Le Canton doit mettre sur pied un vrai plan de relance pour les PME

Face à la crise du coronavirus, le gouvernement vaudois reste avare de mesures fiscales et économiques permettant aux entreprises de passer ce cap périlleux. Il y a pourtant urgence à délier les cordons d’une bourse que celles-ci ont largement contribué à remplir.

Le contraste est saisissant:  pendant que la Confédération aligne les mesures en faveur de l’économie à coup de dizaines de milliards de francs pour contrer les effets de la crise du Covid-19, le canton de Vaud fait preuve d’une réserve coupable dans ce dossier. C’est d’autant plus incompréhensible que la situation financière vaudoise est très favorable: le gouvernement ne vient-il pas d’annoncer qu’il réservait 403 millions provenant du bon résultat des comptes 2019 pour intervenir? Et si les chiffres sont aussi bons, depuis quinze ans rappelons-le, ils le doivent avant tout aux entreprises et aux employés que celles-ci salarient. Il est donc grand temps d’utiliser ce bas de laine pour soutenir un tissu économique meurtri par la crise actuelle.

Hier, les organisations économiques du Canton, dont la CVCI, ont tapé du poing sur la table en réclamant des actes forts par voie de communiqué. Le Conseil d’État a certes annoncé un soutien pour les start-up à hauteur de 20 millions, à quoi s’ajoutent 50 millions pour augmenter le fonds du chômage, ainsi que la suppression des intérêts moratoires pour les personnes morales. Une mesure que, soit dit en passant, Genève a prise il y a deux semaines, l’étendant même aux personnes physiques. Créer, en outre, un fonds d’aide d’urgence et d’indemnisation de 39 millions de francs pour le secteur culturel vaudois, c’est bien, mais qu’en est-il du reste de l’économie (indépendants, commerçants, patrons de PME, etc.)?

Plateforme d’échange nécessaire pour sortir de la crise

Pour le reste, c’est donc «circulez, il n’y a rien à a…voir». Cet attentisme n’est pas tolérable: les entreprises se débattent dans des difficultés considérables que les organisations économiques, en contact permanent avec leurs membres, ont identifiées. Elles connaissent leurs attentes et leurs besoins. C’est pourquoi elles demandent la création d’une plateforme permettant d’échanger régulièrement avec le gouvernement et son administration: «Cette délégation économique présenterait l’avantage de favoriser un échange d’informations et une consultation, inexistante à ce jour, sur les mesures possibles dans la volonté d’améliorer la situation du tissu économique vaudois», écrivent-elles. Il est nécessaire de faire circuler l’argent, de verser les salaires, de payer les sous-traitants, les fournisseurs. Cela relève de la solidarité, mais garantit aussi des revenus futurs.

Au-delà des mesures fiscales et économiques auxquelles elles sont en droit de prétendre, les entreprises attendent de leurs gouvernants qu’ils réfléchissent déjà à des scénarios de sortie de crise et de soutien à la reprise de l’économie dans toute sa diversité. Le Conseil fédéral a annoncé hier qu’il songeait à assouplir progressivement les mesures de lutte contre l’épidémie de coronavirus dès la fin avril. Le Conseil d’État doit en faire de même à l’échelon cantonal. Les entreprises ont besoin de cette visibilité pour passer ce cap et se réinventer dans un monde économique qui ne sera plus tout à fait le même.

www.cvci.ch/coronavirus

Photo: AdobeStock

Claudine Amstein

Claudine Amstein est la directrice de la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie, depuis 2005. Après avoir été juriste et secrétaire générale de la Chambre vaudoise immobilière, elle en reprend la direction en 1993. Elle a été constituante au Grand Conseil vaudois, avant d’en être députée pendant dix ans. Elle est très engagée dans les associations faîtières de l'économie suisse.

4 réponses à “Le Canton doit mettre sur pied un vrai plan de relance pour les PME

  1. en temps normal , les entreprises et leurs institutions , comme celle que dirige Mme Amstein, font le maximum pour exiger des baisses d’impôts , soit l’opposé de la solidarité !
    Mais aujourd’hui, quand les événements sont défavorables, les mêmes réclament cette solidarité qu’elles refusent en d’autres circonstances !
    Il faut qu’elles commencent à se montrer cohérentes avec elle-mêmes et à appliquer les mêmes règles quelles que soient les circonstances : moins elles payeront d’impôts, moins l’Etat doit se montrer solidaire envers elles !
    D’un autre côté, de même qu’on ne peut sauver tous les individus victimes du coronavirus , il sera difficile de sauver toutes les entreprises : certaines continueront de fonctionner avec peu d’impacts , d’autres avec difficultés s’en sortiront, enfin les plus fragiles disparaitront , c’est la règle du libéralisme que Mme Amstein soutient !
    Ou bien, on sort de la libre entreprise pour accepter que l’Etat se mêle des affaires ce qui horrifie les capitalistes les plus orthodoxes !

    1. Si l’Etat a aujourd’hui les moyens d’intervenir, il le doit aux impôts que les entreprises et que leurs employés versent dans la caisse cantonale. Il est donc temps d’utiliser cet argent pour soutenir un tissu économique durement impacté par la crise actuelle.

  2. Sur Vaud nous avons Monsieur Leuba avec sa sortie sur le “Dafalgan” qui est censé avoir des réponse censées …. Voilà donc identifié un maillon du problème de non-réponse de la part du département de l’économie !
    L’autre étant l’omniprésence du PLR dans toutes les décisions de l’état, tel le parti communiste Chinois fort bien décrit par votre co-rédacteur de blog M. Meuwly.
    Quand tout va bien il est facile de claironner les chiffres d’installation d’entreprise dans le canton de Vaud rendu possible par un arrêté Bony qui est apparu fort à propos quand le canton n’allait pas si bien.
    Par contre à la disparition de cet arrêté, plus rien ne peut être entrepris de créatif pour retenir les entreprises qui ont largement bénéficié des largesses de notre politique, ou de nos politiciens plus précisément… Pfffuitt…, plus de DEWS, plus de développement économique digne de ce nom, plus rien!
    On peut donc se rendre compte de la limite de la créativité intellectuelle dans le domaine de l’économie du département de M. Leuba.
    Dans un moment de crisse comme ce que nos entreprises vont traverser nous nous rendons compte que nous ne pouvons pas compter sur l’état, ni sur ceux qui ont été élus.
    Par contre ils vont continuer de nous faire rire avec des sorties tel que celle des remèdes pour une petite grippette !

    1. Le Conseil d’Etat est un gouvernement de gauche et nos attentes s’adressent à l’ensemble du collège, qui doit avoir une vraie volonté de soutenir l’économie.

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