Quand la plupart des dirigeants européens s’accordent pour considérer le populiste Donald Trump comme un personnage infréquentable, quand tous traînent des pieds pour le rencontrer, redoutant avant tout l’impossible exercice des déclarations communes avec «l’homme le plus intelligent du monde» (le risque étant d’entrer dans l’histoire pour avoir donné la réplique à une ineptie carabinée), quand la planète entière redoute son agenda suicidaire sur le commerce mondial et l’écologie, quand n’importe qui – homme ou femme sensible à la violence genrée – a de sérieuses raisons de se sentir agressé par sa grossièreté salace et son ethos de proxénète, quand tout cela converge et constitue un front, il existe un petit malin pour se dire qu’il peut en tirer quelque chose. C’est Emmanuel Macron, le jeune président persuadé que son prétendu charisme le protègera de trop fréquenter l’infréquentable. Cela avait commencé l’été dernier quand Donald Trump, refoulé de Londres et de Berlin, s’était rabattu sur la France.
Que peut espérer M. Macron de son escapade étasunienne? S’imagine-t-il, comme Rita Hayworth dans Angels Over Broadway, une comédie de 1940, pouvoir rouler les escrocs et filer en douce avec le blé? Pense-t-il être la souris qui parviendra à accrocher la clochette au chat? Pense-t-il sincèrement faire le poids et amener par des arguments Donald Trump à la raison, ou dessert-il un agenda tenu secret qui placerait la France aux côtés d’Israël, des Saoud et des USA face à l’Iran et la Russie ? Faut-il rappeler que les deux premiers dignitaires étrangers en visite officielle à Paris après son élection en mai 2017 furent Trump (14 juillet 2017) et Netanyahou (17 juillet 2017) ?
La réponse viendra probablement d’un tweet dans les jours à venir. Soit Emmanuel Macron est sincère et cherche vraiment à préserver l’accord avec l’Iran, dans lequel cas la stratégie de rupture de Trump le fera apparaître pour un partenaire bafoué, soit il est déjà du côté de ceux qui l’ont enterré pour passer au plan B : la guerre. L’avantage d’avoir un chef planétaire impulsif et psychotique, c’est qu’il ne nous fera pas attendre longtemps.
Voir le dessin de Patrick Chappatte publié dans Le Temps du lundi 23 avril sauf erreur où on voit Macron sous les traits d’un caniche dans les bras de Trump
Il y a bien un point commun entre ces 2 personnages assez antipathiques tout droit sortis de la dernière école de management néolibérale à la mode:l’impudence, l’impudence d’une élite auto-proclamée et sûre d’elle-même.Leur impudence les mènera à l’échec car nous attendons, en régime démocratique, de nos représentants qu’ils défendent l’intérêt général et non pas leur vision narcissique du monde.