L’open peer-review est en test

Et voilà encore un anglicisme, diront d’aucun ! Si l’expression open peer-review – littéralement « commentaire ouvert aux pairs » – est d’un usage courant en anglais, elle n’a pas encore acquis droit de cité en français. Peut-être tout simplement parce que si cette pratique commence à être répandue, sous diverses formes, dans le monde académique anglo-saxon, il n’en est pas de même en francophonie. Mais quelle est cette pratique ?

L’article Wikipedia en anglais la décrit comme « tout mécanisme d’évaluation académique qui révèle l’identité de l’auteur ou des examinateurs, à un moment ou l’autre du processus d’examen par les pairs ou de la publication ». L’article Wikipedia en français qui y correspondrait n’existe pas encore, mais celui qui porte simplement sur l’évaluation par les pairs signale que « certaines revues scientifiques ont poussé le système du comité de lecture jusqu’à inviter un très grand nombre, voire l’ensemble des chercheurs du domaine à critiquer les articles qu’elles publient : c’est le commentaire ouvert aux pairs (anglais : open peer review) ».

Derrière ce jargon  se révèle une révolution de taille. La procédure habituelle de l’examen d’un article ou d’un livre en vue de la publication, veut que l’auteur ne soit pas informé des noms de ceux et celles qui l’examinent, et dont il ou elle va recevoir les remarques. Dans la procédure dite du « double examen par les pairs à l’aveugle », les examinateurs ne connaissent pas non plus le nom de l’auteur qu’ils examinent. Mais depuis plus d’une vingtaine d’années, d’autres initiatives ont vu le jour, pour tester des procédures transparentes. Par exemple, la revue médicale BMJ va jusqu’à mettre à la disposition des lecteurs tout l’historique de la pré-publication de l’article en ligne.

Ce qui frappe le plus, c’est la différence de culture sur cette question entre le contexte anglo-saxon et la francophonie. Serions-nous plus résistants à tester d’autres systèmes d’évaluation par les pairs ? La première étape est de prendre conscience de ce phénomène anglo-saxon, de le flairer, de le tester, et c’est ce que fait ce billet de blog. Je termine avec un exemple que tous les lecteurs et lectrices à l’aise avec l’anglais peuvent aller regarder : l’éditeur De Gruyter en est à son troisième volume mis en processus d’open peer-review. Il s’agit d’un volume sur le bouddhisme et la culture digitale, Digital Humanities and Buddhism. Il est ouvert pour six semaines à commentaires, avec modération par l’éditeur qui explique le processus.  C’est le test et l’expérience qui l’emportent ici sur les apriori et les cadres théoriques, un renversement classique dans la culture digitale. Open question.

Claire Clivaz

Claire Clivaz est théologienne, Head of DH+ à l'Institut Suisse de Bioinformatique (Lausanne), où elle mène ses recherches à la croisée du Nouveau Testament et des Humanités Digitales.

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