Un Suisse si peu connu, Bernard Barbey

Issu d’un colloque, ce livre de près de trois cents pages auquel onze auteurs ont contribué, retrace la vie du Vaudois Bernard Barbey, personnage si peu connu du grand public mais au destin pourtant exceptionnel. Journaliste, directeur littéraire aux éditions Fayard, chef d’état-major particulier du général Guisan, représentant de la Suisse à l’UNESCO, mais avant tout, écrivain, il allait fréquenter dans le Paris des Années folles Guy de Pourtales, François Mauriac et Robert de Traz.

Devenu officier dans les années 30, il allait être affecté auprès du général Guisan en 1939, restant auprès de ce dernier tout au long de la guerre. La publication de son livre P.C. du Général, recueil de souvenirs de ses années passées au service de Guisan, allait susciter le mécontentement de militaires autant que de journalistes. Il allait pourtant devenir, à l’issue des hostilités, en 1947, attaché culturel et de presse à la légation suisse de Paris, obtenant dès 1952 le mandat de délégué permanent auprès de l’UNESCO, puis, à partir de 1957, de ministre plénipotentiaire titulaire auprès de cette même organisation.

Cet ouvrage retrace ainsi les multiples facettes d’un homme à la destinée si particulière. Pourvue d’une solide iconographie, l’ouvrage se termine avec une impressionnante collection de lettres tirées des archives familiales de la fille de Bernard Barbey, qui, à elles-seules, attestent de l’incroyable réseau développé par leur destinataire. André Malraux, Jean d’Ormesson, Jean Piaget, Marcel Proust, Ramuz, Charles de Gaule, Pétain, le général de Tassigny et tant d’autres encore se tournèrent en effet, tôt ou tard, vers le Vaudois, pour le remercier ou le féliciter.

Un livre à lire donc sur l’un de ces Suisses que la mémoire collective a délaissé.

 

 

Roger Durand (dir.), Bernard Barbey, écrivain, journaliste, officier, contributions de : Roger Durand, Jeannine Wallon, Marie-Laure Wallon, Roger Francillon, Doris Jakubec, Christian Bühlmann, Pierre Streit, Jean-Jacques Langendorf, Pauline Milani, Bénédict de Tscharner, Frank Bridel, éd. La Baconnière, Genève, 2016.

 

Christophe Vuilleumier

Christophe Vuilleumier est un historien suisse, actif dans le domaine éditorial, et membre de plusieurs comités de sociétés savantes, notamment de la Société suisse d'histoire. On lui doit plusieurs contributions sur l’histoire helvétique du XVIIème siècle et du XXème siècle, dont certaines sont devenues des références.

2 réponses à “Un Suisse si peu connu, Bernard Barbey

  1. à l’attention de M. Christophe Vuilleumier,
    Monsieur,
    Dans le cadre d’un petit essai en cours autour de l’oeuvre de François Mauriac, je découvre la monumentale “biographie intime” de Jean-Luc Barré. En particulier ses relations avec Bernard Barbey, ce que j’ignorais jusqu’à ce jour. Ce “Paris des années folles” est en effet celui d’avant 1938, l’année de ma naissance. Bernard Barbey demeure effectivement très peu connu du grand public. Puisse votre ouvrage contribuer à une meilleure connaissance de ce récent passé.
    J’ai publié en 2014 aux Editions Pierre Philippe, à Genève: “J’ai gardé la frontière”, une sorte d’autobiographie posthume de mon père, qui était garde-frontière. Mais la presse en a très peu parlé à l’époque.
    Avec mes meilleures salutations:
    André Durussel, auteur AdS

  2. Je viens de lire „chevaux abandonnés sur le champs de bataille“ et je reste stupéfié que ce roman n‘ait jamais été traduit en allemand*. J’ai trouvé le livre dans la bibliothèque riche en militaria de mon beau-père, le pr. Hans Löffler (1916-1997), médecin-virologue et officier de milice auquel
    avait été imposé comme jeune lieutenant d’infanterie la mission ( inimaginable à nos jours) d’assurer la sécurité du « Rütli-Rapport » avec une seule section de fusiliers.
    * C‘est la preuve du peu d‘intérêt et de respect que le monde littéraire suisse-alémanique éprouve pour un auteur de qualité exceptionelle qui en plus a été un personnage de grande importance pour le succès du commandement suprème de l‘armée suisse lors des années difficiles 1940-1945. La force du récit de Barbey réside dans la délicatesse de la description des dégâts que la guerre et la période de l‘après-guerre immédiate ont fait dans le fonc tionnement psychique et les rapports sociaux des „vainqueurs“.

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