Les salaires reflètent la santé économique du Canton

Le salaire médian vaudois a crû de 3,5% depuis 2018. Autre bonne nouvelle: l’écart salarial entre hommes et femmes se réduit. Ces faits illustrent la résilience de l’économie du Canton. Ces progressions ne doivent pourtant pas être anéanties par une fiscalité trop élevée.  

Le salaire médian – 50% de la population gagne moins et 50% gagne plus – s’est élevé à près de 6500 francs en 2020 dans le Canton. Même si les Vaudois restent tendanciellement moins rémunérés qu’en Suisse (6665 francs), la progression reste réjouissante puisqu’elle se monte à 3,5% depuis 2018. La croissance réelle des salaires, soit supérieure à l’indice des prix à la consommation, atteint même 6,2% en dix ans, avec un élargissement de la classe moyenne et une proportion de bas salaires en baisse. Ce sont là quelques-unes des données saillantes communiquées lundi par Statistique Vaud. «L’ensemble des résultats dépend également de l’évolution du tissu économique sous-jacent qui présente de fortes disparités, à l’image de l’industrie pharmaceutique dont le revenu médian est de 42% supérieur à la moyenne cantonale», note l’organisme. 

Statistique Vaud observe donc que la classe moyenne s’est élargie. Ils sont désormais 70%, soit 2% de plus qu’en 2010, à bénéficier d’un revenu compris entre 70% et 150% du revenu médian. Sans surprise, l’industrie pharmaceutique (+42%) et les activités liées à la recherche et au développement (+36%) offrent les salaires les plus avantageux. A l’autre bout, les services personnels (-40%), l’hébergement (-32%) et le commerce de détail (-26%) figurent parmi les branches les moins rémunératrices. Pour autant, les bas salaires, à savoir ceux dont le revenu est inférieur aux deux tiers du revenu médian, soit 4325 francs, ont légèrement diminué en dix ans, leur part passant de 12% à 10%. Une preuve supplémentaire que l’arrivée des multinationales a enrichi le Canton et les salariés. 

L’égalité salariale en chemin 

Au chapitre de l’égalité salariale, il reste encore du chemin à parcourir, mais les chiffres montrent toutefois des perspectives plutôt positives: l’écart de rémunération entre hommes et femmes est en baisse par rapport à 2010 (14%) dans le secteur privé. Si le salaire médian des femmes reste toutefois de 9% inférieur à celui de leurs congénères masculins, la fourchette se réduit tendanciellement. 

L’une dans l’autre, ces données illustrent la résilience des entreprises du Canton face aux crises, comme le montre notre étude «De la crise des subprimes à celle du Covid, le miracle vaudois», qui a permis une amélioration des salaires supérieure au PIB. Mais attention: il faut veiller à ce que cette progression réjouissante des rétributions de la classe moyenne ne soit pas réduite à néant par une fiscalité qui demeure trop lourde et par des prélèvements de toute sorte. Il est par ailleurs permis de se féliciter de l’évolution des salaires des femmes. J’appelle de mes vœux que cette progression s’accentue à travers une présence féminine plus marquée dans des professions à plus hauts revenus. 

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Les directions des entreprises se féminisent

La part des femmes dans les sphères dirigeantes des grandes entreprises suisses cotées en bourse est passée de 13 à 19% l’an dernier. Notre pays peut faire encore mieux, sachant que plus de 90% de ces nouvelles cadres supérieures sont des talents provenant des quatre coins du monde.    

L’an dernier, la part des femmes est passée de 13 à 19% dans les directions des entreprises du SMI, qui regroupe les vingt principales valeurs du marché suisse cotées à la Bourse suisse. C’est ce qu’indique une étude du cabinet de recrutement Russell Reynolds Associates. Cette augmentation de six points de pourcentage s’explique par le fait que l’année dernière, 39% des cadres supérieurs nouvellement nommés au sein des entreprises du SMI étaient des femmes. En comparaison internationale, la Suisse a fortement rattrapé son retard et se situe juste derrière l’Allemagne, mais devant les Pays-Bas, l’Espagne et l’Italie. 

 «Il apparaît depuis quelques années que le thème de la diversité jouit d’une priorité élevée dans les entreprises cotées en bourse en Suisse, explique l’auteur de l’étude. Les conseils d’administration et les directions prennent des mesures pour augmenter la proportion de femmes dans les organes de direction. On le constate notamment au fait que l’année dernière, quatre des dix nouvelles nominations étaient des femmes. Cette tendance positive devrait se poursuivre, étant donné que dans neuf ans, le seuil légal de représentation des sexes entrera en vigueur.» Aux premiers rangs des entreprises du SMI, on trouve Partners Group, avec une part de femmes de 38%, Zurich Insurance (36%) et Holcim (30%). 

Internationalisation marquée 

Cette étude nous apprend aussi que les directions des entreprises suisses se sont encore plus largement internationalisées au cours des douze derniers mois. Le magazine «Bilan» relevait en novembre dernier qu’au cours de ces vingt-cinq dernières années, le visage des conseils d’administration des plus grosses sociétés cotées à la Bourse suisse avait profondément changé: «Alors que la part des ressortissants helvétiques approchait les 90% avant le début du nouveau millénaire, elle n’est plus aujourd’hui que de 44% dans les 17 sociétés* du SMI (l’indice des valeurs vedettes en comprend 20)…» 

Pour ce qui concerne les quatorze femmes nouvellement nommées en 2021, une possède la double nationalité suisse et américaine, six sont Américaines, trois viennent de Grande-Bretagne, deux de France, une d’Allemagne et une d’Italie. En d’autres termes, 92% des nouvelles cadres supérieures proviennent de l’étranger. C’est réjouissant dans la mesure où cela montre que notre pays continue d’attirer des talents d’horizons divers, dont l’économie a évidemment besoin. 

Si je salue cet accroissement, il reste encore du chemin à parcourir pour que les femmes cadres de notre pays puissent accéder à des postes dirigeants afin de briser le fameux «plafond de verre». A mon avis, ce n’est ni en instituant des quotas ni des obligations légales supplémentaires que les choses vont évoluer, mais c’est bel et bien par la formation, une fiscalité supportable qui ne décourage pas les couples de travailler, la flexibilisation du travail et des structures d’accueil que les femmes pourront progresser hiérarchiquement au sein des entreprises. 

Leur accession à des fauteuils directoriaux est d’autant plus souhaitable qu’elles disposeront sous peu d’une opportunité de promotion: le monde du travail va, à terme, manquer de personnel en raison du départ programmé à la retraite des baby-boomers, dont un nombre élevé d’hommes occupant des fonctions dirigeantes. C’est donc une évidence: l’économie va avoir besoin des femmes dans un avenir proche, et cela à tous les degrés de la hiérarchie.   

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