Noburnout

Le burn-out n’est pas une fatalité ! Quelles préventions ?

A chaque fois que je reçois une personne gravement atteinte de burn-out dans mon cabinet, je me pose toujours la question : comment aurait-on pu éviter cette souffrance ?

Le burn-out est un épuisement physique et émotionnel dû au stress chronique. Les travailleurs à risque ont un profil de type fort : engagés dans leur travail, ils gèrent très bien une lourde charge de travail, ils ne se plaignent pas et n’ont pas l’habitude ni d’abandonner devant la difficulté ni de demander de l’aide.

Qu’est-ce que chacun peut faire individuellement pour éviter le burn-out ?

80% des patients en burn-out que j’ai traités durant ces 15 dernières années ont pu retrouver leur poste de travail avec les mêmes conditions difficiles et cela tient la route ; cela signifie que nous avons tous une marge de manœuvre intérieure pour nous préserver des effets néfastes du stress chronique. Les moyens sont nombreux : apprendre à décharger les tensions et le stress, diminuer les exigences personnelles, poser des limites, cadrer les ruminations mentales, savoir demander de l’aide, avoir un bon réseau de soutien, protéger sa vie privée des soucis professionnels. Le bilan que chacun peut faire est simple : quel est l’équilibre/déséquilibre entre ce qui m’use dans mon travail et de l’autre côté ce qui me redonne de l’énergie au travail et dans ma vie privée (le sens de mon travail, l’ambiance d’équipe positive, des tâches que j’aime faire, ma façon de me défouler et de me changer les idées dans ma vie privée, etc.). Comment puis-je améliorer mon équilibre en préservant mes ressources et en les développant et en limitant les lieux d’usure et de stress dans mon travail.

Qu’est-ce que l’entreprise peut faire ?

Il est évident que des actions de prévention collectives peuvent être mises en place par l’entreprise mais il faut agir avec méthode pour être efficace. 3 niveaux d’intervention :

1° Une bonne démarche de prévention commence par informer tous les niveaux hiérarchiques du haut vers le bas sur ce qu’est le burn-out, les signes d’alerte, le profil type de personne à risque, le terrain favorable, la procédure à suivre si on se sent en déséquilibre. Cette information permet de briser le tabou, de savoir précisément ce qu’il en est et aussi d’éviter les exagérations ou les minimisations.

2° Une formation spécifique sera destinée aux cadres et responsables d’équipe. Les chefs de proximité sont les agents importants du dépistage précoce et ils peuvent agir concrètement en créant des « bulles de prévention » spécifiques à leur équipe. Un chef bien formé pourra apporter des actions très concrètes aux collaborateurs pour les préserver de l’épuisement.

3° Il faut aussi en parallèle faire remonter l’information en interne vers les professionnels de la santé de l’entreprise : combien de cas de burn-out avérés, analyse de chaque cas, quelles actions proposées par les chefs de proximités pour améliorer les conditions de travail qu’ils ne peuvent pas changer d’eux-mêmes.

Une intervention ponctuelle ne suffit pas. La prévention du burn-out doit être mise en place sur un moyen terme, il est important de rappeler les bonnes pratiques tant au niveau de la prévention individuelle pour que chaque collaborateur se préserve mais aussi au niveau des cadres pour qu’ils agissent sur les bons leviers pour créer un environnement de travail soutenant la performance au travail mais aussi la bienveillance envers soi-même.

Pour moi, lorsque j’interviens dans une organisation, mon objectif n’est pas de viser 0% de burn-out, ce qui me paraît irréaliste mais je vais insister sur le dépistage précoce : prendre en charge les collaborateurs surmenés avant qu’un arrêt de travail soit nécessaire : ils sont suffisamment en alerte pour être motivés à changer et pas trop épuisés, ils ont encore des forces à disposition pour retrouver un équilibre de santé.

Comment notre société devrait-elle changer ?

Les valeurs de notre culture occidentale contribuent au risque de burn-out par l’encouragement à la suractivité, à la performance, à être le meilleur, au devoir à accomplir, à l’identification au travail. Il est possible d’éduquer nos enfants à une qualité de vie saine plutôt qu’à la réussite professionnelle coûte que coûte, de leur apprendre à bien vivre le stress en sachant se poser des limites claires. Il est possible de leur enseigner l’évolution individuelle sans compétitivité ni comparaison avec les autres. De leur montrer l’exemple en prenant soin de notre corps par des activités physiques régulières.

Un grand défit devant lequel nous nous trouvons actuellement est de savoir bien vivre avec les moyens de communication et la nouvelle technologie qui favorisent l’accélération, la surcharge d’information, l’immédiateté des problèmes à résoudre, l’intrusion des préoccupations professionnelles dans la vie privée et la sédentarité. Chacun d’entres-nous, les entreprises, tout le monde va devoir apprendre à bien utiliser les possibilités de ces nouvelles technologies sans y perdre son équilibre de vie et sa santé.

 

 

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