Favoriser le transfert de technologies, une nécessité

A quoi sert un parc Suisse d'innovation à l'heure du numérique? Cette question a été posée dans les médias ces derniers temps, après l'adoption du projet de cautionnement de prêts par le Conseil National.

Le développement de l'EPFL montre pourtant la nécessité d'un tel parc. Le nombre croissant d'étudiants et de start-up dans les deux écoles polytechniques suisses prouvent la nécessité d'offrir des surfaces proches des instituts académiques pour que les entreprises puissent s'y installer. Le signal de ce vote est que la politique, l'économie, les hautes écoles et les cantons sont prêts à travailler dans le même sens, celui de mieux favoriser l'innovation.

Certains, comme Xavier Comtesse, ancien directeur romand du think tank Avenir Suisse, ont critiqué le concept même d'un tel lieu. Selon lui, vouloir rapprocher les chercheurs et les entreprises est obsolète à l'heure du numérique. Il ne faut pas minimiser les possibilités incroyables qu'offre le numérique, c'est certain. Mais l'innovation est souvent le fruit de personnalités diverses et complémentaires qui se rencontrent. Elles doivent également avoir la possibilité de transférer les technologies. Possibilité offerte par la proximité. Des entreprises comme AC Immune, Abionic, Lunaphore Technologies se sont créées sur le campus de l'EPFL. D'autre, comme Nestlé et Logitech s'y installent, voyant le potentiel créatif.

C'est un biotope dans lequel se retrouvent la recherche scientifique et l'entreprise pour faire émerger des produits commercialisés au niveau mondial. Il est question d'excellence scientifique, mais pas seulement. La valeur ajoutée de la Suisse, depuis un certain temps, se situe dans la formation, l'innovation.

La Suisse n'a pas de matière première, elle a de la matière grise. Son salut, elle le cherche et le trouve dans l'innovation. On ne peut donc que se réjouir que la Confédération s'engage à cautionner des prêts dans le but de soutenir le développement de l'innovation, surtout en cette période d'incertitudes liées au franc fort. La somme annoncée de 350 millions n'est pas excessive, d'autant plus qu'elle est étalée sur plusieurs années. C'est nécessaire pour le matériel et pour ne pas être à la traine face à une compétition internationale féroce. La Suisse est en compétition avec des géants dans le domaine, comme la Silicon Valley, le Boston Innovation District et, plus récemment, Tel Aviv. Notre pays a les ressources et les compétences pour être dans les meilleurs mondiaux, ce sont les facilités de transferts de technologies qui lui font encore défaut. Tout porte à croire que cet aspect sera amélioré avec les nouvelles ressources investies dans le Parc suisse d'innovation.

Claudine Amstein

Claudine Amstein est la directrice de la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie, depuis 2005. Après avoir été juriste et secrétaire générale de la Chambre vaudoise immobilière, elle en reprend la direction en 1993. Elle a été constituante au Grand Conseil vaudois, avant d’en être députée pendant dix ans. Elle est très engagée dans les associations faîtières de l'économie suisse.