L’Olympisme toujours présent malgré mon handicap

A 13 ans, je voulais aller aux Jeux Olympiques. Malgré le drame de 2008, j’y ai tenu!

Une passion est née quand j’avais 6 ans: celle du cheval. Pour une raison thérapeutique au départ. Sans savoir que j’allais rejoindre le haut niveau quelques années plus tard. 

J’ai souhaité allier ma passion à ma volonté de réussir. Les autres jeunes filles de mon âge se moquaient de moi.

Chaque année, je montais d’un niveau. Jusqu’à atteindre l’équipe suisse junior de dressage à 15 ans. Je visais les Championnats d’Europe…

Une ambition obscure

Juin 2008, ce maudit mois où j’ai eu mon accident. La chute qui bouleversa ma vie à jamais. J’ai hurlé, j’ai frappé.

Lourdement handicapée… Je ne pouvais que ramper, seulement dire quelques mots.

Au bout d’un mois de coma, il serait trop facile de se lever comme tous les matins. Le réveil ne sonna pas… Deux mois a-t-il fallu jusqu’à pouvoir raisonner normalement.

Ma carrière sportive était alors inespérée. L’espoir de la vie était là… Mais l’on n’était sûr de rien… Il m’a fallut réapprendre chaque geste. Etre têtue parfois et ne pas écouter les médecins. Regagner mon autonomie et une indépendance quasi-totale.

Aujourd’hui, cela ne fait que neuf ans que je suis sortie du coma. 

Cérébrolésée, j’ai réappris à vivre. A parler. A marcher. A monter à cheval. Et aujourd’hui, à courir.

Croire en ce que l’on n’oublie jamais

Parfois, on pense que j’ai trop bu! Il m’est arrivé de zigzaguer, tomber par-dessus le trottoir, cogner contre un poteau et rentrer dans des personnes. Elles se sont énervées. 

J’étais libre sur le dos du cheval. Etant obstinée par l’effort, je suis retournée à la compétition. La jalousie des «valides» n’avait pas disparue. J’étais plus forte. Dès lors, je voulais inspirer. Gagner. Avancer. Me dépasser.

J’ai obtenu du respect et des excellents résultats. En national puis très rapidement en international, en para. Je me suis alors rendue  aux Etats-Unis pour mes premiers Mondiaux (j’ai terminé 4e en 2010).

J’avais un rêve…

Lorsque ma deuxième chute est survenue, mes parents ont divorcé. Je me suis retrouvée handicapée, sans formation ni travail.

Mais j’ai décidé de me battre et reprendre, encore une fois, les plus grands championnats. Cette fois, c’était bon. Européens, Mondiaux, il ne manquait plus qu’à ajouter les Jeux à mon palmarès. C’était incertain.

Le chemin allait être long. Conviction et détermination étaient les clefs qui m’ont emmené jusqu’à Rio! Mes premiers JO!

Tokyo 2020, une interrogation?

La destination ne me plaît pas forcément; le voyage inspire. Naviguer sur ma vague de succès serait quasiment égoïste: j’avais des résultats excellents, un livre, un film… Quoi de plus? La médaille peut-être. Fallait-il alors continuer et garder d’autres passions éteintes?

Je ressentais le besoin d’avoir d’autres défis. De réussir ce qui m’échappais le plus. Courir.

Pour inspirer, encourager, impacter les vies.  Mais c’est aussi prendre le risque de ne plus jamais revenir. Est-ce de la folie? Certainement. Qui ne se lance pas dans l’aventure, ne peut espérer des résultats différents. C’est tenter le retour à zéro!  

J’ai changé et choisis les opposés, l’élégance équestre et l’explosivité d’athlétisme.

Risque pris. Défi à relever! Je mettrai tout en oeuvre afin d’y arriver.

Celine van Till

Celine van Till défie l’impossible. Du dressage équestre au cyclisme sur route, en passant par le 100 mètres sprint, valide et handisport, elle court d’un extrême à l’autre. L’ennui n’existe pas. Les surprises attendent. Les limites sont remises en question. Elle gagne la Coupe du Monde 2022 et est aussi auteure et conférencière.

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