Interceptor : même les navets n’échappent pas au progressisme cornichon

Le film Interceptor est un gros navet qui ne mériterait pas qu’on s’y intéresse s’il n’était pas révélateur d’un phénomène plus insidieux. En effet, la bien-pensance, dont on pensait que les élites hollywoodiennes se régalaient de manière exclusive comme dans le très drôle Don’t Look Up, s’est désormais transmise aux souches plus basses de l’industrie du divertissement.

Fortement promu par Netflix (excellent dans les séries mais plus à la peine dans le domaine des films) Interceptor est un thriller de série B signé Matthew Reilly, un Australien spécialiste du genre ou, peut-être, devrait-on dire des genres : thriller et navet, tant son palmarès est pauvre. L’intrigue est assez simple. L’armée US dispose de deux bases équipées pour intercepter une attaque de missiles nucléaires russes. Ces bases sont neutralisées par des méchants qui, en même temps, prennent le contrôle des missiles russes. But de l’opération : détruire l’Amérique avec les missiles en désactivant les intercepteurs. Mais, sans rien divulgâcher (comme disent les Québécois), c’est sans compter la vigilance du Capitaine JJ.

Sous les traits d’Elsa Pataky, actrice et mannequin d’origine espagnole, le Capitaine JJ est une sorte de Bruce Willis au féminin. Biscottos potelés et sourcils épilés mais vindicatifs, elle défouraille sans compter afin de sauver le monde d’un complot des méchants (très à droite) contre les gentils (très à gauche). Le film et son message tiennent dans la composition des deux camps.

Du côté des méchants : un garçon, joli mais blanc, intelligent mais sournois. Sa motivation est l’argent. On le devine parce qu’il lâche maladroitement le nom de sa banque… Zurich Schweiz Bank (sans rire). A ses côtés, son idiot utile : un Red neck (beauf) à l’accent texan, blanc (presque rose), presque vieux et, bien sûr, mucho macho. Lui, c’est plutôt l’idéologie : « je ne suis pas un meurtrier, mais un patriote » lance-t-il avant d’exécuter à froid un brave Indo-américain qu’il avait pourtant prévenu : « je veux détruire cette Amérique qui compte trop de gens comme vous » (il s’adressait également au Capitaine JJ dont le côté latino ne lui avait pas échappé). On nous fait bien comprendre que ce méchant-là est du calibre qui envahit le Capitole de temps à autre et vote Trump à tous les coups.

Du côté des gentils, l’héroïne bien sûr. Une Latino, donc, qui a eu du mal à grader dans l’armée car elle a dénoncé, façon #MeToo, un général (vieux, blanc, gros et moche), plus intéressé par son arrière-train que son avancement dans la hiérarchie. Le Président des Etats-Unis qui, évidemment, est une Présidente (interprétée par une actrice australienne d’origine grecque) accompagnée de son secrétaire à la défense, un autre général, mais noir et pugnace. Ensemble, ils prennent les bonnes décisions malgré les mauvais conseils d’un consultant mâle et blanc avec même un petit air sémite façon Gainsbourg.

Manuel illustré de wokisme pour les nuls, Interceptor distille son « progressisme cornichon » (selon la jolie expression de Mathieu Bock-Côté, sociologue mais penseur éclairé), en nous montrant, au cas où ça nous aurait échappé, comment il faut impérativement reconnaitre les siens en termes de genre, de race, de couleur, de sentiments (et de goût pour la délation… Heu! Pardon, pour lancer des alertes). C’est si simple qu’on se demande bien pourquoi on n’a pas encore éliminé tous les fauteurs de troubles, si faciles à repérer : les blancs, les mâles, les vieux, les banques, les patriotes (catégories non-exclusives) et, bien sûr par-dessus tout, les capitalistes. Un film qui donne envie de s’acheter un ours en peluche et de lui faire des bisous. Il ne manque à cette fresque de la pensée gnangnan qu’une couleur pour atteindre le climax de l’intersectionnalité, celle de l’écologie. L’entier du film se passe sur une plateforme plantée au milieu du Pacifique qu’on ne peut atteindre– ô horreur – que par hélicoptère ou – encore pire – par sous-marin nucléaire. Pas l’ombre d’un transport public. Encore un peu de boulot avant d’atteindre le politiquement correct parfait.

De Musk à Netflix: la détestation de l’intelligence

On aurait pu imaginer que les parangons de vertu qui se plaisent à nous expliquer comment penser juste se réjouissent du fait que l’homme le plus riche de la planète soit un africain-américain. Il n’en est rien. Tout au contraire. Elon Musk (né à Pretoria) est, sans répit, sous le feu des attaques de la bien-pensance. Trop riche, trop puissant, trop blanc, il collectionne les défauts qui en font l’ennemi de la pensée juste. Et voilà maintenant qu’il s’en prend à la liberté de censurer. Quel culot ! On imagine la consternation au 1355 Market Street, siège de Twitter : des geeks très chics, tous millionnaires, pétris de la pensée woke dominante de San Francisco se lamentant de voir que leur capacité de bannir du réseau ce qu’ils considèrent comme déviant, va disparaître sous l’ère du nouveau propriétaire.

Chez Twitter, on est très chic.

Le mépris

Du succès, de l’ambition, Elon Musk possède les atouts qu’on aime détester, parmi lesquels aussi celui d’être intelligent, un peu trop intelligent. Il en va ainsi. On a beau avoir inventé la voiture électrique (Tesla), déclassé la NASA (SpaceX) en créant des fusées réutilisables, pénétré des circuits neuronaux (Neuralink) et permis aux Ukrainiens de rester en ligne malgré la guerre (Starlink), tout cela avant l’âge de 50 ans, ça n’empêche pas qu’on vous méprise et qu’on vous donne des leçons. Ça ne retient pas les plumitifs du bon droit de disserter sur le bien et le mal fondé de vos décisions (la presse en général) et les politiciens de basse souche de vous conseiller, notamment sur l’usage de votre argent (Elisabeth « Pocahontas » Warren, sénatrice US démocrate, en particulier).

La foi plutôt que la raison

Dans le grand combat qui oppose aujourd’hui la logique et la morale, c’est la dernière qui gagne. A tout le moins dans le vacarme ambiant, c’est elle que l’on entend le plus. Ceux qui fondent leur action sur la logique passent pour des arrogants, des profiteurs ou au mieux des opportunistes du système. Alors qu’il suffit de venir pleurnicher ses émotions devant une caméra au nom d’on ne sait quelles valeurs plus ou moins religieuses, de l’ordre de la foi* pour être hissé au rang de sauveur du monde (et rejoindre ainsi les lanceurs d’alerte et les cyclistes, ces héros modernes.)

McKinsey: une mission, des valeurs mais surtout des cerveaux.

Le vrai scandale

Dans la campagne présidentielle française s’achevant, le phénomène s’est illustré de plusieurs manières. « L’affaire Mc Kinsey » notamment. Ses opposants ont cru pouvoir déstabiliser le Président-candidat en lui reprochant d’avoir eu recours au cabinet de conseil américain pour épauler certains services publics. Ils ont évoqué la question de l’optimisation fiscale, mais on sentait bien que le reproche essentiel portait sur le recours à de brillantes compétences** fondées sur la logique et le rationnel qui, manifestement, devaient faire défaut à certains services publics***. Or, le scandale n’est-il pas plutôt là ? A quoi sert une administration coûteuse si l’on doit faire appel à des cerveaux bien faits lorsque des affaires courantes s’avèrent un peu plus compliquées qu’à l’ordinaire ? A-t-on songé à mettre en congé non payé les fonctionnaires dont les consultants ont fait le travail ?

L’arrogance, pas l’intelligence

Lors du débat de l’entre-deux tours, on a assisté, tout comme cinq ans auparavant, à un combat très inégal entre d’un côté l’intelligence et de l’autre les (bons ?) sentiments … dira-t-on pour être poli. On a assisté, avec douleur presque, à ces leçons d’économie élémentaire voire de calcul qui ont laissé la candidate malheureuse pantoise, muette, incapable de la moindre réaction articulée quand son adversaire lui assénait quelques traits imparables parce que simplement logiques. Or, qu’a-t-on vu ou entendu après le débat ? Du côté, de la candidate, une plainte ad nauseam, au sujet de « l’arrogance » de son adversaire. Pas un mot, après le temps de la réflexion, sur ce qu’elle aurait pu rétorquer dans les moments de silence induits par son incompétence. De même dans l’écho médiatique du débat : quasiment pas un mot sur l’incompétence de l’une. Rien sur la brillante intelligence de l’autre mais tout sur son arrogance…

La loi Netflix aussi

Ce mépris de l’intelligence et de son principal avatar, le succès, se cache également dans la volonté, en Suisse, de taxer Netflix. Née du génie de Reed Hastings, un représentant en aspirateur fatigué de faire du porte à porte, Netflix est une réussite exceptionnelle qui a permis, au-delà du streaming, la production de nombreux chefs-d’œuvre dont le pire tort aux yeux des nostalgiques du « film d’auteur » est d’avoir plu à un vaste public. Face à cela, quel est le réflexe des fonctionnaires de la culture ?  Décrocher des stages chez Netflix à offrir aux jeunes cinéastes en devenir afin de leur permettre de découvrir sur place des pratiques state-of-the-art ? Consacrer une part de la redevance SSR à l’achat d’abonnements Netflix afin de faciliter l’accès des contribuables à un vrai divertissement de qualité ? Non, bien sûr.

Maintenir l’entre-soi

On préfère taxer. Mais, au nom de quel raisonnement farfelu peut-on imaginer un seul instant qu’un pays, comme la Suisse, qui n’a pas de grande disposition naturelle pour le cinéma mais qui en a d’autres (pour l’innovation technologique, pour la démocratie directe, pour la fiscalité un peu moins confiscatoire qu’ailleurs, pour la naturalisation des footballeurs albanais, etc.) puisse tout à coup faire émerger des chefs d’œuvre du 7ème art en taxant Netflix ? L’idée n’est évidemment pas là. Le but est de financer le système d’aides et de subventions qui constitue un petit milieu où règne l’entre-soi, où on se montre dans les festivals (en Suisse, c’est à Locarno) et où, surtout, il s’agit de maintenir un cinéma d’auteur qui est « produit pour être financé, pas pour être vu », comme le dit finement le jeune producteur et scénariste français Laurent Rochette**** (« Paris est à nous », « Années 20 »).
En refusant ce nouvel impôt, car c’est bien de cela qu’il s’agira lorsque Netflix aura adapté ses tarifs et restreint sa tolérance sur le partage des accès, les Suisses feront preuve d’intelligence. Quitte à se faire détester.

 

 

* On consultera avec intérêt l’ouvrage Woke Racism: How a New Religion Has Betrayed Black America, de John McWhorter (2021). Ce professeur de linguistique à la Columbia University de New York démontre comment le wokisme efface la logique au profit d’un système moral de type religieux qui a pour effet, notamment, d’être nuisible à ceux qu’il prétend défendre.

** Quiconque a travaillé avec des consultants sait qu’ils sont triés sur le volet et embauchés en fonction de leurs aptitudes intellectuelles supérieures, dans le domaine des STEM de préférence. On y trouve beaucoup d’ingénieurs, parfois un brin autistes mais capables de résoudre sans broncher, sans répit et, surtout, sans faute de redoutables problèmes.

*** Boris Johnson a appliqué la même recette en confiant la gestion de la vaccination à une consultante. Avec succès.

**** « C’est arrivé demain » de Fréderic Taddeï sur Europe1, le 24 avril 2022.

C’est quand la marée se retire qu’on voit ceux qui nageaient nus.

Attribuée à Warren Buffet et destinée aux spéculateurs boursiers, cette maxime prend tout son sens avec le retour de la guerre en Europe s’agissant des conséquences de la bien-pensance contemporaine.

Sous la pression de l’écologie politique, de nombreuses décisions désastreuses ont été prises en Europe durant ces dernières décennies. Le conflit ukrainien les met cruellement en évidence. En tête du palmarès : Angela Merkel et sa décision d’arrêter les centrales nucléaires allemandes. Le solaire et l’éolien étant, une nuit sans vent, aussi utiles qu’une piste cyclable un jour de pluie, il faut se replier sur le gaz et le charbon. Résultat : l’Allemagne fait aujourd’hui partie des 10 pays les plus polluants au monde… en plus d’être un client captif du gaz russe.

La Suisse aussi…

Également ébranlé par l’accident nucléaire de Fukushima (« cette aubaine » pour Greenpeace) le Conseil fédéral suisse, tout à son émotion, décide en 2011 et en une séance de 4 heures la sortie du nucléaire d’ici 2034. Aujourd’hui, l’option du retour au nucléaire est forcément évoquée. On a juste perdu 11 ans. On notera au passage que le Conseil fédéral de l’époque était composé majoritairement de femmes. Plus sages que les hommes, comme le veut la doxa du politiquement correct, vraiment ?

Du côté des Etats-Unis, le constat n’est pas plus encourageant. Le Président Joe Robinette Biden, dont la santé est apparemment aussi déclinante que sa popularité, est soumis aux conseils de son entourage démocrate très attiré par la pensée woke. C’est ainsi qu’il a bloqué toutes les initiatives concernant les énergies fossiles, relançant ainsi la production d’énergie au charbon.

L’affaiblissement des uns ouvrant l’appétit des autres, l’Europe se retrouve bien impuissante face à la Russie qui tient le couteau par le manche, ou plutôt le pipeline par la vanne. Elle se retrouve à mendier son énergie en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Alors que Joe Robinette se voit réduit à courtiser le Vénézuela.

…mais pas la France

Dans ce contexte désastreux, il convient, une fois n’est pas coutume, de saluer la position française. Non seulement pour son orientation nucléaire historique, vouée à assurer une indépendance devenue précieuse et, par la même occasion, très vertueuse en termes d’empreinte carbone, mais aussi pour la décision courageuse de son Président de poursuivre et développer son programme nucléaire, notamment dans la direction des nouvelles technologies dans ce domaine comme les SMR (Small Modular Reactor). NuScale, l’un des leaders US, prévoit ses premières commercialisations pour 2029. Rachetée par la société Fluor, cette technologie est désormais cotée (FLR/Nasdaq : +86% depuis fin 2021).

L’alimentation, autre victime

L’énergie n’est pas le seul champ du désastre. L’alimentation aussi souffre de décisions idéologiques qui s’avèrent ravageuses. Prenez le Sri Lanka. S’interdisant l’usage des produits phytosanitaires, ce pays était fier d’être devenu le premier à pouvoir s’afficher 100% bio. Quelques temps après avoir amorcé cette transition, le résultat a été tout autre que celui attendu : l’état d’urgence alimentaire a été décrété le 31 août dernier avec une sévère pénurie de denrées. Les produits phytosanitaires ont été réintroduits mais c’est, comme toujours, la population qui a payé le prix de ces errements.

Les maîtres de l’Inquisition verte.

Ces réalités enfin dévoilées suffiront-elles à faire revenir la raison ? Pas chez les écologistes politiques eux-mêmes, bien sûr. Ils se moquent du sort de leurs contemporains, le but étant de sauver la nature en éradiquant l’homme tout en régressant vers un système collectiviste propre à satisfaire leurs pulsions crypto-marxistes. On n’entend plus Greta, certes. Mais les maîtres de l’Inquisition verte, les Torquemada woke sont toujours là, prêts à nous imposer ce qui est bon pour nous à tous les niveaux de notre existence, de notre humour à notre mobilité en passant par notre santé bien entendu.

Prenons ce journaliste neuchâtelois aux écrits insignifiants, issu d’une génération amputée de la capacité de comprendre le second degré et qui voit probablement dans son métissage le fondement du droit de définir si l’humour des autres est correct ou pas, vouant aux gémonies (et au chômage) une comédienne, pourtant de gauche comme lui mais vieille et subtilement drôle, ce qui fait deux bonnes raisons de la condamner.

Prenons Lyon, cette belle ville récemment soumise aux 30 à l’heure par la grâce de sa mairie verte. Contrairement à d’autres cités dont la mobilité est aussi entravée par la bien-pensance, il ne s’agit pas ici de limiter le bruit ou la pollution. Non, le but est de diminuer le nombre d’accidents, un véhicule roulant à 30 étant réputé moins dangereux qu’un autre roulant à 50 (sans blague ?). Rappelons peut-être qu’il existe un autre moyen de prévenir les accidents, manifestement hors de portée de l’exécutif écologiste, c’est de faire respecter les règles de la circulation, notamment aux… cyclistes.

Dieu nous garde du parti des urbanistes.

Il était juste dans les années 80 de se méfier de l’émergence du parti des automobilistes qui voyait dans la bagnole le prisme ultime d’une vision moderne de la société. Il est vital, de nos jours, de se méfier tout autant (du parti) des urbanistes qui trouvent chez les écologistes politiques un terrain de jeu idéal. Avec pour première ambition « d’emmerder » les automobilistes (comme d’autres les non-vaccinés), ils passent pour des saints auprès de ceux qui ne voient pas pourquoi tout le monde ne se déplacerait pas, comme eux, soit en trottinette ou à vélo. Cette vision urbano-centrée, boboïsée, dogmatique et déréalisée devrait en toute logique commencer à paraître pour ce qu’elle est : un totalitarisme dangereux et imbécile (pour paraphraser Houellebecq*). Les récentes élections cantonales en Suisse montrent que le reflux de la vague verte pourrait s’amorcer. Les candidats de l’Alliance de gauche vaudois s’affichaient au Festival de Jazz de Cully ce weekend. En terrain pourtant conquis, ils n’ont pas été très courtisés. Ils n’étaient d’ailleurs que quatre sur cinq. Un signe prémonitoire ?
Peut-être, mais c’est quand la vague verte se retirera vraiment qu’on verra combien il y a de noyés. Nus comme des Verts.

 

 

* « Anéantir », Michel Houellebecq. Flammarion. 2022

 

 

Voyager au temps des mesures Covid

Comme nous tous, le voyage a pris, ces deux dernières années, un sacré coup de vieux. Plus que le virus, ce sont les mesures destinées à nous « protéger » qui ont fait le plus de dégâts, non seulement du point de vue économique mais également en attaquant le voyage dans son esprit, celui de la liberté, de la tolérance et de l’ouverture au monde.

Même si les mesures semblent se lever dans quelques pays, de sérieuses séquelles et de solides entraves persisteront probablement longtemps pour le voyageur post-covid. En voici quelques-unes repérées en trois mois de voyage en Afrique de l’Est, du Sud et dans l’Océan Indien.

 

 

A Mahé, les installations de test sont là pour durer. Un business bien établi et…

Le fructueux business des tests PCR

Première évidence, voyager revient plus cher qu’avant. Avant tout autre business, celui des tests PCR pèse lourd sur le budget à chaque passage de frontière et s’avère florissant. Leur prix varie en fonction des pays, de leur pouvoir d’achat, de leur degré de corruption et de l’orientation plus ou moins punitive des gouvernements envers les voyageurs. On connaît les prix astronomiques pratiqués en Suisse (CHF 130-180), auxquels se comparent avantageusement ceux pratiqués à Dubaï (CHF 30-50), en Tanzanie (CHF 80), à Maurice (CHF 40) ou en Afrique du Sud (CHF 30). Dans ce domaine, comme dans d’autres, la palme revient aux Seychelles qui alignent leurs prix (CHF 150 – 500) sur celui de leurs hôtels de luxe. Inspirées par des habitudes bien ancrées au cours de 40+ années passées en régime socialiste, les Seychelles ont gardé un flair particulier pour systématiser l’accaparement de l’argent des autres et le redistribuer aux Camarades (la femme de feu l’ancien président France-Albert René est actuellement en prison, accusée d’avoir détourné USD 50 millions de dons humanitaires en provenance des Emirats).

…très lucratif

Le business des tests en fait partie et il participe des charmes «contrastés» de ce petit pays opportuniste où les ambulances sont fournies par l’aide humanitaire indienne et où, en même temps, le café est au prix pratiqué sur la Bahnhofstrasse de Zurich.

 

 

Bien choisir les prestataires sanitaires

Il convient aussi de choisir avec prudence son praticien, les tests étant effectués dans le public comme dans le privé. Il vaut généralement mieux se confier au privé, plus efficace mais aussi parfois plus cher (à l’opposé de la Suisse !) et rester vigilant dans tous les cas. A Maurice, un visiteur a témoigné d’un médecin local qui lui proposait de réaliser un scanner pour traiter… une arête de poisson dans la gorge (retirée, plus tard, en 20’ à l’hôpital du coin).

 

Il faut ajouter au business des tests PCR le fait que les compagnies aériennes qui n’ont pas encore récupéré toute leur clientèle, loin s’en faut, doivent récupérer leurs pertes et assumer, seules, le poids des contrôles sanitaires que les gouvernements leur ont courageusement délégués, sous la menace de devoir rapatrier à leurs frais les voyageurs qui ne sont pas « en ordre ». On ne va donc pas retrouver tout de suite des prix défiants toute concurrence en ouvrant de larges horizons. Du coup, le voyage devient un peu moins spontané. Le choix des destinations est souvent réduit par les lubies des décideurs politiques. On pense au travel ban dont ont été victimes les pays de l’Afrique australe en début d’année en « récompense » du travail des excellents chercheurs d’Afrique du Sud qui ont découvert le variant omicron et ont eu le malheur de le communiquer.

 

L’aéroport de Dar-es-Salam pendant les Fêtes de fin d’année

 

Comportements nouveaux : l’émergence des Little Hitlers

Une étude* réalisée par des chercheurs américains en 2011 s’est intéressée à la relation entre le pouvoir et le statut social. Elle a démontré que la situation où un individu a un statut social très bas associé à un pouvoir très grand représente la configuration idéale du « Little Hitler », ce comportement qui engendre des abus de pouvoir hors norme. Des exemples typiques dans la vie de tous les jours sont le videur de boîte de nuit ou l’employé de gérance, soit un statut social faible allié à un pouvoir immense vis-à-vis de celui qui recherche une entrée ou un appartement à louer.

Les mesures covid ont créé un terrain extrêmement favorable à ces comportements. On en trouve beaucoup dans les aéroports, à l’entrée de tous les endroits où il faut (fallait) montrer patte blanche et passe sanitaire. Dans le business des tests également. Lorsque la prestation est vendue, l’écouvillon est enfilé avec délicatesse : un médecin mauricien demande à son patient d’indiquer lui-même lorsque la profondeur maximale est atteinte. A l’aéroport de Maurice où des contrôles PCR sont pratiqués, à l’arrivée, en fonction du type d’hébergement**, c’est le contraire : le fonctionnaire de piquet tente visiblement la perforation cérébrale sur chacune de ses victimes.

Des touristes israéliens à la mosquée Sheikh Zayed : pas le choix de l’angle

Enfin, il y a fort à craindre que les comportements autoritaires qui, de manière générale sont tolérés comme l’ont été docilement les mesures covid, installent une volonté de contrôle accrue. A Abu Dhabi, il est désormais strictement interdit aux visiteurs de la magnifique mosquée Sheikh Zayed de prendre des photos hors des endroits désignés. Pas sûr que l’imam responsable du choix des angles ait l’oeil très photographique.

 

Plus de danger

Les « Little Hitler » fleurissent volontiers dans les pays à régime autoritaire où il convient d’avoir plus peur des représentants de l’Etat que des habituels malfrats. C’est le cas aux Seychelles et à Zanzibar où le braquage par un militaire armé est une expérience (vécue) qui s’ajoute volontiers à celles des plages et de la plongée. De manière générale, il est devenu plus dangereux de voyager au temps des mesures covid. En Afrique du Sud, la situation économique totalement catastrophique laisse sur le carreau une partie grandissante de la population qui n’hésite pas à recourir à la violence, cela d’autant plus que le masque obligatoire rend bien service aux bandits (deux agressions vécues en six semaines en plein jour entre le Cap et Port Elisabeth, des zones urbaines où il convient de ne pas s’écarter des lieux fréquentés).

 

Moins de diversité, plus de Russes

Il existe un changement fondamental dans la biodiversité des voyageurs. On ne voit pratiquement toujours aucun Asiatique, ni aucun Américain. Un monde sans les sujets de Xi et Biden qui s’est donc ouvert – la nature a horreur du vide – à une population nouvelle, abondante et relativement… fortunée, celle des Russes.

La classe moyenne russe adore les îles paradisiaques de l’océan Indien. Pas sûr qu’elle accepte d’y renoncer sous l’effet des sanctions.

En ce début d’année, tout se passe comme si les mesures qui ont retenu les voyageurs occidentaux et asiatiques n’existaient pas pour cette partie de l’Europe. Les Russes ne sont pas seuls, les Tchèques, les Polonais sont nombreux également. Les Ukrainiens aussi, arrivés par charter à Zanzibar et dans les autres îles pendant les Fêtes. Les touristes russes ne sont pas, on le sait bien, les gens les plus aimables du monde. Ils sont souvent naturellement rugueux, parfois simplement timides. Lorsqu’ils ne parlent pas d’autre langue que la leur, ils préfèrent se taire (l’exact opposé des Français), ce qui leur donne un air renfrogné. Mais, à ce moment de l’histoire, tout ce petit monde ne songe qu’à faire trempette et personne, ou presque, ne se soucie de ce qui va se passer de retour au pays.

 

Un signe rassurant. Peut-être… 

L’invasion des touristes russes dans les chers paradis insulaires de l’Océan Indien est, toutefois, peut-être, un signe d’espoir. Elle témoigne de l’émergence d’une importante classe moyenne russe qui a des moyens financiers et entend bien en profiter. Il est peu probable qu’elle accepte, au nom des divagations de son président, de renoncer pour longtemps à ces avantages nouvellement acquis. L’effet des sanctions économiques devrait alors logiquement la pousser à prendre son destin en main. Cette hypothèse plaide pour le scenario d’une révolution de l’intérieur que beaucoup voient comme l’une des solutions possibles à la résolution de cette impossible situation.

 

* “The Destructive Nature of Power Without Status,” Nathanael Fast et al. 2011, Journal of Experimental Social Psychology

** Si le visiteur loge à l’hôtel, il est dispensé de test. Sinon, il est soumis à un test PCR. Une mesure… Comment dire ? Exotique ?

 

 

 

 

Le Louvre Abu Dhabi fait fleurir la beauté au milieu du désert

C’est un joyau suspendu entre le ciel et la mer. Un écrin resplendissant de beauté pure, un luxe gracieux qui s’offre celui d’aller sans dire, laissant bouche bée le visiteur ébloui.

Le Louvre Abu Dhabi ne se révèle qu’après un long chemin. Il faut parcourir quelques kilomètres au milieu du désert avant de rejoindre Saadiyat, l’île aux musées d’Abu Dhabi. L’île artificielle dont la capitale des Emirats veut faire une plateforme culturelle qui la place sur la carte universelle des incontournables du genre.

L’entrée du Musée donne le ton, oriental.

Autour du sublime musée de Jean Nouvel, quatre autres projets sont dans les plans des Emirs : un Guggenheim signé Frank Gehry, un musée national signé Norman Foster, un Opéra (Performing Arts) dessiné par feue Zaha Hadid et un musée maritime confié à Tadao Ando. Autrement dit la crème de la crème en matière d’architecture contemporaine. A l’heure actuelle, seul le Guggenheim est en construction. Date d’ouverture annoncée : 2025 ou 2026 pour un projet dévoilé en… 2006. C’est deux fois plus que le temps qu’il n’en aura fallu au Louvre pour voir le jour.

 

Un deal en or (noir)

Fruit d’un accord signé entre la France et l’Emirat en 2007 sous l’impulsion de Jacques Chirac (qui donne son nom à l’avenue qui mène au Musée), il est inauguré en grande pompe par Emmanuel Macron le 8 novembre 2017.

La lumière du soleil : élément central de l’architecture du Musée

Pourtant, son chantier, lui aussi, aura connu de nombreuses vicissitudes entre négociation et renégociation du contrat entre les Etats, retards de chantiers et de nombreuses polémiques : quant aux conditions de travail de la main d’œuvre étrangère tout d’abord et, également, quant à la moralité du Louvre (maison mère) qui ouvrait ainsi sa première succursale hors de France en échange d’une solide « compensation » (env. un milliard d’euros dont une moitié pour l’usage du nom pendant 30 ans). “Peut-on faire tant d’argent en bradant ce nom prestigieux ?” se sont offusqués certains cultureux dont on connaît la défiance pour l’argent (des autres). Bref, un deal intéressant pour l’Emirat qui peut ainsi cocher la case « capitale culturelle » dans les options de son futur post-or noir.  La diversification de son économie passant aussi par des investissements massifs dans ce domaine.

Un village de blocs blancs, épurés, sobres sous un ciel d’acier étoilé

Un joyau incomparable

Le Louvre Abu Dhabi est un village constitué de blocs blancs, sobres et épurés recouverts d’un immense dôme métallique de 180 mètres de diamètre. Formé de plusieurs couches de motifs en forme d’étoile, le dôme filtre le rayonnement solaire pour créer “une pluie de lumière”, projetant des éclats de soleil sur les blocs blancs et les promenades qui constituent l’intérieur du bâtiment. “C’est un projet fondé sur un symbole majeur de l’architecture arabe : la coupole. Mais ici, la coupole est une proposition moderne qui rompt avec la tradition”, avait expliqué Jean Nouvel. On peut y voir aussi une allusion au moucharabieh, cette cloison ajourée qui décore les balcons et fenêtres orientaux.

“Leaves of Light-Tree” (2017). Comme au MCBA, dans l’entrée, un arbre de Giuseppe Penone, l’artiste qui reboise les musées.

Ainsi, la vie du village se déroule à l’abri de ce dôme somptueux, des cheminements serpentant entre les blocs blancs qui, on l’aura compris, contiennent les salles du Musée, et les bras de mer qui s’y introduisent également. Car, oui, vous avez bien lu, la mer entre dans le Musée. Ses reflets dansants ajoutant un mouvement au tamis de lumière créé par le dôme. Des bassins prolongent l’espace et se perdent à l’horizon où pointent de lointains gratte-ciels. Quelques dhows aux voiles élégantes se balancent à portée de main. Dans ce Louvre-là, on est à Venise en même temps qu’à la Kasbah sous un ciel d’acier.

 

Une collection en devenir

“Victor Hugo et  les Muses” (1897-1964) d’Auguste Rodin

Le Louvre Abu Dhabi est vaste. Les cubes abritent 6400 mètres carrés de galeries, sans compter l’auditoire, le restaurant et la boutique. Faisant l’objet d’un accord avec la maison-mère parisienne concernant l’ouverture de ses tiroirs, la collection reçoit des œuvres qu’elle expose pendant un an. La rotation intervient en octobre de chaque année. C’est ainsi que le Penseur de Rodin ou l’auto-portrait de Van Gogh ont passé une année dans l’Emirat. Actuellement, ce sont encore des pièces de Rodin qui tiennent la vedette : notamment Victor Hugo et les Muses.

 

Universalité

Convergence de thèmes…
… à travers les cultures.

La collection permanente est en accord avec le rôle de plaque tournante des grandes civilisations que tient le monde arabe dans sa situation géographique aussi bien que culturelle. L’idée est simple : il s’agit de montrer de manière chronologique l’histoire du monde à travers des œuvres qui sont toujours présentées conjointement à celle d’une autre culture dans la même thématique. Cela permet de présenter des œuvres prêtées (encore majoritaires) comme des œuvres propres (comme la perle la plus vieille au monde, env. 5800 av. J.-C., trouvée dans l’Emirat). Le résultat est très convaincant. L’exposition est passionnante et se suit avec un enthousiasme partagé entre la cohérence des mises en relation et la beauté qui émane de chaque vitrine, de chaque buste, de chaque fenêtre, de chaque détour où se perd la lumière dorée du Golfe.

 

Le soir venu, le Louvre Abu Dhabi se pare d’or.

Bien sûr, la collection du Louvre Abu Dhabi est encore dans sa phase de développement. On est loin des trésors immémoriaux du British Museum, des splendeurs mystérieuses de Naoshima, l’île aux musées japonaise ou encore de la folie exubérante du Musée qui déclasse tous les autres : le MONA de Hobbart.  Mais il a fallu des décennies, voire des siècles pour que les grands musées occidentaux créent leur magie. Ce Louvre-là a déjà l’avantage de reposer dans un écrin de magnificence. Il peut grandir sereinement et prétendre aux plus hautes ambitions dans un monde culturel où il est admis que le contenant dépasse (temporairement) les contenus.

Près de deux millions de visiteurs ont visité le Louvre Abu Dhabi durant les deux ans qui ont précédé la pandémie. Depuis lors, la fréquentation est bien sûr moins abondante. Le 31 décembre, le Musée n’a accueilli qu’un seul visiteur : David Guetta pour un concert du Nouvel-An en streaming. Ce garçon a du goût. A tout le moins pour les beaux espaces.

 

 

 

Pourquoi il faut absolument visiter Expo 2020 à Dubaï

–  Certificat vaccinal ou test PCR, s’il vous plaît, nous demande l’hôtesse au check-in d’Emirates.

– Vous avez bien dit « ou » et non pas « et » ?

– Oui. J’imagine que comme la plupart des voyageurs, vous avez les deux (sourire de compassion). Les gens sont vraiment mal informés. Dubaï, c’est vaccin ou test*.

Le voyage pour Dubaï commence bien : CHF 260.- jetés dans le(s) sanitaire(s) ! Et le sentiment désagréable de penser que personne dans toute la chaîne de ces gens qui nous veulent du bien, notamment les centres de test dont on suppose qu’ils sont relativement lucratifs, n’ait pensé à préciser ce détail.

Bref, Expo 2020 oblige, Dubaï est accueillante. Les formalités sont simples et tout est fait pour ne pas décourager les curieux d’une Expo universelle censée, à l’origine, attirer des millions de visiteurs. C’est qu’il faut combattre sur plusieurs fronts. La pandémie bien sûr mais aussi les préjugés contre cette ville trop riche, trop exubérante, trop prospère, trop optimiste pour la bien-pensance dépressive occidentale. « Dubaï, c’est sûrement intéressant mais ce n’est pas dans mes valeurs » me disait, avant de partir, cette jeune femme de la GenZ pourtant apparemment dotée d’une intelligence normale.

 

Osez l’Expo !

Pourtant, si l’on s’autorise à dépasser ces préjugés, l’expérience de Dubaï est non seulement du plus haut intérêt, mais s’avère une véritable cure contre l’anxiété et les diverses hystéries dominantes en Europe notamment. Comme dans les pays asiatiques, les challenges qui se dessinent au début de ce siècle sont abordés sous l’angle des solutions et non celui de la crise et de ses obsessions. Pour autant, il n’y a pas de déni. Bien au contraire : les grandes thématiques sont traitées.

L’immense pavillon consacré à la Mobilité

Mobilité et Durabilité sont les thèmes centraux de l’Expo. Auxquelles s’ajoutent l’Opportunité. Chacun de ses trois thèmes fait l’objet d’un pavillon dédié qui rivalise avec les 192 autres représentant les pays. On y expose des visions de l’avenir créatives et enthousiasmantes même si elles sont parfois un peu naïves. Tenez un discours collapsologue ici et vous allez récolter un fou-rire historique !

Au-delà de son caractère thérapeutique, Expo 2020 illustre bien le monde du 21e siècle. Alors que les premières éditions se passaient entre Paris et Londres, la diversité est de mise et la modernité s’invite à travers un monde rétréci où chacun est à portée de voix. Le motto de l’exposition : connecting people. De plus, chaque nation se montre sous un jour finalement assez révélateur de ses traits fondamentaux d’un côté et, il faut bien le dire, de sa capacité à trouver les meilleurs cinéastes-vidéastes de l’autre car Expo 2020 sacre clairement le triomphe des Maîtres de l’image et du son. Passage en revue des pavillons les plus marquants :

 

Dans le top 10 des visites

Il faut être patient pour visiter le pavillon du Japon

Ce classement populaire, par le succès, témoigne de l’intérêt du pavillon (souvent selon sa capacité à étonner, intriguer ou amuser) qui se transmet par le bouche à oreille et aussi de la proximité géographique d’où le succès des pavillons arabes. Celui de la Mobilité est un de ceux qui attirent le plus de visiteurs. Il retrace de manière spectaculaire son histoire, des premiers voyageurs au sextant à ceux qui découvriront nos voisins stellaires. Du côté des pays, c’est évidemment le Japon qui triomphe avec un bijou de pavillon. Au moment de son ouverture matinale, il y a déjà deux heures d’attente pour y accéder. La Corée du Sud suit de près. Un très grand pavillon futuriste où le visiteur voyage entre architecture brute et réalité augmentée. Samsung met à disposition les appareils remis à chaque visiteur, of course. Le résultat est, il faut bien le dire, décevant compte tenu de la richesse de ce pays, à peine esquissée dans un film vertical à visionner couché. Viennent ensuite, dans un mouchoir de poche, l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis (Dubaï et les six autres émirats qui fêtent cette année le 50ème anniversaire de leur très prospère – et aussi un peu pétrolifère – union). Proche de leur public local, ces deux nations ont mis le paquet avec d’immenses pavillons aux lignes architecturales affolantes.

Un défi à la pesanteur : le pavillon saoudien

La première met en évidence la beauté méconnue de sa géographie et les visions de ses artistes dans une présentation kaléidoscopique proprement sidérante. Les Emirats, eux, célèbrent leur émergence passant à la vitesse de la lumière, de la culture des chameaux à celle de l’intelligence artificielle en moins de temps qu’il n’en faut à la Suisse pour construire son réseau d’autoroutes.

Un demi-million de visiteurs en trois mois.

La Suisse justement : elle fait partie du top 10 avec un astucieux pavillon qui affiche son identité en effet de miroir et propose, à l’intérieur, une resucée du nuage d’Yverdon à Expo ’02**. Faire circuler les visiteurs dans un nuage de vapeur d’où émergent les sommets alpins : il fallait oser au pays du hammam ! Le pavillon helvétique complète la visite en promouvant la capacité d’innovation suisse liée, en partie, au système d’éducation dual (académique versus apprentissage).

Le pavillon suisse affiche un score record grâce à son nuage

Une vraie réussite signée Swissnex. Les collaborateurs du pavillon sont d’ailleurs très fiers de voir les queues de visiteurs s’allonger dès les premières heures de la journée. Ils sont assez arrangeants aussi. Une simple question en mode sourire : « A special lane for the swiss tax-payer ? » *** et nous voilà sortis de la queue dare dare, économisant une bonne heure d’attente. A la sortie, c’est une collaboratrice au puissant accent du jura bernois qui s’émeut de rencontrer des compatriotes et de leur annoncer qu’il y a quelques jours, le pavillon a dépassé le demi-million de visiteurs.

 

Les plus beaux

Outre celui de l’Arabie Saoudite, déjà citée, le plus beau pavillon est sans doute celui du Pakistan.

Le début d’un voyage de toute beauté

Une immersion visuelle et auditive saisissante dans une scénographie qui ne l’est pas moins, le pays de Imran Khan, premier ministre et ancien champion de cricket, se montre puissant, riche d’une culture et d’une histoire solides mais également doté d’une force économique industrielle, agricole et académique redoutable que l’on ignore en Occident. (En 2100 : le Pakistan sera le 5e pays le plus peuplé du monde****)

 

 

Le plus moche

David comme on le voit…
… et comme le voit notre téléphone

L’Italie. Elle propose un pavillon sans âme, fait de bric et de broc où même les créations de sa haute couture ont l’air de sortir d’un musée poussiéreux. Entre deux flaques de spiruline, on peut y voir une reproduction du David de Michel-Ange, mais un habile dispositif ne laisse entrevoir que le sommet de la massive statue imprimée à l’identique en 3D. Si l’on veut admirer sa légendaire zigounette, il faut glisser son téléphone portable dans le silo qui l’abrite. Ici, le sexe aussi se porte voilé. Le slogan italien était pourtant prometteur : « la beauté réunit les gens » (eh oui !). On le sait bien, L’Inferno est pavé de bonnes intentions.

 

 

Le plus politiquement correct.

Ceux qui ont suivi les débats de la primaire démocrate l’an dernier et vu son sourire carnassier à l’assaut de ses adversaires, y compris son futur patron, auront un frisson dans le dos en se retrouvant face à Kamala Harris et ses vœux de bienvenue au pavillon des Etats-Unis.

L’astronaute du futur

Sous leur administration actuelle, les USA proclament les vertus de leur instinct historique pour l’innovation mais ils affichent surtout leur inclination pour les valeurs politiquement correctes du parti démocrate. Un étage est consacré à l’exploration spatiale illustrée par une souriante astronaute noire (of course !) et une promesse de Mars, la Lune étant reléguée au passé. C’est vrai qu’elle n’a été foulée que par des plus ou moins vieux mâles blancs, la pauvre. Le motto de cette exposition : « Life, liberty and the pursuit of future », variation sans beaucoup de sens sur une valeur cardinale des pères fondateurs « the pursuit of happiness ».

 

 

Le plus spatial

Dès lors qu’il s’agit de montrer son intérêt pour le futur, quoi de mieux que le spatial. Du coup, de l’ensemble des pays européens à la Chine en passant par le Kazakhstan, chacun cherche à démontrer son rôle unique dans la conquête de l’espace.

Une architecture qui illustre les flux

Le plus surprenant à cet égard est le Luxembourg qui se présente comme un acteur majeur des futures découvertes. Surprenant, même si l’on sait que les flux financiers qui orbitent dans la Grand-Duché sont capables de supporter d’onéreuses explorations. A la fin, de cette course à l’espace, ce sont les Etats-Unis qui gagnent avec le morceau de lune qu’ils proposent de tâter dans leur pavillon : « touch the moon ! »

 

 

Le plus Suisse

Design zurichois pour le royaume du Bahreïn

Le royaume de Bahreïn a confié la réalisation de son pavillon à un architecte zurichois, Christian Kerez qui signe une admirable expérience immersive. 126 barres métalliques s’entrecroisent dans un apparent désordre et soutiennent la structure d’aluminium du pavillon. Les barres représentent les différentes nationalités et cultures qui cohabitent dans un Bahreïn très dense (10 fois plus que la Suisse) et fondent la cohésion du pays. Conçu dans une esthétique très épurée, à la zurichoise, le bâtiment de Kerez est considéré comme un des chefs-d’œuvre d’architecture de l’Expo. Il joue admirablement avec l’espace et la lumière changeante. Les Bahreïnis en sont tellement contents qu’ils le reconstruiront à Manama, leur capitale, après Expo 2020.

 

 

Le plus socialiste

De bonnes relations avec les Emirs mais une expo négligée

C’est la grande surprise de l’Expo : le pavillon de la Chine est terrible. On connaît pourtant les ambitions de Pékin à se montrer sous un jour moderne et prospère à la face du monde. Ce qui est montré là ressemble à une exposition des années 70, la grande période du réalisme socialiste. La vision du futur selon le Parti Communiste Chinois s’expose comme un dessin animé destiné aux moins de 5 ans qu’il s’agit d’endoctriner avant que la raison ne vienne jouer les trouble-fêtes. A oublier, de même que le pavillon du Belarus, un peu du même genre.

 

 

Le plus poétique.

Quand l’IA se met à la poésie

Le pavillon britannique est sans doute l’un des plus audacieux en matière d’architecture et de vision. Il affiche, sur sa façade, un poème qui se renouvelle sans cesse grâce à l’intelligence artificielle qui intègre les mots que lui suggèrent les visiteurs. C’est simple, c’est spectaculaire et c’est très beau.

 

 

Les plus concurrentiels

Les concepteurs de l’Expo sont facétieux : ils ont collé le pavillon du Saint-Siège à côté du celui de la Ligue Islamique mondiale. Le premier insiste sur le rôle politique du Pape, notamment dans ses rapprochements avec d’autres religions. Le second diffuse une histoire en 3D, immersive et vertigineuse, des Prophètes.

Le Vatican se la joue classique alors que la ligue islamique se projette en 3D

 

Le plus disco

C’est un DJ qui vous accueille au sein du pavillon d’Israël. L’idée est de présenter en musique et en chansons ses vertus, principalement technologiques et dans le domaine de la cybersécurité en particulier. Mais au-delà de ça, Israël joue un jeu de séduction très appuyé vis-à-vis du monde arabe à travers ses nouvelles relations diplomatiques (engagées sous l’ère de l’administration Trump) avec les Emirats. Le but est de montrer les bonnes dispositions d’Israël concernant la coopération future. Et ça marche : tous, Arabes inclus, entonnent la chansonnette et se retrouvent à battre la mesure comme dans une fête de Bar Mitzvah.

Un DJ pour séduire en musique

 

Le plus cérébral

Le cerveau pour les nuls, c’est le thème du pavillon russe qui commence par afficher toutes les inventions modernes que l’on doit aux génies de la patrie de Tolstoï. A l’étage, un immense cerveau trône au centre de la pièce et sert d’écran, support de cours sur les vertus de notre encéphale. C’est bien fait et ça donne l’image d’un pays qui cherche à démontrer une modernité aussi réelle que mésestimée.

Les Russes revendiquent de nombreuses inventions technologiques

 

Le plus calorique

Les Lumières un peu, la table, surtout

La France joue sa carte la plus sûre : la cuisine. Un chef étoilé à l’étage, une pâtisserie à la sortie. Entre deux, une exposition un peu dispersée, assez scolaire et peu visitée mais qui a pour mérite de rappeler l’importance des Lumières dans l’histoire de l’Humanité.

 

En conclusion, cette exposition universelle est une formidable opportunité de voir un peu du monde entier en une seule fois. S’il fallait trouver un bémol, on regretterait que la thématique imposée soit un peu trop respectée. Cela donne un caractère répétitif un brin lassant surtout lorsqu’il s’agit de proclamer ses bonnes intentions en matière de durabilité et autres challenges dont on sait bien, (est-ce bien nécessaire de le répéter à l’infini?) qu’il s’agit de ne pas les négliger.

Expo 2020 se poursuit jusqu’à fin mars 2022. Le climat est parfait en hiver et on trouve toute une série de forfaits qui rendent l’accès très abordable. Il est notamment gratuit pour les 60+.

 

 

* la scène se passe mi-décembre 21. Les conditions peuvent avoir changé. Les compagnies aériennes utilisent Traveldoc pour suivre l’évolution des restrictions.

** conçu par Elisabeth Diller, l’architecte new-yorkaise qui a signé le Broad à Los Angeles

*** Y a-t-il une queue spéciale pour les contribuables suisses ?

**** Source : Statista

Une grande radio pas de gauche. Enfin !  

Il faut bien l’avouer : le départ de Nicolas Canteloup m’a fait douter. Que toute une série de légendes quittent la station après des décennies de fidélité n’est pas une catastrophe, mais la disparition du numéro quotidien de l’imitateur sur le coup de 8h45, c’est autre chose. Europe 1 se relèvera-t-elle de l’absence de ses versions hilarantes d’Anne Hidalgo, niaise et nasillarde ou de Macron, malin et prétentieux (deux de ses personnages les mieux réussis) m’angoissais-je en auditeur fidèle de la station qui, il y a longtemps déjà, enchantait mon adolescence ?

Eh bien oui.

Rapide rembobinage : depuis près de dix ans, l’audience de la plus fameuse des premières stations libres de France connaît une forte chute d’audience : près de la moitié de son auditoire évaporée depuis 2010. De nombreux remaniements de grille n’y changent rien jusqu’à l’été dernier où, à la faveur d’une OPA de Vivendi – le groupe de Vincent Bolloré – sur Lagardère, propriétaire d’Europe 1 et de nombreux médias, le grand ménage est lancé. Exit les vieilles gloires, dont Laurent Cabrol et Julie (près d’un siècle de fidélité à la station à eux deux !) et place à la relève. Un risque car l’on sait bien que l’auditeur ne déteste rien tant que le changement de ses habitudes.

 

La grande peur du camp du Bien

Or, ce ne sont pas les auditeurs qui ont protesté. C’est une partie de la rédaction et les autres médias. Une grève de six jours, inédite à Europe 1, a permis aux plus vieux cadors, tels Patrick Cohen soutenu par Anne Sinclair, de dire leur indignation et leur peur de voir disparaître la fameuse neutralité et l’indépendance journalistique qui les animent. Les mêmes valeurs qui, en même temps, ne les poussaient pas à s’offusquer de la propagande écolo-politique quotidienne que la brave Fanny Agostini distillait jusque-là sous un vernis de « conseils pour la planète ».

Sonia Mabrouk, une digne successeuse de Jean-Pierre Elkabbach, munie de redoutables punchlines

La bien-pensance outrée a atteint son paroxysme avec Libération, toujours prompt à donner le ton dans le camp du Bien, qui s’en est pris à Sonia Mabrouk, l’excellentissime journaliste d’origine tunisienne remarquable meneuse de débats sur Europe et CNews. « Directrice de la réaction », « égérie de la droitosphère », «brushing à la Fox News » : les termes employés, largement en dessous de la ceinture, ne témoignent, dans le fond, de rien d’autre que la grande peur de l’élite de gauche, qui archidomine le paysage médiatique, de perdre du terrain au profit de journalistes qui auraient l’outrecuidance de ne pas penser juste. Car, oui, il en existe. En France à tout le moins.
On les trouve notamment sur CNews, où officiait Eric Zemmour jusqu’il y a peu et qui appartient à… Vincent Bolloré. D’où la grande peur chez les Justes. Et pour une fois, leurs craintes n’étaient pas vaines. C’est bien un sérieux rapprochement qui s’est opéré entre la radio et la chaîne d’info continue. Un rapprochement qui fait sens du point de vue de la ligne éditoriale autant qu’économique. Les uns et les autres officiant en synergie, certaines émissions étant même diffusées simultanément en TV et en radio, donnant ainsi raison au grand homme de radio José Arthur qui ne manquait jamais de rappeler que la supériorité de la radio sur la TV tient au fait que la première peut se passer d’images.

 

La politique et la cuisine

La nouvelle grille d’Europe 1 applique une recette originale qui a tout pour plaire au public français. Elle repose sur deux ingrédients majeurs : la politique et la bouffe. L’info est renforcée dans ses créneaux traditionnels, notamment dans la matinale et l’espace laissé libre par Canteloup sous un angle ultra politique centré sur le débat et les tribunes. Quant à la cuisine, elle s’invite à toute heure grâce aux talents de deux remarquables connaisseurs.

 

 

Deux femmes et un Ukrainien aux avant-postes de l’info

Aux commandes des grands rendez-vous de l’info en synergie avec CNews : Sonia Mabrouk et Laurence Ferrari. La première reste la digne héritière de son mentor Jean-Pierre Elkabbach (qui revient à l’antenne sur la chaîne de ses débuts). Il ne fait toujours pas bon passer dans son viseur si l’on transige avec quelques solides valeurs républicaines qui lui sont chères. La pauvre Sandrine Rousseau, candidate présidentielle éco-féministe évoluant en stabulation libre dans l’univers autistique de la cancel culture, en a récemment fait les frais. Tout comme la ministre du budget, Agnès Pannier-Runacher, accueillie par un impératif « joyeux Noël !», introduisant la discussion sur les « cadeaux » du prochain budget au nom de la relance. Il faut encore noter que Sonia Mabrouk a déniché, pour l’accompagner dans les débats une véritable pépite en la personne de Mathieu Bock-Côté, un esprit agile et un regard frais venu du Québec, qui délivre un véritable scoop : non, les sociologues ne sont pas fatalement tous de gauche.

Dimitri Pavlenko pointe les vrais sujets, sans tabous : immigration, insécurité, laïcité…

Non dénué de talent et d’intelligence non plus, Dimitri Pavlenko a pris les rênes de la matinale. Vif et cultivé, il maîtrise les débats et les entretiens avec une aisance qui n’a rien à voir avec la décontraction autosatisfaite de son prédécesseur Matthieu Belliard. En période de brusque lancement de la campagne présidentielle, Pavlenklo et ses camarades pointent les vrais sujets, sans tabous : immigration, insécurité, laïcité, nucléaire, etc. et se montrent très réactifs : ils sont les premiers à recevoir Bertrand Piccard à la sortie de son livre proposant de remettre un peu de raison dans le débat environnemental.

Une info renforcée et nerveuse où il est vrai que le débat a remplacé, en grande partie, le travail d’investigation si cher à la profession et ses traditions. Mais, dans le fond, qui demande de l’investigation ? On voit bien que les grandes enquêtes, Panama Papers, Paradise Papers ou encore Pandora Papers ont, en dehors du microcosme, à chaque fois moins d’impact. A quand les Panini Papers ?

 

Un Belge aux fourneaux

Côté cuisine justement : deux stars. Laurent Mariotte sait comme personne exploiter la convivialité de la cuisine pour que, sous la torture d’une Cancoillotte bien crémeuse, ses invités se mettent à table. Et ça marche : ils se dévoilent sous un jour neuf. Entendre Amélie Nothomb dire sa passion du champagne est… enivrant.
Olivier Poels, lui, est belge d’origine mais français d’estomac. Il pratique une sorte de guérilla urbaine culinaire au niveau de la chaîne. Il intervient à tout moment avec des rubriques gourmandes autant qu’érudites dans nombreuses émissions au fil de la journée. Toujours prêt à dégainer la recette du poulet à l’estragon ou du mi-cuit au wasabi.

 

Un Suisse à la barre de l’humour

Le 26 septembre 1985, Coluche lançait un appel à la solidarité sur Europe 1 et fondait les Restos du Cœur.

Faire dans l’humour à Europe 1, n’est pas chose facile. C’est un segment prestigieux de l’ADN de la chaîne dont un des studios porte le nom de Coluche, ce type qui anima quelques émissions culte de la station à la fin des années 70 comme « On n’est pas là pour se faire engueuler ». Une liberté de ton, de vocabulaire et un maniement du second degré (dont le 21ème siècle a été amputé pour cause d’obésité morale) qui lui vaudrait au minimum la prison aujourd’hui pour autant qu’il ait eu la chance d’échapper à la décapitation.

Canteloup et Anne Roumanoff évacués, le lourd héritage du rire repose désormais à Europe 1 sur les épaules d’un grand gaillard répondant au nom de Matthieu Noël. Il répète à satiété qu’il est le Suisse de la bande. Effet de manche. Pas plus suisse que le Pape n’est italien, il est né à Genève au hasard d’une mission de ses parents traducteurs à l’ONU. En témoigne son incapacité à prononcer correctement le nom d’un lieu suisse en dehors de sa ville natale, comme lorsqu’il se vante faussement d’avoir échangé des balles avec Federer à Ecublansse.

Matthieu Noël, un esprit vif et agile. Il fait oublier Canteloup. C’est tout dire.

Il intervient dans la matinale où il plaide avec autant de talent que de mauvaise foi les causes les plus impossibles et l’après-midi dans « Historiquement vôtre » où il joue admirablement le faux faire-valoir de Stéphane Berne. En compagnie d’Olivier Poels, David Castello-Lopes (beaucoup plus drôle ici qu’à la RTS) et Clémentine Portier-Kaltenbach (une intelligence supérieure comme les familles françaises protestantes savent en accoucher), les deux s’entendent à merveille et produisent deux heures de pur bonheur radiophonique en racontant « l’histoire sans se la raconter ». Matthieu Noël est une perle rare, un esprit vif qui a fait du détournement des propos hors antenne de ses collègues une marque de fabrique. Il fait oublier Canteloup. C’est tout dire.

 

Emerger du vacarme

Le pari d’Europe 1, version Bolloré et abhorrée de l’élite du métier qui y voit bien sûr une dérive populiste, comme à chaque fois qu’elle voit son écrasante domination « progressiste » contestée, réussira-t-il ? Les résultats d’audience de la nouvelle grille ne sont pas encore publics. En revanche, ceux de la grille d’été, après le départ des anciennes gloires, sont prometteurs. Quoi qu’il en soit, on ne peut que l’espérer tant il est important de tendre un micro à ceux qui défendent des valeurs – liberté, prospérité, innovation, esprit d’entreprise, progrès (scientifique notamment) – rendues inaudibles par le vacarme de la pensée médiatique unique.

Avions, sous-marins et esperluette : le triomphe de l’anglosphère.

Avec une pointe d’accent britannique, le jeune garçon nous sert nos cafés avec un grand sourire. Il s’assure que tout se passe bien dans un anglais châtié et fluent. Rien de surprenant sinon que nous sommes attablés à la terrasse d’un café de… Vilnius, capitale de la Lituanie, et non pas de Covent Garden, capitale du shopping londonien.

-Où avez-vous appris ce parfait anglais ?

-Ici. Pourquoi ?

Et le jeune homme de nous expliquer, en toute modestie, qu’à l’âge de quatre ans, il parlait déjà très bien la langue de Ricky Gervais. A tel point qu’en entrant à l’école, il était déjà largement plus à l’aise que son professeur d’anglais. « La faute à Cartoon Network, rigole-t-il. En Lituanie, les dessins animés, tout comme les séries, ne sont pas traduits dans la langue locale. Du coup… c’est quasiment venu tout seul. »

 

Bloody Lingua Franca !

Ils sont nombreux ces jeunes européens de l’Est qui n’ont pourtant jamais mis les pieds plus loin que le pourtour de la Baltique à être parfaitement anglophones. Essayez seulement de demander à une vendeuse polonaise si elle parle anglais ! Vous recevrez en retour un « of course » dont le ton indique aussi bien l’agacement que la fierté. Pour eux, la question de la langue dominante ne se pose tout simplement pas. Un peu, au fond, comme dans l’Union européenne où l’anglais n’est officiellement qu’une des 24 (!) langues officielles mais, en réalité, la langue d’usage et de travail incontestée. Pourtant, à bien y compter, depuis la sortie de la Grande Bretagne de l’Union, l’anglais n’est plus la langue officielle que de deux états membres : l’Irlande et Malte, soit 1,2% de la population européenne. De quoi énerver nos amis français qui revendiquent près de 15% de cette même population. Mais c’est ainsi. L’anglais est omniprésent. Il est précis, sa richesse lexicale (270’000 mots contre 130’000 pour le français) lui permet une plus grande concision et fournit un excellent support à la formulation claire des idées. De plus, l’anglais déborde largement des frontières de l’Europe, il est donc une possibilité de lien partout dans le monde.

 

Des couleuvres hard to swallow

L’Europe politique doit donc se résigner à l’accent germanique de Ursula Gertrud van der Leyden, présidente allemande de sa commission et aux rugosités un brin bégayantes de Charles Michel, son président belge du Conseil, lorsqu’ils présentent en anglais les positions de l’Union. C’est une couleuvre à avaler face au monde anglo-saxon. Ce n’est pas la seule. Le domaine militaire est aussi devenu le terrain de cruelles désillusions. On passera rapidement sur l’échec de la vente des avions de combat européens à l’armée suisse. Après un coup d’œil approfondi sous le capot, les experts suisses ont opté pour le modèle américain. Scandale ! Comme si le seul fait qu’ils soient européens n’était pas suffisant pour qu’on les choisisse ! La gauche, viscéralement anti-américaine, a promis de ne pas laisser faire : elle fera tout pour que l’armée suisse revienne en arrière. C’est vrai que si l’on veut sa disparition, il y a tout intérêt à ce qu’elle soit mal équipée : (idéo) logique !

 

La menace chinoise

L’affaire des sous-marins australiens est du même métal. Entre des navires à moteur diesel, made in France, et des engins à propulsion nucléaire (donc écologiquement propres !) made in USA-UK, les Australiens ont tranché. Ils se sont rendu compte qu’on tentait de leur refourguer une Peugeot 308 à l’heure de la Tesla X. Mais au-delà de cette évidence technologique, l’affaire des sous-marins qui fait tellement tousser les édiles français et européens est édifiante à double titre.

En premier lieu, elle signifie que la menace chinoise dans la région Asie-Pacifique – réel centre de gravité de la géopolitique du 21ème siècle – est enfin prise au sérieux par les pays directement concernés, soit tout le monde sauf l’Europe et l’Afrique. Il suffit d’ailleurs de se rendre en Papouasie-Nouvelle-Guinée, à quelques centaines de kilomètres de Sydney, pour se rendre compte de l’ampleur de la prise d’influence de la République populaire qui agit sous le radar en investissant discrètement la région à travers ses contrées les plus pauvres*.  Côté australien, l’influence grandissante de la Chine de Xi n’est pas ressentie comme un vague danger lointain et exotique. Scott Morrison, le premier ministre libéral, le sait bien. «Scomo» a eu le malheur de demander des comptes sur les origines du virus. En représailles, il doit affronter toute une série de sanctions (taxes à l’importation, citoyens australiens retenus en Chine, etc.).

En second lieu, cette affaire consacre le retour tangible de ce que l’on appelle l’anglosphère. On en avait vu les prémisses dès le lendemain du Brexit. Déjà, le monde anglo-saxon avait discrètement salué la renaissance concrète et bienvenue de cette alliance géolinguistique chère à Churchill qui unit naturellement le Royaume Uni, les Etats-Unis, le Canada, l’Irlande, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Trump en tête à l’époque évidemment, Biden maintenant, mais aussi les Australiens qui ont franchi un pas de plus en choisissant désormais, avec leurs sous-marins, de se ranger sous le parapluie Anglo-américain. Pour eux, le salut ne peut venir que des gens qui leur paraissent fiables, parlent la même langue, mettent Elisabeth sur leur billet de banque, voire Kamala (bientôt) au sommet de leur pouvoir.

 

 

* Rapportée à la manière dont les managers – communistes chinois – qui gèrent les petits commerces de Port Moresby traitent le petit personnel papou, la période coloniale allemande doit aisément passer pour le «bon vieux temps». La Papouasie-Nouvelle-Guinée s’appelait à l’époque Nouvelle-Poméranie. Elle est restée colonie allemande jusqu’en 1914.

Jeux Olympiques de Tokyo : révélateurs de tendances

Malgré les jérémiades médiatiques sans surprise sur les particularités – pandémie, public, finances – de cette édition, les Jeux olympiques à Tokyo ont été une grande réussite, alliant exploits, spectacle, innovation (avec les nouveaux sports : magnifiques !) et émotions sincères. Ils ont aussi été révélateurs de quelques tendances contemporaines.

 

Forts mais fragiles

Il faut tout d’abord relever les performances physiques exceptionnelles des athlètes contemporains. A l’exception de quelques spécialités dans lesquelles les ressources sont plus exclusivement mentales, les sportifs du 21ème siècle sont une sorte d’ode à la beauté et la perfection du corps humain.

Une ode à la beauté et la perfection du corps humain

Fruits de la connaissance, d’un travail et d’une alimentation jamais égalés, ils ont aligné les records importants, mondiaux, nationaux ou olympiques. Autre fait remarquable : la sportivité. Les encouragements, le soutien, les félicitations adressés à des adversaires n’ont pas été rares. Résultant probablement autant d’un bel état d’esprit que de l’effet mondialisation : les sportifs d’élite se côtoient régulièrement sur les meetings saisonniers. Alors heureux, nos sportifs ? Pas vraiment. Voilà qu’ils sont… dépressifs. Et pas n’importe lesquels : Simone Biles, Naomi Osaka, Noah Lyles, le sprinter : les meilleurs et les plus vulnérables. Purs produits de la Gen Z, la génération « flocons de neige », ils n’échappent pas à cette fragilité qui n’a d’égale que sa volonté d’exposition publique. Être fort est parfois mal vu chez ces hyper-émotionnels qui s’étiolent devant un chaton instagramable. Un signe de faiblesse rendrait-il plus « populaire » auprès des fans ?

 

Sans public mais avec audience

Soyons honnêtes : on n’y a vu que du feu. Avec ou sans public, cela ne change rien du moment que les performances sont exceptionnelles, que le suspense est intense et le spectacle grandiose. A l’exception de quelques vieux journalistes confinés et nostalgiques de la belle époque où trois semaines de Jeux olympiques au bout du monde permettaient de faire exploser les notes de frais (pas toujours en relation directe avec le sport…), tout le monde se fout comme de sa première vérole de la présence ou non de public dans les gradins.

Record explosé. Même sans public.

Les athlètes sont parfaitement concentrés et contrairement à ce que l’on croit, les encouragements du public ne jouent quasiment aucun rôle dans leur performance. Des études sur les matches de football ont montré que le seul qui subit la pression du public est… l’arbitre*. Quant au public réel des JO, c’est-à-dire quelques centaines de millions de spectateurs, il vit – très bien – l’événement en ligne grâce aux images, plus somptueuses à chaque édition, jalousement concoctées par le CIO. Ce dernier ayant compris depuis longtemps que sa plus précieuse source de revenus est là, nulle part ailleurs.

 

Premiers mais aussi 87ème

Les Etats-Unis ont tremblé jusqu’au dernier jour. La Chine leur a tenu la dragée plus haute que jamais au classement des médailles, témoignant ainsi d’une ambition à tout le moins égale à celle de son économie et de sa volonté de conquérir le monde. Il est vrai que les Etats-Unis y ont mis du leur. Contre-performants en athlétisme et dans certaines de leurs disciplines de prédilection, ils n’étaient, pour beaucoup, pas dans leur pic de forme. On songe aussi à l’effet dévastateur de la culture woke, dont les dérives ont manifestement poussé certains athlètes comme Megan Rapinoe, footballeuse et activiste, à se concentrer sur la mise à terre de son genou plus que sur la mise au fond du ballon.  Mais finalement, l’ordre mondial est respecté avec les Etats-Unis et la Chine en tête ? Oui, mais si on pondère le classement par la population ou le PIB**, la perspective est très différente. En fonction du nombre d’habitants, les Etats-Unis se classent 60ème, la Chine 78ème, la France 39ème et la Suisse 16ème. Le mieux classé des pays développés étant la Nouvelle-Zélande, 5ème.  En regard de la richesse nationale, le classement est encore moins à l’avantage des pays aisés : les Etats-Unis se classent 87ème, la Chine 85ème, la France 70ème et la Suisse 55ème. Le mieux classé des pays développés restant la Nouvelle-Zélande, 21ème. Prix d’une breloque américaine : USD 190 milliards ; chinoise : USD 163 milliards ; française : USD 82 milliards ; suisse : USD 56 milliards et néozélandaise : 11 USD milliards***.

 

Des femmes mais… alémaniques

Plus sensibles au classement des médailles sans pondération, les observateurs suisses se sont réjouis des performances de la délégation helvétique qui, il est vrai, a vécu de beaux moments, notamment dans le tournoi de tennis. Ils ont salué, à juste titre les performances des sportives qui ont trusté dix des treize récompenses.

Soldates avec médailles

Ce phénomène a aussi mis en lumière le rôle de l’armée suisse qui, tardivement et à l’instar d’autres pays tels la France et son bataillon de Joinville, a joué un rôle direct dans le succès de celles qui, comme les trois femmes qui se sont approprié le podium du VTT, ont bénéficié de son encadrement.

Alors, la Suisse à l’apogée de son histoire sportive (surtout si l’on ajoute la belle fin de carrière légendaire de Federer)? Oui, sans doute mais pas celle des Suisses-romands. A l’exception du nageur genevois Desplanches, personne… Les Romands, volontiers anti-armée, et tout aussi volontiers défiants de leurs frères alémaniques, spécialement les soirs de votations se trouvent là confrontés à un double principe de réalité. La Suisse qui gagne, c’est eux… ou plutôt, elles.

 

Objectif non atteint mais triomphe du collectif

Très en verve à Tokyo, les journalistes sportifs français ont été les meilleurs supporters de leurs athlètes qu’ils tutoient dans la vie comme à l’antenne. Ils s’étranglent à chaque exploit, s’effondrent à chaque revers et frôlent le malaise cardiaque à chaque défaite. Toutefois, s’ils peuvent se consoler avec le record du monde du journalisme de connivence, les Français ont performé en-dessous des objectifs qu’ils s’étaient fixés. Alors échec tricolore à Tokyo ? Pas complétement car il y a les sports d’équipe, les sports co, comme ils disent. Et là, c’est vrai, ils ont excellé. Ce qui est assez logique de la part d’une nation qui prône le collectivisme à tous les stades de son organisation, de l’école à la santé, du travail à l’économie, du syndicat au Président. Ce dernier que l’on a vu exulter (célébrant Paris 2024 au dernier étage de la Tour Eiffel) sur le mot « communis » que le CIO, cédant à l’ambiance dominante, a malheureusement cru bon d’ajouter à sa devise « Citius, altius, fortius ».

 

*In Support of the Supporters? Do Social Forces Shape Decisions of the Impartial? Thomas J. Dohmen, April 2003. Aussi: Scorecasting: The Hidden Influences Behind How Sports Are Played and Games Are Won. Tobias Moskowitz & L. Jon Wertheim. January 25, 2011

 

**Pour calculer le coût d’une médaille, on regarde combien il faut d’habitants (population/médailles) ou combien il faut débourser (PIB/médailles) pour obtenir une breloque.

***source : Le Monde

La Tunisie ou les limites de la démocratie représentative

Il est 5 heures du matin à Tunis ce lundi 26 juillet, notre chauffeur est fatigué. Il n’a pas fermé l’œil de la nuit. Le « coup d’Etat » constitutionnel du Président de la République a déclenché une telle ferveur dans les rues de la capitale, en dépit du couvre-feu sanitaire, que la clameur de joie s’est prolongée, bruyante et colorée, jusqu’aux petites heures du matin.

Des émeutes dans l’ensemble du pays ont précédé le “coup” du Président.

On l’avait senti venir la veille déjà. Erigés pour soi-disant contrôler les autorisations de déplacements – interdits pendant le week-end – les nombreux barrages policiers étaient disposés à l’envers. En fait, ils contrôlaient les entrées en direction du centre de Tunis alors que si la précaution n’avait été que sanitaire, il eut été plus judicieux de contrôler les mouvements vers les plages. C’est que des manifestations étaient programmées ce samedi un peu partout dans le pays. Les barrages n’ont rien pu y faire. Elles ont eu lieu, ont été bien suivies, parfois débordantes, violentes mais surtout fructueuses puisque le lendemain, le Président Kaïs Saïed limogeait le Premier Ministre et gelait le Parlement en vertu d’un article de la constitution l’autorisant à prendre une telle mesure en cas de « péril imminent ».

 

Mesure légitime

Sur la route des quartiers chics des Berges du Lac de Tunis, c’est une évidence : le pays est à bout de souffle. La conjugaison de la fête de l’Aïd, des effets de la pandémie et de la crise économique plonge le pays dans un état de léthargie proche de l’agonie. Dans les rues vides, il y a plus de moutons que d’humains, les chantiers sont arrêtés, les terrasses de bar désertées et – c’est tout dire à Tunis – la circulation fluide. Ce quartier accueille les ambassades (dont celle des Etats-Unis qui a élargi son périmètre de sécurité en condamnant les rues alentour), des sièges de sociétés, des cafés chics et beaucoup de cliniques. Alors que le système de santé publique s’écroule, les cliniques privées continuent de fonctionner. A tel point qu’on parle de réquisitionner leur service pour lutter contre la pandémie. « Quoi qu’il arrive, on est prêt » assure le Docteur H. qui pratique dans un des établissements de la rue du Lac Léman (dans le quartier, toutes les rues portent le nom d’un lac). Que le privé survive alors que l’Etat se liquéfie n’a en soi rien de vraiment surprenant et, s’il est souhaitable que l’Etat – ce mal (temporairement) nécessaire – soit volontairement réduit à terme à son expression la moins liberticide, coûteuse et nuisible, ce qui se passe en Tunisie montre que cela n’est possible que dans une approche ordonnée et non pas par implosion du système. En ce sens, l’acte autoritaire du Président Saïed est une mesure légitime.

 

Vieilles habitudes coloniales

La gestion de la crise sanitaire en Tunisie, l’une des pires au monde, a suscité l’émoi de la communauté internationale. La Suisse a dépêché du matériel sanitaire pour un montant de CHF 335’000, soit, de mémoire, environ la moitié du coût annuel d’un collaborateur de la DDC*. De son côté, la France, ancienne nation « protectrice », a dépêché sur place un ministre, un million de doses de vaccin, (dont deux tiers d’Astra Zeneca qui, on s’en souvient, a la particularité de vider les vaccinodromes en Métropole…) et 14’000 doses destinées aux Français résidant en Tunisie. Le hic, c’est que pour administrer ces doses réservées, on a réquisitionné le SAMU tunisien et non des privés, comme l’on suppose que l’Ambassade de France en aurait eu les moyens. Un média tunisien** a fait ses calculs : à raison de 100 doses administrées chaque jour, ce sont donc 140 jours des services d’une équipe complète de médecins et de paramédicaux qui ne sont pas à disposition des citoyens/contribuables tunisiens, pourtant totalement en manque de personnel et de soins. Notre chauffeur l’avait bien dit en longeant le mur d’enceinte sans fin du Palais Dar El Kamila et ses trois hectares de jardin, résidence privée de l’Ambassadeur de France : « le prestige de la France » …

 

Kaïs Saïed, élu Président de la République en 2019. Ancien professeur de droit constitutionnel, indépendant et très conservateur sur les questions de société, il a été élu sur son intégrité et le rejet de la classe politique.

Accueil populaire

Dans ces conditions, on comprend que le « coup » du Président, élu sur son intégrité et son indépendance face aux partis, ait été bien accueilli. L’opinion publique tunisienne est totalement remontée contre une classe politique corrompue, très incompétente et occupée à se quereller dans les allées du pouvoir depuis 10 ans au nom de la Révolution. Seule survivante du Printemps Arabe de 2011, la « jeune démocratie tunisienne » est compulsivement adulée par la bien-pensance occidentale à ce seul motif et au mépris de ceux – et ils sont nombreux en Tunisie – qui regrettent le temps de Bourguiba et de Ben Ali ou, à tout le moins, la prospérité, certes inégalitaire, en vigueur lors de leur règne autoritaire. Rien de vraiment étonnant à cela, c’est le credo mondial de la gauche (partis et médias confondus): tous égaux dans la pauvreté plutôt qu’inégaux dans la prospérité.

 

Echec de la démocratie représentative

Un ressentiment pourtant compréhensible car c’est bien la démocratie qui a permis l’émergence de l’un des maux qui la rongent : Ennahdha, le parti islamiste. Un parti qui se fait élire sur son respect de la modernité, en se comparant à la Démocratie chrétienne à l’Européenne mais qui, en réalité se distingue par sa contribution à la destruction de l’économie (par incompétence surtout) et son intolérance idéologique, responsable, notamment, de l’écroulement du tourisme (qui représente tout de même un vital 14% de l’économie tunisienne). Bien au-delà du classique non-respect des promesses électorales, l’agenda caché est un phénomène qui n’est pas spécifique à la Tunisie et Ennahdha. Le parallèle avec les Décroissants occidentaux est frappant : élus représentants du peuple sur un agenda caché destructeur, ils tentent de mettre en œuvre des projets qu’ils n’auraient jamais réussi à faire plébisciter par un vote populaire. Le rejet de la loi CO2 en Suisse, il y a peu, en est un bon exemple qui devrait encourager Kaïs Saïed à introduire une bonne dose de démocratie directe dans le fonctionnement de son pays, si beau et si malheureux.

 

*Direction du Développement et de la Collaboration (aide au développement de la Confédération Helvétique).

**https://www.tunisienumerique.com/tunisie-images-le-samu-navait-il-pas-mieux-a-faire-que-de-vacciner-les-ressortissants-francais/