Pourquoi Jeff Bezos est indispensable aux millénials

Non pas parce qu’Amazon leur vend le monde sur un plateau mais parce qu’il fournit une vision. Simple et claire, qui donc, a priori, devrait leur plaire… (Il s’agit plus d’un impératif moral que d’une hypothèse. Hélas!)

Jeff Bezos avait cinq ans lorsqu’il a vu en direct à la télévision Neil Armstrong poser son pied sur la lune. C’était le début d’un émerveillement (qu’on est encore quelques survivants à avoir partagé) qui s’est transformé quelques décennies plus tard en vision. Elle s’appelle Blue Origin. « Si j’ai inventé Amazon, c’est pour avoir les moyens de réaliser Blue Origin » dit-il en riant à Caroline Kennedy – la fille de John et Jackie Kennedy devenue ambassadrice – qui l’interroge devant le gratin de Boston réuni dans la fantastique  Library  qui porte le nom de son père.

 

 

L’espace ? notre seule option

Cela se passait mercredi, ici à Boston, en vue des célébrations du 50ème anniversaire de la conquête de la lune. Un lieu hautement symbolique puisque c’est John F. Kennedy qui est à l’origine de cette opération et des immenses progrès scientifiques et technologiques qui ont suivi. Guest Star de la rencontre, Jeff Bezos a une définition du progrès très simple : “je vis mieux que mon grand-père qui vivait mieux que le sien. Mes enfants vivront mieux que moi et leurs enfants mieux qu’eux. C’est ce qu’on appelle le progrès”. Le projet Blue Origin vise à assurer que cette amélioration des conditions de vie puisse continuer. Il en a rappelé les lignes essentielles en partant de son nom : “Blue Origin car notre planète est bleue et unique. On vient de là et il n’y a pas d’autres endroits dans le système solaire où nous puissions aller vivre. Donc aller chercher ailleurs les ressources dont nous aurons besoin, libérer notre planète de ce qui la pollue, en faire une oasis en exportant ce qui la met en danger dans l’espace n’est plus une option. C’est la seule solution”. Il voit parfaitement comment nous pourrons fabriquer nos microprocesseurs quelque part entre la lune et mars et les livrer sur terre lorsqu’ils seront achevés sans avoir coûté un watt d’énergie terrestre ni créé un dé à coudre de CO2. Les livraisons d’Amazon à un niveau cosmique, en quelque sorte !

 

 

La réutilisabilité: la clef du problème

Le problème, c’est que ça n’est pas pour tout de suite : pour réaliser cette étape nécessaire, il faut développer les infrastructures qui permettront ensuite de développer une vraie « économie de l’espace ». Ça rend la chose nettement plus compliquée que de créer, avec génie certes, une société internet dans un dortoir d’université (allusion à son camarade Zuckerberg). Ça va demander beaucoup de moyens, y compris ceux du gouvernement (la NASA en l’occurrence), lâche-t-il avec une sorte de résignation ironique en soulignant le rôle « complexifiant » de la politique. Mais bon, ce sera tellement cher qu’il faudra faire avec. L’essentiel, pour lui, est la question de la « réutilisabilité », un néologisme qui recèle la clef de la prochaine étape de la conquête de l’espace. Si on construit des chefs-d’œuvre de technologie pour qu’ils ne servent qu’une fois et se retrouvent au fond de l’océan, on n’avancera pas et on ne réduira pas les coûts. En revanche, lorsque l’on aura des infrastructures que l’on peut utiliser et réutiliser, alors là, on verra une explosion de sociétés dans le domaine de l’espace comme on l’a vue dans le domaine de l’internet depuis vingt ans. Ensuite, le programme est simple : destination mars tout d’abord, avec escale sur la lune pour y faire le plein (la lune recèle de l’eau congelée. On pourra donc créer des carburants avec l’oxygène et l’hydrogène tirées de cette matière ; un processus vingt-quatre fois moins coûteux en énergie que s’il a lieu sur terre). Ensuite on verra… As simple as that…

 

John Schlossberg, le fils de Caroline Kennedy et le petit-fils de JFK était de la partie

Une vision inspirante 

C’est ainsi qu’au milieu du clan Kennedy, Jeff Bezos a fait rêver des Américains comme l’avait fait JFK il y a plus de cinquante ans. On ne sait pas si tout se réalisera comme il le prévoit mais l’essentiel est la vision. Une vision constructive, positive, enthousiaste, incitante et ambitieuse. Tout l’opposé de celle qui semble dominer chez quelques millénials, bruyants et mal inspirés, qui pensent aujourd’hui qu’ils vont sauver la terre en cultivant des légumes sur leur toit, en interdisant à tour de bras et en cessant de se reproduire, convaincus que le progrès est ce qui fait de l’homme l’incarnation du mal.

Pour être vraiment optimiste, on se prend à rêver qu’avec l’appui des Kennedy dont l’influence politique n’a pas diminué aux Etats-Unis, Jeff Bezos trouve un moyen d’accélérer vraiment les choses. Zuckerberg semblant hors-course pour la Maison Blanche, pourquoi pas Bezos ? Un entrepreneur de l’internet vaudra sans doute bien un magnat de l’immobilier. L’essentiel étant que ce ne soit pas un politique, n’est-ce pas ?

Christian Jacot-Descombes

Christian Jacot-Descombes a exercé successivement les métiers de neuropsychologue, animateur et journaliste de radio, journaliste de presse écrite et responsable de la communication d’une grande entreprise. Il voyage beaucoup parce qu’il pense que ça ouvre l’esprit et aussi parce que ses différentes expériences professionnelles lui ont démontré qu’il vaut toujours mieux voir par soi-même.

10 réponses à “Pourquoi Jeff Bezos est indispensable aux millénials

  1. Trop loin de notre perception: tourner le dos aux éléments dont nous sommes constitués sous prétexte de projet-progrès aveuglants! Quelle farce-illusion que cette fuite en avant à l’opposé du goût, des sens, des parfums qui nous procurent les raisons et les plaisirs de vivre ici bas!

  2. Aucune peine à croire que M. Bezos vit mieux que son père.
    Mais il faudra qu’il se dépêche s’il ne veut pas que ses enfants meurent d’asphyxie ou noyés.
    Car le rêve américain multiplié par l’Europe, la Chine et l’Inde, j’ai peur que ça ne le fasse pas sur notre blue Planet!

    1. Je vous recommande de vous plonger dans Toutes ces idées qui nous gâchent la vie : alimentation, climat, santé, progrès, écologie…, Paris, JC Lattès, 2019, remarquable ouvrage de la géographe Sylvie Brunel qui tord le cou à beaucoup d’idées reçues sur ces sujets. On ne la voit pas beaucoup dans les médias car elle ne chante pas avec la chorale des bien-pensants.

      1. Ah, oui justement, je viens de la voir sur un plateau TV (sait plus lequel), alors pessimiste non, climato-sceptique encore moins).

        C’est à mon sens une vision périmée que la course à la course prospère.
        Non seulement on le voit de ses propres yeux dans la nature (je vis au cul du monde), mais je crois que la communauté scientifique est unanime, même si pas facile à reconnaître qu’on s’est trompé, j’en conviens 🙂

        Merci de votre idée de lecture et bienvenue sur les blogs!

        1. Merci à vous !
          C’est vrai qu’ici, à Boston, on se sent plutôt “au cerveau du monde”, d’où sans doute la différence de perception 😉

          1. Mais j’ai un à priori très positif d’Amazon.
            Vivant en Uruguay et ayant commandé deux ouvrages, ils ne sont jamais arrivés (volés par la poste ou la douane).
            Amazon n’envoie pas en recommandé pour minimiser les frais.
            Mais j’ai été remboursé sans problème par Amazon (dont ce n’est pas la faute), même si j’aurais préféré les ouvrages !

  3. Heureusement qu’il y des gens comme Jeff Bezos, Elon Musk, etc., qui savent encore insuffler le goût du dépassement à l’espèce humaine, ce qui fait que nous ne sommes pas restés confinés au fond de nos cavernes à mourir de froid et de faim! L’argument “qu’il y aurait mieux à faire” a toujours été avancé par les “pense-petit” pour s’opposer à toute avancée technique ou scientifique. Si l’Humanité renonce, pour la première fois de son histoire, à se projeter où les moyens de son ingénuité lui permettent d’aller, alors j’ai bien peur que ce soit le signe qu’elle est sur son déclin (ce qui est bien possible après tout, il faut bien finir par disparaître un jour).

  4. Bonsoir, je pense que Caroline Kennedy se prépare à concourir pour la prochaine élection de la présidence des États-Unis en 2024.Si je ne me trompe pas Jeff bezos possède le journal le New-York Times ceux qui peut aider Caroline Kennedy pour la présidence des États-Unis en 2024.

    1. On verra. Elle me paraît plus timide et réservée que, par exemple, les candidats 2020 qui s’apprêtent à débattre ce soir. Plus diplomate que politicienne, peut-être. Joe Kennedy III, le petit-fils de Bob, l’autre Kennedy assassiné, est actuellement représentant du Massachusetts à Washington. Ses amis le poussaient pour 2020. IL a dit non après avoir consulté sa famille. Il était à la Pride Parade l’autre jour, ici à Boston: un sympathique rouquin très populaire. Quant à Jeff Bezos, il est l’heureux propriétaire du Washington Post.

Les commentaires sont clos.