La chape de plomb qui scelle une fois encore notre société n’est-elle pas aussi dangereuse que l’arche de Tchernobyl qui confine le réacteur no 4 de la centrale nucléaire ? On pourrait s’étonner de la facilité avec laquelle nos autorités fédérales sont parvenues par simple ordonnance à figer la population, à en restreindre ses mouvements et sa liberté de réunion, sans pour autant qu’une situation « extraordinaire » accordant tous les pouvoirs au Conseil fédéral soit avalisée par les Chambres fédérales, comme en mars 2020 ou durant les deux Guerres mondiales. La peur est l’un des moteurs les plus puissants au monde dit-on, et elle génère en outre bien souvent aveuglement et son cortège de malheurs. On pourrait donc s’étonner de cette mise sous cloche, mais rares sont ceux qui s’en émeuvent, tant le monde est persuadé que la situation sanitaire semble faire glisser l’humanité dans un précipice dont personne ne saurait revenir. Hypnotique, cette peur entraîne une conception de plus en plus manichéenne de nos enjeux de société. Que l’on pense seulement à la polémique sur la gravité de l’épidémie ou sur la pertinence des vaccins que l’on nous promet !
Bien entendu, nous avons en Suisse la chance d’avoir un gouvernement raisonnable et bienveillant, mais l’histoire nous démontre que lorsque des situations socio-économiques se crispent, des tendances radicales apparaissent, pouvant aller jusqu’à s’imposer momentanément dans les cénacles politiques. Qui nous dit que dans vingt ou trente ans, un gouvernement un peu moins bienveillant, comme nous en avons connu jadis, ne pourrait pas user de cette possibilité de restriction de nos libertés pour des motifs politiques ? La « mesure de nécessité » est si pratique ! J’entends déjà ceux qui me répondront qu’à situation extraordinaire, mesure extraordinaire… et je leur répondrais qu’en 1935 ils auraient certainement été de ceux qui auraient appliqué les lois de Nuremberg sans autre forme de réflexion.
La situation est certes compliquée – on pourrait toutefois se demander combien de temps la crise sanitaire durerait encore si les médias qui rivalisent à distiller des spiritueux informatifs contraires dans une surenchère d’angoisse morbide étaient à leur tour confinés durant quelques semaines – mais à force d’aberrations, de mesures arbitraires, de frustrations, d’interdictions économiques ressenties comme des agressions, le gouvernement ne parvient à terme qu’à une forme virulente de décrédibilisation de son autorité et à générer une intolérance grandissante.
Notre société se retrouve ainsi confrontée à deux problématiques, l’une médicale puisque l’essentiel de la question relève en fin de compte de la capacité de traitement de nos hôpitaux dont les structures et le personnel ont été soumis des années durant à des contraintes organisationnelles et financières certaines, et l’autre de police sanitaire qui paralyse nos libertés, notre économie, notre capacité de réflexion menant certains à croire que les épidémies apparaissent telles les crues centenaires tous les 100 ans, et in fine nos champs de références.
Que l’on prenne donc garde qu’à terme notre appréciation diminuée de la liberté et de l’altérité, fût-elle intellectuelle, n’aboutisse pas à des violences. Au cours des siècles passés, dans nos régions, la peste avait conduit les Juifs sur les bûchers. Et puis lorsqu’ils eurent complètement disparu, le choléra et le typhus envoyèrent à leur tour dans les flammes ceux que l’on suspectait de sorcellerie. Avec la grippe espagnole de 1918, le coupable était l’Allemand, inévitablement. Et demain, vers qui se tourneront les doigts accusateurs lorsque nous ferons le compte des dommages ?
Belle analyse, merci!
Le propre d’un historien n’est-il pas de se référer à Tchernobyl, alors que tout près, Fukushima inonde l’océan de ses eaux morbides?
Sinon, le nazi et l’allemand sont tous deux excusables, si je vous ai bien compris?
C’est vrai que Sykes-Picot, traité de Sèvres et autres Versailles, nous empoisonnent un siècle après.
Mais de ça, les historiens n’en parlent pas, car sujet brûlant 🙂
Le Temps qui veut révolutionner le paysage médiatique, n’a rien compris.
Ni la Marianne suisse à la langue de Von Holzen, ni rien.
Bon, remarquez, ça fait marcher le buzzz…ness 🙂
National solidarity is needed to fight the virus and in this battle, constitutional values of justice, liberty, equality and fraternity have an important role.
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La tentation totalitaire et la police (milice) sanitaire sont évoquées dans la BD “Péché Mortel” dont le premier tome publié en 1989 est d’une actualité brulante.