Les aléas d’une jeune pro-européenne en Suisse

Une journée de la tolérance pour clore une année d’intolérance

Ironie du calendrier, nous célébrons aujourd’hui la Journée internationale de la tolérance, une semaine exactement après l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis dont l’intolérance chronique n’est plus à démontrer. Son élection a d’ailleurs marqué une multiplication des actes racistes, antisémites, islamophobes ou encore homophobes outre-Atlantique. L’un des derniers en date a visé Michelle Obama en personne qui s’est vue comparée à un singe par une fonctionnaire de Virginie.

Si les actes d’intolérance sont (re)devenus chose courante aux Etats-Unis ces derniers jours, il me semble essentiel de rappeler qu'ils ont également marqué l’actualité européenne de 2016 et qu'il ne s'agit pas là d'une particularité des Américains. L'Europe pourrait-elle donc elle aussi suivre la voie de la «trumpisation» ces prochains mois? On est en droit de se le demander. Car, tout comme c'est le cas aux Etats-Unis, les migrants sont une cible importante de rejet en Europe, suivis de près par les Musulmans et la communauté LGBTI (entre autres) et les derniers mois ont vu le nombre de «faits divers» impliquant ces trois minorités croître dramatiquement.

Ainsi, plusieurs cas d'incendies de centres d’accueil de migrants ont été répertoriés dernièrement en France, faisant écho aux manifestations protestant contre leur accueil organisées dans le pays. En Hongrie, c'est carrément un référendum «anti-migrants» qui a été lancé par le Premier ministre Viktor Orban début octobre, heureusement invalidé faute de participation suffisante au scrutin. Même l’Allemagne, dont Angela Merkel avait ouvert tout grand les frontières, subit la montée du parti d’extrême-droite AfD et de sa politique anti-migrants.

Ces actes vont souvent de pair avec les mouvements racistes et antimusulmans, qui ont été nombreux en Europe durant l’année 2016. La Corse a ainsi été secouée par de violents affrontements en août en marge de la polémique concernant le burkini, tandis que le groupe anti-islam PEGIDA a organisé près de 2000 manifestations en février dernier dans de nombreuses villes d’Europe. En Suisse, ce n'est rien de moins qu'un immense concert néonazi qui a été organisé dans le canton de St-Gall il y a quelques semaines. Car notre pays n’est pas épargné par ces agissements, loin de là : en 2015, 53 actes de racisme ou de discrimination à l’égard des musulmans ont été recensés, soit 11% de plus qu’en 2014. Au total, 400 incidents ont été signalés, et 239 d’entre eux ont fait l’objet d’une intervention directe.[1]

Quant à la communauté LGBTI, elle a vu de nombreux pays d’Europe s’élever contre ses droits comme par exemple en Roumanie, où des milliers de personnes ont manifesté cet automne pour exprimer leur opposition au mariage homosexuel. Ou encore en Lettonie, où une loi contre la «propagande homosexuelle» souhaite faire disparaître tous les symboles LGBTI de la sphère publique. Sans oublier la Pologne dont le gouvernement licencie les personnes qui s’engagent pour les droits de la communauté LGBTI. En France enfin, des dizaines de milliers de manifestants ont défilé à Paris le 16 octobre dernier pour s'opposer à la loi de 2013 légalisant le «mariage pour tous».

Ces actes qui en cachent de nombreux autres doivent nous inquiéter et ne peuvent en aucun cas être minimisés. Car il semble que la tolérance représente actuellement une bien petite goutte d’eau face à la vague d’intolérance qui ne cesse de grandir et sur laquelle surfent de nombreux politiciens plus soucieux de s’assurer une place au pouvoir que de défendre les minorités et les droits fondamentaux qui font la force d’une Europe – et d’une planète – unie. Une bonne journée pour en parler.


 

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