4.1 pourcent de croissance ! On se calme

Au deuxième trimestre le produit intérieur brut américain a augmenté de 4.1 pourcent. Cela ne démontre pas du tout un éventuel succès de la politique économique du président Trump, même si le chiffre est respectable.

La croissance est volatile

Un adage de l’analyse des chiffres conjoncturels pourrait être «sur les chiffres d’un seul trimestre jamais tu ne te concentreras ». La croissance de l’économie est en effet très volatile comme le montre le graphique ci-dessous. Cela reflète toutes sortes de facteurs économiques temporaires, ainsi que l’inévitable imprécision des statistiques.

Une croissance de 4.1 pourcent (en termes annualisés) n’est de loin pas sans précédent. Lors de la présidence d’Obama l’économie a connu quatre trimestres avec une croissance supérieure à ce niveau. C’est toujours bienvenu, mais personne n’en a fait tout un plat, à juste titre.

Une perspective plus longue

Si l’on veut évaluer la performance économique d’un président, il faut alors prendre les chiffres sur la durée. Un billet précédent de ce blog l’a fait, et les graphiques ci-dessous montrent les chiffres mis à jour. Pour ce qui est de la croissance du PIB, Trump reste dans une moyenne basse par rapport aux autres présidents. La baisse du taux de chômage n’est pas spectaculaire. En fait seule la bourse se porte plutôt bien. Mais il n’y a là rien de surprenant. La forte baisse de la fiscalité des entreprises les a conduites à racheter leurs propres actions, faisant ainsi monter les cours.

 

Cédric Tille

Cédric Tille est professeur d'économie à l'Institut des IHEID de Genève depuis 2007. Il a auparavant travaillé pendant neuf ans comme économiste chercheur à la Federal Reserve Bank of New York. Il est spécialiste des questions macroéconomiques, en particulier des politiques monétaires et budgétaires et des dimensions internationales comme les flux financiers.

5 réponses à “4.1 pourcent de croissance ! On se calme

  1. Ben voyons, c’est clair…! Tout ce que Trump réussira, ce sera uniquement dû à la chance, au hasard, ou un résultat tardif de le bonne politique d’Obama. Les succès seront dûs non pas aux bonnes intuitions de Trump, dont la politique crée l’optimisme et la confiance, mais ils seront obtenus malgré Trump et sa politique. Et blab la bla. Et tout ce qui échouera, ce sera évidemment la faute de Trump, ce pelé ce galeux, ce sera la résultat désastreux du populisme, de l’gnorance, de l’abnalphabétisme économique, du néo mercantillisme, de la post réalité, des fake news, etc.

    Et à chaque fois les économistes du système qui savent, alors que tout le reste de l’humanité ignore et se trompe, nous montreront des beaux diagrammes en couleur, que personne ne lira mais ça fait sérieux.

    On connait la chanson. Avant le refus de l’EEE on nous avait aussi dit que la Suisse coulerait à pic si on refusait d’entrer dans ce machin.

    Arrêtez donc ces salades. Vous ne voyez donc pas que ce n’est plus crédible? Les ‘’experts’’ ne sont plus respectés car ils nous ont trop menti et se sont trop trompés. Nous savons désormais que ce ne sont que des idéologues et des propagandistes au service des oligarchies mondiales.

    ll va falloir changer de disque.

    1. Cher Monsieur Martin,
      “Malheureusement” les données facilement accessibles ont la désagréable habitude de ne pas se plier au discours simpliste “y’a qu’à – faut qu’on” de certains politiciens. Quel dommage.
      Il suffit de consulter quelques chiffres. Si les gens ne veulent pas de donner la peine de regarder de simples graphiques, alors ils ne doivent pas venir s’étonner de mal comprendre le monde.

      Trump comme facteur de confiance à la hausse? Et bien non. Les indicateurs standards montrent une confiance des consommateurs et des entreprises forte, comme c’est toujours la cas avec un chômage faible. Rien de spécial sous Trump nous avions des chiffres similaires sous d’autres présidents.
      Graphique pour la confiance des consommateurs: https://fred.stlouisfed.org/series/UMCSENT
      Graphique pour la confiance des entreprises: https://tradingeconomics.com/united-states/business-confidence (prendre option “max” sous le graphique)

      La Suisse qui ne subit pas de contrecoup après l’EEE? Encore raté. Il est aisé d’obtenir les chiffres de croissance depuis 1980 pour tous les pays sur le site du FMI: https://www.imf.org/external/pubs/ft/weo/2018/01/weodata/index.aspx
      Comparez les Pays-Bas et l’Autriche avec la Suisse. Ce sont trois petits pays en Europe, ouverts au commerce mondial, et nous pouvons nous attendre à ce qu’ils évoluent de manière similaire. C’est bien la cas entre 1980 et 1990, aussi bien au niveau du PIB réel total que du PIB réel par habitant. Depuis lors la Suisse a décroché: pas de croissance jusqu’en 1996-1997 (alors que les deux autres pays continuent à croître), puis reprise de la croissance mais sans rattraper le retard. Ceci se traduit par un PIB par habitant plus faible de 20 % actuellement que ce qu’il aurait été si la Suisse avait connu la même croissance que l’Autriche et les Pays Bas. Avec 20 % de plus de PIB par tête tous nos problèmes de coût de la santé et de financement des retraitres seraient largement réglés.
      Le refus de l’EEE a eu un coût marqué, le dimanche noir de M. Delamuraz et Felber n’était pas une exagération, n’en déplaise au chantres du “y’en a point comme nous” qui préfèrent les idées simplistes.

      Au final gérer l’économie d’un pays ne se fait pas à coup de slogans simplistes. Il faut des gens qui connaissent le métier, et oui – horreur ! – des experts et des technocrates.

      Meilleures salutations
      Cédric Tille

      1. Excellente réponse, claire, précise et solidement argumentée. Cela change des diatribes hargneuses de type Martin qui reprennent sans arrêt en boucle les mêmes slogans éculés tel en particulier que le “Titanic UE en train de couler” (cela fait 25 ans que certains annoncent et, surtout, souhaitent le naufrage de cette institution qui, même si elle n’est pas parfaite et doit s’améliorer, est pourtant encore bien à flot!).
        On remarque aussi que ce sont toujours les mêmes qui crachent sur les experts, les élites, etc., et n’ont eux rien à proposer d’autre que des “solutions” simplistes et démagogiques “yaka-faukon” qui ont largement fait leurs preuves dans le passé (et même récent) en matières de conséquences catastrophiques et dévastatrices. L’Europe a suffisamment payé par le passé ses divisions et luttes de pouvoir entre puissances continentales (dont un petit pays comme la Suisse, fortement dépendant de ses grands voisins, n’aurait vraiment aucun intérêt à voir le retour!).
        Et pour en revenir à Trump, c’est dans quelques années que l’on jugera l’ampleur des dégâts qu’il aura causé à long terme à son pays pour quelques éventuels succès économiques éphémères. Pour redorer le blason des Etats-Unis et restaurer la confiance de ses (ex-)alliés et (ex-)amis de longue date, son (voire, ses) successeur(s) aura(ont) bien du travail!

  2. Bon très bien, vous ne voulez pas vous demander pourquoi le public ne vous écoute plus (pas vous personnellement, mais tous ces ”experts” qui ne sont de fait que des idéologues). On ne peut rien faire pour vous.

    Je ne crois pas du tout votre théorie comme quoi la Suisse aurait eu une économie morose pendant quelques années, à cause du refus de l’EEE. Mais même si ce lien de cause à effet était démontré, il n’en reste pas moins que la décision populaire du 6 décembre 1992 était salvatrice.

    ll n’y a pas que le PIB qui compte, cher monsieur Tille. La liberté, l’indépendance et la souveraineté c’est mille fois plus important.

    Le 6 décembre 1992 le peuple suisse a refusé de se laisser acheter. ll peut en être fier, même et surtout si pour cela il y a eu un prix économique à payer.

    Cela n’a pas empêché la Suisse de maintenir un niveau de prospérité élevé et très envié par nos voisins, qui eux ont le bonheur de vivre dans des pays dirigés par des ”experts” et où les citoyens n’ont rien à dire.

    1. Cher Monsieur Martin,
      La comparaison des PIB suisses et autrichiens et néerlandais n’est pas une “théorie” à laquelle il faudrait croire ou non comme à une religion, mais simplement un fait.
      Quand à l’argument de la liberté etc…, il suffit de se promener à Amsterdam ou Wien, ou dans les campagnes de ces pays, pour constater que les populations n’ont pas l’air de se morfondre sous un joug écrasant.
      La Suisse est prospère, certes, mais il ne faut pas pour autant la dépeindre comme un pays de cocagne. Il y a de la pauvreté dans notre pays, et pas seulement un petit peut (sont suroute touchées les familles monoparentales avec enfants et les personnes n’ayant que l’AVS http://www.rts.ch/info/suisse/9475030-la-pauvrete-augmente-et-touche-615-000-personnes-en-suisse.html ).
      Meilleures salutations
      Cédric Tille

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