaisselle, mes frères pas, même si maman (élevée à l’école ménagère vaudoise, bonjour l’angoisse) dit qu’elle ne fait pas de différence. Grand-maman, sa maman, m’explique que non, à 16 ans je ne peux pas sortir le soir, je suis une fille… Je ressens de l’injustice et à partir de là quelque chose est et reste révolté en moi. Pas seulement pour des questions de genre d’ailleurs, j’ai bien d’autres chats à fouetter : l’éducation/dressage des enfants, les clivages de classe, Tchernobyl, Creys-Malville, le climat déjà et le capitalisme aussi. Et c’est aussi le moment où je réalise que mon corps est un sujet de discrimination : cheveux roux, léger surpoids, boutons ou lunettes… n’importe quelle différence peut être utilisée à charge.

Pour revenir aux inégalités que nous, femmes, subissons quotidiennement, j’ai vu des violences physiques de mon frère envers ma mère, puis subis de la violence conjugale. Témoin ou sujet d’autres formes de violences, plus pernicieuses et difficiles à dénoncer, car nous, nos paroles, sont apparemment moins importantes que celles des hommes : négation de mes capacités professionnelles car je ne suis pas un mâle blanc de plus de 60 ans, mansplaining pour ne pas écouter mes arguments – forts valables au demeurant – en me disant que je ne peux pas comprendre ce qui se joue à un niveau macro dans une structure de moins de 10 personnes… quand mes amis se défendent de ne pas être des machos, sans réaliser qu’ils (et nous aussi) sont imprégnés par l’éducation, les modèles érigés par nos sociétés patriarcales.

Je pourrais faire une liste infinie : ridicule amélioration du partage des tâches domestiques ; salaire et AVS inégaux ; qualité d’écoute et de considération moindres ; manques de respect et violences…. sont quelques uns des arguments qui me confortent dans la nécessité de faire grève, car nous sommes loin de l’égalité; les acquis des précédentes années sont précaires quand on voit par exemple que le droit à l’avortement revient sur le tapis.

Continuons à nous battre, main dans la main avec des hommes féministes.

 

Nathalie Mastail-Hirosawa, 50 ans, quartier de l’hôpital, rédactrice et photographe indépendante, artiste, performer et mère d’une jeune adulte

Les meufS : groupe féministe d’élèves du secondaire II

Les meufS sont un groupe d’élèves du secondaire Ils souhaitent réellement faire un changement dans les établissements tels que le collège, l’école de commerce, l’école de culture générale et les écoles professionnelles. Composé de 1 à 3 représentant(s) par établissement, les meufS souhaitent donner aux élèves une plateforme féministe ouverte, où l’on peut discuter de féminisme, d’expériences personnelles et des problèmes dans les écoles.

Les buts des meufS inclue : le combat contre le harcèlement sexuel et sexiste dans les écoles, la création d’un espace sûr et ouvert pour les élèves souhaitant témoigner ou discuter de problématiques féministes et sensibiliser les profs et les élèves par rapport au harcèlement sexiste et sexuel. En plus de cela, les meufS sont également solidaires avec les femmes* plus exposées aux violences sexistes et sexuelles, telles que les mères ou les femmes dans les lieux de travail, étant nous-mêmes sur le point d’entrer dans la vie active. Les meufS participent également à la grève des femmes* du 14 juin et organisent des activités pour les élèves du secondaire II ce jour-là.

Ce groupe féministe est né principalement de la constatation du harcèlement sexuel et sexiste dans les écoles que ce soit sous forme de commentaires déplacés sur la tenue ou le corps, de phrases sexistes ou même de comportements gênants. Avec cela est venu la constatation que ces comportements étaient normalisés, que ce soit du côté des élèves ou des profs, et que les élèves se sentaient souvent impuissants face à une hiérarchie et direction puissante. Notre déception envers ce système nous a poussé à créer les meufS, afin de mettre fin, une bonne fois pour toutes, aux problèmes liés au genre dans les établissements du secondaire II.

Les MEUFS

Je fais la grève pour les filles et les garçons d’aujourd’hui

Nous obliger à faire de la couture.

Recevoir des « points handicaps » quand on jouait contre une équipe de garçons au foot.

Entendre qu’ « ils sont comme ça» lorsqu’on se plaint de mains baladeuses.

Voir sa mère dépressive à la maison et son père dans sa bulle de travail.

Plus tard, subir trop souvent le ton condescendant et paternaliste.

Voir dans les médias les hommes forts, intelligents, puissants.

Nous représenter lisses, douces, effacées.

L’injustice violente et inacceptable d’un congé paternité inexistant, ainsi que toutes les injustices économiques.

L’énergie toujours renouvelée pour ETRE RESPECTEE COMME UN ETRE HUMAIN A PART ENTIERE

…  fait de moi une femme en colère et en combat intérieur en permanence !

M.

 

Je suis une femme privilégiée et je ferai la grève le 14 juin prochain. Privilégiée car j’ai un travail, un toit, de quoi manger, une couverture d’assurance maladie et que je me sens en sécurité chez moi.

Un travail à temps partiel, ce qui me permet beaucoup de libertés et une présence pour mes enfants. Ce qui veut aussi dire que ma prévoyance vieillesse est toute relative. Et que mes fins de mois ne sont équilibrées que grâce à la solidarité de mon compagnon.

La sécurité à la maison : ça ne fait que trois ans et demi que je me suis sortie de mon enfer. Le système continue à ne pas aider, ni moi, ni mes enfants, malgré les déclarations d’intention. Violences et viols conjugaux sont encore tabous mais bien plus répandus qu’on ne le croirait. Heureusement qu’il y a des associations qui soutiennent les femmes dans ce genre de situation.

Je fais la grève, mais pas au détriment de mes enfants, ni d’autres femmes. Il n’est pas question de les laisser… à une autre femme qui de toute manière ne peut pas se libérer parce qu’elle doit s’occuper de ses propres enfants ?!

J’arrangerai mes horaires, comme toujours, afin de pouvoir concilier mes obligations et mes revendications et envies. Ne pas me mettre en dernière place, même s’il faut jongler avec beaucoup d’éléments. Ça aussi, c’est une raison de faire la grève.

Je fais la grève pour cette amie qui a vécu sans papiers pendant des années, qui tremblait même quand elle a eu un permis B, puis C. Qui n’est tranquille que depuis qu’elle a pu être naturalisée Suisse.

Je fais la grève pour les femmes qui ne peuvent pas la faire, que leur employeur le leur interdise, que leurs finances ne le leur permettent pas, ou que leur situation légale les retienne ; contre toutes les déclarations du genre : « mais oui, les femmes ont droit au même salaire, mais oui elles ont droit à choisir librement leur profession » qui ne sont pas suivies.

Je fais la grève pour les femmes que d’autres femmes piétinent sur le chemin de leur indépendance.

Je fais la grève parce qu’il y a encore et toujours des hommes bienpensants qui paternalisent les femmes, sous un discours d’égalité, qui fait bien dans le débat.

Je fais la grève pour les filles et les femmes qu’on bouscule, dénigre et maltraite parce qu’on en a pris l’habitude. Je fais la grève pour celles qui sont touchées dans leur intégrité morale et physique du fait de faire partie du « sexe faible ».

Je fais la grève pour que les femmes aient vraiment le droit de décider de ce qui concerne leur corps, que ce soit au lit ou chez le médecin.

Je fais la grève pour les filles et les garçons d’aujourd’hui, qu’ils apprennent qu’ils ont une responsabilité commune, des qualités et des compétences qui ne sont pas liées à leur genre de naissance. Qu’ils sont différents, mais qu’ils ont les mêmes droits.

A.