Tout bouge en Afrique du Sud. Comme plusieurs mouvements en Europe, la nature reprend la place qu’elle avait avant la découverte de métaux précieux…
Une grande réunion a eu lieu les 12-15 novembre à Johannesburg qui a rassemblait quelques milliers de personnes venant de 60 pays, dont 28 d’Afrique, et aussi des deux Amériques, d’Asie Pacifique et d’Europe. Leur déclaration finale est sans ambiguïté : l’industrie extractive est destructrice, basée sur l’exploitation des ressources naturelles et des personnes qui y travaillent. « Nous reconnaissons notre diversité et nos perspectives différentes, mais nous sommes liés par notre désir d’un futur libre d’une économie extractive ! »
Qui sont-ils ? Un grand nombre de petits fermiers, des groupes de jeunes, d’Eglises, des pêcheurs, des représentants de syndicats et de communautés touchées par les activités des mines, des universitaires, des experts, etc. Tous veulent garantir l’intégrité de la nature et assurer un monde meilleur aux générations futures. Leurs exigences font échos à celles d’autres continents. Ils parlent tous par expérience : « Ces dernières décades, nous avons vu l’intensification de ce modèle économique néocolonial, raciste, patriarcal, basé sur une croissance sans limites sur une planète limitée ! Au nom du progrès, ce modèle a dévalué et dégradé notre terre. Il a surexploité les travailleurs, dépossédant les communautés concernées, ayant pour effet d’intensifier le réchauffement et créant une injustice climatique. Il a assujetti les communautés locales à une logique d’accumulation de capital qui profite aux entreprises transnationales, qui sont les nouveaux dirigeants du monde. »
« En plus, et comme si cela ne suffisait pas, des forces fascistes et autoritaires sont en progression partout qui nous menacent par la violence et la répression. Leur logique est d’accroître leur exploitation de la nature et de financiariser tout cela. Les océans, les fleuves, les petites rivières, les forêts, les montagnes, tout l’écosystème est maintenant au service du profit. Pour accompagner ce processus, le spectre de guerres génocidaires apparaît qui montrera l’extermination des exclus et des marginalisés…Les paysans, les petits fermiers, les migrants, les personnes déplacées, les groupes de femmes, tous sont rendus esclaves du modèle patriarcal de développement d’extraction. Les droits des travailleurs ne sont souvent pas respectés, s’ils existent, les syndicats ne sont écoutés que s’ils sont d’accord avec l’entreprise. »
Les participants au Forum ne sont pas impressionnés par la révolution high-tech, le big data et l’intelligence artificielle qu’ils considèrent comme une mesure supplémentaire de l’industrie extractive. Ainsi, ils appellent à la résistance systématique contre les déplacements de populations, la déforestation, la destruction des sources d’eau, et aussi l’extraction dans les mers.Toute l’assemblée a réclamé le droit de dire NON aux activités extractives sur leurs territoires, où les femmes ont un rôle important à jouer, et OUI à une vie plus harmonieuse, à un modèle durable, respectueux de l’environnement. Ils demandent une transition juste, basée sur une reconversion industrielle où les travailleurs font un travail écologique et social, ou, s’ils ne peuvent pas, ils sont rétribués par un revenu et actifs dans les services publics essentiels. La déclaration explique la manière dont seraient gérées les communautés touchées par l’extraction minière. Avoir aussi le droit de laisser les ressources du sous-sol (gaz, charbon, pétrole) qui ne doivent pas être exploitées à volonté pour maximiser le profit, mais pour un développement futur durable.
Oui aussi à des réparations pour les destructions écologiques faites aux peuples du Sud. La déclaration va loin en demandant l’abolition des investissements et des contrats commerciaux. Les communautés sont malheureusement divisées par la corruption et les fausses promesses où ceux qui résistent sont criminalisés, mis en prison ou tués, ceci avec la participation de leaders traditionnels, ce qui parle pour une démocratie populaire à tous les échelons. En fait la déclaration demande qu’on travaille au bien commun et à la préservation de cet impératif éthique. Elle affirme les droits de la nature qui n’est pas une propriété, mais sacrée.
En lisant cette déclaration, on se rend compte qu’elle se rapproche de l’encyclique du pape François « Laudato Si » qui met aussi en avant le bien commun et le caractère sacré de la terre. Mais comment vont réagir les multinationales, et autres pays dictatoriaux qui achètent à coup de millions de dollars les terres des autres ou les endettent ? C’est le retour du balancier de la mondialisation à tout prix…
Ce qui me fait penser que l’on n’entend plus mon ami Papa Francesco, comme le monde est triste sans lui, comme le monde est dirigé par …les démons.
La bonne nouvelle est que si le diable existe, Dieu aussi
🙂