Un consommateur informé est essentiel pour l’économie

Le soutien financier de la Confédération aux associations de consommateurs, comme la Fédération Romande des Consommateurs, est central pour la capacité des acheteurs à faire des choix informés.

Les coupes massives proposées par certains parlementaires dans ce soutient sont dès lors préoccupantes. Il est non seulement question de couper les budgets de moitié, mais en plus de supprimer le Bureau Fédéral de la Consommation.

La concurrence a besoin d’information pour fonctionner

L’analyse économique montre que la concurrence est une excellente manière d’orienter les ressources de l’économie là où elles sont le plus utiles. Mais tout bon cours d’économie souligne également que ceci nécessite plusieurs conditions essentielles, dont l’absence de monopole et une information transparente. Si l’information est partielle la concurrence fonctionne mal, voire pas du tout.

Une grande partie de l’information est compliquée à obtenir. Je réalise facilement si les aliments que j’achète ont un bon goût ou non. Il m’est par contre très difficile de savoir si les conditions dans lesquels ils sont produits correspondent pleinement à ce que je recherche. Les tests conduits par les organismes de consommateurs me permettent de décider en connaissance de cause.

Certes l’Etat offre déjà un cadre de protection du consommateur, mais son activité se concentre sur les exigences inscrites dans la loi notamment au niveau de la sécurité. Or les préférences des consommateurs couvrent un éventail plus large de questions, d’où le besoin d’information supplémentaires.

Etre pro-marché ne signifie pas être pro-business

La concurrence permet une meilleure utilisation des ressources, et cela implique un cadre contraignant pour les entreprises. Il est toujours tentant pour un producteur de faire quelques économies et de fournir une prestation qui n’est pas vraiment celle que le consommateur attend, en espérant qu’il ne s’en rende pas compte. Il y a rien là de nouveau : Adam Smith, le père spirituel de l’économie de marché, soulignait déjà ce problème.

Les entreprises qui jouent le jeu sont aussi pénalisées par le manque de transparence. Sans information le consommateur peut difficilement les distinguer de celles offrant des services au rabais. Il y a alors un risque de nivellement par le bas.

Une information de qualité au consommateur ne se fait pas au détriment de l’économie, mais au détriment d’acteurs peu scrupuleux. En fait, la concurrence entre naturellement dans le cadre d’une vision libérale de la société car elle revient à donner à l’individu un vrai pouvoir de décision. Un consommateur informé est un consommateur exigeant. N’est-ce-pas là au fonds que le bât blesse ?

Cédric Tille

Cédric Tille est professeur d'économie à l'Institut des IHEID de Genève depuis 2007. Il a auparavant travaillé pendant neuf ans comme économiste chercheur à la Federal Reserve Bank of New York. Il est spécialiste des questions macroéconomiques, en particulier des politiques monétaires et budgétaires et des dimensions internationales comme les flux financiers.