La tête sous l’eau

Office Fédéral de l’Environnement : faillite et ruine

La loi fédérale sur la pêche a pour buts de préserver ou d’accroître la diversité naturelle et l’abondance des espèces indigènes de poissons, ainsi que de protéger, d’améliorer ou, si possible, de reconstituer leurs biotopes. Elle protège également les espèces et les races de poissons menacées, et assure l’exploitation à long terme des peuplements de poissons et d’écrevisses.

Malgré cette loi, que l’Office Fédéral de l’Environnement a la charge de mettre en pratique, les poissons que vous observerez dans nos cours d’eau, du pont historique sur le Doubs à Saint-Ursanne à la passerelle anonyme qui enjambe l’Aire genevoise, sont quasiment tous des chevesnes. Les autres espèces d’eau vive, dans leur grande majorité, sont sur le déclin, ou ont à carrément disparues. Le chevesne est ainsi l’unique vainqueur de la politique ultra-conservatrice de l’Office Fédérale de l’Environnement.

Chaque jour qui passe nous éloigne donc un peu plus des buts définis par la loi fédérale sur la pêche

Le bilan du rendement de la pêche de loisir est plus mauvais encore. Partout, les captures de truites et d’ombres chutent, au point de s’effondrer complètement sur certains cours d’eau de plaine.

Les cantons, quant à eux, ont dû faire face à des injonctions contradictoires, comme renoncer le plus possible aux repeuplements, et, dans le même même temps,  interdire le « no-kill », instrument pourtant mondialement utilisé pour protéger les gros reproducteurs tout en maintenant une pêche de qualité. Dans le futur, l’OFEV leur imposera probablement des normes sur les taux de pesticides dans les eaux largement plus permissives que celles appliquées actuellement…

Les avancées positives observées sur le terrain sont, la plupart du temps, à mettre au crédit des cantons, ou du monde associatif, à l’image du programme de renaturation des cours d’eau genevois, ou de la nouvelle loi sur la protection des eaux, issue de l’initiative Eaux-Vivantes de la Fédération Suisse de Pêche et de ses alliés.

Chaque jour qui passe nous éloigne donc un peu plus des buts définis par la loi fédérale sur la pêche. De ce point de vue, la faillite de l’Office Fédéral de l’Environnement est totale, et incontestable.

Aujourd’hui, alors qu’elles n’ont déjà pas cessé de le faire depuis 30 ans, les conditions cadres de la vie aquatique vont encore se dégrader davantage en raison du réchauffement climatique. Il est donc parfaitement incompréhensible, voir surréaliste, d’entendre une nouvelle fois les conservateurs de l’OFEV estimer que leur politique, qui n’a fait qu’accompagner l’effondrement de nos populations de poissons,  doit être poursuivie pour le bien de la pêche de loisir et de la nature !

Ceux qui, encore, accordent du crédit à ce discours purement idéologique, pour lequel l’apport positif des repeuplements ou des nouvelles espèces est inconcevable,  et qui voit comme seule issue à la crise actuelle un retour irréaliste à la nature d’il y a 150 ans, mènent la pêche en rivière à sa perte, et ruinent les espoirs de tous ceux qui défendent une pêche de loisir durable et populaire.

 

Christophe Ebener

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