Le réveil des pays africains face à la Chine et à la France

Il y a trente ans quand la Chine commençait à s’intéresser sérieusement à l’Afrique pour y trouver des moyens de se développer toujours plus, elle a commencé à pratiquer un néocolonialisme auprès des pays africains qui étaient sortis des colonisations européennes une vingtaine d’années auparavant. Pourquoi acceptaient-ils alors cette nouvelle forme de colonialisme soit disant gagnant-gagnant? Subtiles comme ils sont, les Chinois ont bien réussi leur tour de passe-passe, et les mise en garde des Européens n’y ont rien fait. Les promesses faites concernant les constructions d’infrastructures ou des exportations africaines, de même que l’argent payé généreusement à des hauts fonctionnaires, avaient bien arrangé les choses. Les louanges à l’égard des Chinois étaient intarissables. Mais le temps a passé… Les téléphones portables les ont informés même au fin fond de la brousse.

Lors du récent sommet Chine-Afrique à Dakar les 27-28 novembre, Xi Jinping, qui n’avait pas fait cette fois le déplacement, a dû entendre les critiques de plusieurs chefs d’État africains notamment les investissements transformés en dette…Les Africains ont dû alors convenir que les histoires du Tibet, de Hong-Kong et des Ouighours sont du ressort de politique interne et aussi qu’ils n’insisteront pas sur le sort de Taïwan. C’est le win-win chinois. En échange, le président chinois a promis un milliard de vaccins dont une partie sera produite en Afrique. C’était bienvenu pour l’Afrique du Sud et ses voisins aux prises avec un nouveau virus appelé Omicron. Pourtant aucune démonstration claire de satisfaction ne s’est exprimée. On dirait que les Africains ont été échaudés par l’attitude soudaine des Chinois.

Pendant ce temps, le rejet de la France grandit lui aussi dans le Sahel. Un convoi logistique de l’armée française (Barkhane) a été bloqué une semaine au Burkina Faso. En route pour le Mali, il a affronté le 27 novembre, l’hostilité des populations du Niger. Jamais un convoi logistique n’avait connu autant d’obstacles et d’hostilité de la part de civils sur la route qu’elle emprunte entre la Côte d’Ivoire et le nord du Mali. Selon le ministère de l’Intérieur de Niamey, le convoi, placé sous escorte de la gendarmerie nationale, a été bloqué par des manifestants violents à Tera, dans la région de Tillaberi où il a passé la nuit. Pour se dégager il a dû faire usage de la force. Et le porte-parole de l’état major français, le colonel Pascal Ianni a expliqué de son côté qu’un groupe violent parmi les manifestants a tenté de s’emparer des camions. Les soldats nigériens et français ont effectué des tirs de sommation. Le convoi a repris sa route vers le Mali. Mais des appels à s’opposer à sa progression ont été relayés par les réseaux sociaux lancé par la Coalition des Patriotes du Burkina Faso (Copa-BF), un mouvement panafricain qui s’oppose à la présence des soldats français de Barkhane incapables de chasser les groupes djihadistes du Sahel. Pour Paris, l’attaque du convoi Barkhane sert d’exutoire à la frustration des populations sahéliennes.

En effet, la gendarmerie burkinabée a essuyé une cuisante défaite à Inaba le 14 novembre où 53 gendarmes ont été tués par des djihadistes… Selon le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, cette exaspération dont témoignent les manifestants contre le convoi de Barkhane seraient instrumentalisée par des puissances étrangères comme la Russie. Après avoir mis la main sur la Centrafrique, ex-colonie française, Moscou essaye de reproduire le même scénario au Mali et au Burkina Faso, confie au magazine La Croix une source sécuritaire française. Souvenons-nous des mercenaires russes, le groupe Wagner, qui ont aussi agi en Syrie, en Libye et au Mali très récemment. La Russie cherche non seulement à déloger les Français et à se mettre à leur place en se rendant indispensable militairement, mais aussi à bénéficier des ressources du sol. Cela donne l’impression que Russes et Chinois se donnent la main pour saigner le continent africain faisant la guerre par pays interposés par des moyens peu conventionnels : corruption, désinformation, pillages, refus du droit international… En Europe, surtout à l’Est, ce n’est guère différent. Là, il faut vraiment se réveiller…

Christine von Garnier

Christine von Garnier, sociologue et journaliste, a vécu 20 ans en Namibie où elle était correspondante du Journal de Genève et de la NZZ. Elle a aussi travaillé comme sociologue dans le cadre des Eglises. Aujourd’hui, secrétaire exécutive de l’antenne suisse du Réseau Afrique Europe Foi et Justice.

2 réponses à “Le réveil des pays africains face à la Chine et à la France

  1. Honnêtement je trouve personnellement votre commentaire pas du tout objectif. Venez avec des références. Les chinois et les russes n’égaleront jamais le mal que l’église, dont vous représentez a fait à l’Afrique. L’église venue avec les collons brûlait des villages entiers avec la population si cette dernière refusait de ce convertir au christianisme.

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