L’Uru What? |:| Carte Postale de Montevideo n°2

(Versión en español a continuación)

 

Quand on dit Brésil, Mexique, Bolivie… Il y a des paysages qui nous apparaissent, des musiques peut-être, mais quand on dit Uruguay, qu’est-ce qui apparaît?

J’ai dû aller à l’essentiel, ou plutôt à un essentiel, parmi d’autres. Comme quand on vous demande, qu’est-ce que vous emporteriez sur une île déserte si vous ne pouviez choisir qu’un seul objet.

Alors qu’en fait, il y avait encore tout ça à raconter, j’aime bien faire des listes, ça ressemble par moment à des poèmes:

 

Le plus haut sommet culmine à 500m.
C’est plat.
Les jours de pluie, on se réjouit, il y a Torta Frita.
Une recette excentrique faite avec de l’eau de nuages.
La couleur de la droite c’est le rouge.
La mer face à Montevideo est une rivière marron.
La laïcité a-t-elle une couleur?
Une guitare par foyer, qui ne sait pas jouer ne sait pas parler.
On reste chanter des chansons à la maison.
De toute façon le maté a évincé la culture des cafés.
Le folklore et la nostalgie sont soeurs jumelles.
Zitarrosa fait pleurer même les murs avec trois accords.
Le lieu de naissance de Carlos Gardel disputé à l’Argentine.
L’origine du tango disputée à l’Argentine.
Carlos Gardel serait né à Toulouse selon wikipédia.
Le tango serait-il Français au final?
Cabo Polonio ce village balnéaire si convoité.
Une réserve naturelle.
Sans eau, sans électricité et presque sans voitures.
Un village post-apocalyptique, hipster, ou paradisiaque.
Le recyclage se divise en catégorie “sèche” et “humide”.
Le village de la colonie suisse Nueva Helvecia arbore des chalets.
Là-bas, on fête le 1er Août et on fait du fromage.
Le secret bancaire est passé par-là.
La stabilité économique aussi.
L’armée.
Mais pas de service militaire.
Pas de traits amérindiens non plus dans les rues de Montevideo, ou si peu.
L’extermination du peuple Charrúa.
Les conquistadors.
Les afro-uruguayens descendants d’esclaves.
Les conquistadors encore.
Le rythme des Llamadas, les appels de tambour
Les dimanches soir dans le Barrio Sur.
Les clubs de canabis. Passé dans la légalité.
L’égalité.
Le droit de vote des femmes a presque 100ans.
Le mouvement féministe anti-féminicides.
Question de survie.
Les femmes font la révolution. Ici. Maintenant.
Le 8 mars, elles feront la grève.
Le divorce est légal depuis 1908.
Parenthèse. Les Chiliens venaient divorcer ici, jusqu’en 2004.
L’avortement est légal depuis 2012,
Ça fait 3 pays en Amérique latine avec la Guyana et Cuba.
Jouer au foot, peut-être pour oublier.
Les fans de foot.
Et Griezman fan de l’Uruguay.
Les rues sont pleines ou vides, sans entre-deux.
Une densité de population de 20 hab/km2.
176’000km carrés, presque carrés.
3 millions d’habitants, et demi.
Et 12 millions de vaches.
La viande. Et les champs de soja.
Monsanto et Coca-cola se sont invités au carnaval.
Ils ne se sont pas déguisés.
Eduardo Galeano n’écrit plus de poèmes inoubliables,
mais son café préféré est toujours là.
Les Veines ouvertes de l’Amérique latine aussi.

 

Le hors-champ et le hors-temps

Certains jours, j’ai envie de tout filmer, ne rien rater, comme une maladie infantile. Comme ces “to do” listes qui n’ont pas de fin.

La vie est cousue de petits détails qui passent et ne reviennent pas.

Le jour où l’on pourra filmer avec nos yeux, on pourra peut-être enfin rendre la réalité telle qu’elle se présente…

Et en fait non. C’est tout le contraire. Faire un film de non-fiction, c’est faire des choix, sacrifier sans arrêt des éléments qui nous ont touchés, qu’on aurait voulu partager.

C’est souvent la sensation d’avancer à l’aveugle, avec un cap, mais dans l’obscurité.

Et je crois que tout ce qui est hors-champ, et parfois hors-temps, s’imprime aussi dans l’histoire que je raconte, par une opération invisible, d’ordre métaphysique que l’on n’expliquera probablement jamais.

 

 

El Uru que? |:| Postal de Montevideo n°2

 

Cuando decimos Brasil, Mexico o Bolivia, hay paisajes , imágenes y músicas que nos los evocan, pero cuando decimos Uruguay, en qué pensamos?

Tuve que ir a lo esencial, o más bien a un esencial, entre otros. Como cuando te preguntan, qué llevarías a una isla desierta, si no pudieras llevar mas que una cosa.

En circunstancias que, en realidad, estaba todo por contar. Me encanta hacer listas, parecen por momentos como poemas:

 

La cumbre más alta culmina a 500 metros.
Es todo plano.
Los días de lluvia, uno se alegra, hay Torta Frita.
Una receta excéntrica preparada con agua de cielo.
El color de la derecha política es el rojo.
El mar frente a Montevideo es un río marron.
Y la laicidad, tendra color?
Una guitarra por hogar, el que no sabe tocar no sabe hablar.
Se cantan canciones en casa.
La cultura del mate desterró la cultura del café.
El folklore y la nostalgia son hermanas mellizas.
Zitarrosa hace llorar hasta los muros con tres acordes.
Le disputan el origen del tango a los argentinos.
El lugar de nacimiento de Carlos Gardel se le disputa a la Argentina.
Carlos Gardel habría nacido en Toulouse según Wikipedia.
El tango sería francés finalmente?
Cabo Polonio, ese balneario tan deseado.
Una reserva natural.
Sin agua, sin electricidad y casi sin coches.
Un pueblo post-apocalíptico, hipster o paradisíaco.
El pueblo de la colonia suiza « Nueva Helvecia » está lleno de chalets.
Se festeja el 1° de Agosto y se fabrican quesos.
El secreto bancario pasó por allí.
La estabilidad económica también.
El ejército.
No hay servicio militar.
No hay rasgos amerindios tampoco, por las calles de Montevideo, o muy pocos.
Exterminación del pueblo Charrúa.
Los conquistadores.
Afro-uruguayos descendientes de esclavos.
Más conquistadores.
El ritmo de las Llamadas, llamadas de tambor.
Los domingos en el Barrio Sur.
Los clubs de cannabis. Legalizado.
Igualdad.
La mujeres votan desde hace casi 100 años.
El movimiento feminista anti-feminicidios.
Desigualdad.
Las mujeres hacen la revolución. Aquí. Ahora.
El 8 de Marzo estarán de paro.
El divorcio es legal desde 1908.
Paréntesis. Los chilenos venían a divorciarse aquí, hasta el 2004.
El aborto es legal desde 2012,
Son tres países en América Latina, con la Guyana y Cuba.
Se juega al fútbol, tal vez para olvidar.
Los aficionados al fútbol.
Griezmann es aficionado de Uruguay.
Las calles están llenas o vacías , sin medias tintas.
Una densidad de población de 20 habitantes por kilómetro cuadrado.
176’000 kilómetros cuadrados, casi cuadrado.
Tres millones y medio de habitantes.
Y 12 millones de vacas.
La carne y los campos de soja.
Monsanto y Coca-Cola se invitaron al carnaval.
No se disfrazaron.
Eduardo Galeano no escribe mas poemas inolvidables,
pero su café preferido está siempre allí.
Las venas abiertas de América Latina también.

 

Fuera de cámara y fuera del tiempo

Algunos días tengo ganas de filmarlo todo, de no perder nada, como una enfermedad infantil.
Como esas listas « por hacer » que no acaban nunca.
La vida está repleta de pequeños detalles que pasan y no vuelven.
El día que podamos filmar con los ojos podremos a lo mejor, reproducir la realidad tal cual se presenta.
Pero en realidad no. Es todo lo contrario. Hacer una película de no ficción es elegir, sacrificar sin cesar elementos que nos han
afectado. Que quisiéramos compartir.
Es a menudo la sensación de avanzar ciegamente, con un objetivo, pero en la oscuridad.
Y creo que todo lo que está fuera de cámara, y a veces fuera del tiempo, se imprime también en la historia que cuento,
por medio de una operación invisible, de orden metafísico que probablemente nunca tendrá explicación.

L’Homme-Béton |:| Vidéo-Performance #1

Les Grandes Traversées // Arrivée à la prison

Vidéo-Performance #1 tournée dans l’ex-prison panoptique de Montevideo transformée en Espace d’art contemporain // Rodada en la ex-cárcel panoptica de Montevideo transformada en Espacio de arte contemporáneo

 

(Versión en español a continuación)

Extraits tirés de, Le sceptre de l’homme-béton est une pelle à neige rouge à moitié rouillée, Yann Marussich, 2018

Je parle comme si je représentais tous les hommes je suis un homme symbolique l’homme béton c’est moi et c’est tout le monde qui est victime du béton consentant et pas consentant moi c’est comme dire tous les hommes

(…)

Créature mixte à force d’être les pieds sur le béton s’est peu à peu insinuée dedans créant des fusions des échanges chimiques des métissages virant au gris des trottoirs un homme en perdition il symbolise l’être humain aujourd’hui un être détruit qui ne pense qu’à détruire il va sur les glaciers et les fait fondre le monde peut couler sous lui aucune importance il continue sans relâche sa marche zombie devenu inconscient de ses actes être maléfique par sa naïveté et son inconscience cruel sans le savoir c’est l’homme de nos sociétés industrialisées un mythe malade il marche tout habillé de rouge le sang l‘agressivité la guerre le béton a tout envahi l’homme en a fait son arme coloniale il marche partout heureusement lentement il marche longtemps il ne s’arrête pas empreintes carrées qui s’enfoncent dans le sol

(…)

après quoi ? en fait il n’y a ici ni avant ni pendant ni après c’était toujours pendant c’est toujours pendant que ça se passe et là il ne se passe rien l’homme-béton est passé et voilà c’est tout et il a disparu

El Hombre-Cemento |:| Video-Performance #1

Las Grandes Travesías // Llegada a la cárcel

 

Extractos sacados de, El cetro del hombre-cemento es una pala de nieve roja medio oxidada, Yann Marussich, 2018

Hablo como si representara a todos los hombres soy un hombre simbólico el hombre cemento soy yo y todo el mundo víctima del cemento consiente o no es como decir todos los hombres
(…)
Criatura mixta con los pies a menudo en el cemento se fue poco a poco amalgamando creando fusiones e intercambios químicos de mestizajes tornándose grises como las veredas de un hombre al borde del abismo simbolizan al ser humano hoy día un ser destruido que no piensa mas que destruir va a los glaciares y los hace fundir el mundo puede hundirse bajo él ninguna importancia el continúa sin descanso su marcha de zombi inconsciente de sus actos de ser maléfico por su ingenuidad y su frivolidad cruel sin saberlos el hombre de nuestras sociedades industrializadas un mito enfermo camina todo vestido de rojo la sangre la agresividad la guerra el cemento lo han invadido todo el hombre ha hecho de el su arma colonial anda por todas partes lentamente por suerte anda largo tiempo no se detiene huellas cuadradas que se entierran en el suelo
(…)
Y después qué? En realidad no hay ni aquí ni allá ni antes ni durante ni después era siempre durante es siempre durante que ocurre y ahí no ocurre nada el hombre-cemento pasó por aquí y eso es todo y desapareció

 

 

 

 

 

 

 

Opération Béton |:| Carte Postale de Montevidéo n°1

(Versión en español a continuación)

Ça sonne comme le nom d’une ville imaginaire. Un nom inventé pour un film, un nom un peu exagéré pour l’occasion. Montevideo. Un mot qui sonne joli et qui laisse rêver à une contrée lointaine d’Amérique latine.

C’est à cet endroit précis que nous avons atterri avec Yann Marussich, performeur suisse, pour 6 mois de résidence artistique.

Le périscope outre atlantique

Nous entrons dans ce monde imaginaire sur le point de devenir réel par une petite porte discrète, celle du fond, toute peinte en noir, sur laquelle on peut peut-être encore lire “Entrée des artistes”. C’est par cette porte-là qu’on arrive en Uruguay, par-là qu’on arrive sur ce blog aussi, avec nos doutes, nos incertitudes et nos manières de donner du sens à ce qui n’existe pas encore. Parce que tout est à inventer. Sa nouvelle création performative, mais aussi mon film. Ce sont deux embryons suspendus dans l’univers qui devraient voir le jour ces prochains mois. Et c’est leur émergence, leur entrée dans la forme que nous vous invitons à venir suivre ici. En images et en mots. Nous vous invitons à venir espionner par ce petit hublot à longue vue, ce périscope outre atlantique.

Comme du papier photo dans un bac de révélateur

Telle une anthropologue en terre exotique, je serai votre oeil et essaierai de vous dévoiler les coulisses de cette aventure. De vous entrouvrir la porte de l’atelier de Yann Marussich et de vous raconter l’histoire que je vois se dérouler sous mes yeux, tout en vous partageant mes réflexions sur ce qu’est faire un film. On va le faire ensemble ce film vous et moi, en quelque sorte. Ou plutôt, je préfère dire qu’on va le voir apparaître ensemble. Et ça, c’est notre carnet de bord. Vous êtes largement invités à réagir, à poser des questions, à répondre aux miennes ou à faire des propositions.

Je vous emmène faire une virée touristique parmi les circuits synaptiques d’un artiste, un safari dans le monde de la performance, mais surtout, je vous propose de me suivre dans ma quête. Parce qu’au bout du compte, après des mois d’observation scientifique, j’ai l’espoir d’effleurer un trésor. Ce trésor, c’est la réponse à une question assez simple: qu’est-ce qui anime un être humain à créer? Quelle est l’énergie qui l’habite? Que cherche-t-il?

Vous allez probablement rire, mais j’aimerais voir se dessiner sous mes yeux l’essence de la créativité. À travers le prisme d’un seul artiste, comprendre d’où nous vient le besoin d’inventer, de créer, de faire ce qu’on a appelé de l’art.

Je ne sais pas si ce dont je parle existe, c’est peut-être un mirage, ou peut-être la quête d’une vie, mais je la commence aujourd’hui.

 

Ah oui, deux détails encore,

instagram: performances_chroniques

et/ou

fb: Cie Yann Marussich.

 

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Operación cemento |:| Una postal de Montevideo

Capítulo primero

Suena como el nombre de una ciudad imaginaria. Un nombre inventado para una película, un nombre un poco exagerado para la ocasión .
Montevideo. Una palabra que suena bien y que hace soñar con tierras lejanas en América Latina.
Es precisamente a este lugar que llegamos con Yann Marussich, performer suizo, por seis meses de residencia.

El periscopio del otro lado del Atlántico

Penetramos en ese mundo imaginario, a punto de transformarse en realidad, por una pequeña puerta muy discreta, allí en el fondo,
toda pintada de negro, sobre la cual se puede tal vez leer ¨Entrada de Artistas¨. Es por esa puerta que llegamos a Uruguay. Por allí
se llega también a este blog, con nuestras dudas, nuestras incertidumbres y nuestra manera de dar sentido a algo que todavía no existe .
Porque todo queda por inventar. Su nueva creación artística y también mi película. Son dos embriones suspendidos en el universo,
que deberían ver la luz estos próximos meses. Es su nacimiento y su desarrollo que los invitamos a seguir aquí. En imágenes y en palabras.
Los invitamos a espiar por ese pequeño lente de larga vista, el periscopio del otro lado del Atlántico.

Como papel de foto en una bandeja de revelado

Como una antropóloga en tierra exótica, yo seré vuestros ojos, y trataré de revelarles los bastidores de esta aventura. Entreabrirles la
puerta del taller de Yann Marussich y contarles la historia de lo que veré desarrollarse ante mis ojos. Compartiendo al mismo tiempo
mis reflexiones sobre lo que es hacer una película. De alguna manera la haremos juntos, ustedes y yo. O más bien prefiero
decir que la veremos juntos aparecer. Y esto es nuestra bitácora. Ustedes están invitados y bienvenidos a reaccionar, opinar, preguntar,
responder a mis preguntas y hacer proposiciones.

Los invito a dar un paseo por los circuitos sinápticos de un artista, un safari en el mundo de la performance, pero sobretodo les propongo
acompañarme en mi búsqueda. Porque finalmente, después de meses de observación científica tengo la esperanza de rozar un tesoro.
Ese tesoro es la respuesta a una pregunta muy simple : qué impulsa a un ser humano a crear? Qué energía lo guía? Qué busca?

Ustedes se van a reír, pero me gustaría ver aparecer ante mis ojos la esencia de la creatividad. A través del prisma de un solo artista,
comprender de dónde nos viene la necesidad de inventar, de crear, de hacer lo que se llama ARTE.
No sé si existe aquello de lo que hablo, es tal vez un espejismo, o tal vez la búsqueda de una vida, pero la comienzo hoy.

 

Ah sí, aún dos pequeños detalles,

Instagram : performances_chroniques
y/o
FB : Cie Yann Marussich