Faire triompher l’amour sur la haine, le rejet, la discrimination et le conservatisme

Les opposant·e·s au Mariage pour toutes et tous se font actuellement remarquer par une campagne mêlant pseudo-vérités et affabulations qui ne correspondent ni au texte soumis au vote ni aux connaissances scientifiques sur le sujet. Des arguments fallacieux qui sont accompagnés par une campagne visuelle violente, agressive voire carrément choquante. J’aimerais apporter des clarifications sur ces points qui ont malheureusement un seul objectif, tromper pour convaincre.

 

Le bien-être de l’enfant dépend de l’amour qu’on lui donne, pas du sexe de ses parents

Dire OUI au mariage civil pour tous·tes c’est faire un pas nécessaire et bienvenu vers l’égalité entre couples de sexe opposé et couples de même sexe. Les couples d’hommes et les couples de femmes pourront accéder à l’adoption conjointe et la procréation médicalement assistée (PMA). Le don de sperme sera possible pour les couples de femmes. Les couples hétérosexuels et homosexuels bénéficieront des mêmes droits. Le mariage pour tous·tes entrainera aussi une diminution des préjugés et un renforcement de l’acceptation sociale des personnes LGBT+. Il n’est que l’évolution logique d’une société ouverte et désireuse de garantir une meilleure protection des familles et de leurs enfants.

 

L’intérêt de l’enfant sera davantage respecté dans une société tolérante et ouverte

Si un couple de parents hétérosexuels était un modèle parfait, cela se saurait! Combien sont-ils à consulter, enfants et adultes, pour des problèmes liés à une éducation déficiente, violente ou déséquilibrée?  Non, le bien-être d’un enfant ne dépend pas du sexe de ses parents, mais du fait qu’il dispose de figures d’attachement stables et aimantes! L’intérêt supérieur de l’enfant, qui est évidemment primordial, sera davantage respecté dans une société tolérante, ouverte et garantissant une protection suffisante aux minorités sexuelles et de genre. Avec le mariage pour tous·tes, les deux femmes d’un mariage lesbien seront en outre reconnues comme les parents de l’enfant dès sa naissance. De cette manière, les enfants bénéficieront d’une protection légale si l’une des deux mères décède, ce qui n’est pas le cas actuellement. Les droits des enfants seront donc mieux protégés avec le mariage pour tous·tes.

 

L’accès au sperme pour les couple de femmes n’est pas une discrimination

Ce n’est pas à cause d’un choix arbitraire discriminant que les hommes ne peuvent pas accéder au don de sperme, mais simplement à cause d’une réalité biologique. Le fait que les couples lesbiens puissent le faire, à l’instar des couples hétérosexuels, ne discrimine pas les couples d’hommes, qui soutiennent d’ailleurs cette avancée sociétale.

 

La gestation pour autrui (GPA) ne sera pas autorisée pour les couples homosexuels

Non, la gestation pour autrui (GPA) ne sera pas autorisée pour les couples homosexuels, de même qu’elle ne l’est pas pour les couples hétérosexuels. Le mariage pour tous·tes créé une situation d’égalité entre les couples et n’instaure aucuns droits aux couples homosexuels dont ne bénéficient pas déjà les couples hétérosexuels. Cet argument avançant que le Mariage pour Tous créera un “tourisme” de mère porteuses à l’étranger est donc complètement farfelu.

Le mariage pour tous·tes correspond bien plus au renforcement d’une Constitution moderne qui garantit les droits fondamentaux de tous·tes qu’à une transgression du droit supérieur par le Parlement

 

Non, le mariage pour tous·tes n’est pas anticonstitutionnel

Le droit au mariage est garanti par l’art. 14 de la Constitution fédérale. Il était certes majoritairement admis, dans une interprétation historique, qu’un droit au mariage pour les couples homosexuels ne pouvait pas être directement déduit de l’art. 14 Cst. En revanche, il est faux de prétendre qu’un tel droit irait à l’encontre de cet article. De plus, d’autres dispositions de la Constitution suisse vont dans le sens d’un mariage pour tous·tes. Par exemple, l’orientation sexuelle est protégée contre les discriminations en vertu de l’art. 8 al. 2 Cst. et les relations homosexuelles sont inclues dans le droit à la vie privée garanti par l’art. 13 al. 1 Cst. Ainsi, le mariage pour tous·tes correspond bien plus au renforcement d’une Constitution moderne qui garantit les droits fondamentaux de tous·tes qu’à une transgression du droit supérieur par le Parlement. Introduire le mariage pour les couples de même sexe dans le Code civil ne nécessite donc pas de modification constitutionnelle.

 

Au-delà des aspects techniques développés précédemment, la votation sur le mariage pour tous·tes pose surtout la question des valeurs de la société dans laquelle nous voulons vivre. L’institution civile du mariage a déjà connu des heureuses évolutions par le passé. Pensons notamment à l’égalité entre les deux membres du couple. Aujourd’hui, il est grand temps que le mariage soit en adéquation avec les valeurs sociétales d’égalité et de tolérance à l’égard des personnes LGBT+. Il est donc évident que le mariage et les droits qui en découlent doivent être possibles pour les couples de même sexe. Dire oui le 26 septembre, c’est préférer les visages souriants et aimants sur fond arc-en-ciel aux affiches mensongères, provocantes et violentes derrières lesquelles se cache un conservatisme obscurantiste. Dire oui le 26 septembre, c’est faire triompher l’amour sur la haine, l’inclusion sur le rejet, l’égalité des droits sur la discrimination.