L’autonomie vis-à-vis de l’Etat favoriserait le bonheur ; et vice-versa

La dépendance financière d’un ami, de la banque, de son assurance ou de l’aide sociale peut vite devenir un cercle vicieux pour bon nombre de personnes. Étant en situation de handicap, j’ai pu toucher à cette limite, entre l’assistance totale et l’autonomie maximale, selon mes capacités et mes limites. J’ai aussi pu l’expérimenter auprès d’autres personnes. Certaines sont engouffrées dans le système. Est-ce que, elles seules, y peuvent quelque chose ? Pourtant, la majorité des plaintes porte sur les personnes qui ne devraient pas (ou plus) être en droit d’être à l’aide sociale.

Rôle de l’aide sociale

Elle devrait se positionner comme un leader. Les justes bénéficiaires devraient être mieux accompagnés, ce qui leur éviteraient des dépenses d’énergie inutiles (le processus est souvent ressenti comme un lourd combat) et leur permettraient de mieux vivre, pour autant que l’objectif, des fonctionnaires et des bénéficiaires à la fois, soit une vie bonne. Il arrive de se sentir humilié par des interlocuteurs de l’aide sociale qui ne nous (les demandeurs) croient pas. Nous sommes déjà dans une position suffisamment délicate, parfois au fond du trou. Ils ont, certes, des protocoles à respecter et probablement peu de marge de manœuvre. Utopiquement, il ne faut pas oublier que le non-recours à l’aide sociale des personnes dans le besoin, que ce soit pour des raisons d’intégrité ou non, représente également un coût !

Il me semble nécessaire de mentionner, bien que je ne m’étalerais pas sur ce point, la problématique des conditions de travail, le bien-être des collaborateurs de l’Etat et leur taux de motivation. Est-il affecté par les demandeurs qui n’ont souvent pas le moral ou par les mensonges des personnes qui en profitent ?

A priori, d’après mon expérience et des simples notions de psychologies, il ne me semblerait pas facile de travailler avec des personnes tristes ou malhonnêtes et de garder le moral, le positivisme – comme le fait d’être négatif – se propageant sur les autres. Comment peut-on aider les personnes à s’en sortir et à retrouver cette si précieuse autonomie, bien qu’elle soit partielle dans beaucoup de situations ? Cela pourrait-il pousser à l’accomplissement de soi, synonyme du bonheur ? Quoi qu’il en soit, l’Etat ne devrait pas perdre de vue toutes les personnes mentionnées précédemment et les envoyer aux bons endroits, l’objectif étant de les accompagner vers un degré d’indépendance maximale propre à chacun, grâce à la formation notamment, et les soutenir financièrement pour les besoins de base s’ils ne parviennent pas totalement à les assurer par eux-mêmes.

Un gain pour les bénéficiaires est un gain pour l’organisation étatique

En regagnant un degré d’indépendance maximale selon ses capacités physiques, mentales et émotionnelles, les bénéficiaires de l’aide sociale devraient avoir quelque chose à y gagner : il faudrait les récompenser pour leurs efforts. Cela les inciterait aussi à en fournir plus et cet élan découragerait potentiellement aussi les abus (ou les limiterait tout au moins). Mais l’organisation concernée (souvent l’AI ou l’Hospice) devrait rester prête à fournir à nouveau l’aide requise si un essai n’aboutirait pas. L’Etat devrait encourager les personnes à entreprendre, sans dégouter pour autant.

Exemple pour un bénéficiaire de l’AI, en situation de handicap : s’il tente de travailler plus et gagne plus d’argent ponctuellement, son dossier sera clôturé. Sachant que les difficultés vis-à-vis du handicap peuvent évoluer, il ne devrait pas avoir besoin de soumettre une nouvelle demande et parfois attendre des années jusqu’à obtenir une réponse ! S’il ne peut plus assurer ses besoins, son dossier devrait être réenclenché de suite. Cela enlèverait la peur de se lancer, permettrait à plus de personnes d’essayer et, qui sait, à plus de personnes d’y arriver.

Conclusion : une personne qui travaille selon ses capacités, ni plus ni moins, sera accomplie et satisfaite. Logiquement, elle deviendrait une charge plus petite pour l’Etat. Et si ce phénomène se démultipliait ? C’est plus facile à dire qu’à faire ! Un long combat politique s’annonce, le dossier étant conséquent, comptant un nombre indéfini d’éléments à inclure. Mais le but est d’arriver à une meilleure situation pour toutes les parties sans que ce soit au détriment de l’un (les bénéficiaires) ou de l’autre (l’Etat). C’est d’autant plus important, les demandes concernant une grande proportion de la population, quasiment le 10% jusqu’en 2021 (voir statistiques).

Celine van Till

Celine van Till défie l’impossible. Du dressage équestre au cyclisme sur route, en passant par le 100 mètres sprint, valide et handisport, elle court d’un extrême à l’autre. L’ennui n’existe pas. Les surprises attendent. Les limites sont remises en question. Elle gagne la Coupe du Monde 2022 et est aussi auteure et conférencière.