Les partisans de l’initiative monnaie pleine veulent que la population se réapproprie les bénéfices des banques. Mais ces bénéfices ne sont pas preuve d’un abus, et l’initiative ne diminuerait pas les coûts pour la population.
Bien comprendre la concurrence
Les initiants soulignent que les banques ont le monopole de la création monétaire via les prêts et dépôts (processus strictement encadré par la régulation, rappelons-le). Au même titre que les pressings ont le monopole du nettoyage de vêtements délicats, les garagistes le monopole des réparations de voitures, et j’en passe.
Est-ce un problème ? Pour répondre à cette question il faut se demander si la concurrence fonctionne parmi les entreprises individuelles et non pas raisonner au niveau du secteur dans son ensemble. Avec la concurrence les entreprises ne peuvent pas faire de bénéfices exagérés car d’autres s’implanteraient alors sur le marché. Le monopole du secteur (et non pas des entreprises) ne représente pas un coût pour les consommateurs.
Est-ce qu’il y a peu de banques / pressings / garagistes en position de monopole, ou au contraire y-en-a-t-il beaucoup qui se font concurrence (d’où l’accent sur les « s » dans le paragraphe ci-dessus) ? Il y a clairement concurrence parmi les pressings et les garagistes. C’est aussi le cas parmi les banques : si vous n’êtes pas content des prestations offertes par une grande banque, vous êtes libre d’aller vers l’autre grande banque, votre banque cantonale, votre caisse Raiffeisen locale, et d’autres. Les bénéfices servent alors à compenser le risque que les banques prennent en octroyant des crédits.
Des économies trompeuses
Si l’initiative est acceptée, nos comptes de dépôts seront auprès de banques qui ne feront que les redéposer à la Banque Nationale. Mais ces banques auront des agences, des employés, et devront dégager une marge (sinon qui se lancerait dans ce business ?). Il faudra bien payer tout cela d’une manière ou d’une autre.
Une première possibilité est que les banques prélèvent des frais sur nos comptes. Une deuxième option est que la BNS rémunère les avoirs des banques. Vu le volume concerné cela réduirait substantiellement les profits de la BNS et par là la distribution aux Cantons et à la Confédération. Au final le public passera à la caisse, soit via ses comptes bancaires, soit en tant que contribuable.
Si l’on considère que les banques font des bénéfices excessifs (un point de vue qui peut tout à fait se défendre), la solution passe par une promotion de la concurrence via les outils « antitrust » usuels, pas par une alchimie telle que monnaie pleine.