On a jamais deux fois la chance de faire une excellente première impression
Nombreux sont ceux qui ont pu un jour entendre prononcer cette maxime du monde des organisations. Comme la plupart des proverbes ou des fables, qui survivent et se transmettent de génération en génération, cette dernière contient une grande part de vérité. Ce ne sont pas les équipes de recherche de Princeton et Harvard qui le contrediront. S’intéressant aux cinq premières minutes dans la rencontre avec une personne, elles ont établi que l’opinion que l’on se fait de quelqu’un, se forme avant même que cette personne ne commence à parler. Par ailleurs, il est très difficile de modifier cette première perception. Plusieurs signaux entrent en jeu : la communication non verbale, la manière dont on porte ses vêtements, la distance à laquelle on se tient. Qu’on le veuille ou non, ces signaux sont inconsciemment analysés pour préparer l’opinion.
Les psycho-évolutionnistes diront qu’il s’agit de l’héritage du cerveau de nos ancêtres, dont nous gardons tous quelques traces. En effet, l’environnement hostile dans lequel vivaient les chasseurs-cueilleurs, leur imposait d’identifier en quelques secondes si l’objet qui se profilait à l’horizon était une menace, ou une source de nourriture. Aujourd’hui nous ne sommes plus menacés par des menaces physiques, mais plutôt par des menaces sociales qui nous imposent de s’assurer que nos partenaires sociaux sont dignes de confiance. Le même réflexe se serait donc reporté sur cette nouvelle donne, dans la lignée des recherches ayant donné lieu à la pyramide de Maslow. La rencontre avec sa nouvelle équipe touche donc à des mécanismes mettant en jeu des réactions instinctives. Tout l’enjeu d’une première rencontre en tant que leader, est donc de rassurer son équipe pour éviter de les déclencher.
Faire une excellente première impression, c’est réaliser deux choses simples
Par ma pratique de terrain croisée avec plusieurs années de recherches, il apparaît que ce que vous dites dans les cinq premières minutes détermine 80% de votre première impression, qu’elle soit bonne ou mauvaise. Ces 80% seront par ailleurs très difficiles à modifier au cours des premières semaines qui suivront. Les 20% restant étant constitués par ce que les gens ont entendu dire à propos de vous.
Comment faire en sorte que ces 80% soient les plus positifs possible ? Un petit effort d’empathie nous apportera la réponse.
Vous n’êtes pas le premier leader et probablement pas le dernier que connaîtra votre équipe. Or, en termes de leadership, on est souvent marqué plus durablement par le pire que par le meilleur. C’est donc bien souvent le pire que craint votre équipe lorsqu’elle vous rencontre. Votre première impression consistera donc à la rassurer, en lui montrant que vous êtes différent de ce qu’elle a pu connaître auparavant, et cela repose sur deux points :
1) La première chose que craint votre équipe est que vous allez en faire des tonnes pour montrer votre crédibilité. Il s’agit souvent du défaut des jeunes leaders, voulant assoir leur crédibilité le plus rapidement possible. De ce fait, ils restent tard le soir, veulent s’investir dans toutes les tâches, mêmes celles qui ne sont pas de leur niveau. Un tel leader sera dans le micro-management, et marchera sur les plates-bandes des membres de son équipe, ce qui est d’autant plus dangereux lorsque son équipe est composée d’experts passionnés par leur domaine. Pour effacer cette crainte, il suffit d’annoncer dès les premières secondes de votre présentation que vous n’êtes pas là pour faire le travail de l’équipe, mais plutôt pour mettre en place les conditions qui permettront à chacun d’exceller dans son domaine.
2) La seconde crainte, est que le nouveau leader soit une menace pour ce que j’appelle ” la structure “. La structure est l’ensemble des procédés, des codes implicites ou explicites, qui ont fait leurs preuves par le temps et l’expérience, et qui maintenant régissent le fonctionnement de l’équipe. La crainte de ses membres, légitimée malheureusement par certains leaders peu performants, est donc que vous vouliez tout révolutionner. Pour caricaturer, il s’agit du fameux ” je vais vous apprendre en deux jours comment cela doit fonctionner “. Pour désamorcer cette deuxième inquiétude, il suffit de dire que vous n’êtes pas là pour révolutionner ce qui fonctionne déjà, et qu’il y aura un petit temps d’observation afin que vous puissiez prendre pleinement la mesure des personnes à qui vous avez à faire.
Deux actions simples, pour se distinguer des autres par le haut
En désamorçant ces deux inquiétudes, vous partez avec une longueur d’avance sur la plupart des autres leaders. Vous neutralisez les craintes de votre équipe et vous faites place nette, pour vous préparer à affronter vos premières difficultés sereinement.
On m’a récemment posé la question de la confiance en conférence. Le participant me demandait si la confiance n’était pas plutôt quelque chose qui se formait avec le temps. Nous venons de voir ensemble comment la construire dès les premières minutes.