Egalisation de l’âge de la retraite, les femmes sont pour!

Les Suissesses sont prêtes à travailler jusqu'à 65 ans. Elles sont d'accord d'augmenter la durée de travail d'une année, indiquent les politologues Silja Häusermann, Denise Traber et Thomas Kurer de l'Institut de sciences politiques de l'Université de Zurich (IPZ) dans une étude publiée dans la NZZ. Les sondées, de tous âges, toutes catégories socioprofessionnelles et tous bords politiques confondus s'accordent sur ce point. Et ce n'est pas surprenant. Cette étude est représentative d'une prise de conscience générale. C'est un des mouvements de fond qui s'opère en Europe. L'Allemagne et la Suède ont déjà franchi le pas et seront suivies par de nombreux autres pays-membre de l'UE.

Les associations économiques le préconisent depuis longtemps une réforme de l'AVS et 2ème pilier. L'allongement de l'espérance de vie de la population en est une raison, la baisse des rendements des capitaux en est une autre.

Mais ce débat dépasse la question de nos retraites. Depuis de nombreuses années, la Suisse fait face à une pénurie de main-d'œuvre. Une étude publiée en 2011, réalisée par le bureau d'étude BASS pour la centrale syndicale Travail.Suisse montre qu'il pourrait manquer 400'000 emplois en 2030. Elle met également en lumière les secteurs d'activité les plus touchés, c'est-à-dire les soins aux personnes âgés, l'école primaire, la police, les ouvriers du bois et bâtiment. Le travail des femmes jusqu'à 65 ans est un des éléments qui permettrait de contrer en partie ce phénomène, qui va s'amplifier ces prochaines années. Le marché du travail a besoin des femmes.

Et les femmes ont aussi besoin de cette réforme. Ajuster l'âge de la retraite des femmes pour qu'il soit égal à celui des hommes n'est pas un sacrifice demandé aux femmes, c'est une adaptation nécessaire. D'une manière générale, les femmes commencent leur carrière plus tard et ont souvent des trous dans leur parcours professionnel. Ces trous, souvent expliqués par la maternité, impliquent qu'elles cotisent moins. Une année de plus leur permettrait, en partie, de compenser ce manque à gagner. Cela ne résoudra pas tout, mais c'est un pas dans la bonne direction, il va dans le sens des multiples changements nécessaires dans ce domaine.

Si rien n'est fait au niveau de l'AVS, on va droit dans le mur. Nous n'aurons pas d'autre choix que baisser les prestations car il ne sera plus possible de les payer. Ce serait un coût bien supérieur aux 1,2 milliard que rapporterait cette hausse de l'âge de la retraite pour les femmes. C'est dans l'intérêt des hommes et des femmes. Si on ne résout pas ce défi, on laisse une dette à la génération future. Au bout du compte, quelqu'un va payer. Augmenter l'âge de la retraite des femmes d'une année est un moyen nécessaire qui pourrait à contribuer à régler les problèmes structurels de l'AVS.

Claudine Amstein

Claudine Amstein est la directrice de la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie, depuis 2005. Après avoir été juriste et secrétaire générale de la Chambre vaudoise immobilière, elle en reprend la direction en 1993. Elle a été constituante au Grand Conseil vaudois, avant d’en être députée pendant dix ans. Elle est très engagée dans les associations faîtières de l'économie suisse.