Les forces de l’ordre dans le chaos

« L’ordre dans la guerre, gendarmeries et polices européennes face à la Première Guerre mondiale », c’est le nom du colloque qui s’est tenu ces derniers jours à l’École des officiers de la Gendarmerie nationale de Melun.

Des historiens de la police et de la Première Guerre mondiale se sont donné rendez-vous il y a quelques jours à Melun, à l’initiative de l’université de la Sorbonne, de l’université catholique de Louvain et du Centre de recherche de l’École des officiers de la Gendarmerie nationale. Si l’événement est passé inaperçu pour le grand public, la communauté internationale des historiens a, quant à elle, été largement sollicitée puisque c’est de France, d’Allemagne, de Belgique, d’Angleterre, d’Italie, de Serbie, de Nouvelle-Zélande, d’Australie, de Grèce et de Suisse que les spécialistes sont venus expliquer l’état de leurs recherches. Ce colloque, pour reprendre les mots de Guillaume Payen, l’un de ses organisateurs, « veut ouvrir de nouvelles perspectives plutôt que d'apporter des réponses complètes et définitives sur un champ historiographique particulièrement vaste, complexe, nouveau : les forces de l'ordre européennes, en un contexte, la guerre totale, par excellence propice au désordre, en s'intéressant à leur diversité, de la police militaire à la police civile, du front à l'arrière, des belligérants aux neutres, des métropoles aux empires ».

Participation guerrière de certaines gendarmeries, répression des tendances anticonformistes, polices secrètes, lutte contre le contre-espionnage ou les comportements déviants des soldats sur le front, les sujets ont été nombreux et variés, à l’image des cas de figure de chacun des pays représentés au sein de ce colloque.

Il eut été possible de nommer ce dernier « Les forces de l’ordre dans le chaos » tant la Première guerre mondiale fut un temps de bouleversement. Une thématique étrangement contemporaine si l’on songe à la problématique des réfugiés, ou faudrait-il dire, aux problématiques des réfugiés, que nous vivons actuellement en Europe, tant il est vrai que chaque pays, chaque région, connaît des réalités et des réactions différentes. La présence au colloque du professeur Olivier Forcade, une sommité en matière d’histoire du renseignement, qui a, il y a quelques années, organisé un autre colloque, sur l’histoire des réfugiés en Europe celui-ci[1], pourrait d’ailleurs souligner cet aspect.

La réponse policière à une crise d’ampleur internationale demeure, hier comme aujourd’hui, un point particulièrement sensible, marquée par son temps et inscrivant dans ce dernier ses contours les plus généreux, les plus héroïques, ou les plus cruels.

Car au-delà des décisions politiques ou des tendances populaires, la mémoire collective retient principalement les actes, qu’il s’agisse d’une haie de barbelés aux confins des Balkans, du sauvetage d’enfants en mer Égée, de l’arrestation d’un général de la Légion étrangère, ou des soldats français de 14-18 escortés par des gendarmes et exécutés pour trahison !

 


[1] Olivier Forcade (dir), Les Réfugiés en Europe du XVIe au XXe siècle, actes du colloque du centre d'histoire des sociétés, des sciences et des conflits de l'Université de Picardie, tenu à Amiens les 23 et 24 mars 2007, Paris, nouveau monde éditions, 2008.

 

Christophe Vuilleumier

Christophe Vuilleumier est un historien suisse, actif dans le domaine éditorial, et membre de plusieurs comités de sociétés savantes, notamment de la Société suisse d'histoire. On lui doit plusieurs contributions sur l’histoire helvétique du XVIIème siècle et du XXème siècle, dont certaines sont devenues des références.

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