Afrique: quand les Eglises s’en mêlent…

Dans beaucoup de pays africains, les Eglises sont les seules institutions solides et bien structurées. Presque partout, elles jouent le rôle de médiatrice. Des évêques, en partenariat avec d’autres Eglises ou communautés religieuses, ont élevé la voix pour dénoncer les abus d’hommes politiques ou alerter sur des faits politiques qui peuvent devenir dangereux pour les populations. A lire ce qui suit, il semble que les hommes au pouvoir dans les pays africains ont été catéchisés par l’influence chinoise pour démolir la démocratie et les droits de l’homme et se mettre au pas. De plus l’influence des gilets jaunes en France dont certains veulent tout simplement casser le système, n’est pas négligeable non plus.

On l’a vu ces derniers jours avec l’Eglise catholique, aidée par d’autres Eglises, en République Démocratique du Congo (RDC). Avec ses 40 000 témoins dans tout le pays, elle a pu rapidement savoir qui avait gagné les élections sans prononcer son nom. Quand la Commission électorale indépendante (Ceni) a prononcé le nom de Félix Tshisekedi, elle a pu révéler celui de Martin Fayulu. Communications internet et téléphoniques bloquées, intimidations, répressions, report de 3 millions de voix de Fayulu en faveur de Félix Tshisekedi et du dauphin de Kabila Emmanuel Ramazani Shadary… Ils ont été bien conseillés par certains acteurs étrangers… Malgré l’intervention de l’Union Africaine et de l’ONU qui sont intervenus pour faire connaître la « vraie » vérité, la Cour constitutionnelle a proclamé Tshisekedi président, qui est devenu un exécutant du clan Kabila.

La victoire du peuple a été volée. Il se révoltera peut-être à sa manière. Boko Haram les aidera…  La RDC est un exemple typique des mentalités actuelles en Afrique sub-saharienne. Les dictateurs et leurs cours, armés par des états étrangers, font la loi et font croire à une croissance économique sans problèmes. – Au Togo, en août 2017, un mouvement de protestation contre le pouvoir du président Faure Gnassigbé (40 ans au pouvoir avec le père), s’est organisé. Les évêques togolais sont sortis de leur silence en janvier 2019, revendiquant leur « mission prophétique » : « Les événements que nous vivons dans notre pays au plan politique et social ne sauraient nous laisser indifférents. Les violences contre les blessés, les personnes détenues et les morts au cours du dialogue entre les acteurs politique, sont inacceptables… »

Au Cameroun, en décembre 2017, même scénario, le président de la Conférence épiscopale, Mgr Samuel Kleda, s’est prononcé contre une éventuelle candidature de Paul Biya au pouvoir depuis 35 ans : « il y a un temps pour tout », a-t-il dit, l’enjoignant de réfléchir à une transition pacifique. Peine perdue, Paul Biya a gagné avec 71,28 % des suffrages. « D’où viennent tous ces pourcentages », se sont demandé les Eglises ?

Au Sénégal, ancienne vitrine d’une démocratie assumée par les exemples des présidents Léopold Senghor et Abdou Diouf, le président Macky Sall n’en fait qu’à sa tête. Mgr Ndiaye, archevêque de Dakar, lors d’une déclaration de la presse en 2018 : « C’est Dieu qui donne le pouvoir et le pouvoir est un service ». – Au Tchad, en partenariat avec les autres communautés religieuses, l’archevêque de Njamena Edmond Djitangar a dénoncé la mauvaise gestion du pays et critique l’application des mesures que le gouvernement avait proposées suite à des grèves : « Manifestement, ces mesures n’ont pas donné de résultats escomptés. D’autres mesures se sont ajoutées, prises unilatéralement par le gouvernement alors que les conditions de vie de la population n’ont cessé de se dégrader. »

Au Kenya, c’est la Conférence épiscopale qui est en première ligne pour appeler le pouvoir et l’opposition à des « comportements responsables » Le Kenya a traversé une longue crise politique entre 2017 et 2018 avec un scrutin controversé au terme duquel Raila Odinga s’était autoproclamé président en janvier 2018. Mais sous pression des Eglises, il s’est réconcilié avec le président Uhuru Kenyatta.

Au Soudan du Sud, les Eglises ne cessent de dénoncer les affrontements loyalistes et la rébellion. La Conférence des évêques sud-soudanais avait publié une lettre pastorale dénonçant les crimes dans le plus jeune Etat indépendant d’Afrique. Elle avait rencontré le président, les deux vice-présidents, les ministres, les parlementaires, les responsables de l’opposition, les militaires et autres hommes politiques. Pourtant, le Soudan du Sud continue d’être en proie à une guerre civile depuis 5 ans. Les combats opposent les forces du président Salva Kiir et son ancien vice-président Rick Machar, ayant des bases ethniques. – Enfin en Tanzanie, les Evêques ont dénoncé les abus de pouvoir du président John Magufuli, qui a interdit les réunions des partis politiques jusqu’aux prochaines élections. Ils ont condamné les violations de la Constitution, notant que : « Les médias sont suspendus temporairement, restreignant ainsi le droit pour les citoyens d’être informés, la liberté d’opinion et le droit d’expression. » Au Burkina Faso où règne l’état d’urgence, Boko Haram sévit au nord,et les Eglises viennent en aide aux habitants effrayés. Au Burundi, le président, Pierre Nkurunziza, règne comme le roi Louis XIV d’après une participante à un séminaire à Caux…

Christine von Garnier

Christine von Garnier, sociologue et journaliste, a vécu 20 ans en Namibie où elle était correspondante du Journal de Genève et de la NZZ. Elle a aussi travaillé comme sociologue dans le cadre des Eglises. Aujourd’hui, secrétaire exécutive de l’antenne suisse du Réseau Afrique Europe Foi et Justice.

4 réponses à “Afrique: quand les Eglises s’en mêlent…

  1. Malgré le bug (répétition de x votre message) vous êtes quand même consciente, chère Christine, que vous reproduisez la colonisation, d’abord avec les missionaires, y bla?

    Ne porte aucun jugement sur l’Afrique, qui devrait appartenir aux africains, que j’aime bcp, mais il faut bien avouer qu’à l’instar des peuples autochtones du monde, l’Occident ne leur a pas rendu service et en outre, a donné des idées aux chinois.

    D’ailleurs même moi suisse en Uruguay, ne suis pas exempt de toute culpabilité, mais chacun fait ce qu’il peut 🙂

  2. P.S. Je fais d’ailleurs un parallèle (commentaire qui sera à coup sûr taxé de politically incorrect, donc gommé) avec la diatribe de Soros au WEF.
    “Le péril jaune va écraser le monde”.

    Bien sûr les chinois ont été méprisé, massacrés par le judéo-christianisme qui manipule le monde depuis des lustres et ils veulent une revanche.
    Et l’américano-hongro-sioniste sait qu’il n’en sortira pas vainqueur!

    Alors rien, ni contre les chinois ou les juifs, mais il faut sortir de ces schémas pervers et penser que ce n’est pas en dominant et polluant le monde que l’on va sauver notre planète unique !!!!!

    Même à coup de religion ou e se prétendant mécène
    🙂

  3. P.S.2
    Second parallèle, le Vénézuela. Une dictature de misère, tout le monde fuit, il y en arrive même en Uruguay…! (pq Chavez faisait le malin avec un barril à +USD 100 et a décidé de confier les rênes à un… chauffeur de bus? mystère et boule de gomme ou c’était son amant?

    Plan géopolitique, la Russie et la Chine soutiennent le dictateur Maduro, pour des raisons de coq anti-US!

    Et le peuples, dans tout ça?

    1. P.S.3
      RT France est assez intéressant dans le sens qu’il donne une vision autre que le mainstream.

      Toutefois, lorsqu’un intervenant se targue de l’élection démocratique de Maduro… mdr
      Maduro a modifié le Parlement et la Constitution pour être réélu, ça c’est la seule vérité!!!!
      Et bien sûr, la seule vérité des dictateurs.

      Bon, autant l’Amérique latine que l’Afrique ou l’Asie (hors Chine) ne sont pas prêts d’exorciser leurs vieux démons… :(!

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