L’innovation vaudoise sous la loupe

On salue loin à la ronde la capacité du canton de Vaud à innover. Mais quels sont les contours exacts et l’importance de cet écosystème? L’étude «Vaud innove», réalisée par la CVCI, la BCV et Innovaud, et disponible dès aujourd’hui sur un site internet dédié, répond à ces questions et à bien d’autres.

L’avenir appartient à ceux qui innovent tôt. Cet adage revisité résume les enjeux et défis qui se profilent pour l’économie à l’heure de la digitalisation, des algorithmes et de l’intelligence artificielle. Le canton de Vaud, la Suisse romande et la Suisse ont heureusement compris depuis belle lurette l’importance de l’innovation en dynamisant la recherche et le transfert de technologie, au point de faire de cet écosystème l’un des plus vigoureux du monde. Mais que sait-on réellement de la cartographie et des perspectives de l’innovation vaudoise?

C’est pour dresser un bilan de la dynamique en route que la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI), la Banque Cantonale Vaudoise, via son Observatoire de l’économie vaudoise, et Innovaud ont réalisé l’étude «Vaud innove». Chaque semaine pendant deux mois, un thème relatif à l’innovation sera abordé en détail sur le site internet www.vaudinnove.ch. Le premier volet, en ligne dès aujourd’hui, aborde les contours de cet écosystème et détaille quelques-unes créations les plus emblématiques réalisées par des entreprises établies dans le canton, comme la souris de Logitech ou les capsules de café Nespresso.

D’autres chapitres exploreront successivement les différents visages de l’innovation dans le canton, la force de son dispositif de recherche académique, les flux de transfert de technologie vers l’économie, les impacts et les enjeux de l’innovation pour les entreprises et la création d’emplois, les conditions-cadres, etc.

Innover est la clé de la pérennité

Ce travail de recherche, basé sur l’analyse fine de très nombreuses data récentes, n’a pas été réalisé dans la seule intention de célébrer le génie vaudois. Ces informations de référence ont avant tout pour but de montrer les spécificités et les besoins de cet écosystème à tous les acteurs économiques et politiques afin qu’ils en prennent toute la mesure.

Nos entreprises le savent: innover est la clé de la pérennité, d’autant plus que le marché suisse, même s’il croît, est limité et que la matière grise est la seule ressource dont nous disposons. Innover, c’est la condition sine qua non pour rester compétitif, conquérir de nouveaux marchés et participer activement à la prospérité du canton.

Mais rien n’est cependant acquis: l’innovation reste un processus qui doit être encadré et soutenu constamment pour demeurer dynamique.

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L’EPFL, un modèle d’ouverture sur le monde

L’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) célèbre ses 50 ans cette année. Figurant dans les meilleurs classements académiques mondiaux, l’institution a su s’ouvrir vers l’étranger, entraînant tout un canton dans son sillage.

Nul doute qu’il y aura foule, les 14 et 15 septembre prochains, sur le campus de l’EPFL, à Ecublens. A l’occasion de son demi-siècle d’existence, l’institution ouvrira ses portes pour présenter son rôle et ses missions au public, qui aura l’opportunité de mesurer l’excellence de celle qu’on appelait autrefois l’EPUL. Sous la houlette de son ancien président, Patrick Aebischer, l’EPFL est devenue un établissement de premier plan au niveau mondial, trustant les places d’honneur dans les classements académiques planétaires. Ouverture à l’univers des neurosciences, à l’innovation en général et mise en valeur du site – le rutilant Rolex Learning Center en est la parfaite illustration – ont contribué à accentuer et à pérenniser une renommée justifiée.

Son successeur, Martin Vetterli, lui a emboîté le pas afin de maintenir ce haut niveau d’exigence dans un monde universitaire toujours plus concurrentiel. Invité l’autre soir sur le plateau du «19:30» de la RTS, le président actuel de l’EPFL a rappelé combien ces «rankings» donnaient une grande visibilité à l’institution, qui lui permettent d’attirer des professeurs et des chercheurs de renom des quatre coins de la planète. Cette réputation suscite également des vocations dans les auditoires: l’école compte aujourd’hui plus de 11’000 étudiants venant de plus de 116 nationalités.

Ce cosmopolitisme illustre à quel point notre pays a besoin de l’étranger pour prospérer. Interrogé sur le surplace de l’accord-cadre, Martin Vetterli a d’ailleurs fait part de l’inquiétude que ce blocage institutionnel suscitait pour les milieux académiques dans la perspective d’une collaboration scientifique à l’échelle européenne.

Migration bénéfique

Hasard du calendrier, une statistique vaudoise sur la migration diffusée la semaine dernière tombe à point nommé pour rappeler combien l’ouverture est bénéfique pour l’économie suisse. Il ressort ainsi que la part de la population active issue de la migration, prise en compte jusqu’à la troisième génération, a atteint 54% dans le canton de Vaud en 2018. Selon les chiffres publiés, «445’000 résidants exercent une activité professionnelle ou sont à la recherche d’un emploi. La population active vaudoise compte ainsi 104’000 personnes de plus (+31%) qu’en 2002, année de l’entrée en vigueur de l’Accord sur la libre circulation des personnes avec l’Union européenne.» Rappelons, dans ce contexte, que le taux de chômage dans le canton s’est établi à 3,2% à la fin du mois de juillet 2019.

À l’heure où certains prônent le repli et l’isolationnisme, il est bon de rappeler que notre pays ne saurait vivre en vase clos et qu’il a tout intérêt à entretenir les meilleures relations possibles avec ses partenaires européens et d’ailleurs. Il conviendra de s’en souvenir à l’heure de glisser son bulletin de vote le 20 octobre prochain à l’occasion des élections fédérales.

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Créativité, diversité, innovation, les atouts de l’enseignement privé


Une école en vue qui ferme ses portes traduit-elle les difficultés d’un secteur tout entier ? Comme une hirondelle ne fait pas le printemps, la fermeture récemment annoncée de l’école GEMS, à Etoy, n’annonce pas les frimas pour les établissements privés de notre région.

Il est évidemment malheureux de voir des emplois disparaître et des investissements ne pas connaître la réussite espérée. Mais cette conclusion regrettable ne traduit pas la réalité de l’Arc lémanique. En effet, l’écrasante majorité des nombreuses écoles installées dans notre région se porte bien. Le poids économique direct et indirect de ce secteur contribue à faire de la Suisse romande un environnement à haute valeur ajoutée. En effet, l’enseignement privé n’est ici ni une nouveauté, ni une spécialité réservée à une élite. Rien que sur Genève et Vaud, l’Office fédéral de la statistique recense plus de 220 écoles privées, dont trois quarts d’établissements non subventionnés. Ils reflètent une tradition qui a évolué avec son temps, et qui conjugue désormais une multitude d’offres, de méthodes et d’approches qui répondent à des besoins nouveaux.

Car une société plus ouverte, plus mobile, plus attentive à la diversité des parcours personnels et des aptitudes, attend des institutions chargées de la transmission du savoir de sortir d’un modèle unique. Par définition, l’école publique, qui change elle aussi à son rythme, ne peut couvrir l’ensemble des demandes. Dans cette perspective, il est intéressant de noter une complémentarité qui s’exprime notamment dans le développement, ces dernières années, d’établissements centrés sur des cursus bilingues ou plurilingues. La demande ne vient pas que des « expats » : les familles d’ici savent aussi l’importance de ce facteur dans l’avenir de leurs enfants, et trouvent dans ces écoles réponse à leurs aspirations. Cela dit, il est clair que la présence de ces établissements, qui garantissent à leurs élèves un continuum en termes de cursus scolaire, fait partie des atouts majeurs de notre région en matière d’attractivité économique.

Une complémentarité gagnante

La flexibilité inhérente à l’organisation privée permet également de tester des nouveautés pédagogiques, d’anticiper, de créer un cadre différent. Et, parfois, de tester des éléments qui seront utiles au public – à témoin le programme pilote qu’une école vaudoise a développé en coopération avec la Haute école pédagogique (HEP) du canton de Vaud, pour l’adoption pédagogique des outils numériques.

De 2014 à 2016, l’école Haut-Lac, établissement international bilingue installé à Blonay, a conduit un projet baptisé « un élève – une tablette », impliquant huit enseignants et deux formateurs chercheurs de la HEP Vaud. Il s’agissait de tester, d’observer et d’optimiser, à échelle réelle, l’utilisation d’une tablette numérique en classe pour chaque élève. L’objectif ? Améliorer les techniques d’enseignement, renforcer les apprentissages et la formation des enseignants, et documenter la recherche scientifique. Les chercheurs de la HEP Vaud ont en effet régulièrement transmis leurs conclusions à la communauté scientifique internationale. Le modèle a inspiré l’approche actuelle du numérique par l’enseignement public vaudois. Un exemple très parlant alliant innovation et complémentarité.

C’est encore sous l’œil de la complémentarité que l’on doit considérer le rôle des établissements privés dans leur capacité à intégrer des typologies d’élèves qui représentent un défi particulier. De manière générale, cette complémentarité globale est bien comprise par les pouvoirs publics, qui y trouvent leur compte. La reconnaissance récente par Genève de la délivrance de la maturité cantonale par les établissements privés en est la preuve. Vaud reste, en Suisse, l’un des derniers cantons à n’avoir pas franchi ce pas.

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La croissance ralentit, mais l’heure n’est pas à l’alarmisme

Le Brexit, qui s’éternise, et les guerres commerciales allumées par le président Trump réactivent le spectre d’une récession. Les perspectives restent néanmoins globalement favorables, selon les experts. Le chômage, lui, ne préoccupe plus guère les Suisses.

C’est une première depuis plus de vingt ans: le chômage, qui figurait en tête des préoccupations de la population dans le Baromètre de l’institut gfs.bern et de Credit Suisse depuis 1997, a été relégué au sixième rang. Désormais, la prévoyance vieillesse est la première source d’inquiétude de nos compatriotes, devant la santé/assurance-maladie. Suivent les problématiques des étrangers, de l’asile, et de la protection de l’environnement. Le chômage a ainsi accusé un recul considérable de 22 points de pourcentage en une année. Selon les auteurs de cette enquête, «le débat actuel sur la destruction d’emplois par la numérisation ne semble guère influencer la perception des Suisses. Par rapport à l’année dernière, beaucoup moins de sondés perçoivent le chômage comme une préoccupation et 75% des Suisses jugent également peu probable que leur emploi soit remplacé par des robots, de nouvelles technologies ou des logiciels intelligents dans les vingt prochaines années. Dans l’ensemble, 85% des personnes interrogées estiment que leur emploi est très sûr ou plutôt sûr.»

Cette confiance trouve en partie sa source dans la remarquable résilience dont fait preuve l’économie de notre pays depuis de nombreuses années, en particulier dans le canton de Vaud. La dernière enquête conjoncturelle de la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie confirme cette faculté puisque la grande majorité de ses entreprises membres (83%) prévoient un chiffre d’affaires stable ou en hausse, alors que les effectifs devraient continuer à augmenter légèrement.

En économie, cependant, les choses peuvent évoluer très vite. La persistance du président Trump à allumer des feux protectionnistes à tout-va et les incertitudes régnant autour du Brexit semblent éroder quelque peu la confiance affichée en ce début d’année. L’institut CREA d’économie appliquée de l’Université de Lausanne a publié la semaine dernière un résumé des prévisions pour l’économie suisse. Pour ses experts, «c’est avant tout l’évolution conjoncturelle internationale qui plombe un peu le moral des entreprises. Il s’ensuit que les mois à venir devraient voir un recul des activités de production, qui se reflètera dans un net recul des investissements en équipements. Cependant, cette évolution négative ne devrait pas perdurer longtemps.»

La croissance demeure

CREA prévoit ainsi que la croissance va connaître un net repli cette année (1,4%), avant une accélération modeste en 2020 (1,9%) et plus forte en 2021 (2,3%). «Notre pays a commencé à être impacté par les mauvaises performances de l’économie européenne et cela à travers ses exportations», notent les experts de cet institut. Ils relèvent que «la plupart des PME exportatrices ne désespèrent cependant pas et presque la moitié s’attendent malgré tout à une croissance de leurs exportations pour la fin de l’année», comme en témoigne, entre autres, le sous-indice de l’emploi qui se trouve toujours dans la zone de croissance, indiquant que les entreprises restent confiantes et continuent à embaucher.

L’heure n’est donc pas à l’alarmisme. Une croissance à la baisse reste positive, et les perspectives ne sont pas mauvaises. La faîtière economiesuisse a ainsi fait savoir hier qu’elle tablait sur une croissance de 1,4% du produit intérieur brut (PIB) pour 2019 et de 1,2% en 2020. «Le chômage reste faible, mais ne poursuit pas sa baisse», ajoute-t-elle. De quoi faire remonter à terme cette préoccupation dans le baromètre précité? L’avenir le dira. Il reste que les fondamentaux de notre économie demeurent solides et nul doute que l’éclatant succès de la votation sur la fiscalité des entreprises et le financement de l’AVS devrait permettre à notre économie de maintenir une dynamique solide.

S’endormir sur ses lauriers serait évidemment une grave erreur. Les réformes doivent être poursuivies et il faut veiller notamment à ce que les talents de demain continuent de bénéficier d’une formation de haute qualité pour maintenir notre prospérité.

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Les machines ne seront rien sans l’Homme

Contrairement à ce que l’on lit et entend un peu partout, les perspectives sont favorables pour la grande majorité des entreprises vaudoises. L’enquête conjoncturelle que la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI) a menée ce printemps laisse entrevoir une stabilisation ou une hausse du chiffre d’affaires et une légère augmentation des effectifs en 2019 au sein des sociétés du canton, qui auront plus que jamais besoin de collaborateurs bien formés.

La situation est particulièrement réjouissante dans le secteur secondaire, où un quart des sondés envisagent une hausse du nombre d’emplois. Par ailleurs, la légère reprise des investissements observée l’an dernier devrait se confirmer cette année. Ces signaux encourageants pour la prospérité de notre canton interviennent pourtant dans un contexte peuplé d’incertitudes, comme les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, le Brexit et les relations Suisse-Union européenne à l’aune de l’accord-cadre. Le «Baromètre des préoccupations des entreprises» que la CVCI publie pour la 11e année consécutive indique d’ailleurs que la situation économique générale constitue la principale source d’inquiétude des entrepreneurs.

La recherche de nouveaux clients est aussi largement évoquée par les répondants, en particulier dans les PME de moins de 30 employés, de même que la difficulté de recruter, spécialement aiguë au sein des entreprises de plus de 100 employés. A cet égard, les initiatives qui menacent la libre circulation des personnes inquiètent et montrent l’attachement des sociétés aux accords qui nous lient à l’UE. Ainsi, 60% des entreprises estiment que les difficultés de recrutement se feraient sentir encore davantage en cas de résiliation des accords bilatéraux, une proportion qui grimpe à 96% au sein des grandes entités.

Si la politique ne parviendra pas à elle seule de solutionner la pénurie de main-d’œuvre, la robotisation pourrait en revanche constituer une voie pour en atténuer les effets. Dans sa récente étude «Humains recherchés pour épauler les robots», Manpower relève les immenses espoirs suscités par l’automatisation. Dans 35 des 44 pays couverts par son enquête, un nombre croissant d’entreprises prévoit d’augmenter ses effectifs ou de les maintenir à leur niveau plutôt que de les réduire. «Les entreprises qui se sont déjà engagées sur la voie de la digitalisation sont en plein développement, et cette croissance génère de nouveaux emplois originaux et encore peu répandus», notent les auteurs de l’étude.

À l’heure où l’automatisation devient la norme et où les machines gagnent en efficacité dans l’exécution de tâches répétitives, il est intéressant de relever que les employeurs valorisent de plus en plus les compétences humaines. L’étude précitée prévoit que d’ici à 2030, «la demande de qualités humaines tant sociales qu’émotionnelles va progresser, tous secteurs confondus, de 26% aux Etats-Unis et de 22% en Europe». Mais ces talents ne vont pas tomber du ciel. Dans cette révolution en cours, «les entreprises doivent entretenir une culture de l’apprentissage, aiguiller leurs employés sur la gestion de leur carrière et leur proposer des solutions pour acquérir des compétences nouvelles à travers des modules brefs et ciblés», estiment encore les experts de Manpower.

La formation continue est certes centrale, mais il ne faut surtout pas négliger la formation initiale. L’école a elle aussi un rôle capital à jouer pour préparer les talents de demain en privilégiant l’humain. L’instruction publique a formé des générations d’élèves qui savent compter, mais qui n’ont plus d’esprit critique. Il est grand temps de réhabiliter la réflexion pendant le parcours scolaire, afin que les employés de demain puissent faire valoir des soft-skills, des qualités humaines et des compétences relationnelles.

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Viser l’excellence seul dans son coin est illusoire

La Suisse se place en troisième position des meilleurs systèmes de hautes écoles internationaux selon le classement d’un institut britannique. Cette position flatteuse tient autant au génie helvétique qu’à son ouverture sur le monde.

La richesse d’un pays se mesure à l’aune de son PIB et donc à la performance de ses entreprises. Mais elle s’apprécie aussi par sa capacité à dispenser des formations de qualité pour assurer la pérennité et le développement de son économie. Dans une récente publication, Avenir Suisse relevait que «la haute qualité du système de formation tertiaire, avec des hautes écoles bien connectées à l’étranger, est d’une grande importance pour la place économique suisse. Elle attire du personnel hautement qualifié et renforce la force d’innovation de notre pays dans son ensemble. La réussite économique de la Suisse dépend donc dans une large mesure des compétences développées dans notre système de formation et d’innovation.»

De ce point du vue, la Suisse fait bonne figure depuis de nombreuses années au plan international. Le dernier classement établi par QS World University Ranking, institut britannique de conseil, vient confirmer cette réjouissante constance. Selon l’échelle de Quacqarelli Symonds (QS), qui tient compte de différents indicateurs, notre pays se place en troisième position des meilleurs systèmes de hautes écoles au niveau mondial en 2018. Elle n’est devancée que par les États-Unis et par la Grande-Bretagne. Cinq établissements figurent dans le top 100: l’École polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) au 19e rang, l’Uni de Zurich au 54e, l’Uni de Genève au 59e, l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) au 81e et l’Uni de Bâle au 96e rang. L’Université de Lausanne (Unil) progresse dans ce palmarès et se trouve aux portes des 100 meilleures. Elle a probablement bénéficié de la renommée du professeur Jacques Dubochet, prix Nobel de chimie en 2017, comme l’a dit dans la presse Nouria Hernandez, rectrice de l’Unil.

Mieux encore, dans deux branches, les Hautes écoles helvétiques sont même les meilleures du monde: l’École hôtelière de Lausanne (EHL) est passée du 2e au 1er rang. Quant à l’EPFZ, elle conserve la position de tête qu’elle détient depuis plusieurs années dans le domaine des biosciences. Dans le domaine «Computer Science & Information Systems», l’EPFL passe du 18e rang au 8e (l’EPFZ est 9e) et dans le domaine «Engineering – Electrical & Electronic», l’école lausannoise progresse du 16e au 9e rang. Le ranking de QS prend également en considération la prestation scientifique, à savoir notamment le nombre de publications ou le nombre d’études citées par d’autres études. Cette année, ces critères ont contribué de manière significative au succès des Hautes écoles suisses.

Indispensable ouverture

Ces performances enviables ne tombent évidemment pas du ciel. Elles résultent de la volonté des autorités d’investir dans l’une des rares matières premières que notre pays possède, à savoir la matière grise. Le génie suisse ne se suffit cependant pas à lui-même: il dépend aussi des échanges avec l’étranger. L’ouverture au monde reste primordiale. À la veille de s’exprimer sur deux objets touchant nos relations avec l’Union européenne (RFFA et loi sur les armes, le 19 mai prochain), la population serait bien avisée de se souvenir des effets désastreux de l’acceptation, le 9 février 2014, de l’initiative «Contre l’immigration de masse». L’automne dernier, le Secrétariat d’État à la formation, à la recherche et à l’innovation a publié un rapport qui fait état de ces dégâts, chiffres à l’appui. Ainsi, de 2014 à 2016, notre pays n’a eu que partiellement accès au 8e programme-cadre européen de recherche, nommé Horizon 2020. Il s’agissait clairement d’une mesure de rétorsion découlant de ce scrutin. L’estimation fédérale est frappante: de 2014 à aujourd’hui, l’enveloppe globale a fondu à 1,1 milliard par rapport à celle allant de 2007 à 2013, qui s’élevait à 2,5 milliards de francs. Le scrutin du 9 février a donc coûté 1,4 milliard à la recherche suisse.

Viser l’excellence seul dans son coin est illusoire. Le partage d’expériences et les échanges restent des conditions de base pour y parvenir.

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