Avions, sous-marins et esperluette : le triomphe de l’anglosphère.

Avec une pointe d’accent britannique, le jeune garçon nous sert nos cafés avec un grand sourire. Il s’assure que tout se passe bien dans un anglais châtié et fluent. Rien de surprenant sinon que nous sommes attablés à la terrasse d’un café de… Vilnius, capitale de la Lituanie, et non pas de Covent Garden, capitale du shopping londonien.

-Où avez-vous appris ce parfait anglais ?

-Ici. Pourquoi ?

Et le jeune homme de nous expliquer, en toute modestie, qu’à l’âge de quatre ans, il parlait déjà très bien la langue de Ricky Gervais. A tel point qu’en entrant à l’école, il était déjà largement plus à l’aise que son professeur d’anglais. « La faute à Cartoon Network, rigole-t-il. En Lituanie, les dessins animés, tout comme les séries, ne sont pas traduits dans la langue locale. Du coup… c’est quasiment venu tout seul. »

 

Bloody Lingua Franca !

Ils sont nombreux ces jeunes européens de l’Est qui n’ont pourtant jamais mis les pieds plus loin que le pourtour de la Baltique à être parfaitement anglophones. Essayez seulement de demander à une vendeuse polonaise si elle parle anglais ! Vous recevrez en retour un « of course » dont le ton indique aussi bien l’agacement que la fierté. Pour eux, la question de la langue dominante ne se pose tout simplement pas. Un peu, au fond, comme dans l’Union européenne où l’anglais n’est officiellement qu’une des 24 (!) langues officielles mais, en réalité, la langue d’usage et de travail incontestée. Pourtant, à bien y compter, depuis la sortie de la Grande Bretagne de l’Union, l’anglais n’est plus la langue officielle que de deux états membres : l’Irlande et Malte, soit 1,2% de la population européenne. De quoi énerver nos amis français qui revendiquent près de 15% de cette même population. Mais c’est ainsi. L’anglais est omniprésent. Il est précis, sa richesse lexicale (270’000 mots contre 130’000 pour le français) lui permet une plus grande concision et fournit un excellent support à la formulation claire des idées. De plus, l’anglais déborde largement des frontières de l’Europe, il est donc une possibilité de lien partout dans le monde.

 

Des couleuvres hard to swallow

L’Europe politique doit donc se résigner à l’accent germanique de Ursula Gertrud van der Leyden, présidente allemande de sa commission et aux rugosités un brin bégayantes de Charles Michel, son président belge du Conseil, lorsqu’ils présentent en anglais les positions de l’Union. C’est une couleuvre à avaler face au monde anglo-saxon. Ce n’est pas la seule. Le domaine militaire est aussi devenu le terrain de cruelles désillusions. On passera rapidement sur l’échec de la vente des avions de combat européens à l’armée suisse. Après un coup d’œil approfondi sous le capot, les experts suisses ont opté pour le modèle américain. Scandale ! Comme si le seul fait qu’ils soient européens n’était pas suffisant pour qu’on les choisisse ! La gauche, viscéralement anti-américaine, a promis de ne pas laisser faire : elle fera tout pour que l’armée suisse revienne en arrière. C’est vrai que si l’on veut sa disparition, il y a tout intérêt à ce qu’elle soit mal équipée : (idéo) logique !

 

La menace chinoise

L’affaire des sous-marins australiens est du même métal. Entre des navires à moteur diesel, made in France, et des engins à propulsion nucléaire (donc écologiquement propres !) made in USA-UK, les Australiens ont tranché. Ils se sont rendu compte qu’on tentait de leur refourguer une Peugeot 308 à l’heure de la Tesla X. Mais au-delà de cette évidence technologique, l’affaire des sous-marins qui fait tellement tousser les édiles français et européens est édifiante à double titre.

En premier lieu, elle signifie que la menace chinoise dans la région Asie-Pacifique – réel centre de gravité de la géopolitique du 21ème siècle – est enfin prise au sérieux par les pays directement concernés, soit tout le monde sauf l’Europe et l’Afrique. Il suffit d’ailleurs de se rendre en Papouasie-Nouvelle-Guinée, à quelques centaines de kilomètres de Sydney, pour se rendre compte de l’ampleur de la prise d’influence de la République populaire qui agit sous le radar en investissant discrètement la région à travers ses contrées les plus pauvres*.  Côté australien, l’influence grandissante de la Chine de Xi n’est pas ressentie comme un vague danger lointain et exotique. Scott Morrison, le premier ministre libéral, le sait bien. «Scomo» a eu le malheur de demander des comptes sur les origines du virus. En représailles, il doit affronter toute une série de sanctions (taxes à l’importation, citoyens australiens retenus en Chine, etc.).

En second lieu, cette affaire consacre le retour tangible de ce que l’on appelle l’anglosphère. On en avait vu les prémisses dès le lendemain du Brexit. Déjà, le monde anglo-saxon avait discrètement salué la renaissance concrète et bienvenue de cette alliance géolinguistique chère à Churchill qui unit naturellement le Royaume Uni, les Etats-Unis, le Canada, l’Irlande, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Trump en tête à l’époque évidemment, Biden maintenant, mais aussi les Australiens qui ont franchi un pas de plus en choisissant désormais, avec leurs sous-marins, de se ranger sous le parapluie Anglo-américain. Pour eux, le salut ne peut venir que des gens qui leur paraissent fiables, parlent la même langue, mettent Elisabeth sur leur billet de banque, voire Kamala (bientôt) au sommet de leur pouvoir.

 

 

* Rapportée à la manière dont les managers – communistes chinois – qui gèrent les petits commerces de Port Moresby traitent le petit personnel papou, la période coloniale allemande doit aisément passer pour le «bon vieux temps». La Papouasie-Nouvelle-Guinée s’appelait à l’époque Nouvelle-Poméranie. Elle est restée colonie allemande jusqu’en 1914.

Christian Jacot-Descombes

Christian Jacot-Descombes a exercé successivement les métiers de neuropsychologue, animateur et journaliste de radio, journaliste de presse écrite et responsable de la communication d’une grande entreprise. Il voyage beaucoup parce qu’il pense que ça ouvre l’esprit et aussi parce que ses différentes expériences professionnelles lui ont démontré qu’il vaut toujours mieux voir par soi-même.

38 réponses à “Avions, sous-marins et esperluette : le triomphe de l’anglosphère.

  1. Vous l’avez dit (écrit) le nucléaire est écologique! Enfin! A part cela le F35 est une brique volante et, pour une fois, je voterai socialiste. De plus, c’est ridicule d’acheter un avion fabrique dans le seul pays capable de nous envahir quand on est neutre. Habitant l’anglosphere, je pense qu’elle est en decomposition. Suivez le Covid en Australie et l’argent aux USA. Beaucoup de réactivité, pas d’initiative et des dettes, des dettes. C’est embêtant car apprendre le chinois, effectivement, ce n’est pas ma tasse de the.

  2. Vous parlez systématiquement de l’Irlande, sans plus de précision, comme s’il s’agissait d’une entité unique. Or il y a deux Irlande, et l’Eire (qui a aussi le gaélique comme une de ses deux langues officielles, ce qui en fait également une langue officielle de l’UE d’ailleurs) n’entre pas vraiment dans le schéma que vous indiquez.

  3. merci; quant à mon président il s’est fait encore avoir puisque à mes yeux il ne fait jamais de la politique mais uniquement et systématiquement de l’économie; je m’explique: Macron en tant que représentant à l’Elysée des influenceurs économiques, qu’il l’ont fait élire, ne se soucie guère des sujets autres que ceux imposés par ses mentors; mais, gag, ces derniers étant en concurrence avec leurs confrères européens entre autres, n’étaient ainsi pas en mesure de faire une offre de remplacement des jets militaires suisses; autant Airbus est européen, autant l’avion de chasse français Rafale n’est que franco francais ! cocorico ici il y le rafale, le porte-avion Charles de Gaulle et des sous-marins ! la belle affaire, ça fait très peur à tout le monde, hein ? et quand je pense que la Chancelière Angéla Merkel va quitter son poste bientôt, et donc son tout simple appartement de fonction, alors que son arrogant homologue Macron vit quotidiennement dans les ors de la République ainsi que toute sa cour dans différents palais, cela donne la nausée…

    1. Il faut reconnaître à votre Président le mérite de gérer une vieille gloire tout en lui faisant croire qu’elle est une grande puissance.

    1. Merci ! Oui, ça ouvre les yeux. C’est pour cela que les prophètes de l’Apocalypse verte veulent interdire les voyages à la jeunesse. Il sera plus difficile de leur faire peur à leur retour.

  4. Un Occident divisé perdra contre la Chine qui doit boire du petit lait de ce cacophonie entre “alliés” !
    Une stratégie exclusive est perdante sur toute la ligne …

    1. Exact. Et cela plaide en particulier pour une Europe forte (on a amplement vu ces derniers temps qu’il ne faut pas trop compter sur les Etats-Unis) . Dommage que certains semblent ne pas avoir encore compris que dans le monde tel qu’il est l’Europe sera soit unie et avec alors encore son mot à dire, soit divisée et dans ce cas le jouet des autres grandes puissances, en particulier la Chine mais pas seulement. De ce point de vue, j’ai de la peine à comprendre que les Anglais (je dis les Anglais et non les Britanniques, car toutes les nations du Royaume-“Uni” n’ont heureusement pas la même vision des choses) préfèrent être inféodés sans trop voix au chapitre à leur ex-colonie américaine, plutôt qu’être un partenaire de poids et influent dans l’Union Européenne.

  5. Pour la France, il n’y a rien d’étonnant à ce que nos dirigeants soient en colère contre “l’anglosphère”. Voici un contrat qui était signé, qui avait déjà commencé à être réalisé, qui promettait des emplois sur une longue durée, et qui finalement va créer chômage, désillusions, etc.

    En “temps normal” nous nous serions contenté “de ne pas être content”, mais sans plus. Sauf que “pour tout arranger” nous ne sommes pas “en temps normal”. Cela tombe en effet en pleine campagne présidentielle, même si officiellement elle n’a pas encore débuté. Macron essaie de rallier le maximum de catégories, les harkis à qui “on fait des excuses” (cela ne coute rien), les écolos à qui on annonce la fin des chasses traditionnelles (avant de décréter des exceptions pour avoir aussi les chasseurs), les “anti-policiers” a qui on promet un contrôle parlementaire de l’IGPN (mesure totalement bidon qui ne changera rien et a donc l’avantage de ne pas énerver les policiers). Les policiers à qui on promet des millions d’euros (bon faudra quand même qu’ils “votent bien” s’ils les veulent). Etc.

    Et là, la “perfide AUKUS” vient torpiller (c’est le mot parfait) tout ce beau travail. Ils pouvaient pas attendre quelques mois de plus avant de rendre tout cela officiel? Quel manque de fair-play je vous jure. Shocking!

    1. Depuis D. Trump, les campagnes sont permanentes. Ca devient donc compliqué de viser les “temps normaux”. Quant à votre Président, avec des adversaires comme Mmes Le Pen et Rousseau, il n’a pas grand-chose à craindre.

  6. Concernant les sous-marins: Retour de feu ou retour de manivelle, car la France n’était pas gentille avec la GB pendant la négoce du Brexit. L’Australie est sous la protection du parapluie nucléaire américain tout comme le Japon, la Corée du sud, Taiwan, etc. Il est normal d’acheter américain dans ladite région pour renforcer financièrement le protecteur. Le problème est que l’Australie a mené des échanges pendant 4 ans et c’est un peu vache de dire non à un allié historique comme la France. La Suisse aussi subit les intransigeances de la France; la non-équivalence boursière était clairement une idée française d’après Junker.

    1. Allié historique certes mais surtout théorique : on a vu plus de soldats de l’Anzac entre Gallipoli et El Alamein qu’on a vu de soldats français dans la baie de Sydney sous les bombes japonaises.

      1. Comparaison qui ne tient pas. Rappelez-moi, qui était occupé (sauf erreur, les attaques japonaises sur Sydney ont eu lieu essentiellement en 1942; la France a été sous occupation allemande de juin 1940 à juin-août 1944)?!

  7. La France possède également des sous-marins nucléaires (d’attaque et lanceur d’engin nucléaire) et aurait très bien pu les fournir aux Australiens, mais ces derniers n’en voulaient pas. La supériorité des sous-marins et du matériel américain ou anglais laissent rêveurs. Je rappelle les récents déboires sur le système sanitaire des nouveaux porte-avions américains (toilette bouchée) qui leur coute et va leur couter des dizaines de milliards de dollars sur l’ensemble de la durée de vie de ces porte-avions (soit plusieurs fois le budget de la défense nationale Suisse pour des toilettes mal conçues … (technologie qui comme chacun le sait est révolutionnaire et complexe à réaliser) )

    Ensuite, je vous rappelle respectivement que les avions F35 que les Suisses ont achetés sont encore en cours de développement ce qui n’est pas le cas du rafale français, de l’eurofighter européen ou même des avions suédois grippen (qui sont en passant bien mieux adaptés et moins chers pour faire des missions de police du ciel).
    Le Général en chef de l’US Air force ainsi que de nombreux rapports de différentes administrations américaines rendus publics reconnaissent eux-mêmes que ce programme F35 est un échec, ce qui a poussé l’US Air force à commander récemment des F16 plutôt que des F35.
    Un échec financier, le cout à l’heure de vol 2 à 3 fois plus important que le grippen, le rafale ou l’eurofighter.
    Les déboires techniques du F35:
    – la moitié des f35 produits ne peut pas traverser les orages pour risque d’explosions des moteurs (rien que ça)
    – des défaillances de moteurs et de matériaux lors des vols prolongés à grande vitesse ;
    – l’impossibilité pour la version F-35B (la version navale) de décoller verticalement avec armes ou réservoirs auxiliaires, ce qui est embêtant pour un avion de combat …
    – faille dans le système d’approvisionnement en oxygène ;
    – surchauffe de la soute à armements
    – une précision « inacceptable » au sujet des systèmes d’armes utilisés pour les missions d’attaque au sol
    – tir canon qui ne tire pas droit (accident récent d’un f35 qui s’est auto tiré dessus (ce qui peut être problématique pour un avion de combat)
    – point le plus préoccupant selon le département de la défense américaine, la longévité de 2 100 heures de vol, au lieu des 8 000 heures prévues, des F-35B et même maintenant des F35-A

    Enfin, le paradigme USA et France dans l’armement n’est pas le même, les dépassements de cout dans les programmes d’armement sont courants aux Etats unis puisque ces derniers signent des chèques en blanc aux industrielles et ont des budgets illimités. La France ne peut pas se permettre ce même luxe et est donc beaucoup plus consciencieuse dans la conception et le choix de ses armes.

    1. Sans doute, sans doute. Toujours est-il que la Belgique, le Danemark, l’Italie, la Norvège, les Pays-Bas, la Pologne, le Royaume-Uni, la Hollande, la Corée du Sud et Singapour (tous des pays tellement inférieurs à la France du point de vue de la technologie qu’ils sont incapables de repérer des toilettes bouchées…) ont tous choisi le F35. Quelques clients du côté des anciennes colonies, peut-être ?

          1. Et puis, il ne faut pas oublier les possibilités d’intrusion des Américains dans les systèmes embarqués. Deux avions Turcs en avaient fait les frais; vous allez rigoler en Suisse, quand vos avions seront forcés d’atterrir depuis Ramstein…

    2. Bonjour,

      j’ai lu que les Australiens voulaient des sous-marins nucléaires mais que la France refusait de livrer cette technologie…en tout cas pour les missions prévues les sous-marins nucléaires sont plus appropriés vu qu’ils peuvent rester plus longtemps loin de l’Australie.

    3. Le choix de l’avion est politique. La France est capable de ne pas fournir de pièces détachées si la Suisse “se conduit mal” vis-à-vis de l’UE dans n’importe quelle circonstance à l’avenir. La vente des porte-hélicos à la Russie et l’annulation de leur livraison en témoigne. Mais j’aime la France !!!

  8. Excellente analyse d’un ex-confrère toujours affûté et lucide. Cela nous change des jérémiades françaises qui s’illusionnent sur le poids politique de la France dans la région Asie-Pacifique. Napoléon et de Gaulle sont morts, seuls les Français l’ignorent !

  9. J’ai un bémol sur les sous-marins : au départ, la classe barracuda est nucléaire. C’est l’Australie qui a d’abord voulu le mouton à cinq pattes, en demandant qu’on équipe les Barracudas en moteurs diesel. On a donc inventé la possibilité de mettre un diesel dedans, un peu comme si ont transformait une Tesla avec un DCI. Puis, les Australiens ont, finalement, voulu une propulsion nucléaire… Pour le coup, le client est roi, mais il est chiant. Le reste de vote article est convaincant.

  10. Je suppose que ces sous-marins US sont de qualité correct parce que par exemple le Canada a acheté en l’an 2000 quatre sous-marins UK d’occasion qui se sont révélé des citrons.

  11. D’abord les sous-marins Naval group étaient de conception hybride (Électrique/diesel) .
    Ce choix était une volonté du cahier des charges de la Navy Australienne. (Pays jusqu’à la semaine dernière anti prolifération nucléaire) Au passage la France sait fabriquer ce type de propulsion…

    Pour la Suisse, la confédération voulait un intercepteur maniable pour son espace aérien accidenté et respectueux de données. Elle a choisit un appareil de pénétration destiné aux frappes furtives. Furtivité obtenue au détriment de la manœuvrabilité… Le tout équipé en télémaintenance depuis les serveurs américain… Ça fera le job mais s’agissait-il du meilleur choix, sachant que l’appareil n’est pas encore certifié à 100 % ? Raisonnablement non.

    Je suis Canadien anglophone, j’ai appris le Français par nécessité travaillant beaucoup avec l’Afrique dans le secteur pétrolier. Je n’avais alors qu’un Français rudimentaire glané ça et là lors de ma scolarité à Calgary…

    Je veux bien croire que des lituaniens, des Danois, des Polonais, des scandinaves comme la Suède, Norvège, Finlande, etc.. dont pour chacun la langue n’est pas parlé que chez eux et/ou à quelques millions de locuteurs à peine, basculent sur une autre langue pour dialoguer avec le monde…

    Ce n’est pas le cas du Français, ou l’espagnol pour lesquels il existe une vraie communauté mondiale de locuteurs. Une obligation même pour un locuteur anglophone comme moi d’apprendre votre langue.

    Vous êtes Suisse et donc certainement très eurocentré sur votre perception du français mais s’il vous plaît ne pensez pas que la langue française c’est la France. Ici au Canada des millions de personnes parlent le français en Afrique des dizaines de millions de personnes parlent le français.

    À travers vos lignes on semble deviner un certain plaisir à cette acculturation, à cette domination culturelle. Alors pour être parfaitement cohérent avec votre texte la prochaine fois rédigez le en anglais.

    Andrew McPherson
    Alberta

    1. Cher Monsieur,
      Permettez-moi de vous féliciter de votre courage : vous n’écrivez pas de manière anonyme contrairement à d’autres qui comme vous manient volontiers l’insulte (que je retire systématiquement, vous le comprendrez, par respect pour les lecteurs de ces blogs.)
      Cela dit, je constate que, comme pour le virus chinois, le monde est peuplé de connaisseurs pointus des questions de défense qui brillent plus volontiers sur la toile que dans les lieux de décision au sujet des avions et des sous-marins. Concernant l’esperluette, de nombreux et récents voyages dans des régions du monde où l’existence du français est à peine connue et l’Europe considérée comme l’ancien monde (avec, chez les plus cultivés, la même nostalgie que l’on éprouve à voir un film en noir/blanc) m’incitent à une vision plutôt eurodécentrée. Dans la jeune génération vietnamienne, le français a disparu. En Afrique, les jeunes s’empressent d’apprendre l’anglais s’ils veulent développer une carrière dans le business. Quant au Québec… disons que le “magasinage”, le “chien chaud” et le “dépanneur” ne sont pas les garanties les plus fortes de la survie de la langue de Molière. Je ne me réjouis ni ne me désole de cette évolution. C’est juste un fait, palpable si l’on veut bien sortir de son microcosme. D’ailleurs, les réactions actuelles à l’affaire des sous-marins : crisounette diplomatique, ambassadeurs rappelés puis renvoyés, bouderie du Président français qui ne répond pas aux appels de Scomo et (pour célébrer la journée Alzheimer ?) passe une demi-heure au téléphone avec Joe Robinette Biden, tout cela sent la réaction de prestance et témoigne d’un certain déclin. A vrai dire et en bon français : ça sent le sapin. Même si le Canada n’en est pas le premier contributeur, l’Anglosphère témoigne d’une dynamique qui me paraît beaucoup plus vigoureuse, liée notamment à son poids dans le Pacifique, centre de gravité des tensions contemporaines.

      1. Merci pour votre réponse.

        J’admets volontiers que la France, tout comme la cohorte de nations secondaires qui composent l’Europe, est en déclin.
        Votre continent qui a été au centre du monde ne l’est définitivement plus. C’est un fait indéniable. Depuis 1945 le déclassement à été brutal.

        Cependant il reste encore ici et là de beaux vestiges et la France demeure l’une des rares nations à pouvoir proposer une industrie de la défense à large spectre en quasi totale indépendance. Mais au-lieu de s’en saisir il me semble que les Européens préféreraient la voir à terre plutôt que d’en être fière et stratégique. Mais ça c’est votre problème d’enfants gâtés très eurocentrés justement…

        Pour la langue, vous aurez remarqué que je n’ai pas mentionné l’Asie ou le Français n’a jamais véritablement pris (hormis le million et demi de francophones maternelles dans l’Indo-Pacifique quand même).

        Pour travailler quotidiennement avec l’Afrique de l’ouest, je pense que vous ne saisissez la réalité des choses. Le français est la Lingua franca incontournable de cette zone, et toutes les études même celles du monde anglo-saxons pointent son évolution exponentielle. Cette langue n’a pas d’attachement affective avec la France pour les africains c’est juste le moyen le plus répandue, le plus évident pour communiquer a tous. La connaissance du Français est obligatoire.

        Pour le Canada ma vision d’anglophone des politiques francophone oeuvrant au pays et tout simplement à mille lieux de ce que vous décrivez. Il y a une défense un attachement une véhémence que je ne retrouve nulle part ailleurs. S’il y a bien un endroit sur la planète ou dans 1000 ans on parlera encore français c’est bien au Canada ! LoL

        Il y a une constante que je remarque souvent chez les Européens peu importe leur langue maternelle, c’est toujours ce défaitisme cette absence d’amour de soi et de patriotisme. Vous passez votre temps à vous rabaisser et à vous tirer dessus. Même à vous critiquer alors que vos intérets sont souvent communs sur la culture sur l’industrie…

        C’est quelque chose que je n’ai jamais retrouvé en Asie en Afrique ou en Amérique du Nord. Vous vivez sur vos acquis et vous êtes souvent péremptoire. Ne changez rien ça nous va très bien pour les affaires. Pour la culture c’est différent car c’est quand même la différence qui fait l’attrait, le plaisir.
        La Suisse est un petit pays de seconde zone, plurilingue, fédéral, alors peut-être que chez vous ce besoin de basculer à l’anglais est plus nécessaire pour apaiser les tensions linguistiques ? je ne sais pas c’est peut-être une stratégie d’évitement ? Nier la domination allemanique ? je ne suis pas un expert de votre pays que je connais relativement mal à vrai dire.

        Jusqu’à mes 30 ans l’Europe pour moi c’était France Italie Espagne Angleterre et c’est tout.
        Cheers

        1. Nous sommes donc d’accord sur le déclin. Tant mieux.
          Deux points : concernant l’Afrique, je ne crois pas que ce soit la langue qui est exponentielle, mais bien la démographie. La langue française résistera-t-elle au développement et à la mondialisation ? A voir. L’anglais (Netflix) et le mandarin (Chinafrique) sont à l’affût. Concernant la Suisse, elle ne connaît aucune tension linguistique. Les Suisses parlent chacun leur langue, un bon nombre celle des autres et quand ça n’est pas le cas, dans la nouvelle génération notamment, se parlent en anglais. Son PIB/habitant est le double de celui du Canada. Cheers.

  12. Voici enfin une très bonne analyse débarrassée des traditionnels pleurnichards français que l’on trouve dans la presse francophone.
    Oui le monde anglo-saxon domine et il faut le reconnaître. Le monde francophone lui n’existe pas et il n’a jamais existé les francophones ne forment pas une famille. Il n’existe pas le même type de lien entre eux qu’entre les USA l’Australie et le Royaume-Uni. Deux salles, deux ambiances.

    Comme cela a été souligné la langue anglaise et plus concise et forme les esprits a une meilleure logique. Langue romane le français véhicule tous ces concepts et esprits de pays latins. Quelque peu dépassé et lazzy

    La langue française est minoritaire en Belgique au Luxembourg, en Suisse, au Canada etc…. Les nouvelles générations bascule du français à l’anglais sans scrupule comme le relève l’auteur.

    Qu’on ne me disent pas oui mais la France rayonne, elle sait fabriquer des avions, sait fabriquer des sous-marins, sait fabriquer les centrales nucléaires, sait fabriquer des trains à grande vitesse, sait fabriquer etc… Encore faut-il savoir les vendre et ne pas se faire voler les marchés par les anglos !

    Je suis Suisse de la génération boomer j’ai donc dû composer avec le français mais mes enfants ne parle pas le français on a switch pour l’anglais avec mon épouse.

    Il existe une différence entre Suisses francophones et allemanique. Nous autres sommes toujours quelque part fier de nos coussins allemand. Les autres gènes.

    Vive la liberté de parole et l’absence de politiquement correct trop peu visible en Suisse francophone.

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