Le Conseil fédéral doit procéder à un aggiornamento de sa réflexion géopolitique

Dimanche devant le Bundestag, le chancelier Olaf Scholz a commencé son discours avec cette phrase : « Le 24 février 2022 marque un changement d’époque dans l’histoire de notre continent. » Prenant la mesure du bouleversement que représente dans l’ordre international et européen l’invasion de l’Ukraine par la Russie, M. Scholz a annoncé une révolution copernicienne dans la politique de sécurité de l’Allemagne, le réarmement de son pays avec une montée des investissements à 2% du PIB. La rupture avec la prudence et le pacifisme traditionnellement prônés, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, par la première puissance économique du continent est totale.

Même gravité dans l’allocution du président français Emmanuel Macron, le 2 mars, en évoquant le tournant que représente ce conflit : « Ces événements n’auront pas seulement des conséquences immédiates, à la trame de quelques semaines. Ils sont le signal d’un changement d’époque. La guerre en Europe n’appartient plus à nos livres d’histoire ou de livres d’école, elle est là, sous nos yeux. La démocratie n’est plus considérée comme un régime incontestable, elle est remise en cause, sous nos yeux. Notre liberté, celle de nos enfants n’est plus un acquis. Elle est plus que jamais un système de courage, un combat de chaque instant. A ce retour brutal du tragique dans l’Histoire, nous nous devons de répondre par des décisions historiques. »

Ce funeste 24 février 2022 choque autant les consciences que le 11 septembre 2001. Chacun pressent, à l’image du chancelier social-démocrate et du président de la République française, que le monde de demain ne sera plus pareil à celui qu’il a été jusqu’au 23 février. Encore faut-il avoir le courage d’y faire face. Peu rompu à la réflexion géopolitique, notre Conseil fédéral a tout de même attendu trois jours, pour comprendre qu’il fallait sortir de son mode de gestion « business as usual » et s’aligner sur les sanctions européennes. Trois jours où il s’est tortillé derrière le paravent de la neutralité et les arguties juridiques, plutôt que d’affirmer d’emblée sa solidarité de principe avec le camp des démocraties.

On peut très sérieusement douter de sa clairvoyance et de son sens de l’urgence à la lecture du communiqué, publié le vendredi 25 février, sur la manière dont il entend orienter un nouveau paquet de négociation avec l’Union européenne : le texte, sans doute préparé à l’avance, ne contient pas la moindre allusion au contexte géopolitique du moment ni l’affirmation des valeurs qui lient la Suisse aux Européens ! Quel manque de tact. Dans la démonstration du décalage qui se creuse entre la Suisse et ses principaux partenaires, depuis la rupture de l’accord-cadre en mai 2021, il pouvait difficilement produire une preuve plus éclatante.

Dès lors, faut-il se résigner à ce que notre pays apparaisse « à côté de la plaque », pleutre ou suiveur, jamais à la hauteur de la situation ? Ou bien peut-on espérer un sursaut, une inspiration, qui conduise le gouvernement à procéder à un profond aggiornamento du positionnement de la Suisse sur la scène internationale ?

Plus rien ne justifie une voie solitaire et particulière de la Suisse sur le plan européen. Le monde multilatéral dans lequel la Confédération pouvait jouer sa partition en solo est mort, broyé par les colonnes de chars que Poutine a lancées sur les routes d’Ukraine. Cet édifice multilatéral, pour partie localisé dans la Genève internationale, ne sera pas rétabli avant longtemps. Dans l’immédiat, l’ONU étant paralysée par le droit de veto des Russes au Conseil de sécurité, seule l’Union européenne a la capacité d’agir efficacement face à la menace. Notre gouvernement doit saisir la portée et les conséquences de cette nouvelle donne. Il doit revoir le logiciel qui tourne depuis une trentaine d’années et encadre notre politique étrangère.

Après l’échec de l’Espace économique européen, donc d’un premier arrimage de la Suisse aux institutions européennes, le Conseil fédéral a choisi, bon gré mal gré, de maintenir sa tradition humanitaire et sa pratique des bons offices (pour œuvrer à la paix dans le monde et se concilier au passage les bonnes grâces des puissants), de privilégier la voie bilatérale avec l’UE, mais aussi de parier sur le développement de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour offrir à son économie les meilleures conditions possibles d’accès aux marchés.

Un rapide bilan de ces trois choix stratégiques s’impose. Très valorisé, mais par nature peu explicité dans les détails, son rôle de facilitateur en cas de conflit lui a valu une certaine estime, flattant l’ego de nos ministres des affaires étrangères, mais pas beaucoup de dividendes concrets en faveur des intérêts helvétiques. Les Américains ont agi sans pitié à l’égard de la Confédération au moment de la crise des fonds en déshérence et ont obtenu quelques années plus tard la peau du secret bancaire. Quant aux efforts pour trouver des solutions de paix à long terme avec Poutine, on mesure ces jours à quel point ils étaient condamnés d’avance : le despote du Kremlin a-t-il jamais été un interlocuteur de bonne foi lors des discussions ? En diplomatie, il y a de la grandeur à paraître humilié dès lors qu’on a sans relâche chercher une solution pacifique, mais la défense des intérêts de la Suisse ne doit pas être indéfiniment immolée sur l’autel de cette nécessaire humilité. En l’occurrence, la Confédération n’est pas la seule qui s’emploie à maintenir ouvert des canaux de discussions entre l’agresseur et l’agressé.

Pour ce qui concerne la voie bilatérale avec l’UE, elle a été un succès, puisque notre pays est une des régions du continent qui a le plus profité de la prospérité créée par le marché unique. Mais cette voie a été torpillée peu à peu par le Conseil fédéral lui-même : en 2006, il renonce à l’objectif de l’adhésion à l’UE, qui lui avait valu passablement de goodwill de la part des diplomates européens. En 2021, il met fin aux négociations sur l’accord-cadre, un concept qu’il avait lui-même proposé à l’Union.

Quant à l’OMC, la machine s’est totalement grippée, incapable de produire les normes garantissant une mondialisation équitable et profitable pour tous. Cette paralysie a favorisé l’émergence de nouveaux blocs commerciaux, en Asie et en Amérique, avec lesquels il est compliqué pour la Suisse de s’entendre sans concessions difficilement acceptées sur le plan intérieur (comme on l’a vu par exemple lors de la votation populaire de mars 2021 sur l’accord de libre-échange avec l’Indonésie, accepté de justesse).

Les trois piliers du positionnement de la Suisse sur l’échiquier international étaient plus ou moins brinquebalants depuis un certain temps. Avec l’invasion de l’Ukraine et ses conséquences à court, moyen et long terme, ils vacillent et sont prêts de s’écouler, tel un château de cartes trop usées.

La Suisse ne peut plus plaider l’exception et le particularisme, elle doit choisir son camp et se ranger résolument du côté des démocraties face aux autocrates. Elle doit cesser d’être particulièrement intransigeante avec l’UE et extrêmement complaisante avec la Chine ou la Russie. Le Conseil fédéral doit rapidement élever son niveau de réflexion géopolitique. Dans cet esprit, il doit sans tabou étudier l’opportunité d’une adhésion à l’Union européenne. Il faut souhaiter qu’il s’y emploie au nom de la morale et des valeurs humanistes que nous partageons avec les Européens. Mais des considérations économiques devraient, si besoin, l’amener à une évaluation plus réaliste de la situation. La Suisse a bâti sa prospérité sur la fiabilité de son droit. Or, l’alignement sur les sanctions européennes contre la Russie prouve ce que les souverainistes blochériens s’obstinent à nier depuis trente ans : nous dépendons des normes définies par les Européens ; nous ne pouvons pas courir le risque de ne pas être en conformité avec leurs standards sans prétériter les affaires de nos banques et de nos industries d’exportation. En décidant un usage inédit de son énorme poids économique, l’UE s’affirme définitivement comme une puissance politique là où trop de ses détracteurs ne voulaient voir qu’un grand marché avec ses avantages fonctionnels.

À ces arguments en faveur d’un aggiornamento courageux, on pourrait ajouter des considérations sur la déstabilisation numérique entreprise par les hackers russes en direction du Vieux Continent, qui déploie chaque jour ses effets sur le territoire helvétique. Sans concertation avec les Européens, comment les Suisses, qui ont tant tardé à s’armer contre cette menace, pourraient-ils disposer à l’avenir d’une cyberdéfense efficace ?

Depuis trop longtemps, la Berne fédérale ne considère les relations avec l’Union que sous l’angle mercantiliste des accords bilatéraux, par petits bouts, comptant mesquinement les bénéfices qu’elle peut en tirer. Après le Brexit, la crise Covid et maintenant la guerre en Ukraine, il faut considérer l’ampleur des changements que l’Union porte (et qu’il est vain d’imaginer contourner compte tenu de notre position géographique et de nos intérêts commerciaux).  Il est grand temps de procéder à une réévaluation de ce que représente vraiment l’Europe des 27 pour nous : notre famille naturelle, notre meilleur rempart contre les menaces des dictateurs, la vraie garante de notre souveraineté et de notre indépendance en tant que démocratie.

Chantal Tauxe

Chantal Tauxe est journaliste depuis 1986. Elle est vice-présidente du Mouvement européen suisse.

20 réponses à “Le Conseil fédéral doit procéder à un aggiornamento de sa réflexion géopolitique

  1. Merci pour ce joli commentaire va-t-en-guerre. C’est très dans l’air du temps, ceci dit. Vous m’excuserez donc de ne pouvoir louer votre originalité.

    Je penserai bien à vous pendant la demi-seconde qui me restera à vivre quand je verrai soudain une lumière aveuglante, une sorte de soleil étonnamment proche.

    1. Merci pour votre lecture. Je ne crois pas qu’un cavalier seul de la Suisse – ou sa neutralité – la préserve de l’apocalypse nucléaire que vous évoquez. Je pense au contraire que l’Union européenne s’efforce d’éviter l’extension de cette guerre, en stoppant Poutine – ce qui aurait dû être fait plus tôt. Quoi qu’il en soit, la Suisse doit réévaluer son positionnement en fonction de cette nouvelle donne, et, selon moi, rejoindre le camp des démocraties sans mais ni si…

      1. En tant que vice-présidente du Mouvement européen suisse vous profitez de cette guerre et de l’hystérie médiatique pour marquer des points, je le comprends. Mais vous êtes dans l’idéologie et dans une attitude de purisme binaire irréfléchi. Il y aurait l’axe du bien et l’axe du mal. Penser comme cela équivaut à s’abstenir de penser vraiment le monde et sa complexité.

        Que la Suisse réévalue son positionnement en fonction des événements, c’est logique. Qu’elle se livre corps et âme à un grand machin technocratique, ça ne me semble pas l’idée du siècle.

        1. Ce blog annonce clairement la couleur: une lecture européiste de l’actualité. Ni mes convictions, ni mes arguments ne sont irréfléchis. Il me semble que mon texte était plutôt un appel à comprendre le nouveau monde actuel dans sa complexité. Mais bon, chacun son point de vue.

          1. On ne peut pas en même temps être européiste et tenter de comprendre le monde dans sa complexité.

            C’est comme si vous disiez que vous mettez des hauts talons et que vous tentez de sauter de rocher en rocher avec le plus d’agilité possible. Certes, vous pouvez toujours tenter de, mais vous y arriveriez bien mieux si vous portiez des chaussures de sport.

    2. @Erwan: Si le pire devait arriver, ce n’est pas en se cachant derrière sa “neutralité” que la Suisse serait épargnée, contrairement à ce qui s’est passé pendant la Seconde Guerre mondiale. Des échanges “d’amabilités” (!), cette fois atomiques, entre Russes par exemple et nos voisins laisseraient notre territoire dévasté, même si aucune bombe ne nous était directement destinée. Les temps ont changé, nous serons dans le même bain que nos voisins, que nous adoptions une attitude “à la Ponce Pilate” ou non.

      1. Si même un pays comme la Suisse se met à prendre partie et crier avec les loups (et c’est se qui se passe), alors c’est qu’il ne reste plus beaucoup de secondes à l’horloge de l’apocalypse.

        Mais visiblement, ça n’inquiète pas les journalistes (je ne parle pas ici particulièrement de Mme Tauxe). Les journalistes s’affolent quand il y a une infection pulmonaire hivernale un peu grave qui, comme toutes les années, saturent les hôpitaux, mais pour ce qui est du danger nucléaire, ils en rigolent et sont tout contents d’aller encore plus exciter l’ours avec des brindilles.

        Il est clair que nous serions à la même que nos voisins, mais une attitude “à la Ponce Pilate”, comme vous dîtes, ou de bons offices, comme nous le fîmes jadis, pourrait faire pencher la balance. Ou pas. Mais à mon avis, ça vaut la peine d’essayer.

        1. Je ne partage pas votre appréciation du travail des journalistes. Certains, sur le terrain, risquent leur vie pour nous informer. De manière générale, il ne faut pas confondre message et messager, les journalistes rendent comptent de ce qui se passe, et donnent des clé de lecture. à chacun ensuite de se forger une opinion.

          1. De nos jours, les journalistes sont des chargés de communication. Les rédactions n’engagent plus que des gens qui ont les mêmes idées toutes faites que leur direction et surtout, qui sont conformistes. Les informations brutes sont prémâchées et passées à travers le filtre déformant de l’idéologie mondialiste. (C’est ça que vous appelez des clés de lecture ?)

            Les derniers vrais journalistes, ceux qui osaient proposer une lecture différente des évènements ont soit été virés, soit sont partis d’eux-même, dégoûtés de ce qu’était devenue leur profession.

            Je comprends que vous ne partagiez pas ces appréciations non plus. Ce changement s’est produit insidieusement sur une vingtaine d’année, donc, l’ayant vécu de l’intérieur, vous ne vous en êtes peut-être pas rendue compte. Mais posez-vous la question: quel est l’état de la diversité de la presse aujourd’hui, autre que cosmétique ?

    3. Passons les bons ou mauvais points de nos Conseillers fédéraux dans ce conflit : tentons de voir autrement, malgré le fait que chacun égotiquement s’affirme publiquement ici ou là pour se faire valoir, obtenir un pouvoir sur les autres ou un prestige auprès d’un public déjà acquis . Un audimat. Suivre le mouvement ou la masse « en émotions » n’est pas gage d’intelligence ou de sagesse. Cela permet apparemment de se rassurer émotionnellement et éventuellement de diluer sa responsabilité personnelle ou de se soulager des poids de la pression, de l’affirmation, ou de l‘audace de la communication publique…

      Voyons plutôt les nuances de gris. Oui celles de l’esprit et particulièrement de celui-qui est le moins sensible, perméable ou influençable dans cette affaire : VP et son programme mental. Cela concerne l’Humanité dans son avenir et apparemment assez peu ceux qui vivent aujourd’hui et qui souhaitent le rester encore. Comprendre que la distance respectable à 15 mètres d’un présidents qui le visite, ou de ses propres généraux qu’il a convoqué, c’est la marque d’un processus mental déterminé et qui ne supportera aucune erreur, retard ou contretemps. Dans cette construction de la psyché, Il n’y pas de place à d’autres scénari et même si les principes de réalités sont autres, il ne peut y avoir que COLERE comme réaction.
      Nous avons tous un jour ou l’autre appris à vivre une colère et nous savons qu’elle est mauvaise conseillère. Heureusement c’est rare et à part le choc émotionnel, une colère c’est souvent pas bien grave. Ca passe. Le constat de l‘isolement de VP sur la scène internationale, les barrières d’influences ou de modérations pour communiquer, ne présagent rien de bon pour l’Humanité dans ce contexte de tensions « œil pour œil et dent pour dent ».

      VP est sans doute un représentant de cette nature humaine structurée, rationnelle, mâle psychorigide, homme de pouvoir et dominant, motivé par une blessure égotique aigüe, dont les prémisses s’ancrent sans doute dans une culpabilité dans l’enfance, de celle de sa mère en Ukraine ou de la vision ou perte d’une nostalgie d’un autre temps. Le parcours de vie de VP en témoigne par la mission qu’il se donne et à relire dans ses écrits. Il faut tenter de sortir de cette logique de boucle et d’escalade virile, donc mortifère. La guerre ne permet pas une thérapie de l’ego. N’offrons pas ce flanc !

      Alors dans ce contexte, les bons points de nos Conseillers fédéraux, ne nous préoccupent en effet peu, car seul compte « la femme ou l’homme de la situation », c’est-à-dire celle ou celui-qui remonte le courant et qui impose la Sagesse. Faire émerger une figure actuelle de notre saint patron Nicolas de Flue.
      Nous retiendrons de cette précipitation fédérale, laquelle se sentait montré du doigt comme dernier de la classe des pays :
      -Simonetta Sommaruga: «J’ai beaucoup insisté pour que les sanctions soient prises».
      – Du président suisse, Ignazio Cassis, «Neutralité ne veut pas dire indifférence» et 4 jours après « à l’intégralité des sanctions économiques très dures de l’Union européenne contre la Russie »
      – Le gouvernement fédéral a”fait ce pas avec conviction, de manière réfléchie et sans équivoque”.

      Ces décisions fédérales traduisent aussi une autre psyché collective, du soulagement et de la culpabilité dans les nuances politiques suisses trouvent les racines des engagements personnels des membres de ce Conseil fédéral. Les unes affrontant les autres, chacun-e-s devant se positionner pour influencer la décision selon ces convictions et ressentis des pressions subies. Le Conseil fédéral est entré par consensus dans les conditions d’un affrontement annoncé de part et d’autre comme « total et final. » L’histoire jugera des responsabilités individuelles des va-t-en-guerre-sanctions de tous bords et pays.
      Parfois il est bon et humain d’être mou ou molle, voir de le revendiquer ou de l’être « La bonne grosse Suisse molle ». Outre la souplesse du roseau et l’adaptabilité aux situations diverses prouvées depuis des siècles, cette équilibre de contorsion laisse aussi et surtout une porte de sortie honorable à l’ennemi ou à celui qui ne peut plus mentalement se dédire lui-même…

      La neutralité suisse, liquidée par ce Conseil fédéral ETAIT cet outil unique et précieux au service de l’espace de dialogue et négociation avec VP, du compromis, de la Paix et de la nécessaire dénucléarisation des armées à programmer. Dans les conditions de cette guerre et les moyens de destruction impliqués, comment le CICR pourrait-il encore conduire sa missions pour les populations en toute impartialité ? Nous, les mercenaires des va-t-en-guerres européennes et historiques, savons bien que la Paix se construit par le dialogue, en évitant les malentendus, provocations et donc les guerres. C’est les racines de notre vieille molle démocratie helvétique neutre. C’est très regrettable que la position du Conseil fédéral, – entraîné par Simonetta Sommaruga – engendre de facto par précipitation au renoncement à l’indépendance et à la neutralité constitutionnelle helvétique. Les citoyens-et citoyennes peuvent légitimement se demander si ce Conseil fédéral a pouvoir de supprimer – sans consulter la population –, le principe de base de notre Constitution, pour un conflit qui ne menace pas directement le territoire ou les intérêts vitaux. Pour nos ancêtres c’est une trahison. Pour les citoyennes et citoyens un destin hasardeux à découvrir.

      Perte de la neutralité et de notre indépendance, pas tant pour nos affaires, commerces, principes ou marques identitaires/politiques du moment, mais simplement pour que le dialogue entre les blocs de l’affrontement puissent être renoué pour favoriser par bons offices la reprise des confiances entre dirigeants, peuples, populations et pays qui forment cette Humanité.

      Elle est passée ou l’interprétation socialiste contemporaine de la neutralité- active. investie d’une mission de promotion de la paix et résolument éloignée du mythe du repli ?

      Le courage de la grandeur des petits aujourd’hui, c’est de se dédire immédiatement des sanctions, de revendiquer et réaffirmer la neutralité suisse pour monter avec force aux fronts des négociations avec les parties de ce conflit. Qui d’autre, pays ou organisation serait en mesure de le faire en toute neutralité et avec le respect des parties, sur un terrain neutre et fort d’une expérience et tradition reconnue ? Dans cette opération militaire et économique Solferino 2.0, celui qui gagne c’est celui qui saura plier et renoncer aux représailles pour entrer en dialogue avec VP: l’avenir de l’Humanité vaut bien cette posture. Le Conseil fédéral n’aurait pas dû craindre l’audimat des Nations ou du Peuple helvétique, mais résister.

      Avant qu’il ne soit trop tard, se souvenir de la crise nucléaire durant l’opération « Able Archer », novembre 1983 entre les US et l’URSS et de l’intervention écrite, décisive et discrète de notre général Zumstein ….

      Presque quarante ans de Paix en Europe et une diminution de 90 % des armes nucléaires !

      Courrier du Congrès des Etats-Unis approuvé le 8 novembre 1985,par Ronald Reagan

      Joint resolution : To commend the people and the sovereign confederation of the neutral nation of
      Switzerland for their contributions to freedom, international peace, and understanding
      on the occasion of the meeting between the leaders of the United States and the Soviet Union on November 19-20, 1985, in Geneva, Switzerland. Whereas Switzerland has long played a leading role among nations in the search for international peace and understanding, has generously provided its territory and assistance for international organizations and conferences, and its diplomatie services for arbitration and mediation of disputes among states; and
      Whereas the government of Switzerland has for many years generously represented the diplomatie interests of other nations, including the United States, in lands where these nations have no relations; and
      Whereas the United States and Switzerland share a common heritage, based on a commitment to political and religious freedom of expression, on our shared legacy of a constitutional and Federal Government, on our commitment to human rights and the dignity of the individual, and on our firm belief that a free enterprise economy provides the greatest prosperity for the greatest number of people; and Whereas Switzerland, and the beautiful and historie city of Geneva, ever mindful of their tradition and vocation in the search for international peace, have once again offered their territory and facilities for a major international meeting, on this occasion between the leaders of the United States and the Soviet Union, on November 19-20, 1985: Now, therefore, be it Resolued by the Senate and House of Representatives of the United States of America in Congress assembled, That it is the sense of the Congress that, in recognition of their many contributions and as an expression of the warm gratitude of the American people for the strong bonds of friendship which have long existed between our two great democracies, the people and nation of Switzerland are to be commended for all they have done throughout this century in the search for freedom, international peace, and understanding. Speaker of the House of Representatives. approuved 8 novembre 1985, Ronald Reagan

  2. Monsieur Olaf Scholz serait plus inspiré à user de diplomatie envers la Russie que de faire ce genre de déclaration ne servant à rien d’autre que mettre de l’huile sur le feu.
    Il serait également plus inspirer à renouer les dialogue avec V.Poutine et demande à A.Merkel qui a largement dialogué avec Poutine (elle parle Russe) de tenter de renouer le dialogue.
    On se sortira de cette crise qu’avec le dialogue et la diplomatie et non par une escalade des armements.
    Je suis sidéré de constater qu’à ce jour la seule personne qui dialogue avec Poutine c’est le président Français E.Macron. Où sont les autres chefs d’états ? N’ont-il pas de téléphones, de diplomates chevronnés pour discuter, le rencontrer ? Leurs seules déclarations actuelles sont sur leur armement.
    Faites appel à ceux qui ont discuté en confiance avec Poutine dans le passé pour renouer le dialogue avec lui et trouver une issue qui épargne des vies et une crise plus large.
    N’y a-t-il aucun chef d’état capable ou ayant le courage de lui parler d’aller le rencontrer ?
    Faites taire A.Van de Layen qui ne fait que des bourdes et se prend pour la présidentes de l’Europe et s’octroie des pouvoirs qu’elle n’a pas.
    Bien cordialement

    1. Il faut peut-être admettre que nous ne savons pas tout des contacts diplomatiques en cours… Par ailleurs, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen s’exprime au nom des 27, et certainement pas sans concertation avec les chefs d’Etat et de gouvernement. E

      1. Certes, mais Olaf Scholz n’a jamais côtoyé Poutine et ne peut se positionner en interlocuteur de confiance contrairement à Angela Merkel ou par exemple Hubert Védrines ancien ministre des affaires étrangères françaises que Poutine avait consulté dans le passé pour mettre en place un état de droit en Russie.
        Aujourd’hui il faut s’appuyer sur les “anciens” avec qui il accepte de discuter en confiance et non des nouveaux venus qui ne le connaissent pas et envers qui il n’a ni confiance ni volonté de discuter.
        Quand à U. von der Leyen, elle s’est arrogé des pouvoir qu’elle n’a pas en annonçant par exemple l’interdiction de la transmission des chaines RT alors que cela relève uniquement des pays et absolument pas de la commission. Cette censure de RT n’est d’ailleurs pas la meilleure chose à faire car en rétorsion, la Russie bloque les chaines européennes et prive ainsi les Russes d’une source d’information autre que celle du Kremlin. Ce n’est pas en faisant de la censure que l’on combat la censure alors que l’on clame la liberté d’information. Il y a là des contradictions pour le moins surprenantes de la part de cette personne qui n’a par une bonne réputation de diplomate, bien au contraire.
        La diplomatie est un art qui n’est pas donné à tout le monde loin de là.

        1. L’idée d’envoyer Angela Merkel a été proposée par Matteo Renzi. Mais je ne crois pas que le problème vienne de la qualité des interlocuteurs de Poutine…

          1. Malheureusement si, la diplomatie est basée sur une relation de confiance avec les interlocuteurs. Les seuls interlocuteurs que Poutine peut écouter c’est ceux avec qui il a échangé durant des années en confiance et l’avantage de M.Merkel c’est qu’elle parle couramment le Russe ce qui n’est pas négligeable dans une situation tendue comme celle-ci.
            Scholz, Biden, von de Layen etc… ne sont pas des interlocuteurs de confiance pour Poutine, il ne les connait pas. Merkel, Sarkozy, etc… Oui, c’est eux qu’il faut envoyer en émissaires.

  3. “Choisir son camp et se ranger résolument du côté des démocraties face aux autocrates (…)”, écrivez-vous. Comment? La Suisse n’est pas une démocratie? Pensez-vous (pour prendre un exemple) que la population laborieuse de nos cantons, dont l’horaire de travail n’est pas des moindres ni des plus flexibles, qui sort de contraintes non négligeables dues à la pandémie et connaît une précarisation tangible pour beaucoup, va choisir entre ce camp-ci ou ce camp-là? De multiples associations oeuvrent depuis de longues années à accueillir des réfugiés. Avec le soutien de donatrices et donateurs qui ne donnent pas en fonction de l’identité des personnes en difficulté. Ce n’est certainement pas en choisissant un camp, au prétexte de rallier l’Europe et de repeindre notre neutralité, que le Département fédéral va faciliter la tâche de ces indispensables appuis de l’Etat. Je crois davantage à la diplomatie entre personnes clé.

    1. Bien sûr que nous sommes une démocratie, mais nous devons faire front avec les autres démocraties à la menace que Poutine fait courir à toute l’Europe, à nos systèmes démocratiques et à nos libertés. C’est un choix moral là où par le passé nous avons été un peu complaisants avec les autocrates (qui n’ont que mépris pour la démocratie) privilégiant nos intérêts commerciaux – exemple, la Chine.

      1. Je vous remercie, Madame, d’avoir répondu à mon message qui n’avait pas pour visée une quelconque excuse de toute forme d’autocratie ou de privation d’exercice de la citoyenneté. Ce qui pose question ici, c’est le choix partisan: car selon moi, demander de se ranger du (au) côté d’un camp, c’est entrer en belligérance. Or je suis pacifiste, ai voté pour une Suisse sans armée, et n’ai pas souscrit à l’achat de nouveaux avions de combat. Le 6 décembre 1992, je me suis prononcée comme 49,5% de mes concitoyen.ne.s en faveur de l’entrée de la Suisse dans l’EEE – qui n’est pas, pour ma part, ce que l’Europe est devenue, soit un espace de valorisation du Marché. Lorsqu’on exerce sérieusement la médecine, le droit, les professions du savoir, etc. on n’est pas “pour” ou “contre”, sinon à dresser des barricades et à favoriser d’autres injustices.

  4. ” Le rat , si il est acculé contre un mur … attaque même le chat … ” Ce proverbe chinois résume bien la nécessité de laisser une porte de sortie à Poutine … A mon humble avis , la légendaire neutralité suisse était un des rares jokers que le monde disposait … Seule la sagesse d’Israel qui se propose en médiatrice , reste à présent sur la scéne mondiale … Mais elle est bien éloignée de ce conflit , et saisie t’ elle vraiment , autant que nous , le risque majeur du nucléaire … ? Ne change t’il pas la donne ? Face à lui , la diplomatie devrait être timide comme une vierge … Je préfère mille fois la bienveillance de Merckel , la seule qui a osée demander à Poutine de libérer Navalny , la seule qui pourrait lui parler en russe franchement , car elle l’ a toujours fait … , mille fois je la préfère , face à une Von der Layen , qui parle comme un géneral qui s’impose à toute l’ Europe … et place ce continent comme un échiquier entre le jeu mortel de 2 grands empires armés jusqu’ aux dents … Permettez le lien de 2 tabeaux , car une image en dit plus que mille mots … Serge , Montpellier , Occitanie , France , le dimanche 06 mars 2022 … ( soleil de printemps ) https://www.galerie-com.com/oeuvre/-la-chef-d-etat-la-plus-bienveillante-de-l-europe-…-angela-merkel-/461639/ https://www.galerie-com.com/oeuvre/-on-voit-la-spiritualite-d-un-dzar-a-la-maniere-dont-il-referme-sa-porte-dans-l-histoire-.-/476784/

  5. Je suis surpris que la seule vraie question qui se pose aujourd’hui est éludée: comment traiter le problème des dirigeants fous. Il y a une année, le monde était médusé par la folie de Trump. Aujourd’hui nous sommes sidéré par celle de Poutine. Demain la France peut-être… Dans ces pays atomiques, la dissuasion (et la pérennité du monde) repose sur l’état mental d’un seul homme. C’est insupportable! Halte à la folie! Halte à la paranoïa du pouvoir! Comme créature encore vivante, humain et citoyen, je revendique que l’on mette un terme à cela. Il faut traiter ce problème d’urgence. Encore un foi, la Suisse, pays pacifique et pacifiste s’il en est, est en avance sur la question. Un exemple à suivre.
    Non, se mettre à la botte d’une quelconque alliance n’est d’aucun secours contre la folie, bien au contraire.

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