Une vie bien remplie, une vie réussie ?

Les personnes que j’accompagne dans mon cabinet ont vécu un burn-out. Chacune s’est perdue dans la performance, les objectifs à atteindre coûte que coûte, le stress des attentes des autres, leur exigence à bien faire. Pour se reconstruire, elles apprennent à « revenir à soi », c’est la colonne vertébrale de leur nouvel équilibre de vie.

Dans notre quotidien, nous souffrons d’un excès d’objectifs à atteindre, de performances à réaliser, autant dans notre travail que dans notre vie privée. Nous sommes submergés de devoirs à remplir, l’idée même de tout ce qu’il faut encore faire nous empêche de profiter du moment présent. Parfois, nous trouvons la performance « grisante », comme si c’était satisfaisant de réussir à surfer sur la vague sans se noyer. Mais cette satisfaction du devoir accompli est éphémère, nous ne nous sentons jamais vraiment apaisés. En réalité, nous vivons dans un quotidien de constantes distractions de ce qui est essentiel pour nous.

Plutôt que  d’« aller vers le toujours plus, toujours mieux, de chercher à s’améliorer constamment, de vouloir toujours être autrement », nous aurions davantage besoin de développer l’aptitude à « revenir à soi… »

Revenir à soi c’est lorsque : « je m’accepte tel que je suis, dans l’instant, je ne cherche pas à correspondre à une image idéale socialement admise, ni à un rôle, je sens mon propre élan intérieur, je me sens intime avec moi-même, comme à la maison, l’esprit léger et libre».

Chacun d’entres-nous a ses portes d’entrée vers soi. Nous pouvons identifier nos propres modes qui nous permettent de sortir du stress, du devoir à accomplir, pour revenir à soi. Par exemple : s’accepter tel que nous sommes sans objectif de devoir changer, contempler la vue du sommet d’une montagne, flâner au bord du lac, se concentrer dans une activité physique qui nous met dans notre corps, bénéficier de l’écoute privilégiée d’un ami, écouter de la musique, prendre soin de son corps.

Revenir à soi c’est s’abstraire du monde extérieur pour porter notre attention sur notre vie intérieure. Il s’agit donc de lâcher l’extérieur, de prendre distance avec les attentes collectives, pour nous centrer sur nos propres priorités de vie, nos valeurs, notre parcours unique. C'est aussi développer une intimité avec nous-même, une disponibilité intérieure, une possibilité de sentir nos besoins, de digérer nos émotions, de prendre du recul sur notre vie. Nous pouvons alors mettre des mots sur votre vécu, la sensation, le senti intérieur, témoigner, s’écouter, rétablir notre communication intérieure.

Lorsque nous avons l’impression de manquer de temps, n’est-ce pas plutôt le signal d’un manque de contact avec nous-même ?

Catherine Vasey

Catherine Vasey, psychologue et gestalt-thérapeute, auteur, spécialiste du burn-out depuis 2000. Elle anime des séminaires de prévention du burn-out en entreprise, donne des conférences, traite les patients en burn-out et accompagne aussi les professionnels de la santé en supervision dans son cabinet à Lausanne, en Suisse. Références : Le site de Catherine Vasey : www.noburnout.ch Publications : « Comment rester vivant au travail ? Guide pour sortir du burn-out », C.Vasey, éd. Dunod 2017 « Burn-out le détecter et le prévenir », C. Vasey, éd. Jouvence 2015 « Vivant au travail », jeu de cartes, C. Vasey, éd. Noburnout 2012