Le destin cinématographique d’un décor de Ricardo Bofill

C’est dans les espaces d’Abraxas de Ricardo Bofill, un ensemble résidentiel emblématique du néoclassicisme postmoderne à Noisy-le-Grand, que Jean Pierre Mocky place l’intrigue de son film d’action sorti en salle en 1984. Véritable chasse à l’homme dans ce qui s’apparente à un palais pour le peuple, “A mort l’arbitre” constitue une étonnante visite du propriétaire.

Michel Serrault en train de couper le téléphone de l’immeuble de Bofill.

Bofill est l’une des figures éminentes du postmodernisme des années 80. Il prône une architecture monumentale et formaliste qui remet à l’ordre du jour certains attributs du classicisme. Redonnant sa place à l’ornement, il orchestre l’espace comme un décor de théâtre.
Un décor qui plaît aux cinéastes. Après Mocky, Terry Gilliam y tournera certaines scènes de “Brazil”.

De l’angoissant piège chez Mocky, au décor d’une dictature chez Gilliam, les espaces d’Abraxas incarnent au fil des tournages une véritable dystopie filmique. Dernier épisode de ce destin cinématographique, le troisième volet de la saga “Hunger Games” y a été tourné en 2014.

Les espaces d’Abraxas dans Hunger Games

Pourtant ce bâtiment-ville semble vouloir résister au destin dystopique auquel le vouent les réalisateurs. Malgré le lent déclin sociologique de ce qui était au départ un ensemble résidentiel de standing, les espaces d’Abraxas restent encore aujourd’hui un prestigieux cadre apprécié de ses habitants.

Christophe Catsaros

Christophe Catsaros est un critique d'art et d'architecture indépendant. Il a notamment été rédacteur en chef de la revue Tracés de 2011 à 2018. Il est actuellement responsable des éditions du centre d'architecture arc en rêve, à Bordeaux.

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