Notre argent tue!

Financement du matériel de guerre: notre argent tue !

Notre argent, via nos caisses de pension, finance aujourd’hui la production de bombes et d’armes chimiques qui sont utilisées dans différents pays autour du globe.

Il ne faut pas nous voiler la face : la réalité, c’est que notre argent tue ! En tant que ressortissant d’un pays qui revendique sa tradition humanitaire, je n’en suis pas vraiment fier.

C’est pour remédier à cette situation que l’initiative “Pour une interdiction du financement des producteurs de matériel de guerre” vise deux choses. Premièrement, interdire à la Banque nationale suisse ainsi qu’aux institutions de prévoyance de financer les entreprises dont plus de cinq pour cent du chiffre d’affaires annuel provient de la production de matériel de guerre; deuxièmement, mettre en place des normes similaires sur les investissements des banques et des assurances aux niveaux national et international.

 

Un commerce mortifère

Les Verts s’engagent depuis leur création pour la paix et le désarmement dans le monde. Ils ont soutenu ces dernières décennies les initiatives populaires visant cet objectif, et il en va de même cette fois-ci.

Les institutions financières suisses comme la Banque nationale ou les grandes banques investissent des milliards chaque année dans ce commerce mortifère

A chaque fois qu’une initiative s’oppose à l’exportation ou à la production de matériel de guerre, c’est toujours la même rengaine, les mêmes arguments que l’on entend de la part des opposants. Cette initiative n’échappe pas à la règle: la Suisse serait trop petite pour faire bouger les choses au niveau international; ce serait trop compliqué au niveau administratif; nos retraites seraient en danger, car nos caisses de pension ne pourraient plus investir comme elles le souhaitent; les emplois seraient menacés dans l’industrie et la finance.

Dans le cas de l’initiative “pour une interdiction du financement des producteurs de matériel de guerre”, ces arguments ne tiennent tout simplement pas la route. Ils sont là uniquement pour faire peur à la population, qui témoigne de la sympathie pour l’initiative. Ils sont révélateurs de la vision des opposants, qui, une fois encore, privilégient les aspects économiques et financiers aux aspects éthiques et de responsabilité sociale.

 

La Suisse joue un rôle décisif au niveau mondial

En interdisant le financement de l’industrie de l’armement, l’initiative vise à contribuer à ce que la Suisse ne participe pas de manière indirecte aux conflits actuels et à prévenir des guerres futures. Cela peut paraître une goutte d’eau dans l’océan, mais ce n’est pas le cas: je vous rappelle que la Suisse est une des plus importantes places financières mondiales et joue ainsi un rôle décisif. Les institutions financières suisses comme la Banque nationale ou les grandes banques investissent des milliards chaque année dans ce commerce mortifère. En 2018, la place financière suisse a investi pas loin de 10 milliards de dollars américains dans des entreprises productrices d’armements, soit plus de 1000 dollars par habitant·e suisse. Par l’importance de sa place financière, la Suisse doit montrer l’exemple et entraîner dans son sillage d’autres pays.

 

Double jeu

Cette initiative vise aussi la cohérence avec le principe de neutralité, pierre angulaire de notre politique extérieure. Or, aujourd’hui, la Suisse joue un double jeu. D’un côté, elle se veut championne de la promotion de la paix dans le monde,  de l’autre, elle vend des armes. Où est la logique?

La cohérence, c’est de voter OUI à cette initiative. Pour que notre argent ne serve pas à financer du matériel de guerre !

Christophe Clivaz

Christophe Clivaz est le premier conseiller national vert valaisan. Il a été auparavant député (2013-2016) et conseiller municipal à Sion (2009-2019). Politologue de formation (Dr. en administration publique), il s'est spécialisé dans l'étude du tourisme alpin. Il est professeur associé à mi-temps à l'Institut de géographie et durabilité de l'Université de Lausanne, sur le site de Sion.

4 réponses à “Financement du matériel de guerre: notre argent tue !

  1. Lorsque vous achetez des vêtements, jouets, électroniques chinois, votre argent tue aussi.
    La Chine tire l’argent de son économie qui est lié au parti, pour s’armer, persécuter.
    En achetant, vous collaborez indirectement à une dictature de plus en plus agressive.

    Donc pourquoi demander à d’autres, ce qu’on est pas capable de faire soi-même ?
    Au lieu d’avancer une fausse morale, laissons la liberté à nos institutions, qu’ils fassent au mieux.

    1. Bravo !
      Le but ultime des verts est la décroissance chez nous, juste pour nous rendre la vie difficile en espérant que cela servira d’autre pays moins riches !

  2. Bof, bof, bof, toujours la même rengaine, et toujours aucune solution de la part des Verts pour éviter que nos industries (même celle de l’armement) ne doivent fermer et mettre encore plus de gens au chômage !
    Ce sera donc quoi votre solution pour sauver les emplois que l’industrie Suisse perdra à cause de vos idées de bien pensant bien propre sur lui ?

  3. Cher monsieur, votre discours est diabolique. Il culpabilise habilement le peuple de se fabriquer des armes et de les vendre. Avec votre logique vous auriez désarmé David contre Goliath. La logique populaire ne dit-elle pas « qui veut faire l’ange fait la bête »?

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