Noburnout

Réussir son retour dans le même travail stressant

Reprendre l’activité professionnelle est une étape clé dans le processus de guérison du burn-out. La confrontation à l’environnement stressant permettra au patient d’expérimenter et d’affiner ses stratégies de protection ; il reprendra ainsi confiance en ses compétences. Cette réhabilitation fait partie intégrante du processus de guérison : il ne s’agit pas d’attendre d’être entièrement rétabli pour retourner au travail, reprendre l’activité professionnelle progressivement et autrement guérit du burn-out.

Actions pré-requises pour un retour au travail réussi

Dans la première phase du traitement, le mode « récupération d’énergie » est activé : appliquer les règles d’un sommeil de qualité, manger sainement, pratiquer au moins une heure d’activité physique en déchargeant les tensions, apprendre à se libérer ou à cadrer les ruminations mentales. Le stress et les préoccupations éloignent de soi et de ses propres besoins, le patient doit rétablir une disponibilité intérieure et transformer l’attitude d’insensibilité liée au stress chronique en une bienveillance envers lui-même.

Dans la suite de l’arrêt de travail, l’exploration et l’entraînement des nouveaux comportements est encouragée. Il s’agira, par exemple, de tester et intégrer les mesures de récupération adéquates, de déterminer ses priorités de vie, développer une procédure personnelle pour dire non. Le patient cherche, adapte, entraîne les mesures personnelles et concrètes qui lui permettront de se protéger des effets néfastes du stress au travail. La stratégie est de développer les moyens pour diminuer les facteurs d’usure et augmenter ses ressources. Le stress chronique cause des dégâts au cerveau. Un entraînement intellectuel quotidien par des exercices de mémoire et de concentration est souvent indispensable pour récupérer les facultés cognitives.

La zone de sécurité lors du retour au travail

Pour un burn-out grave mais sans complication, l’absence dure en moyenne 2 à 3 mois, au-delà le risque d’une stagnation ou d’un recul du processus de guérison augmente.  Plonger dans le bain stressant et le rythme soutenu de l’environnement professionnel constitue une prise de risque. Habituellement, le patient manifeste de nombreuses craintes à l’idée de reprendre son travail ce qui est tout à fait normal : blessé par cet environnement, un instinct de survie se manifeste par un besoin d’évitement. Le suivi professionnel est indispensable dans cette phase délicate du traitement. Le patient a besoin d’être orienté, conseillé et rassuré. Comprendre que le stress et les contraintes favoriseront sa guérison, l’encourage à retourner au travail même « en tremblant », sans aucune certitude de réussir avant d’y être. La préparation du plan d’actions des changements à mettre en œuvre dans son quotidien professionnel lui permettra de mieux visualiser les enjeux et les pièges éventuels. Une reprise du travail partielle et progressive soutient le patient à maintenir une récupération indispensable et le préserve d’un éventuel contexte de travail surchargé.

Le processus de guérison évolue toujours en « dents de scie ». Le patient vivra des hauts et des bas au niveau de sa fatigue, de sa concentration ou de son moral. Certains symptômes vont réapparaître, il pourrait croire à une rechute. Avoir identifié les signes qui délimitent la zone de sécurité garantit une vigilance accrue et permet de rassurer le patient qu’il est en bonne voie de rétablissement.

Ne pas surprotéger lors du retour en emploi

Une préparation adéquate, un engagement sans faille à préserver sa santé en appliquant des mesures entraînées et une éventuelle collaboration de la hiérarchie garantissent un retour au travail réussi. L’important pour guérir est d’avoir pu se renforcer dans l’effort de faire face à un contexte exigeant. Perdre son emploi ou être surprotégé en travaillant dans une « voie de garage » est contre-productif dans le processus de reconstruction. Le patient a besoin de contraintes, de stress et d’une charge de travail suffisante pour pouvoir développer et renforcer son nouvel équilibre de santé. La reprise de l’emploi est une phase essentielle dans la guérison du burn-out. Pour qu’elle soit réussie, elle doit être progressive, bien préparée, accompagnée, évaluée et réajustée.

La santé au travail, un processus à cultiver…

Une fois la pleine capacité de travail retrouvée, six mois sont encore nécessaires pour consolider la santé au travail. Etre guéri ne signifie pas être aussi fort et invulnérable qu’avant ; l’enjeu est de ne plus être le ou la même qu’avant le burn-out. Cette transformation personnelle indispensable garantit un équilibre durable et préserve d’une rechute. Toute personne ayant vécu un burn-out est en chemin vers une meilleure qualité de vie. Les limites sont bien identifiées, la détermination à maintenir les mesures de protection est entretenue par la crainte de revivre cette souffrance. Cela passe parfois par accepter d’être humain et donc vulnérable, pouvoir lâcher prise dans certaines situations qui pourraient mettre la santé en danger, demander de l’aide assez tôt, entretenir une vigilance sereine.

 

Catherine Vasey, « Comment rester vivant au travail, guide pour sortir du burn-out », éditions Dunod 2017

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