Changement climatique : il n’y a plus d’avenir ici en Afrique australe…

 Ce sont deux Sud-Africains d’origine boer établis dans la région australe qui l’affirment. Depuis cinq ans maintenant, à la pointe sud du continent africain, cyclones et sécheresses se succèdent et ont des répercussions désastreuses. Les températures y montent deux fois plus vite que sur le reste du continent : le Mozambique, le Zimbabwe, le Malawi, la Zambie, le Botswana, les ont subies il y a deux ans. Aujourd’hui, c’est le tour de l’Afrique du Sud, de la Namibie en partie, du Botswana et de l’Angola. Petits paysans, grands exploitants, éleveurs, hôteliers, enseignants, tous sont touchés plus ou moins fortement… Et c’est une triste chaîne de malheurs qui s’installent : insécurité alimentaire, corona virus, chute du tourisme, mort des animaux, chômage, migrants qui ne transfèrent plus d’argent. L’excellente qualité des hôpitaux sud-africains et namibiens diminue par manque de moyens et de compétences. Le changement climatique et le corona virus sont devenus les nouveaux vautours qui planent dans le ciel austral ainsi assombri.

Le pays le plus fragilisé est le Zimbabwe. D’après le PAM (Programme Alimentaire Mondial), 60 % de la population (8,6 millions de personnes sur 15 millions) seront menacées de famine d’ici la fin de l’année (Le Monde Afrique). Là, la sécheresse s’ajoute à une liste de difficultés économiques : inflation, pénurie de liquidité, d’essence, de médicaments, d’eau, d’électricité, notamment à Buhera à l’est. « Tout le monde ici est en situation d’insécurité alimentaire, constate un « vieux » de 68 ans, on a beau organiser des prières pour faire pleuvoir, rien n’y fait. Même les marécages et cours d’eau qui coulent toute l’année, sont asséchés. » « Cette année est une mauvaise année, ajoute Celia. L’année passée les terres ont été emportées par les eaux. Cette année, elles seront brûlées par le soleil….

Et pourtant, à 800 km plus à l’ouest, en Zambie, l’herbe est haute et les routes boueuses. Les pluies sont arrivées fin décembre à Simumbwe, au sud-ouest. Mais des centaines de personnes attendent patiemment une distribution de nourriture organisée par l’ONG World Vision et le PAM. L’année passée, 70 % des récoltes ont été perdues à cause de la sécheresse. «J’avais récolté 18 kg de nourriture, autant dire rien, raconte Loveness, mère de cinq enfants, bénéficiaire de l’aide de Simumbwe. On peut manger une fois par jour ». Les fonds manquent pour répondre aux besoins des 2,3 millions de personnes en Zambie. Le PAM n’a reçu qu’un tiers des 36 millions de dollars promis. Récemment des voleurs se sont emparés de la nourriture allouée à une école. Une des solutions serait la diversification des légumes nutritifs, en utilisant des techniques agricoles adaptées au changement climatique, mais il faut de l’argent… Faute de pluies, le barrage Kariba, principale source d’électricité de la Zambie et du Zimbabwe ne peut fonctionner qu’à 25 % de sa capacité. Cela signifie des coupures d’électricité jusqu’à vingt heures par jour. Par 45°, cela affecte les hôteliers qui doivent mettre la climatisation à plein régime pour les touristes venus admirer les chutes Victoria pourtant diminuées en partie.

La Banque Africaine du Développement (BAD) est pessimiste en ce qui concerne les conséquences du corona virus qui prévoit une contraction du PIB pour l’ensemble du continent, entre 1,7 % et 3,4 % (1.2. milliard d’habitants). Cela provoquera une violente crise économique là où le secteur informel est très important et où on vit au jour le jour. De 28 à 42 millions de personnes pourraient tomber dans une extrême pauvreté…

On a de la peine à s’imaginer la tragédie qui commence à montrer ses effets dévastateurs, surtout dans les pays déjà affaiblis, nous qui nous plaignons pour la moindre défaillance. Ainsi, les belles prévisions de développement pour l’Afrique pourraient être balayées par le changement climatique et le terrible virus. Puisque en Europe le changement climatique se fait aussi sentir, il faut se préparer à la solidarité comme l’UE l’a décidé et mieux utiliser nos ressources pour parer à ce qui pourrait aussi nous arriver : vivre avec moins. Grâce à leur résilience, les Africains nous montrent l’exemple…

 

Christine von Garnier

Christine von Garnier, sociologue et journaliste, a vécu 20 ans en Namibie où elle était correspondante du Journal de Genève et de la NZZ. Elle a aussi travaillé comme sociologue dans le cadre des Eglises. Aujourd’hui, secrétaire exécutive de l’antenne suisse du Réseau Afrique Europe Foi et Justice.

2 réponses à “Changement climatique : il n’y a plus d’avenir ici en Afrique australe…

  1. On se demande bien comment l’ONU a pu prévoir une population de 3 milliards en Afrique pour la fin du siècle ! De toute manière, il y a déjà trop de monde sur ce continent et là comme ailleurs , le nombre de personnes devrait correspondre aux ressources disponibles et non à des statistiques !
    Les crises climatiques ont déjà perturbé l’humanité dans le passé et ce n’est qu’un épisode de plus dans l’histoire des civilisations …

    1. Et bien d’après votre réflexion il n’y a qu’à les laisser mourir de faim ? Un point de vue…….

      Je crois plutôt et suis horrifiée et en colère de savoir tant de milliards dépensés pour aller voir si l’herbe pousse sur mars ou ailleurs , alors que des milliers de gens crèvent de faim ! Ne vaudrait il pas mieux s’occuper de ce qui se passe mal sur terre en utilisant tous les moyens techniques à notre disposition ???

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