Le sport défie mon handicap

Plusieurs grands succès ont été réalisés récemment sur la piste d’athlétisme aux couleurs suisses. Regardant les courses, cela m’a donné envie d’écrire ce qu’implique cette activité physique. Etant handicapée, ce n’est pas donné.

Je galope autrement

J’ai réappris à courir pour «décrocher la lune», plus de huit ans après mon accident. Comme nous le disons à l’Escalade à Genève, «je suis très vite tombée dans la marmite» ! Tout changement comprend des surprises. Quand elles surviennent, positives ou négatives, il est impossible de passer à côté. Quels sont les impacts de la course à pied sur ma santé ? Quels sont les conséquences de la charge physique sur mon handicap ? Ma motivation sans failles peut avoir une double facette…

Je réappris à coordonner mes bras et jambes (j’étais partiellement tétraplégique). Mais ce n’était pas tout ! Je cours avec un guide, ne voyant que la moitié et double. Pour aller de zéro à vingt kilomètres en un an, passant par des mois d’entraînement, après avoir exagéré sans en avoir la moindre idée, il a fallu accepter la cassure physique et mes tibias se sont décomposés en mosaïques. Certes, je n’y voyais aucune limite.

Les mois passant, j’ai constitué mon équipe médicale et d’entraînement. Certes, le mystère persistait : mes jambes ne se consolidaient pas comme il le fallait. Comment pouvais-je rendre mon corps apte à ces nouvelles contraintes ?

Après avoir essayé plusieurs options, je trouvais des solutions : je devais apprendre d’autres techniques, mieux assimiler chaque mouvement, travailler l’équilibre afin de gaarder la sensibilité dans mes jambes… En un an, handicapée, partiellement tétraplégique et malvoyante, je cours les 20km de Genève et en devient la marraine !

Tout est possible

Mon corps résistait à l’enchaînement des courses de 5km, 10km et 20km. Annonçant ma conversion à l’athlétisme,  j’appris quels seraient mes prochains défis ! Quelle discipline ai-je alors choisie ? Etant empreignée de l’esprit olympique, je souhaite performer sur une discipline représentée au programme paralympique. Dans ma catégorie de handicap, le choix est limité : je dois faire du sprint ! Les courses de fond (semi-marathon et marathon) ne sont donc plus une option (je pourrai encore en faire plus tard).

Je passais de 90 à 110 kilomètres parcourus par mois à quatre entraînements de 2h par semaine, et de l’herbe et la route au tartan de la piste d’athlétisme !  Pourtant, malgré le ressenti confortable, c’est l’un des terrains les plus « agressifs ». Fragilisées initialement, mes jambes ne tiendraient pas en place lors d’un changement aussi conséquent. Mon médecin m’avait prévenu que je devrai peut- être traverser les mêmes difficultés encore une fois. J’ai malgré tout opté pour ce choix. Il faudra vivre des hauts et des bas, mon corps devant se fortifier avant de pouvoir gagner. Aimant les défis, la difficulté, je ne vais pas abandonner ! C’était comme me retrouver sérieusement handicapée ce qui devient plus tard « ma » plus grande opportunité.

Celine van Till

Celine van Till défie l’impossible. Du dressage équestre au cyclisme sur route, en passant par le 100 mètres sprint, valide et handisport, elle court d’un extrême à l’autre. L’ennui n’existe pas. Les surprises attendent. Les limites sont remises en question. Elle gagne la Coupe du Monde 2022 et est aussi auteure et conférencière.

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