Une législation bénéfique au climat et à l’économie

La loi sur le CO2, soumise au vote en juin prochain, constitue un bon compromis pour faire face aux défis environnementaux. Entre encouragements et mesures incitatives, elle permet d’investir dans l’innovation, de maintenir et de créer des emplois dans notre pays.

Les glaciers fondent, les laves torrentielles se multiplient et les records de chaleur sont battus chaque été. Devant cette urgence climatique que personne ne peut nier, c’est le moment de passer à l’action. La loi sur le CO2, sur laquelle les citoyens se prononceront le 13 juin, constitue un bon moyen de s’y mettre. Elle vise à libérer graduellement notre pays de sa dépendance aux énergies fossiles – qui nous coûtent chaque année huit milliards en importations – tout en favorisant les investissements dans l’innovation. Soutenu par le Conseil fédéral et le Parlement, ce texte crée des conditions-cadres favorables, car elle se base sur des objectifs à atteindre et laisse aux entreprises une grande marge de manœuvre et de liberté de décision pour y parvenir. Pour le monde de l’économie, il s’agit d’une opportunité à saisir. C’est pourquoi de la CVCI la soutient.

Les entreprises qui investissent dans des mesures climatiques sont gagnantes. Le libre accès de celles-ci au système des conventions d’objectifs est un point positif de cette nouvelle législation. Elle leur permet, de la PME à la grande société, de s’affranchir de la taxe sur le CO2 et d’augmenter encore significativement leur contribution à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. L’opération est aussi positive pour les propriétaires qui réduisent leur consommation de mazout ou qui optent pour un chauffage au bois ou à l’énergie solaire.

Bon pour l’innovation

Surtout, cette loi prévoit la création du Fonds pour le climat dans le but d’encourager les mesures en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique. Ce Fonds permettra notamment de financer la recherche dans de nouvelles technologies. Pour les entreprises suisses, ce sera un moyen de mettre sur le marché plus rapidement des technologies novatrices respectueuses du climat. On peut raisonnablement tabler sur des investissements massifs dans la recherche, l’innovation et le développement. Par son savoir-faire, notre pays peut profiter de ce trend pour se profiler comme un haut lieu de progrès énergétique. Le pôle d’innovation suisse créera ainsi de nouveaux emplois et s’assurera d’importants marchés d’avenir.

Même si elle ne correspond pas complètement aux attentes de l’économie – on l’a vu avec la demande de référendum de certains milieux -, cette loi s’avère nécessaire. Refuser ce texte impliquerait un retour en arrière de plusieurs années. La loi actuelle resterait certes en vigueur, mais les mesures temporaires telles que les conventions d’objectifs avec remboursement de la taxe sur le CO2 disparaîtraient. En cas de rejet, la Confédération devrait élaborer une nouvelle loi et perdrait ainsi un temps précieux pour atteindre les objectifs climatiques fixés pour 2030, via l’Accord de Paris, et pour 2050.

Pour pouvoir atteindre l’ambitieux objectif zéro émission nette à moyen terme et de manière durable, des efforts sont nécessaires de la part de tous les acteurs en présence. Le monde de l’économie représente une partie non négligeable de la solution au défi climatique. La plupart des entreprises sont prêtes à aller de l’avant et cette loi peut y contribuer. Le train vers un environnement moins pollué est en marche, et il paraît absurde de le freiner en s’opposant aux modifications législatives proposées. C’est pourquoi la loi sur le CO2 doit être adoptée par le plus grand nombre le 13 juin prochain.

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Claudine Amstein

Claudine Amstein est la directrice de la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie, depuis 2005. Après avoir été juriste et secrétaire générale de la Chambre vaudoise immobilière, elle en reprend la direction en 1993. Elle a été constituante au Grand Conseil vaudois, avant d’en être députée pendant dix ans. Elle est très engagée dans les associations faîtières de l'économie suisse.

14 réponses à “Une législation bénéfique au climat et à l’économie

  1. Comme les Verts , libéraux ou pas, vous prônez le fait que le peuple Suisse, les agriculteurs, les livreurs, et tous ceux qui n’auront pas accès au maigres subsides pour se payer une nouvelle voiture ou un nouvel outils de travail devra donc se tirer une balle dans le pieds ?
    Décidément, vous vous trompez très souvent de combat.
    Pourquoi ne pas pénaliser les importations de matériaux et autres produits en provenance de Chine ou d’Indonésie qui EUX ne respectent aucune réglementation en termes de CO2 ?
    Pourquoi vouloir toujours taxer le Suisse ? Est-ce un but de la CVCI ?
    Je ne vous comprends pas et le citoyen non plus !

    1. Je le rappelle, la loi sur le CO2 est le fruit d’un compromis, qui ne peut satisfaire chacun. Mais l’urgence climatique commande de prendre le taureau par les cornes, et chaque pays doit faire sa part. Ce texte laisse aux entreprises une grande marge de manœuvre et leur permet de s’exonérer de la taxe CO2. Du point de vue du monde de l’économie, il s’agit d’une opportunité à saisir pour innover et s’assurer ainsi d’importants marchés d’avenir.

  2. La Chambre Vaudoise veut pénaliser le citoyen en leur mettant encore une taxe ? Mais c’est incroyable !
    Il y en a marre de toutes ces taxes!
    Pourquoi ne pas favoriser des projets dans différents pays qui polluent 1000 fois plus que la Suisse ?
    Il est à se demander si comme fédération vous soutenez les différentes corporations des fournisseurs de matériels de chauffages pour qu’ils se servent sur de nouvelles installations rendues obligatoires par votre politique de TAXES à tout va ?
    C’est visiblement la stratégie d’une CVCI passéistes guidé par les intérets de ses membres influents.

    1. Comme l’a rappelé ce matin à la radio l’ancien patron de l’OMC, Pascal Lamy, la décarbonation est une affaire collective, et la Suisse doit faire sa part. La bonne nouvelle est que les Etats-Unis sont de retour dans l’Accord de Paris.

      La loi sur le CO2 est le fruit d’un compromis, qui ne peut satisfaire chacun. Mais elle offre des opportunités aux entreprises, ce qui leur permettra de maintenir et de créer des emplois, ce qui profite à chacun. Il ne s’agit pas de passéisme, mais de vision d’avenir.

      1. Cette loi va laisser l’opportunité surtout à nos petits paysans ou leurs entreprises familiales de se faire pénaliser avec des coûts et autres taxes inventés par des technocrates!
        La décarbonation n’est pas une affaire collective mais un façon de donner du travail uniquement a des technocrates et autres fonctionnaires pour qu’ils existent!
        Si vous vouliez faire une action pour le climat vous viendrez nous aider à écouler nos récoltes Suisse, notre production locale Suisse, nos vins Suisse sur le marché avant de favoriser les gros distributeurs à mettre sur le marché Suisse des produits Espagnols et Indonésiens !
        A oui j’oubliais que Nestlé achète le droit de polluer du Carbone, pour écouler de l’huile de palme et du cacao indonesien !

        1. “La décarbonation n’est pas une affaire collective” Ah oui ? C’est un problème de nature individuelle ?

          Et lorsque le changement climatique mettra à mal l’agriculture, ça sera aussi un problème individuel ? Les Alpes ont un sensibilité climatique double par rapport à la moyenne, comme l’arctique. Quand on parle de +1.5°C en moyenne globale, on oublie vite que pour le milieu alpin ça représente +3°C. Imaginer que l’agriculture et le tourisme de montagne va s’en accommoder sans mal et sans coûts est terriblement naïf. Ce qui est certain, c’est qu’à ce moment là on viendra chercher des solutions collectives appelées subsides, généralement financés par des impôts.

          Même si cela n’était pas un problème, il est bon de rappeler que l’AIE prévoit le pic de production pétrolier pour 2025-2028. Peut-être serait-il sage d’augmenter notre souveraineté au niveau énergétique avant que l’offre baisse et les prix montent ? Après tout, le pétrole c’est quand même 50% de notre énergie primaire et 8 Mrds d’importations par an.

          La réalité est que pour le moment les combustibles fossiles sont subventionnés par l’exclusion de leurs externalités dans leur prix. Celles-ci seront payées au final en glissement de terrains, sécheresses et glaciers perdus.

  3. Oui, pas d’autres solutions: la petite Suisse, très peuplée et déjà îlot de cherté, doit sauver la planète.

    Les plus nombreux (la masse), donc la classe moyenne, doit donc payer le prix fort …. augmentation soudaine des transports et du logement (car il est bien clair que les coûts seront reportés sur les consommateurs et les locataires) causant une inflation générale des prix (15-20 cts d’augmentation soudaine par litre, ça passe pas inaperçu).

    Pour les plus riches qui pourront se payer une électrique haut de gamme, la trève sera de courte durée car il est de taxer bientôt au kilomètre pour compenser les pertes fiscales. Avec la demande, le prix de l’électricité va donc aussi prendre l’ascenseur.

    Le pouvoir d’achat déjà raboté par le virus dans certains secteurs va en prendre un coup car il n’est pas prévu d’augmenter les salaires. Mais les Suisses ont eu une année pour s’habituer à ne plus voyager et à consommer moins (restos, culture, etc). La transition vers la décroissance sera donc plus facile.

    Quand aux méchants avions, il seront à nouveau reservés à ceux qui le méritent (et de préférence en jet privé) car l’offre et la demande vont s’effondrer. Le look “congés-payés” va enfin à nouveaux disparaître des cabines pour monter en classe…

    Car plus question de voyager pour une famille Suisse de 4 personnes (480.- de taxes à ajouter à un prix du billet qui va aussi prendre l’ascenseur avec la taxe kérosène et l’amortissement des pertes Covid)… le Zurich-Lisbonne va passer à 750.- par personne… (dans le meilleur des cas). Le tourisme Suisse se frotte les mains…

  4. Un peu surprise par le contenu de votre blog: il n’y pas longtemps, vous vantiez les mérites de l’importation d’huile de palme depuis l’Indonésie (qui n’est pas soumise à la taxe CO2) et maintenant vous soutenez que les Suisses paient une taxe pour manger local à cause du CO2 produit localement. Donc vous encouragez les importations depuis l’Asie qui sont encore plus polluantes.

    Si nos montagnes se réchauffent, ce n’est pas qu’à cause du CO2 émis localement (8.6 mio d’habitants sur presque 8 miliards), Le réchauffement climatique est global et votre discours n’est donc pas très cohérent.

    1. L’huile de palme n’était qu’un élément marginal de l’accord avec l’Indonésie. La Suisse a besoin d’échanges avec l’étranger et ne peut pas, de ce fait, viser l’autarcie. Ce qui ne l’empêche pas de prendre sa part dans la décarbonation, qui est une affaire collective.

      1. Oui, elle va exporter (par bateau sans taxe carbone) notamment des pesticides vers l’Indonésie (vérifiez c’est prévu et c’est en forte croissance pour faire pousser les palmiers à huile)…

        Quand un système est pourri, ce n’est pas ajoutant une taxe qu’on va le régler…

  5. Moi ça m’arrange du moment que je ne suis pas soumis à la taxe: il devrait y avoir moins de monde sur la route sur la partie Suisse (je viens d’Annecy tous les jours). Pour l’avion, j’aimais bien partir de Genève mais peut-être qu’il n’y aura pas de taxe si vous partez depuis la partie française de l’aéroport (alors les Genevois, ils pourront aussi échapper à la taxe en passant par Paris pour les vols intercontinentaux).

    Sinon il y a aussi Lyon et si on repasse par la Suisse. Il n’y a pas de taxe pour les étrangers en transit. Bref, il y a toujours une solution sauf si vous habitez au mauvais endroit.

  6. – Importation d’électronique chinoise: pas de taxe CO2

    – Interdire les pesticides: oulah, no agriculteurs ne s’en sortiraient plus face aux importations.

    – Multinationales responsables: oulah, on se tire une balle dans le pied, pourquoi imposer nos normes à l’étranger à nos entreprises.

    – Libre échange: pas de taxe CO2 sur les importations d’huile de palme.

    – GAFAM: pas de taxe CO2 (ni de taxe tout court).

    – Bitcoins gourmands en énergie: en s’en fiche, les machines sont en majorité en Chine et approvisionnée par centrale thermique charbon. Au total: 122 TWh. Chaque achat depuis la Suisse, c’est un joli trajet en voiture.

    – Passager en transit à Zürich: pas de taxe CO2 sur l’avion, sinon il passerait par ailleurs.

    …. et maintenant qui va payer tout seul l’addition si personne ne paie ! Bon, au moins, on vote donc les gens ne pourront pas se plaindre. Pour le climat, pas certain du résultat.

  7. Oui, en théorie, vos propos font du sens.

    Dans la pratique, je me questionne sur la capacité de la classe moyenne et populaire, déjà mise à mal par 18 mois de pandémie, à encaisser une telle augmentation des prix sur les dépenses de base (donc non compressibles) à laquelle viendra s’ajouter une hausse de la TVA (AVS) et d’autres hausses d’impôts pour combler le déficit abyssal dans les comptes à cause du Covid.

    D’autant plus que les aides incitatives ne seront pas à portée des plus pauvres. Les propriétaires de maisons recevront des subventions ainsi que ceux qui changent leur voiture pour une électrique haut de gamme de marque américaine connue (dans certains pays, les aides ont été supprimées pour de tels achats).

    Les plus pauvres risquent alors de “décrocher” et vont, à coup sûr reporter le changement de voiture d’un ou deux ans tout en subventionnant celle des plus riches avec la taxe CO2…

    Il n’est donc pas étonnant que les partis populistes se soient engouffrés dans la brèche car si la transition écologie touche davantage les plus pauvres, ils risquent de revenir en force dans le futur.

  8. double discours , donc incohérence des propos : d’un côté la libre circulation des marchandises , incluant l’importation de l’eau minérale que l’on va chercher jusqu’en Nouvelle Zélande (!) , et de l’autre une taxation arbitraire des consommateurs les moins riches pour se donner bonne conscience !
    Parce que le problème climatique mondial ne peut pas être réglé si des pays comme l’Inde construisent encore des centrales au charbon !

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