En Afrique du Sud: décès de l’évêque anglican Desmond Tutu, le Parlement en feu

En Afrique du Sud, décès de l’évêque Tutu et un parlement en feu
A peine disparu le dernier grand représentant de la transition de l’après Mandela, un opposant consacre la fin de l’ère des compromis en mettant le feu au symbole de la démocratie «arc en ciel» : le Parlement. Un peu comme le font les djihadistes dans certains pays africains en brûlant notamment les églises ou aux Etats-Unis où les opposants au jeu démocratique sont allés occuper le Capitole… Une grande naïveté, car cela ne fait que renforcer ceux qui veulent vraiment la paix et l’égalité pour tous. Comme si la destruction de bâtiments suffisait à éradiquer la démocratie ! Desmond Tutu justement a voulu montrer qu’il n’était pas du côté des destructeurs, demandant un enterrement tout simple contraire à d’autres personnalités en Afrique et ailleurs. Adepte de Gandi, il a fustigé non seulement le gouvernement de l’apartheid et ses forces policières, mais aussi les corrompus de l’ANC, son parti, qu’ils ont fait dérailler de son but de diriger une Afrique du Sud multiraciale et égalitaire. En effet, l’ancien président, Jacob Zuma s’en est chargé par l’intermédiaire d’une très riche famille hindoue, les Gupta, qui ont verrouillé les postes les plus importants en politique et aussi dans l’économie à tel point que l’Assemblée nationale l’avait démissionné. Ce qui prouve que la démocratie jouait son rôle. Mais l’actuel président, Cyril Ramaphosa, un syndicaliste intègre et chevronné, a de la peine à gagner cette partie d’échecs se heurtant sans cesse à des oppositions. C’est dans ce sens qu’il faut soutenir l’Afrique du Sud et ne pas la laisser tomber dans des mains chinoises comme dans plusieurs pays du continent africain ou dans les mains de multinationales douteuses
Une autre personnalité qui a joué un rôle important, lui aussi disparu, l’ancien président blanc De Klerk, qui avait réussi à force de compromis que Mandela avait acceptés, à mener le pays vers une transition pacifique sans la guerre civile que tout le monde craignait. Quelle image plus symbolique de démocratie, que le juge blanc qui a assermenté Mandela en 1994 lors du passage à la majorité noire devant un public accouru du monde entier à Prétoria ! Si les choses se sont passées ainsi, c’est aussi grâce à des personnalités namibiennes noires et blanches, car la Namibie était «en avance» sur l’Afrique du Sud qui est devenue indépendante de l’Afrique du Sud en 1990 après des élections sous supervision de l’ONU et auxquelles un contingent militaire et médical suisse avait participé ! Plusieurs personnes d’Afrique du Sud venaient en pèlerinage voir ce qui se passait en Namibie dans les années 80, ainsi Desmond Tutu, Ramaphosa, des militaires, des juges, des avocats, Perez de Cuellar pour l’ONU, surtout des représentants de l’ Eglise calviniste qui détenait les clés du succès, tant elle était puissante à Prétoria. Son acceptation du changement a bien favorisé la transition. On oublie trop vite que l’Afrique du Sud est un pays encore très chrétien. L’évêque anglican Tutu, montrait l’exemple, mais aussi les Eglises catholique, anglicane, luthérienne, méthodiste, les Quakers, les communistes, malgré certaines réticences ici et là… Les djihadistes ont peu de chance d’y faire leur nid., même s’ils font des tentatives au nord du Mozambique voisin.
Cette passation de pouvoir pacifique n’a pas plu à tout le monde en Afrique du Sud. La preuve en est l’incendie au Parlement, précédé d’un autre incendie en avril dernier sur la Montagne de la Table qui a touché de précieuses archives de l’Université. Ce qui doit être résolu maintenant c’est le partage des terres. Si cela n’a pas encore été fait de manière juste, c’est parce qu’il a fallu former des fermiers noirs aux méthodes modernes de gestion. Il n’en demeure pas moins que plusieurs fermiers blancs ont été assassinés ces dernières années.

Il faut soutenir le président Ramaphosa comme le pays tout entier. Car des forces contraires cherchent à déstabiliser la démocratie et à l’éradiquer commme partout.
Christine von Garnier, 4.01.22 sociologue et journaliste

Le réveil des pays africains face à la Chine et à la France

Il y a trente ans quand la Chine commençait à s’intéresser sérieusement à l’Afrique pour y trouver des moyens de se développer toujours plus, elle a commencé à pratiquer un néocolonialisme auprès des pays africains qui étaient sortis des colonisations européennes une vingtaine d’années auparavant. Pourquoi acceptaient-ils alors cette nouvelle forme de colonialisme soit disant gagnant-gagnant? Subtiles comme ils sont, les Chinois ont bien réussi leur tour de passe-passe, et les mise en garde des Européens n’y ont rien fait. Les promesses faites concernant les constructions d’infrastructures ou des exportations africaines, de même que l’argent payé généreusement à des hauts fonctionnaires, avaient bien arrangé les choses. Les louanges à l’égard des Chinois étaient intarissables. Mais le temps a passé… Les téléphones portables les ont informés même au fin fond de la brousse.

Lors du récent sommet Chine-Afrique à Dakar les 27-28 novembre, Xi Jinping, qui n’avait pas fait cette fois le déplacement, a dû entendre les critiques de plusieurs chefs d’État africains notamment les investissements transformés en dette…Les Africains ont dû alors convenir que les histoires du Tibet, de Hong-Kong et des Ouighours sont du ressort de politique interne et aussi qu’ils n’insisteront pas sur le sort de Taïwan. C’est le win-win chinois. En échange, le président chinois a promis un milliard de vaccins dont une partie sera produite en Afrique. C’était bienvenu pour l’Afrique du Sud et ses voisins aux prises avec un nouveau virus appelé Omicron. Pourtant aucune démonstration claire de satisfaction ne s’est exprimée. On dirait que les Africains ont été échaudés par l’attitude soudaine des Chinois.

Pendant ce temps, le rejet de la France grandit lui aussi dans le Sahel. Un convoi logistique de l’armée française (Barkhane) a été bloqué une semaine au Burkina Faso. En route pour le Mali, il a affronté le 27 novembre, l’hostilité des populations du Niger. Jamais un convoi logistique n’avait connu autant d’obstacles et d’hostilité de la part de civils sur la route qu’elle emprunte entre la Côte d’Ivoire et le nord du Mali. Selon le ministère de l’Intérieur de Niamey, le convoi, placé sous escorte de la gendarmerie nationale, a été bloqué par des manifestants violents à Tera, dans la région de Tillaberi où il a passé la nuit. Pour se dégager il a dû faire usage de la force. Et le porte-parole de l’état major français, le colonel Pascal Ianni a expliqué de son côté qu’un groupe violent parmi les manifestants a tenté de s’emparer des camions. Les soldats nigériens et français ont effectué des tirs de sommation. Le convoi a repris sa route vers le Mali. Mais des appels à s’opposer à sa progression ont été relayés par les réseaux sociaux lancé par la Coalition des Patriotes du Burkina Faso (Copa-BF), un mouvement panafricain qui s’oppose à la présence des soldats français de Barkhane incapables de chasser les groupes djihadistes du Sahel. Pour Paris, l’attaque du convoi Barkhane sert d’exutoire à la frustration des populations sahéliennes.

En effet, la gendarmerie burkinabée a essuyé une cuisante défaite à Inaba le 14 novembre où 53 gendarmes ont été tués par des djihadistes… Selon le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, cette exaspération dont témoignent les manifestants contre le convoi de Barkhane seraient instrumentalisée par des puissances étrangères comme la Russie. Après avoir mis la main sur la Centrafrique, ex-colonie française, Moscou essaye de reproduire le même scénario au Mali et au Burkina Faso, confie au magazine La Croix une source sécuritaire française. Souvenons-nous des mercenaires russes, le groupe Wagner, qui ont aussi agi en Syrie, en Libye et au Mali très récemment. La Russie cherche non seulement à déloger les Français et à se mettre à leur place en se rendant indispensable militairement, mais aussi à bénéficier des ressources du sol. Cela donne l’impression que Russes et Chinois se donnent la main pour saigner le continent africain faisant la guerre par pays interposés par des moyens peu conventionnels : corruption, désinformation, pillages, refus du droit international… En Europe, surtout à l’Est, ce n’est guère différent. Là, il faut vraiment se réveiller…

L’ancien président sud-africain blanc Frederik De Klerk est mort

Né en 1936, Frederik de Klerk était un conservateur nationaliste qui a fait libérer Mandela en 1990 emprisonné depuis 27 ans. Il a été l’initiateur du grand changement en Afrique du Sud qui a eu un retentissement sur tout le continent. Afrikaner convaincu, personne n’avait pensé qu’il ferait ce pas. Comme quoi, on peut quand même croire aux miracles en politique ! Différents facteurs l’avaient amené à retourner sa veste : la chute du mur de Berlin qui supprimait la menace communiste en Angola et au Mozambique sur laquelle reposait en partie la politique de l’apartheid, mais surtout l’influence de membres du nouveau gouvernement multiracial indépendant en Namibie depuis 1990. Ils sont allés lui expliquer qu’un gouvernement multiracial sans apartheid était possible. Les choses sont ensuite allées très vite. Mandela et de Klerk ont reçu tous les deux le Prix Nobel de la Paix en 1993. En 1994, Mandela a été assermenté à Prétoria par un juge encore blanc devant un parterre de chefs d’Etats du monde entier. Un de ces moments qui a fait jaillir les larmes aux yeux de beaucoup : la fin de l’apartheid et de l’Afrique du Sud blanche depuis 1948. Un miracle sans effusion de sang, bien que l’extrême droite blanche ne l’aie pas suivi. L’Afrikaner Terblanche a été assassiné plus tard par des employés de sa ferme, comme d’autres plus tard.
Frederik de Klek est resté vice-président de Mandela pendant deux ans, et plus tard, il s’est retiré de la politique. Son couple en a souffert. Il a divorcé de sa femme Marike qui ne l’a pas suivi dans son évolution humaine, elle était restée raciste. Elle a malheureusement été assassinée dans son appartement au Cap. Appuyé par l’évêque Desmond Tutu et sa commission Paix et Réconciliation, non seulement avocat, il avait poursuivi ses études de relations internationales en prison grâce à University of South Africa – le professeur responsable venait lui faire passer ses examens en prison – mais il a aussi eu la visite régulière d’un délégué du CICR, Nicolas, fils de Denis de Rougemont. Malgré sa grande notoriété, Mandela a vécu d’une manière modeste contrairement à bien de chefs d’État africains. Dans ce pays encore profondément marqué par le calvinisme, d’autres personnalités se sont abstenues d’avoir la folie des grandeurs. Ce qui n’a pas été le cas d’un de ses successeurs, Jacob Zuma qui, avec la complicité d’une grande famille hindoue, les Gupta, a pillé les ressources de l’Afrique du Sud dont le président actuel Cyril Ramaphosa a de la peine à s’en remettre. De ce fait, l’ANC, le parti au pouvoir depuis 1994, est en déroute. Cette déstabilisation en fait la proie des vautours qui planent dans son ciel, comme dans d’autres pays africains déjà victimes de pillages… Deux jours avant sa mort, Frederik De Klerk a demandé officiellement pardon (en s’excusant plusieurs fois) pour avoir favorisé la politique indigne d’apartheid. Avant il aurait été sans doute assassiné.
Il faut soutenir l’Afrique du Sud. C’est sur elle que comptent d’autres pays africains voisins, notamment contre les djihadistes, ces destructeurs de pays. Selon les décisions de la Cop 26, elle devra se passer de sa principale source d’énergie, le charbon. Les Etats-Unis vont l’aider. De plus, elle n’est pas dépourvue de moyens nucléaires qui lui avaient été octroyés par la France dans les années 70 à cause de la menace communiste de l’Angola et du Mozambique.

En Afrique du Sud, les peuples autochtones ne veulent pas d’Amazon

Pendant que les chefs d’Etats font des promesses à la Cop26 pour stopper les émissions de methane liées aux énergies fossiles, des peuples autochtones protestent contre le géant américain Amazon qui veut implanter son siège social en Afrique dans la ville du Cap. Un complexe d’environ 15 000 m². Selon la mairie cela créait de nombreux emplois, mais les peuples premiers sud-africains dénoncent une destruction d’un site historique et sacré leurs yeux….Leur mot d’ordre : Amazon n’est pas une rivière sacrée. Les risques d’inondation et de sécheresse chroniques au Cap étant une réalité, ils dénoncent un passage en force au mépris des obligations environnementales. Le plus vieux peuple d’Afrique du Sud sont les Khoï San (Bushmen que les premiers blancs chassaient comme du gibier…), aux côtés d’associations de riverains aussi opposés. Une action contre les tribunaux sud-africains est en cours, mais les promoteurs se dépêchent de faire avancer leurs travaux. La mairie de son côté fait valoir les 5000 emplois dans un lieu où le chômage avoisine les 35 %.Les efforts de conservation visant à préserver le patrimoine des peuples et des communautés autochtones ont été paralysés par la politique du diviser pour régner. En effet, plusieurs collectifs se sont rangés du côté de la mairie et d’Amazon qui offrent un centre culturel mettant en valeur l’historique des lieux. Ces terres font partie de la mémoire coloniale avec une première bataille en 1510 entre les San contre les Portugais…Ce type de projet n’est pas nouveau en Afrique du Sud: le projet Princess Vlei en 2014, qui devait être un grand centre commercial, a été abandonné sous la pression d’une grande mobilisation.

Il n’en est pas de même par contre dans un lieu paradisiaque dans le delta du Kavango, au nord de Namibie et du Botswana. Là tout un monde d’animaux y vivent encore paisiblement : éléphants, hippopotames, crocodiles, lions, buffles, et de nombreux oiseaux. Un peuple premier, les Bushmen (San) – on se souvient du merveilleux film Les dieux sont tombés sur le tête – s’y étaient établi il y a des milliers d’années. Il en reste quelques centaines à condition bien sûr qu’ils ne vivent pas là où on trouve encore des diamants (Botswana). En plus, une biodiversité à faire pâlir de jalousie. En fait, la Genèse à livre ouvert qu’une multinationale canadienne, Recon Africa, est venue violenter, avec des forages pour le pétrole et le gaz, même si elle jure le contraire grâce à la consultation d’experts qui n’ont jamais vécu là. Il n’y aura pas de fragmentation de roche, promet le dirigeant Craig Steinke.
Faire des trous de 5km de profondeur pour du gaz et du pétrole, ce n’est rien apparemment, «ils seront remplis par du sable et de l’eau». Les protestations par des organisations écologistes ont commencé il y a plus d’une année, aussi en Allemagne (ancienne puissance coloniale pendant 70 ans), et par l’évêque Geoff Davies responsable de l’institut sud-africain Environnement et Foi. Il demande que les investisseurs et les sociétés financières renoncent à ce projet. Il est outré que les gouvernements de Namibie et du Botswana aient accepté. Un exemple typique de multinationales
qui ont sans doute fait des promesses financières aux dirigeants dont on sait comment elles sont utilisées…Est-ce que les rentes de retraites des Canadiens et autres personnes valent la peine de détruire cette beauté originelle qui nous enchante ? La Cop26, et le Canada en particulier, vont-ils interdire à ces vautours de violer une nature qui ne leur appartient même pas ? Réponse dans quelques semaines. Qu’ils écoutent Hubert Reeves : «Est-ce que nous somme enfin prêts à vivre ensemble espèce humaine et non humaine maintenant que nous avons compris que nous sommes parfaitement interdépendants ? ».

Au Yémen les enfants soldats sacrifiés

Que va devenir l’Afghanistan qui s’enfonce dans la misère, la faim et victime d’attentats ? La situation au Yémen voisin peut donner des éléments de réponse car c’est la même mentalisé de destruction. Là aussi plusieurs pays ont été impliqués. A la fin de l’Empire ottoman, le Yémen a été divisé entre un royaume au nord, et des principautés au sud, le région d’Aden restant une colonie britannique. En 1962, le Yémen est devenu une république au nord et le sud un régime pro-soviétique. Deux guerres entre 1972 et 1979 ont affaibli le pays qui a fini par s’unir. Le Yémen a aussi connu sa révolution lors du «printemps arabe» en 2011 avec une rébellion dans la province de Saana. En 2015, le rebelles houtistes partis de Saada renversent le gouvernement de la capitale Sanaa. L’Arabie saoudite avec une dizaine de pays arabes dont l’Egypte, la Jordanie, les Emirats arabes Unis et le Koweit lancent une opération contre les rebelles soutenus par l’Iran.
Depuis lors la guerre se poursuit, surtout autour de la ville de Marib au centre du pays. Elle a fait des dizaines de milliers de morts, pour la plupart des civils. Et c’est dans ce contexte que des enfants soldats sont sacrifiés par les tribus desuns et des autres. Ils ont entre 13 et 15 ans. Et cela rapporte de l’argent…
Fernando Carvajal, ancien membre du groupe d’experts du Conseil de Sécurité des Nations Unies sur le Yémen, explique : «Que ce soit en tant que groupes opérationnels ou en tant que soldats fantômes (de simples noms sur des listes), ils représentent à la fois une source de revenus pour les tribus appauvries, mais aussi un lien de loyauté entre le cheikh tribal et le régime. Pour l’État il était moins coûteux d’absorber les enfants des tribus que de réellement redistribuer les richesses.»
Au sein des tribus, ce recrutement assure un lien de loyauté. Les famille en attendent un revenu supplémentaire et peuvent aussi bénéficier de munitions et d’armes allouées à leur enfant pendant sa formation, qui peuvent être revendues. Alors qu’un quart de la population active est au chômage et ne peut subvenir aux besoins de base, la pauvreté a été amplifiée par la crise sanitaire en 2020. Profitant de la misère, un marché noir d’enfants soldats s’est constitué dès 2015 dans les territoires contrôlés par le gouvernement à Taïz et Marib, place forte des rabatteurs dont l’un raconte: «Nous sommes payés par le Royaume d’Arabie saoudite pour recruter des soldats. Ils me donnent entre 500 et 1000 rials par recrue (entre 115 et 230 Euros». Cela permet aux familles de vivre dans la dignité, selon un autre recruteur, car la situation économique du Yémen se détériore. En cas de décès, il n’y a aucun rapatriement des corps. Les cadavres sont laissés à l’abandon et dissous dans de l’acide par ses camarades ou enterrés dans des cimetières de villes d’Arabie saoudites. On imagine le désespoir des mères…
La pauvreté issue de la pandémie perturbe beaucoup de peuples. En Afrique du Sud, les Zoulous en reviennent aux cultes des ancêtres, un syncrétisme qui désespère des dirigeants chrétiens. En Suisse, pour palier à un chômage possible, le SECO avait autorisé à nouveau la vente d’armes à des pays en guerre. Cela a permis de vendre des avions Pilatus à l’Arabie saoudite dans sa guerre au Yémen. Là maintenant on sacrifie des enfants. Les Suisses étaient si fiers de leur Comité International de la Croix Rouge… Les valeurs sont détruites.

Et cela continue avec les Russes en Afrique…

Et cela continue avec les Russes en Afrique…

Pendant que nous sommes presque paralysés par l’Afghanistan, la pandémie et ses histoires sans fin de vaccinations oui ou non, le monde évolue autour de nous. En effet, stupeur et colère à Paris, qui vient d’apprendre que le gouvernement malien discute avec l’organisation privée de mercenaires russes, Wagner, proche des amis du président Poutine. Elle était active déjà au Donbass, en Ukraine, puis plus tard auprès des troupes de Bachar Al Assad en Syrie. Ensuite elle a pris pied en Centre Afrique (voir blog ci-dessous), puis en Libye au côté du Maréchal Haftar où les Russes viennent de refuser au Conseil de Sécurité le droit des troupes de l’ONU d’y rester et y ont vendu des avions. Toutes les grandes ONG l’accusent de commettre des tortures, des exécutions sommaires ou des viols contre les civils.
Il est vrai que les relations entre le Mali et la Russie sont anciennes. Après son indépendance en 1961, le Mali s’était tourné vers l’Union soviétique. Il y avait un accord de coopération militaire. C’est lors d’un sommet «Russie-Afrique» à Sotchi en 2019 que les relations ont été relancées. Sous le président Ibrahim Boubakar Keita, les deux présidents ont signé un accord portant sur «la formation de spécialistes militaires», la coopération dans les opérations de «maintien de la paix» et la «lutte contre le terrorisme».
On s’en souvient, il y a eu un coup d’Etat en août 2020 au Mali contre le président Keita que Moscou n’a pas condamné, au contraire des puissances occidentales. Les deux putschistes Malik Diaw et Sadio Camara venaient de suivre un stage en Russie… Paris accuse Moscou de conduire des campagnes qui visent à l’évincer de la région. La ministre des armées Florence Parly trouve ces faits extrêmement préoccupants, contradictoires et incohérents, et pour le chef de la diplomatie Le Drian «c’est absolument inconciliable avec notre présence et incompatible avec l’action des partenaires sahéliens et internationaux du Mali». Et Berlin d’ajouter : «Un accord entre le Mali et Wagner remettrait en cause le mandat de l’armée allemande (1500 hommes).»
On le voit, Poutine sème la discorde pour mieux vendre ses armes et déstabiliser la région. Au Mali, la Russie récolte 9 millions d’Euros chaque mois, et a accès à trois sites miniers. Ce sont en gros les mêmes méthodes que les Chinois dont il s’inspire qui ont tissé sur le continent une toile d’araignée y puisant ce dont ils ont besoin pour leur propre développement. Ceci sans égard pour l’environnement.
En Afrique du Sud où la situation se dégrade depuis plusieurs années, et pas seulement à cause de la pandémie, c’est une famille hindoue qui a convaincu l’ancien président Zuma de déstabiliser le pays grâce à des corruptions gigantesques. Ursula von der Leyen a sans doute raison de plaider pour une armée européenne car les «Occidentaux» ont à leurs portes tout un continent monté contre eux par des «étrangers» qui pratiquent une autre sorte de colonisation…Pour le reste ils s’entendront avec les djihadistes à leur manière.

En Australie, les Aborigènes aussi…

En Australie aussi une « génération volée » aux Aborigènes…
Les révélations au sujet des enfants « disparus » dans les institutions religieuses au Canada, ont poussé le premier ministre australien Scott Morrison à annoncer le versement de 47 000 Euros à environ 30 000 Aborigènes arrachés à leur famille lorsqu’ils étaient enfants. Cette décision a été prise le 5 août par le premier ministre australien, 4 jours avant la Journée internationale des peuples autochtones. Chaque enfant doit recevoir 75 000 dollars australiens (46 870 Euros), avec en plus une aide à la guérison et des excuses d’un haut fonctionnaire du gouvernement (La Croix 9 août 2021). C’est déjà mieux que de les enterrer…

Les Aborigènes attendaient cela depuis 2008 lorsque le gouvernement travailliste s’était excusé sur ce douloureux passé. Aujourd’hui ils seront 30 000, ceux qui restent encore en vie, à bénéficier de cette compensation sur 100 000 enfants des générations volées. Voici une bonne explication du colonialisme d’alors : « Au début du XXe siècle, il s’agissait de protéger les Aborigènes, de donner une chance aux enfants métis d’intégrer la société occidentale. Ces pratiques ne concernaient que les enfants dont un parent était blanc, britannique, et l’autre aborigène. Ils avaient ainsi l’opportunité de participer à la société civilisée, et leurs enfants celle de devenir blancs, puisque le gène aborigène était considéré comme récessif… »
Selon Romain Fathi, maître de conférences en histoire australienne à l’Université Flinders, et chercheur associé au Centre d’Histoire des Sciences Po-Paris, les enfants étaient envoyés dans des familles d’accueil pour y recevoir une bonne éducation. Dans la manière de penser de l’époque, c’était leur faire une faveur. Pour les autres Aborigènes, donc full blood, ils étaient considérés comme des personnes condamnées à mourir plus tôt que les autres. Ce n’est que dans les années 70, que la souffrance des Aborigènes, marginalisés, a commencé à être reconnue, victimes de discriminations. En fait, les Australiens se sentaient complètement extérieurs au monde aborigène et les trouvaient non rentables, sales et alcooliques. La ressemblance avec le vocabulaire de l’apartheid sud-africain est frappante.

Me trouvant à la messe de Noël à Perth en 2002, j’ai soudain tendu l’oreille : dans son homélie, le prêtre demandait pardon aux Aborigènes pour les traitements infligés depuis tant d’années. Enfin ! L’église était pleine de descendants de migrants italiens, irlandais et anglais, certains issus des forçats que l’empire britannique envoyait défricher ces nouvelles terres, comme les Chinois font en Afrique aujourd’hui… En Afrique du Sud, Mandela était déjà au pouvoir depuis 1994. A la sortie de la messe, j’ai demandé l’avis d’Italiens, ils étaient soulagés que cela sorte au grand jour et que cela ne soit plus refoulé. Tout d’un coup les langues se déliaient.

Plus tard, j’ai reçu un grand livre avec des peintures faites par une Aborigène… Elles sont impressionnantes en couleurs et en intensité, chargées de symboles qui expriment l’inconscient de manière très suggestive selon les psychiatres. Leurs peintures rupestres ressemblent à celles d’Afrique australe. Mais la fête nationale du 26 janvier célèbre toujours l’arrivée de la première flotte britannique en 1788, un manque de considération envers les Aborigènes qui n’est pas près d’être supprimé. Avec ces excuses, il faudrait maintenant raconter la vérité historique dans les écoles. Et peut-être aussi que les Aborigènes penseront que faire partie de cette société civilisée industrielle n’apporte finalement que malheurs avec la pandémie, les feux de forêts, les inondations, les rats…

Les Russes en Afrique

Après l’esclavage où 200 millions de personnes ont été déportées selon l’ancien président Senghor, sans compter les pays arabes voisins, et après la Conférence de Berlin en 1884 où les Européens se sont partagés l’Afrique comme un gâteau, il faut compter 150 ans de différentes colonisations européennes, qui ont enrichis leurs pays, mais où il convient de mentionner leurs efforts surtout dans l’éducation, la santé et la religion. Puis sont venus de certains pays, turcs, américains, et surtout les Chinois qui avaient déjà tout planifié sur l’Afrique il y a trente ans. Avec leur win-win (en fait un winwin-win) ayant pour but le développement de la Chine grâce aux grandes richesses du sous-sol africain.
Il est vrai que pendant longtemps, ils ne se sont pas vraiment intéressés au continent africain, trop pris par leur décolonisation de l’empire communiste chez eux. Cela a commencé, il y a quelques années, par leur engagement pendant la guerre en Syrie, puis récemment en Libye et en République Centre Africaine (RCA). Des occasions rêvées pour leurs ventes d’armes et booster leur industrie. Il est toujours question dans la presse d’un groupe de mercenaires, le groupe Wagner, surtout connu pour ses exactions brutales et son but de s’insérer dans des conflits pour en tirer le maximum de profits pour la Russie.
Les Russes sont donc très présents en Centre Afrique. Bangui sa capitale, a été le théâtre récemment de la présentation d’un film, – il n’y a pas de cinéma dans cette ville – sur le stade national, avec un énorme écran (voir NZZ 1.07.2021). Dix mille personnes se sont massées pour voir le film « Touriste ». Tapis rouge pour les ministres, les hauts gradés et les acteurs. Ils y ont appris comment les Russes voient leur pays : après des années de guerre et de violences, le pays est enfin libre des mains des rebelles grâce à l’aide héroïque des Russes ! Pendant 90 minutes, les spectateurs africains ont vu des combats sans fin et des tentatives de prises de pouvoir qui se terminent finalement par un « merci les Russes ! », prononcé en riant par une jeune fille de Bangui derrière des drapeaux russes… Cela sent très fortement les méthodes chinoises. Un film de propagande qui doit servir à améliorer l’image des Russes sur le continent africain.
Nulle part ailleurs que sur le continent, l’influence russe est montée si rapidement qu’en Centre Afrique où la coopération avec la Russie s’est faite avec les livraisons d’armes : kalachnikov, pistolets, fusées, avec des conseillers militaires susceptibles de former les forces locales. En fait, il s’agissait principalement du groupe Wagner, une organisation paramilitaire de l’Etat russe, qui appartient à l’ami de Poutin Jewgeni Prigoschin, dont le rôle est de favoriser les intérêts du Kremlin sans qu’on le sache. Evidemment le film « Touriste » ne parle pas de violations des droits de l’homme. Les « gladiateurs russes » sont les seuls qui puissent stopper les avancées des rebelles sanguinaires de François Bozizé, l’ancien président, conseillé par un « Français malveillant » qui organise un putsch juste avant les élections… Même des casques bleus sont totalement inopérants et le gouvernement appelle à l’aide les Russes qui permettent ainsi les élections ! Un narratif bien inventé. Il s’agit de présenter l’engagement russe sous une lumière favorable. Même dans les rues de Bangui on pouvait voir des affiches vantant l’engagement de la Russie : « Nous parlons peu, mais travaillons beaucoup ! » Les journalistes et la radio ont été payés pour parler de la coopération centre africaine-russe…
Le Conseil de Sécurité de l’ONU s’est emparé du problème centre africain il y a quelque temps. La France et les Etats Unis ont critiqué fortement les tentatives d’élargissement du ministère de la défense russe. Le représentant de l’ONU de l’Afrique centrale, Mankeur Ndlyae a dénoncé sans ambages les violations graves des droits de l’homme, non seulement par l’armée locale, mais aussi par des « forces bilatérales » et autre personnel militaire. Un rapport sur le groupe Wagner décrit même des tueries sans raison, l’occupation d’école. Un autre groupe parlait en mars déjà de viols, d’arrestations, d’expulsions, d’exécutions… Une auteure du rapport explique que les populations sont complètement apeurées et angoissées.
On peut se demander ce que recherche la Russie dans un des pays les plus pauvres du continent ? La RCA est riche en or et en diamants qui sont déjà en partie dans les mains d’entreprises russes. Côté géopolitique, « La Russie revient en Afrique » aurait déclaré Sakarov dans une interview sur CNN , conseiller en sécurité du président Centre africain Touadera.
Des troupes russes sont aujourd’hui présentes dans une demi-douzaine de pays africains, parmi lesquels : le Soudan, le Mozambique et la Libye. D’après la BBC, la Russie essaye d’influencer les élections à Madagascar, et suppose la même chose pour le Zimbabwe et la Guinée. « Nous voulons approfondir nos relations avec l’Afrique dans tous les domaines », avait expliqué Poutin lors d’une rencontre à Sotchi avec les chefs d’Etats africains il y a deux ans. Cela renforcera notre sécurité. » Mais qu’en est-il de ses relations avec les djihadistes ? Et avec les Chinois ? Cela reste très mystérieux.

Israël-Palestine : Mondialiser les faits ?

Cela fait du bien d’apprendre que deux pays arabes Egypte et Qatar ont réussi avec l’ONU à faire cesser les bombardements de l’armée israélienne sur Gaza et les roquettes du Hamas sur Israël. Maintenant il s’agit d’aller au fond des choses et de comprendre pourquoi le gouvernement israélien jouit encore du privilège de ne pas être traité comme les autres pays et puisse passer par-dessus toutes les lois internationales en toute impunité ? A cause de l’horrible holocauste, un génocide terrible ? On le comprend et on doit l’accepter. Cependant aujourd’hui, il s’agit de mondialiser toutes les guerres et d’agir pour protéger toute l’humanité car certains pays dictateurs copient les injustices que font les autres. Voir Russie, Chine, Iran et d’autres,
L’Egypte et le Qatar avec l’ONU ont réussi à négocier avec le Hamas et l’armée israélienne, les Etats-Unis ayant donné leur accord tacite. On ne peut que s’en réjouir, mais l’équilibre est fragile. Le plus dur reste à faire, surtout quand les fondamentalismes religieux sont embarqués dans l’histoire. Ce sont des idéologies dangereuses comme le communisme d’ailleurs (Chine). Elles font beaucoup de mal : les djihadistes, les juifs ultra-orthodoxes, les croisés au Moyen-Age ou les chrétiens d’extrême droite, et les musulmans chiites (Iran) contre les sunnites. Ils instrumentalisent Dieu pour leurs guerres. « Gott mit uns ». Rien de nouveau !
Les juifs ont tué le Christ qui a accepté librement sa mort, ce qui a provoqué l’antisémitisme, et qui a mené à l’horrible holocauste. Un génocide épouvantable pratiqué par les Occidentaux dans une large mesure. Mais cela justifie-t-il aujourd’hui que le gouvernement israélien soit au-dessus des lois internationales en toute impunité ? A mon avis il y a d’autres génocides tout aussi horribles, dont celui de l’esclavage en Afrique. En janvier 1982, lors d’une interview chez lui à Dakar, le Président Senghor m’a expliqué l’histoire de l’Afrique que nous connaissions mal à l’époque : « 20 millions d’esclaves ont été déportés d’Afrique, mais pour chaque esclave, 10 mourraient en route, cela fait 200 millions d’êtres humains qui ont disparus du continent africain. C’est le plus grand génocide de l’histoire », m’a-t-il dit.
J’étais restée sans voix. Pouvais-je le croire ? L’interview a été publiée à l’Institut des relations internationales à Johannesburg en février 1982 (1). Senghor avait notamment dit, sans la haine qu’on lisait dans les journaux à ce moment-là, que le gouvernement sud-africain devait enfin commencer à changer sa politique. Et montrer qu’un Africain peut très bien gérer un pays. C’était justement le but fixé par la diplomatie française qui avait conseillé le petite Suissesse neutre d’aller interroger ce président poète et écrivain, membre de l’Académie française et de l’Assemblée nationale. L’interview a été passionnante, parce que le Président Senghor, qui n’avait pas le droit d’aller en Afrique du Sud selon l’Union Africaine, me posait beaucoup de questions sur ce pays, et aussi sur un peuple premier, les Bochimans, que je connaissais bien. C’était si merveilleux pour moi de dialoguer avec un Noir à égalité et sans préjugés. Cela m’a libérée.
Quelque temps plus tard, le ministre des Affaires étrangères sud-africain était chez le président Senghor, et, en 1994, le pays de l’apartheid confiait la direction du pays à un Noir, Nelson Mandela… Un de ces miracles qui sont dû souvent à l’intervention d’une poignée de personnes et à un concours de circonstances favorables. Pourquoi cela ne serait-il pas possible pour Israël et Palestine ?
En Afrique du Sud, pas de fanatisme religieux aujourd’hui, comme chez des Arabes qui avaient peut-être empoisonné Yasser Arafat en 2004 et des Israéliens ultra-orthodoxes qui ont assassiné Isaak Rabin(1995). Tout cela malgré les multiples accords, déclarations d’intention, et promesses de dialogues avec le gouvernement américain. Alors, le statut privilégié d’Israël doit–il être maintenu puisque d’autres peuples ont aussi vécu un génocide atroce comme les Africains dans leur ensemble, qui a coupé tout avenir pendant 200 ans ? Mais hélas aujourd’hui, une certaine haine de l’Occident se répand partout. A cause du Covid 19, l’appauvrissement rend vulnérable la jeunesse qui se révolte contre le capitalisme et on la comprend.
Et pourtant, la religion doit- elle encore tout décider pour Israël d’une manière absolue ? Voilà une proposition qui pourrait changer les relations entre Israël et la Palestine. En Israël, la moitié de la population serait sans doute d’accord à condition que leur sécurité soit assurée, mais pas avec des bombes… Bien sûr ceux qui oseront proposer cela, seront traités d’antisémites et de terroristes, c’est dans l’air du temps, mais rien n’est impossible, on l’a vu avec l’Afrique du Sud…

(1)Senghor speaks on Africa, South African Institute of International Affairs, Jan Smuth House, P.O. Box 31 596, Braamfontein 2017, South Africa, May 1982 Israël – Palestine, mondialiser les faits ?

Afrique: Ouganda, un scénario connu

Presque partout en Afrique, la découverte de pétrole a conduit les pays à un climat politique propice à la corruption, au saccage de l’environnement, à des expropriations douloureuses, à des conflits internes, à du trafic illégal, cela même si de précieuses devises rentrent dans le pays… Une malédiction ? Oui sans doute. Nigéria, Angola, Libye, RDC, Cameroun, Egypte, Tchad, pour n’en citer que quelques-uns. Total vient de signer le plus grand contrat pétrolier de l’année avec l’Ouganda, alors que cette entreprise vante sa transition vers les énergies renouvelables, comme d’autres d’ailleurs. Les associations de défense de l’environnement sont déjà sur la piste, et sur celle de l’entreprise canadienne ReconAfrica dans le paradis du delta du Kavango (Namibie/Botswana) qui ne parle que de gaz pour éviter d’alerter les opposants. Mais finalement, les principaux responsables du dérèglement climatique sont aussi les consommateurs de pétrole que nous sommes qui ont beau jeu de diaboliser les entreprises qui pillent les ressources en toute légalité.
L’Ouganda compte 45 millions d’habitants dont la moitié à moins de 14 ans, et 2% les plus de 65 ans. La population a doublé en 20 ans. On comprend dès lors la nécessité pour le gouvernement ougandais de chercher des devises par tous les moyens (La Croix 25.04.21). L’aide américaine en 2020 s’est élevée à presque 1 milliard de dollars pour sécuriser toute la région. En plus, l’armée ougandaise, qui compte 50 000 hommes, est déployée en Somalie dans le cadre de la mission de l’Union Africaine 6.200 (Amisom), et 620 dans le cadre de l’ONU (Unsom). Quelques centaines aident aussi à la formation en Guinée équatoriale. C’est dire que ce pays « se débrouille » pour essayer de nourrir sa population, mais la corruption est de mise à tous les niveaux de la société.
C’est par les armes que le président Yoweri Museveni était arrivé au pouvoir en 1986. il vient d’être réélu le 14 janvier 2021 après 36 ans de pouvoir. Comme dans d’autres pays africains, les élections ont été marquées par des violences, des fraudes, des emprisonnements de ses opposants, notamment Bobi Wine, 39 ans, de son vrai nom Robert Kyagulanyi Ssentamu), un chanteur reconverti en politique. Il a remporté les élections avec son parti la Plateforme de l’Unité Nationale à Kampala et Buganda, région centrale et poumon économique du pays. Il est soutenu par presque toute la jeunesse. Certains opposants ont été « achetés » par Yoweni Museweni en recevant des postes dans le nouveau gouvernement ou des enveloppes bien garnies. D’autres ont été emprisonnés ou ont disparu. La tradition continue…
Dans plusieurs pays africains, ce sont les Eglises, notamment l’Eglise catholique, qui défend la population. L’archevêque de Kampala, Mgr Cyprian Kizito Lwanga, avait déjà mis en garde les forces de sécurité : « Ne vous conduisez pas comme au temps d’Idi Amin ». En effet, l’ancien président était connu pour sa cruauté, il jetait ses opposants, en majorité des intellectuels, dans le marécage aux crocodiles… « Ils ne veulent pas quitter le pouvoir, ajoute l’archevêque, les autorités nous accusent de faire de la politique parce que nous condamnons la torture et les enlèvements. Mais ce sont les forces de sécurité qui devraient être poursuivies en justice pour leurs violations des Droits de l’homme. » Un journaliste explique : « A 76 ans, Museweni, qui joue au bon grand père et a accueilli beaucoup de réfugiés de pays voisins, ne devrait pas être en mesure d’obtenir un septième mandat en 2026. Mais personne ne connaît les intentions du vieux lion. Son fils n’est pas populaire et ne fait pas l’unanimité au sein de l’armée. Pourtant, c’est elle qui jouera un rôle clé dans la transition. » Il y a plus de vingt ans le président Museweni et Paul Kagame (Rwanda) étaient de bons amis et se sont rendu des services mutuels, mais ils se sont disputés.
Dans sa maison où il s’est réfugié, le chef de l’opposition Bobi Wine, attend, il risque à tout moment l’arrestation, l’exil et même l’assassinat. Et que font les Etats-Unis et les pays européens ? Ils ont dénoncé mollement la violence excessive des forces de sécurité avant les élections. Cela ressemble étrangement à ce qui se passe aujourd’hui dans d’autres pays où la jeunesse frustrée se révolte et veut avoir son mot à dire pour leur avenir (Algérie, Palestine).